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TISSU2, subst. masc.
A. −
1. Matière souple et mince obtenue par l'assemblage régulier de fils ou de fibres entrecroisés, soit par mailles avec un seul fil, soit par tissage avec plusieurs fils. Synon. étoffe, tricot.Somme toute, jamais ne régnèrent plus superbement les tissus opulents et même lourds, le velours et presque les brocarts d'argent ou d'or (Mallarmé, Dern. mode, 1874, p. 833):
Pour les tissus imprimés, les cretonnes et autres fantaisies textiles, si complètement soumises aux variations de la mode, que ce soit pour l'ameublement ou pour la couture, les industriels ont aussi fait appel à des artistes originaux... Arts et litt., 1936, p. 14-3.
SYNT. Tissu de chanvre, de coton, de fil, de laine, de lin, de nylon, de soie; tissu caoutchouté, élastique, imperméabilisé, plastifié, synthétique (de fibres synthétiques), traité; tissu amidonné, apprêté, moelleux, rêche, satiné, soyeux; tissu broché, chiné, damassé, épais, fin, gaufré, imprimé, léger, lourd, reversible, transparent, tricoté, uni; tissu fragile, imperméable, irrétrécissable, solide; tissu anglais, écossais, grand teint, indien, oriental, provençal, rayé; tissu d'ameublement, de décoration, de haute-couture; tissu mural, tubulaire; couper, fabriquer, tailler un tissu; chute, coupon, lé, pièce de tissu; l'armure, le biais, la chaîne, l'endroit, l'envers, la lisière, la trame d'un tissu; l'entretien, le nettoyage, la teinture des tissus; importateur, marchand, négociant, représentant en/de tissus; manufacture, magasin de tissus; fleur en tissu.
P. métaph. C'est le double tissu dont je suis fait: d'un côté, mon atavisme (...) de l'autre, ma nature à moi (Martin du G., Devenir, 1909, p. 131).
En compos. ou en appos. Tissu(-)éponge. V. éponge1B 2 b.Tissu gaze. V. gaze A.
P. anal. Matière flexible ou semi-rigide de peu d'épaisseur constituée de matériaux enchevêtrés ou entrecroisés. Tissu d'amiante. Les fenêtres [à Kœnigsberg] sont garnies dans leurs parties inférieures de châssis mobiles qui portent des toiles métalliques (...). Ces tissus brillants, fort commodes pour la curiosité des dames, sont impénétrables pour l'œil du passant (Stendhal, Nouvelles inédites, 1842, pp. 22-23).À travers notre toit en grossier tissu de paille, des petits rayons de soleil tombent sur nous (Loti, Rom. enf., 1890, p. 60).
Au fig.
Tissu de + subst. plur.Ensemble d'actions, de faits, d'événements, souvent désagréables ou malencontreux qui sont liés ou enchevêtrés. Tissu d'abominations, de calomnies, d'erreurs, d'injustices, d'invraisemblances, de mensonges. Son code de guerre, il [le guerrier] (...) le regarde comme un tissu d'hypocrisies, d'inconséquences, de contradictions (Proudhon, Guerre et paix, 1861, p. 313).Le spectacle de ce que furent les religions, et de ce que certaines sont encore, est bien humiliant pour l'intelligence humaine. Quel tissu d'aberrations! (Bergson, Deux sources, 1932, p. 105).
Ce qui constitue le fond, la trame, le support (d'une chose abstraite, d'une œuvre littéraire). Le tissu d'un roman, d'un texte, d'une analyse. Ne dites pas que Racine ou Mozart sont plus plats, parce que ces mêmes beautés (...) sont partout, qu'elles forment la trame, le tissu même de l'ouvrage (Delacroix, Journal, 1854, p. 258).C'est à lui [le sentir] que l'objet perçu et le sujet percevant doivent leur épaisseur. Il est le tissu intentionnel que l'effort de connaissance cherchera à décomposer (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 65).
En partic. [À propos d'une œuvre musicale] Le tissu harmonique, instrumental, vocal, polyphonique. À côté de passages d'une harmonie très nourrie, le sentiment esthétique réclame par moments un tissu musical plus fin, plus transparent (Gevaert, Orchestr., 1885, p. 69).On imagine les révélations qui sont inscrites sous le tissu sonore de cette vaste épopée (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 327).
2. Texture, aspect d'un ouvrage tissé. Synon. tissage, tissure (vieilli).D'abord, madame, votre cachemire m'a paru d'un tissu médiocre (Dumas père, Cachemire vert, 1850, v, p. 277).Les matières à sécher sont déposées en couche mince dans des châssis ou tiroirs dont le fond est constitué par une toile spéciale à tissu lâche (Ser, Phys. industr., 1890, p. 442).
B. −
1. ANAT., BIOL.
a) Ensemble normal ou pathologique de cellules d'un organisme qui ont la même fonction et présentent la même différenciation morphologique. Le pouvoir génétique de l'ovule fécondé s'affaiblit à mesure qu'il se répartit sur la masse grandissante des tissus de l'embryon (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 27).L'utilisation (...) d'un isotope radioactif, l'iode 131, a fourni un remarquable moyen de diagnostic biologique, en permettant de mesurer l'affinité du tissu glandulaire pour ce métalloïde (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 746).
SYNT. Tissu conjonctif; tissu adipeux, cartilagineux, cicatriciel, fibreux, intersticiel, lymphoïde, membraneux, muqueux, osseux, pigmentaire, réticulé, scléreux, tendineux; tissu cancéreux, compact, élastique, endothélial, épithélial, érectile, hématopoïétique, hétérologue, homologue, musculaire, nerveux, ostéogène, parenchymateux, réticulaire, sanguin, spongieux; tissu de revêtement, de soutien; cicatrisation, dégénérescence, destruction, lésion, mutation, prolifération, régénération, réparation, sclérose, ulcération des tissus; culture de tissus in vitro; tissus cultivés; étude des tissus; tissu blessé, envahi, lésé, malade, normal, sain, vivant; tissu humain, embryonnaire.
b) P. ext.
α) Ensemble de tissus différenciés constituant un organe, un élément anatomique. Synon. parenchyme.Tissu artériel, pulmonaire, rénal, vasculaire. Dans la forme très grave, les douves arrivent en grande quantité dans les voies biliaires et pénètrent dans le tissu hépatique, en détruisant le parenchyme du foie (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 69).
β) [Dans le lang. cour.] Élément anatomique visible du corps humain: peau, muqueuse, muscle superficiel. La transparence, le dépérissement des tissus. En regardant la comtesse, l'œil servait à toucher cette peau suave où le sang courait en filets bleuâtres. À la moindre émotion, ce sang se répandait sous le tissu comme une vapeur en nappes rosées (Balzac, Honorine, 1843, p. 358).Le magnifique tissu des lèvres, pleines comme un fruit mûr (A. France, Servien, 1882, p. 173).
2. BOTANIQUE
a) Ensemble de cellules végétales de morphologie et de composition semblables, ayant une même fonction. Tissu protecteur, parenchymateux, vasculaire, chlorophyllien, sécréteur; tissu de soutien. Un tissu particulier, qu'on nomme le tissu conducteur (...) s'étend à partir du stigmate (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 486).Les houilles à spores ou à cuticules et les houilles à tissus ligneux (E. Schneider, Charbon, 1945, p. 282).
b) Ce qui constitue les éléments externes d'un végétal. Alors commence une végétation rampante de salicornes au tissu coriace et gras (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 346).La contamination est assurée par des spores ciliées, les zoospores, qui se déplacent dans l'eau avant d'émettre un filament germinatif qui pénétrera dans les tissus verts de la plante (Levadoux, Vigne, 1961, p. 75).
3. Texture d'une substance minérale. Tissu d'un marbre. Les coquilles sont des enveloppes d'une substance calcaire, d'un tissu tantôt feuilleté, et tantôt aussi dense et aussi dur que le marbre (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 115).[Par] l'introduction dans les pâtes argileuses d'une certaine proportion de silice et de chaux (...) on obtient une pâte d'un tissu serré et imperméable aux liquides (Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 272).
C. − Au fig., ÉCON., SOCIOL. Ensemble d'éléments appartenant au même domaine, organisés en un tout homogène. Tissu communautaire, économique, culturel. La famille doit rester la cellule première du tissu social (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p. 1152).En 1974, il est mort plus d'entreprises qu'il n'en est né (11 900 contre 11 500). Ce vieillissement de notre « tissu industriel » est grave (Nord-Éclair, 15 mars 1976, p. 34, col. 2).
En partic. Tissu urbain. Ensemble des éléments architecturaux dont l'organisation dans l'espace donne la configuration spécifique d'une ville. Les zones bâties et les zones plantées seront réparties en tenant compte d'un temps raisonnable pour se rendre des unes aux autres. De toute manière, le tissu urbain devra changer de texture; les agglomérations tendront à devenir des villes vertes (Le Corbusier, Charte Ath., 1957, p. 45).
REM.
Tissutier, subst. masc.[Gén. empl. en appos. ou en compos.] Artisan, ouvrier qui fabrique, tisse les rubans, les ganses, la passementerie. Tissutier-passementier. À cette époque, on ne parlait pas de passementiers, mais de (...) tissutiers rubaniers, vulgairement nommés passementiers, ainsi que l'indique une lettre de Charles IX datée du 4 mars 1564 sur l'union des tissutiers, rubaniers et passementiers et demande d'une appellation commune (Boudet-Gomond1981, p. 133).
Prononc. et Orth. V. tissu1. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « ceinture, bandeau tissé » (Auberee, 8244 ds T.-L.); 2. a) ca 1462 tixu « robe » (Cent Nouvelles nouvelles, 68, 47, éd. F. P. Sweetser, p. 419); b) 1549 du tissu (Est.); c) 1877 tissu-éponge (Littré Suppl.); 3. a) 1621 fig. (Viau, Œuvres poét., 1repart., p. 51: un tissu de tant de longues peines); b) 1621 « enchaînement des faits (dans une narration) » (Camus, Agatophile, p. 115); c) 1641 tissu de pampre (Tristan L'Hermite, Art poét., p. 54); d) 1744 anat. (Bassuel ds Mém. de math. et phys. présentés à l'Ac. Royale des Sciences, t. 1 d'apr. Tolmer ds Fr. mod. t. 14, p. 297); e) 1847 (Ch. de Saint Julien, Pouchkine et le mouvement litt. en Russie ds R. des Deux Mondes, 1eroct., p. 43: le tissu national de la race moscovite); f) 1950 tissu urbain (Lar. mens., p. 574b); 4. 1770 « manière dont les fils sont tissés » (Raynal, Hist. philos. et polit., t. 6, p. 268). Part. passé subst. de l'anc. forme tistre, v. tisser.
STAT. Tissu1 et 2. Fréq. abs. littér.: 1 871 (tissue: 48). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 269, b) 2 500; xxes.: a) 1 562, b) 2 888.
BBG.George (K. E. M.). Cf. bbg. tisserand, p. 23, 95. − Quem. DDL t. 5 (s.v. tissutier-rubanier).