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TOLÉRER, verbe trans.
A. − [Le suj. désigne un animé]
1. Ne pas user, souvent avec condescendance, du pouvoir, de l'autorité que l'on détient pour interdire quelque chose, pour empêcher de faire quelque chose. Synon. accepter, autoriser, permettre, vouloir bien.[Cromwell] tolère, au mépris de la sainte écriture, Les rites du papisme et de la prélature (Hugo, Cromwell, 1827, p. 90):
Quand dans un empire vous auriez toléré vingt religions, vous n'auriez rien fait encore pour les sectateurs de la vingt et unième. Les gouvernements qui s'imaginent laisser aux gouvernés une latitude convenable, en leur permettant de choisir entre un nombre fixe de croyances religieuses, ressemblent à ce Français qui, arrivé dans une ville d'Allemagne dont les habitants voulaient apprendre l'italien, leur donnait le choix entre le basque ou le bas breton. Constant, Princ. pol., 1815, p. 139.
Tolérer que + subj.Tolérer que l'on fume. Moi, bien entendu, je ne peux pas tolérer qu'un individu vienne faire la loi chez moi. Je le secoue un bon coup, mais sans l'abîmer (Aymé, Uranus, 1948, p. 53).
− Dans le domaine relig., spirituel, intellectuel, soc.Faire preuve de tolérance vis-à-vis de quelqu'un, de quelque chose. Tout en proclamant l'égalité des âmes, le christianisme a longtemps toléré l'esclavage comme une forme sociale dont il lui suffirait de corriger l'esprit. Ses diverses attitudes se sont reflétées dans l'opinion publique (Philos., Relig., 1957, p. 44-5).
2. Faire preuve de mansuétude, d'indulgence. Tolérer un défaut. On a vu saint François de Sales causant avec plusieurs, parlant à tous de Dieu et de l'amour, mais aussi s'accommodant de mille choses accessoires, les tolérant et les acceptant presque, traversant au besoin la politique sans y souiller son hermine, mais pourtant la traversant (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 348).Les jeux de quilles dont M. l'évêque de Lescar tolérait à son jeune clergé la fréquentation (Toulet, J. fille verte, 1918, p. 58).
3. Supporter avec patience, souffrir, endurer, admettre. On n'aime pas à trouver dans un livre les mots qu'on ne pourrait pas se permettre de dire, et qui détournent l'attention, non par leur beauté, mais par leur singularité. Mais on les tolère, on les aime même dans les vieux auteurs, parce qu'ils sont là un fait de l'histoire littéraire (Joubert, Pensées, t. 2, 1824, p. 44).Nana tolérait tout, tremblante, caressante, avec la seule peur de ne plus le voir revenir, si elle lui adressait un reproche (Zola, Nana, 1880, p. 1295).
Tolérer qqn.Consentir à supporter la présence, à admettre l'existence de quelqu'un. Elle aimait les visites (...) Elle tolérait même les enfants, cette engeance insupportable! (Chardonne, Dest. sent., i, 1934, p. 73).
Empl. pronom. J'ai répondu:Non, je ne suis pas très scrupuleuse (...). Je me tolère, comme je tolérerais vos défauts si vous en aviez, sœur Catherine (Noailles, Visage émerv., 1904, p. 11).
B. − [Le suj. désigne un inanimé]
1. Admettre, supporter. Le Général souffla d'aise et s'étira. Bref repos; l'heure ne tolérait pas le relâchement (Arnoux, Roi, 1956, p. 315).
Tolérer de + inf.Aucun problème ne tolère de rester longtemps irrésolu (Druon, Poisons couronne, 1956, p. 165).
Empl. pronom. À l'égard des autres, cela se tolère, vis-à-vis de soi-même, le seul crime inexpiable (Arnoux, Rêv. policier amat., 1945, p. 315).
2. [Le suj. désigne le corps humain, un organe] Supporter sans réactions fâcheuses. Pendant longtemps la cirrhose est dite bien compensée, c'est-à-dire qu'elle est relativement bien tolérée par l'organisme mais les lésions sont déjà là irréversibles (Quillet Méd.1965, p. 153).L'organisme finit par tolérer des doses qui, si elles avaient été données d'emblée, auraient pu être mortelles (Lar. méd.1987).
REM.
Toléré, -ée, part. passé en empl. adj.Qui est accepté (notamment par un organisme), admis (moralement). Médicament, traitement bien toléré. Son rigorisme provincial s'étonnait des promiscuités tolérées de la vie parisienne (Zola, Page amour, 1878, p. 981).Les projectiles bien tolérés, dans le cerveau, c'est théorique (Bourget, Sens mort, 1915, p. 296).
Prononc. et Orth.: [tɔleʀe], (il) tolère [-lε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: tolerer; dep. 1740: tolé-. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1393 « supporter avec plus ou moins de patience quelque chose de désagréable » (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 104, ligne 21); b) 1695 tolérer qqn « le supporter malgré ses défauts; admettre sa présence mais à contre cœur » (Bossuet, Méditations sur l'Evangile, éd. M. Dreano, p. 231: il ne vouloit plus tolérer ceux qui n'ajouteroient pas une foy entiere à l'Evangile); 2. a) 1469 « tolérer certains abus, supporter chez autrui ce qu'on n'approuve plus » (13 mai, Lett. de Louis XI, III, 345, Soc. Hist. de Fr. ds Gdf. Compl.); 1691 tolérant part. prés. adj. « qui pratique la tolérance, ici en matière religieuse » (Bossuet, Avert. aux Prot., VI3,IX, 641 ds Brunot t. 4, p. 508); b) 1689 « faire preuve d'une certaine indulgence à l'égard de ce qu'on n'approuve pas » ici pronom. (Id., op. cit., II ds Littré); 1782 tolérant part. prés. adj. « qui fait preuve de tolérance, compréhensif » le monde tolérant (Genlis, Adèle, III, 298 ds Brunot t. 6, p. 1115); 3. a) 1520 « être capable de supporter une épreuve physique » (Le Guidon en françoys... de Maistre Jehan Falcon, F 122 ds Sigurs, p. 590: Et si le malade ne veult tollerer la dicte scarification); b) 1857 (d'un organisme) « supporter sans inconvénient, sans réaction morbide » [le] seul arbre qui tolère l'eau salée (Michelet, Insecte, p. 36). Empr. au lat. class.tolerare « supporter, endurer ». Fréq. abs. littér.: 942. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 767, b) 1 078; xxes.: a) 2 034, b) 1 547. Bbg. Huseman (W. H.). A lexicological study of the expression of toleration... Cah. Lexicol. 1986, no48, pp. 90-105.