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TERRIEN, -IENNE, adj. et subst.
A. −
1. Adj. Qui est relatif à la Terre, au milieu de vie de l'homme. Synon. terrestre.
a) Qui a rapport à la Terre. Sire! je porterai votre renom de l'orient au ponant, sur toute la surface terrienne (Nerval, Illuminés, 1852, p. 17).
b)
α) [P. oppos. à divin, spirituel, céleste] Qui a rapport au monde d'ici-bas, au monde physique. Synon. terrestre:
D'assurer, (c'est incroyable), d'assurer aux paroles éternelles En outre comme une deuxième éternité, Une éternité temporelle et charnelle, une éternité de chair et de sang, Une nourriture, une éternité de corps, Une éternité terrienne. Ainsi les paroles de Jésus, les paroles éternelles sont les nourrissonnes, les vivantes nourrissonnes de notre sang et de notre cœur De nous qui vivons dans le temps. Péguy, Porche Myst., 1911, p. 228.
β) Synon. de concret, matériel, pratique, réaliste.On a même écrit avec dédain que la politique de Louis XIV avait été d'esprit terrien, c'est-à-dire terre à terre. On veut dire que, malgré le style ample du siècle (...), cette politique était celle du bonhomme Chrysale, qui préférait la bonne soupe au beau langage (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 241).
2. Subst. masc. [Gén. avec maj.] Habitant de la Terre. Demain, sans nul doute, pour la première fois et sauf catastropheils présenteront sinon tout de suite une civilisation mondiale, la civilisation des Terriens, épandue sur l'œkoumènedu moins une ou deux civilisations intercontinentales (L. Febvre, Face au vent, [1946] ds Combats, 1953, p. 36).Wells suppose que ses Terriens, Anglais et Français, arrivés sur la planète inconnue, entendent le discours d'un de ses habitants (...). À sa grande surprise, chacun des Terriens a compris comme si l'Utopien parlait sa langue familière (Ruyer, Cybern., 1954, p. 131).
B. − Qui est relatif à la surface solide de la Terre.
1. Qui a rapport à la terre en tant que propriété.
a) [En parlant d'une pers., d'un groupe] Qui possède des terres. Aristocratie, bourgeoisie, féodalité terrienne; gentilhomme terrien. Les deux grands propriétaires terriens de France, le Clergé et la Noblesse (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1968, p. 198).
Subst. masc. Propriétaire de terres. Il voulait reprendre la tradition d'une partie des siens, le rôle noble et utile de terrien libéral et savant, refaire les forêts, repeupler les étables, introduire les modes de culture nouveaux (R. Bazin, Blé, 1907, p. 37).Qu'est-ce que l'aristocratie française, cette morte? En province, elle s'adjoint des grands propriétaires à qui l'usage accorde le nom de leurs terres (...). À ces terriens, c'était bien inutile que Boulanger fît des avances (Barrès, Appel soldat, 1900, p. 144).
b) [En parlant d'un bien] Qui consiste en terres. Capital terrien; propriété terrienne. La richesse terrienne n'est point exposée aux vicissitudes qui sont le point noir des valeurs de bourse: cela est solide et de tout repos (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 130).Le baron des Parges, possesseur d'une énorme fortune terrienne (...), affectait l'orgueil de caste des anciens hobereaux, méprisait l'industrie (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 35).
c) Qui a rapport à la possession de terres. Il (...) reste là, couvant son pupitre, ses cartons, ses comptes (...), toute sa paperasserie terrienne (Goncourt, Journal, 1865, p. 213).Du laboureur ou du métayer au bourgeois et au noble existe une hiérarchie terrienne se superposant et, faut-il ajouter, se dédaignant mutuellement (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 384).
2.
a) Adj. Qui a rapport au monde rural, aux paysans. Ascendance, origine terrienne. Une sorte de prononciation presque paysanne qui avait une âpre et délicieuse saveur terrienne (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 485).Je me représente que la Russie, l'immense Russie terrienne et paysanne, féodale et orthodoxe, traditionnelle et révolutionnaire, c'est quelque chose d'assez puissant (L. Febvre, Hist. de la Russie mod., [1934] ds Combats, 1953, p. 73).
[En parlant de pers., de leurs attributs, de comportements, de mœurs] Caractère, esprit terrien; le côté terrien de qqn. De vraies passions, tenues de trop court par l'avarice terrienne de vieux parents de sang paysan, pour se charger de l'existence d'une femme, se voient condamnés à l'aimer là (E. de Goncourt, Élisa, 1877, p. 66).Mi-ouvriers, mi-paysans, ils apportent dans leur travail les plus vieilles vertus terriennes et surtout l'amour de la « belle ouvrage bien faite » (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 1, 1954, p. 31).
b) Subst. Paysan; celui, celle qui est originaire de la campagne. Si la santé est utile à tous, elle est indispensable au terrien. (...) sur le champ où l'on moissonne, l'aire où l'on bat: il doit tout affronter, endurci par la fatigue, retrempé par la sueur (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p. 224).C'était un bon recrutement de femmes à matelots, d'épaisses terriennes, vachères et boniches (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 85).
3. [P. oppos. à aquatique, marin, maritime] Synon. terrestre.
a) Adj. Qui a rapport aux terres émergées, à la terre ferme. Des oiseaux que je croyais terriens tombant soudain comme des pierres au fond de la lagune (Giraudoux, Suzanne, 1921, p. 77).Heureusement pour ce Londres terrien, capital inexploité d'une race qui, ignorant l'art de la navigation, ne sait pas se défendre sur l'eau, des conquérants nouveaux s'apprêtent à le tirer de son sommeil; les Vikings, rois de la mer, débarquent à l'estuaire de la Tamise (Morand, Londres, 1933, p. 4).
b) Adj. et subst. [En parlant d'une pers.] (Celui, celle) qui vit à l'intérieur des terres, qui y est attaché; qui n'est pas habitué aux choses de la mer. Synon. continental; anton. insulaire, marin1.Les ressources nourricières de la mer ont été l'amorce par laquelle le terrien qu'est l'homme a été attiré vers cet élément étranger auquel il s'est habitué (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 264).Créer une marine: œuvre de longue haleine (...), et il a toujours été difficile d'intéresser le Français terrien aux choses de la mer (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 103).
C. − Rare. Qui a rapport à la terre en tant que sub-stance. Le Rhône se dépouillait de son ordure terrienne, de sa fange et de ses rapts (Arnoux, Rhône, 1944, p. 46).
REM.
Terrianisme, subst. masc.,socio-pol. a) ,,Système social dans lequel chacun serait propriétaire d'une terre`` (Guérin Suppl. 1895). b) Ce qui est propre à une région, à ses coutumes ou à sa culture. Suret-Lefort avocat du terrianisme lorrain, Mmede Nelles fiancée à Roemerspacher: ces faits du jour consacrent le double échec de Sturel et le disposent à la rêverie, à la solitude (Barrès, Leurs fig., 1901, p. 316).
Prononc. et Orth.: [tε ʀjε ̃], [te-], fém. [-jεn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 terrïen « terrestre, de ce monde » (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 4841); 1429-30 subst. terrien « celui qui habite la Terre » (Alain Chartier, L'Esperance, éd. Fr. Rouy, Pr. VIII, 26, p. 49); 2. 1160-74 seignor terrïen « celui qui possède des terres (opposé à spirituel) » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 11385); ca 1220 subst. terriien (Gui de Cambrai, Barlaam et Josaphat, éd. C. Appel, 11545); 1269-78 adj. terrien « foncier » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 5298); 3. 1866 subst. terrien « celui qui habite le continent (pour un marin) » (Delvau); 4. 1870 subst. « paysan (pour un citadin) » (L. Cladel, Réponse à L. Veuillot, 21 janv., in La Fête votive, lXI ds Dub. Pol., p. 428). Dér. de terre*; suff. -ien*. Fréq. abs. littér.: 121. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 428.