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TAULE, TÔLE2, subst. fém.
Pop. Maison, chambre, pièce. Conan, tout congestionné, (...) était parvenu à sortir de la salle. Il dit très haut, dans le silence angoissé du corridor:Oh! quelle chaleur dans leur tôle! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 79).Il y avait de tout dans la taule [du charpentier du bord] en plus des perroquets criards au plafond: des singes (...) des écureuils blancs (Cendrars, Lotiss. ciel, 1949, p. 21).
En partic., arg.
Maison de prostitution. [Le patron de maison d'amour:] y a des jours où les clients, je me demande vraiment ce qu'ils viennent foutre dans ma taule (...) Y seraient pas mieux (...) à respirer le bon air? (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 161).
Prison, cellule de prison. Sortir de tôle; faire de la tôle. J'ai jamais été si tranquille que pendant mes mois de taule... Sans la prison, je crois bien que je n'aurais jamais eu le temps de penser à mes bouquins, ni de les écrire (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 642).Tu vas le faire foutre en tôle.Ça en fera un de moins (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 41).
P. ext., fam. Entreprise, lieu de travail. Synon. boîte.Tiens, un gars qui avait une petite taule où il faisait la réparation de bicyclettes, il est millionnaire, maintenant (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 274).J'ai connu un bougnat, patron d'un petit bistrot-charbon (...) Sa taule dépassait l'imagination (...) Toutes les bouteilles étaient toujours débouchées (Trignol, Pantruche, 1946, p. 43).
Prononc. et Orth.: [to:l]. Rob., Lar. Lang. fr., Rob. 1985: taule, taulard, taulier, tôle, tôlard, tôlier. Prop. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971, p. 221: tôle, tôlier. Étymol. et Hist. 1. a) 1800 tôle (imprimé tôte) « petite maison » (ds Esn.); 1833 tolle « maison », taule « chambre » (ibid.); 1835 tôle « maison » (Raspail, Réforme pénitentiaire in Le Réformateur, 20 sept., p. 2); 1836 la taule à mézigue « chez moi » (Vidocq, Voleurs, t. 1, p. xij); b) 1894 taule ou tôle « maison de tolérance » (Virmaitre, Dict. arg. fin-de-s., p. 284: c'est tôle qui est le vrai mot [pour la maison de tolérance, bordée d'une plaque de tôle]); 2. 1881 la grosse tôle « prison » (Rigaud, Dict. arg. mod., p. 206); 1901 la tôle « la préfecture de police » (Bruant, s.v. préfecture); 3. 1919 « tout endroit où l'on travaille, magasin, usine, atelier, entreprise » (Dorgelès, loc. cit.). Empl. spécialisé de tôle1*. Fréq. abs. littér. Taule: 17. Tôle: 320. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 134, b) 428; xxes.: a) 417, b) 765.
DÉR. 1.
Taulard, tôlard, -arde, subst.,arg. a) Celui, celle qui est en prison, a l'habitude de la prison. « Marge » et tous ces groupes à initiales comme G.I.P., C.A.P., G.R.I.F., G.I.A., qui se sont créés pour les taulards ex ou présents, pour les psychiatrisés, les prostituées (Le Nouvel Obser-vateur, 11 mars 1978, p. 62, col. 2).Mis à l'écart par des jurys populaires, les tôlards sont gardés par des fils du peuple (Le Monde, 11 mai 1984, p. 44).b) Vx. Lit de bagnard. (Ds Lar. Lang. fr., GDEL, Rob. 1985). − [tola:ʀ], fém. [-aʀd]. Supra prononc. − 1resattest. a) 1769 tolard « lit de forçat sur une galère » (Rec. de Planches sur les sc., les arts libéraux et les arts mécan., 7, 7), b) 1915 « militaire puni de prison » (ds Esn.), 1918 tôlard « id. » (Dauzat, Arg. guerre, p. 285), c) 1940 « habitué des prisons » (ds Esn.), d) 1962 adj. mes Noëls taulards (A. Sarrazin, La Cavale, Paris, J.-J. Pauvert, 1965, p. 472); de taule, tôle2, suff. -ard*.
2.
Taulier, tôlier, -ière, subst.,arg. a) Propriétaire, gérant(e) d'un hôtel, d'un restaurant. Encore un petit coup à la bière... On pourra jamais se relever (...) le tôlier en tablier nous fout tous dehors! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 256).T'as les foies, hein, la tôlière? Allons l'addition, et magne-toi, grossis-le encore un peu ton magot (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 43).b) Propriétaire d'une maison de prostitution. L'insaisissable phénomènel'Hermaphroditeest si recherché des taulières (Simonin, J. Bazin, Voilà taxi!1935, p. 74).− [tolje], fém. [-jε:ʀ]. Supra prononc. − 1resattest. a) 1889 tollier « propriétaire ou gérant d'un hôtel, d'un restaurant » (Macé, Mes lundis, p. 256), 1901 taulier « id. » (Bruant, s.v. misérable), b) id. tôlier, tôlière « patron, patronne, en général » (ds Esn.), c) 1920 tôlier « tenancier de maison close » (Bauche), 1927 taulier, taulière « id. » (Dussort, Preuves exist., dép. par Esnault, 1938, p. 67), d) 1915 tôlier « militaire puni de prison » (Écho des Marmites, no3, 15 févr. ds Sain. Tranchées, p. 114); de taule, tôle2, suff. -ier*.
BBG.Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, p. 71.