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TINTAMARRE, subst. masc.
A. −
1.
a) Grand bruit dépourvu d'harmonie, ensemble de sons éclatants et discordants provenant d'une même source ou de plusieurs sources différentes. Grand tintamarre; tintamarre effrayant; tintamarre des casseroles, des machines, des marteaux; faire du tintamarre. Tous les Français qui sont à Milan n'entendent plus depuis trois jours; les deux ou trois mille cloches qui y existent sont dans les convulsions les plus étranges. Tu ne peux te former l'idée de l'espèce de tintamarre qu'elles font (Stendhal, Corresp., t. 1, 1800, p. 11).Parfois un homme trébuchait et s'abattait de tout son long dans un affreux tintamarre de gamelle, de quart et de bidon (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 41).
Rare, au plur. Celui qui, bassement et tortueusement, Se venge (...) Et qui, né gentilhomme, agit en alguazil, Celui-là,fût-il grand de Castille, fût-il Suivi de cent clairons sonnant des tintamarres (...), N'est pour moi qu'un maraud sinistre et ténébreux (Hugo, Ruy Blas, 1838, I, 2, p. 347).
[P. oppos. à musique, sans idée de sonorité violente] Et voilà, dit Schaunard (...), voilà le métier que je fais depuis quinze jours. Une gamme, rien que la même, depuis sept heures du matin jusqu'au soir. (...) mais que voulez-vous, mes enfants, l'Anglais me paye mon tintamarre deux cents francs par mois (Murger, Scène vie boh., 1851, p. 199).
b) P. ext. Confusion bruyante mais non obligatoirement désagréable. Il y avait dans les sycomores un tintamarre de fauvettes (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 465).On entendait, sans rien voir ni rien distinguer, ce tintamarre fin et grêle des clochettes qui ressemble à un fourmillement harmonieux (Hugo, Alpes et Pyr., 1885, p. 76).
2. P. anal. [À propos de perceptions visuelles] Ce qui attire l'attention par son caractère excessif ou agressif. Je rêve bayadères, danses frénétiques et tous les tintamarres de la couleur (Flaub., Corresp., 1851, p. 304).Fini, le tintamarre des réclames lumineuses (...) qui nous poursuit jusqu'au fond des parcs (Claudel, Poèmes guerre, 1916, p. 543).
B. − Au fig.
1. Importance souvent exagérée accordée à une entité abstraite. Tintamarre de la gloire, du moindre petit talent. Croyez-vous qu'avant quinze ans d'ici ce tintamarre verbal ne paraîtra pas dépourvu de toute pensée précise? (Martin du G., J. Barois, 1913, p. 507).
2. Réaction vive suscitée dans le public par une nouvelle inattendue ou un événement controversé. Prions le lecteur de revenir maintenant un siècle en arrière. Remontons avec lui jusqu'à l'année 1745, sous le règne de Louis XV. Grand tintamarre à Paris, cette année-là. L'explorateur La Condamine vient de rentrer d'une mission scientifique en Amérique du Sud (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 230).
Prononc. et Orth.: [tε ̃tama:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1554 « grand bruit discordant » (Calvin, Serm. sur le Psaum., 119, p. 81 ds Gdf. Compl.); 2. 1565 tintemarre « réactions vives que déclenche une nouvelle, un événement; protestations » (Le Livre de Podio, éd. A. Chassaing, I, p. 459). Dér. de tinter1* avec un élém. final -marre d'orig. obsc. Fréq. abs. littér.: 118.
DÉR. 1.
Tintamarrer, verbe intrans.,vx. Faire du tintamarre. Je perçus le premier cliquetis des sonnailles qui tintamarraient au col des mulets (Fabre, Oncle Célestin, 1881, p. 171). [tε ̃tamaʀe], (il) tintamarre [-ma:ʀ]. Att. ds Ac. 1778-1878. 1reattest. av. 1573 (Jodelle, Œuvres et Meslanges poétiques, éd. Ch. Marty-Laveaux, II, p. 268); de tintamarre, dés. -er.
2.
Tintamarresque, adj.a) De la nature du tintamarre. Synon. assourdissant, tonitruant.Mouvement de marche tintamarresque. Avec l'accompagnement tour à tour tintamarresque et sentimental du piano et de la voix qui chante, les soupeurs fatigués se raniment (Bourget, Physiol. amour mod., 1890, p. 240).b) [P. allus. au journal Le Tintamarre] Marqué par l'esprit et l'audace qui caractérise ce journal satirique. Je relis aujourd'hui du Veuillot, et vraiment c'est le grand pamphlétaire de ce siècle (...) quand il risque un mot tintamarresque et qu'il dit que Vapereau est français comme Jocrisse (Goncourt, Journal, 1889, p. 1049). [tε ̃tamaʀ εsk]. 1resattest. a) 1856 un tour de mots tintamarresque « facétieux, dans le style du journal satirique Le Tintamarre fondé en 1840 » (Id., ibid., p. 274), b) 1936 « qui fait un bruit assourdissant » (Van der Meersch, Empreinte dieu, p. 109); de tintamarre, suff. -esque*.
BBG.Lassalle (J. P.). G. de Maynard lexicogr. Cah. Maynard. 1981, no11, p. 60.