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TISSER, verbe trans.
A. −
1. Entrelacer, entrecroiser des fils, des fibres textiles pour produire un tissu, une tapisserie ou pour réaliser le dessin d'un tissu. Tisser la laine, la soie; tisser du lin, du chanvre; tisser un motif, une représentation. Un modeste métier de bois où les filles du logis passent le jour à tisser du coton (About, Grèce, 1854, p. 183).Le lisage proprement dit, qui consiste à tisser le dessin à la main dans un ensemble de cordes verticales (Thiébaut, Fabric. tissus, 1961, p. 138).
P. anal. L'entrée d'une nouvelle chicane où les Boches ont tissé à nouveau du fil de fer (Vialar, Morts viv., 1947, p. 233).
2. Absolument
a) Pratiquer le tissage. Tisser à la main, au métier, sur métier. On tissait alors admirablement, mais on n'avait ni dessins ni teinture (Michelet, Journal, 1842, p. 467).Parfois pourtant ils se vêtent d'étoffe qu'ils achètent à des nomades, car ils ne savent pas tisser (Gide, Retour Tchad, 1928, p. 883).
b) Subst. + à tisser. Servant au tissage.Métier, navette à tisser. Pour assembler les pièces d'une machine à tisser, 37 minutes étaient nécessaires (Pethoud, Organ. industr. et comm., 1931, p. 54).
B. − Produire une pièce de linge, de vêtement par ce procédé. Tisser un tapis, une tapisserie; tisser du drap, de la toile; tisser des draps, des mouchoirs, une écharpe, un filet. Les femmes filent le coton, et tissent les vêtemens dont leurs familles ont besoin (Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 72).Parmi les plantes textiles figure au premier rang le lin, avec lequel ils tissent des étoffes (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 18).
Empl. pronom. passif. Cependant, dans les métairies, les chemises de femmes se tissaient avec deux fils: de lin pour le corps, d'étoupe de la taille aux genoux (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p. 20).La moquette est un tissu à surface endroit velue qui se tisse soit à poils coupés, soit à poils bouclés (Thiébaut, Fabric. tissus, 1961, p. 114).
En partic. Produire un objet avec une matière semi-rigide. Synon. tresser.Virgile, pour ajouter à la mélancolie de son site, se suppose occupé à tisser une corbeille de branches de houx (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 121).
P. anal. [Le suj. désigne un animal] Construire en entrecroisant des fils, des fibres, etc. Tisser un nid, un cocon. L'araignée des bois tisse sa toile que la rosée et le soleil diamantent et dorent (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Hommes d'auj. (A. Theuriet), 1885-93, p. 476).Les larves carnivores (...) tissent une sorte de hamac entouré de fils verticaux glutineux reflétant leur lumière et qui servent à « pêcher » les divers insectes attirés qui se collent à eux et deviennent ainsi des proies faciles (Gèze, Spéléol. sc., 1965, p. 162).
P. métaph. Ils la meublaient [une villa], la tapissaient, l'ornaient; devant le sourire attendri des leurs ils bâtissaient, ils tissaient plutôt leur nid (Pesquidoux, Livre raison, 1925, p. 228).
C. −
1. P. anal., littér. Former un réseau, un voile dans un espace. Un matin délicieux et clair, mais où la brume d'automne commençait à tisser ses légers voiles (L. Daudet, Astre noir, 1893, p. 215).Le jour gris, tombant comme une pluie fine, tissait sans arrêt de transparents filets (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 347).
Empl. pronom. La neige, c'était la joie de l'enfance. Pourtant cette blancheur qui se tissait dans le crépuscule lui causa un grand malaise (Green, Moïra, 1950, p. 205).
2. Au fig. Élaborer, organiser quelque chose. Ils furent nombreux à défricher les lignes commerciales tendant à tisser un réseau de plus en plus dense autour du globe (Industr. aéron. fr., 1962, p. 4).Le capitalisme ne tissait pas encore entre les états une solidarité suffisante pour que le mercantilisme, même en Angleterre, perdît son crédit (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 86).
Au part. passé. Toute la monstrueuse iniquité, tissée dans l'ombre depuis deux jours, lui apparut sous le ciel clair (Zola, Vérité, 1902, p. 88).
En partic. Établir, créer des liens, des relations entre des personnes. Par la soupe onctueusement persuasive (...) par la chaleur douce de l'abri, elle tissera prudente, un rets de fragiles habitudes (Genevoix, Rroû, 1931, p. 162).
Empl. pronom. Ils n'ont pas aperçu ce lent travail de consolidation, ce réseau de liens qui peu à peu se tisse de soi-même et qui fait de la solidarité organique quelque chose de permanent (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 358).Il sentait avec appréhension se tisser autour de lui les mailles serrées du réseau dont la femme amoureuse enveloppe celui qu'elle aime (Bourget, Drame, 1921, p. 94).
Tisser des liens. Empl. pronom. À mesure que des liens mystérieux se tissaient entre Christophe et ses amis invisibles, une révolution se faisait dans sa pensée artistique (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1137).Il songea longuement à sa jeunesse, aux années où il avait connu Albert et s'étaient tissés entre eux ces liens inavouables (Gracq, Argol, 1938, p. 181).Au part. passé. Il était impossible d'imaginer qu'il pût se dégager des liens si habilement et si fortement tissés dont elle l'avait enveloppé (Feuillet, Veuve, 1884, p. 166).
Prononc. et Orth.: [tise], (il) tisse [tis]. Att. ds Ac. dep. 1778 (1694-1740: uniquement tistre; 1778-1798: tisser et tistre; 1835: tisser et tistre qui ,,n'est plus en usage que dans les temps formés de tissu, qui est son participe``; 1878, 1935: tisser et s.v. tissu, ue réf. à tistre considéré comme inusité). Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1160 tistre « faire de la toile, de l'étoffe en croisant ou entrelaçant des fils » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 4013: la porpre fu a or broudee, par grant entante fu ovree: trois faees serors la firent, an une chanbre la tissirent); b) ca 1470 fig. (Georges Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 347: tant [...] que matiere mesme se presente pour etre tissue de present et mise en œuvre); 2. déb. xiiies. toiscir (Bible, Richel. 763, fo233 ds Gdf., s.v. tissir). B. 1361 tisser (Ordonnances des Rois de France, t. 4, p. 210), a supplanté les autres formes apr. le xvies. Du lat. texere de même sens; tistre a d'abord été remplacé par tissir, p. anal. avec issir/ist, puis tissir a été supplanté par tisser (cf. Fouché Morphol., pp. 110-111); l'anc. part. passé tissu subsiste dans la lang. littér., empl. seul ou dans les temps composés. Fréq. abs. littér. : 481. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 292, b) 459; xxes.: a) 847, b) 1 037.
DÉR.
Tisseur, -euse, subst.Ouvrier, ouvrière qui réalise un ouvrage sur métier à tisser, qui fait du tissage. Synon. tisserand (vieilli).Tisseur au Jacquard, au métier mécanique; tisseur d'Aubusson, de Beauvais, de Gobelins; tisseur de lisses; tisseur de tapis, de carpettes. Il lui réservait les tissus les plus imprévus créés par la fantaisie des tisseurs japonais, hindous ou lyonnais (Tharaud, Dingley, 1906, p. 48).C'est seulement en 1786 que Cartwright fait apparaître le métier mécanique qui libère enfin totalement le tisseur de son travail fastidieux (Thiébaut, Fabric. tissus, 1961, p. 133).P. métaph. Laissez-moi déployer (...) cette toile que pendant bien des nuits J'ai tissée, renvoyé d'un mur à l'autre de cette amère vérandah comme une navette aux mains des noires tisseuses! (Claudel, Soulier, 1929, 3ejournée, 13, p. 840).En appos. (...) Votre père n'était pourtant pas un homme de la noblesse?Oh non, madame (...) tout ce qu'il y a de plus roturier, de plus humble (...) un ouvrier tisseur (A. Daudet,Rois en exil,1879,p. 224).P. anal. Celui, celle qui tresse. Le boucher blanc à l'air de sacrificateur, le plumeur de poulets, le tisseur de corbeilles de jonc sur son genou (Goncourt, MmeGervaisais, 1869, p. 108). [tisœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1935. 1resattest. ca 1170 tissur (Livre des Rois, éd. E. R. Curtius, II, 70 ro, p. 101), fin xives. tixeur (Gloss. gall.-lat., B. I. 1. 7684 ds Gdf. Compl.), 1567 tisseur (H. Junius, Nomenclator octolinguis omnium rerum propria nomina continens s.v. vestiaria), de tisser, suff. -eur2*; cf. tissier att. du xiieau xviiies. (v. Gdf.), supplanté, avec tisseur, par tisserand* à partir du xvies. (v. FEW t. 13, 2, pp. 291-194). − Fréq. abs. littér.: 33.
BBG.Bodmer (A.). Spinnen und Weben im frz. und deutschen Wallis. Genève, 1940, p. 77. − George (K. E. M.). Les Désignations du tisserand ds le dom. gallo-rom. Tübingen, 1979, p. 10, 13, 20 (s.v. tisseur, euse). − Gohin 1903, p. 378. − Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 97-99. − Quem. DDL t. 2.