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* Dans l'article "TÉNOR,, subst. masc."
TÉNOR, subst. masc.
A. − MUSIQUE
1. Voix d'homme la plus aiguë. Du reste, la voix du débutant [Curioni] est fort belle: c'est un ténor de poitrine; c'est-à-dire de l'espèce la plus rare (Stendhal, Notes dilett., 1823, p. 312).C'est alors que s'élève du groupe des paysans (...) une de ces belles voix de chanteur flamenco, qui peuvent aller à l'aigu du ténor et revenir dans le médium du baryton (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 168).
[La voix est classée suivant l'usage qui en est fait dans le répertoire lyrique] Ténor dramatique, lyrique; ténor noble; premier, deuxième ténor.
Ténor léger. Ténor de tessiture aiguë ou suraiguë, présentant une voix mince et claire. Vraisemblablement l'« altus » était chanté par des ténors légers dans leur aigu, et non par des contralti véritables (Potiron, Mus. église, 1945, p. 43).
Fort ténor. Ténor à la voix large et puissante, alliée à une tessiture aiguë. Les forts ténors s'en servent quelquefois [de la voix de poitrine], s'en sont surtout servi jadis (Melchissédec, Pour chanter, 1913, p. 50).
Empl. adv. Un ouvrier charcutier (...) qui chante ténor (Musette, Lanterne Cagayous, 1901, p. 13).
2. P. méton. Chanteur qui possède ce type de voix. Registre, timbre, voix de ténor. Un acteur (...) (de son vrai nom Labenette, qui fut le grand-père du célèbre ténor Roger), conquit une vraie réputation en jouant le travesti de Madame Angot (L. Schneider, Maîtres opérette fr., 1924, p. 158).Beaucoup de ténors ont commencé comme barytons. Caruso n'atteignit le contre-ut qu'après de longues années (Arts et litt., 1935, p. 36-10).
3. P. anal.
a) En appos. Registre d'un instrument de musique qui correspond à la voix de ténor. Trombone ténor. Quatuor Op. 22 pour clarinette, saxophone ténor, violon et piano (Samuel, Art mus. contemp., 1962, p. 225).
b) Partie instrumentale (ou vocale) intermédiaire dans une polyphonie à 4 voix, qui est écrite dans le registre du ténor. Il en résulte, pour les ensembles, qu'une disposition en sixte harmonique [mi au ténor, do au soprano] sonne mieux qu'une disposition en dixième [do au ténor, mi au soprano] (Potiron, Mus. église, 1945, p. 42).
B. − P. anal. Personne qui jouit d'une grande renommée, et qui, par son talent, son savoir-faire, occupe le devant de la scène dans son domaine ou sa spécialité. Ténor de la baguette, du barreau, de la politique. Rigoulot a attesté qu'il était digne de rencontrer les ténors du tapis (Paris-Sport, 22 déc. 1933, p. 1 ds Grubb Sports 1937, p. 73).Tous les présidents de fédération départementale ne sont pas à l'image de celui que nous citons. Mais, trop nombreux sont ceux pour qui agir signifie: recruter des adhérents, faire rentrer les cotisations, préparer des assemblées auxquelles on invite un ténor pour « regonfler » les militants (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 162).
REM.
Ténorisant, -ante, part. prés. en empl. adj.,mus. Dont la voix possède le timbre du ténor. Le sourd grognement de Joseph avant de se racler la gorge, les soupirs ténorisants de mon père (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 75).
Prononc. et Orth.: [tenɔ:ʀ]. Ac. 1762: tenor, dep. 1798: ténor. Plur. des ténors. Étymol. et Hist. 1. 1444 [ms. xvies.] chant, désigne la plus aiguë des voix d'homme (Trad. du Gouv. des princes de G. Colonne, Ars. 5062, fo141 vods Gdf. Compl.); 1606 (Nicot, s.v. taille); 2. 1798 désigne le chanteur qui possède cette voix (Ac.); 3. 1869 au fig. (Flaub., Éduc. sent., t. 2, p. 206: Il y [à l'hôtel Dambreuse] rencontra [...] les vieux ténors du centre gauche, les paladins de la droite, les burgraves du juste-milieu). Empr. à l'ital.tenore, att. au sens 1 dep. le xves. (Libro di Sonetti ds Tomm.-Bell.), au sens 2 dep. déb. xviies. (G. B. Doni, ibid.), du lat. tenor, -oris (teneur*), qui prit en lat. tardif (ca 500 d'apr. FEW t. 13, 1, p. 224a) le sens de « hauteur de la voix ». À remplacé teneur « voix de ténor », att. du xives. (Gace de La Buigne ds T.-L.) à 1642 (Oudin Fr.-Ital.). Fréq. abs. littér.: 164.
DÉR.
Ténoriser, verbe trans.,mus. Chanter avec une voix de ténor. Siegmund, enlevant sa sœur, ténorisait une romance de salon (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 392).Empl. abs. Il déclencha un dernier phono et la voix langoureuse de Fragson ténorisait dans le tumulte (Cendrars, Dan Yack, Plan de l'Aiguille, 1929, p. 86). [tenɔ ʀize], (il) ténorise [-ʀi:z]. 1resattest. [a) 1769 « proclamer hautement » (Ch. Bonnet, Palingénésie philos., t. 2, p. 268)], b) 1872 ténorisant « qui se rapproche du ténor » (Littré), 1907 ténoriser « chanter à la manière d'un ténor » (Rolland, loc. cit.); de ténor, suff. -iser*. Tenoriser « exposer (un acte juridique) de façon ordonnée », att. deux fois au xvies. (ds Gdf. et Hug.), encore vivant en Suisse romande (FEW t. 13, 1, p. 223b) et auquel le sens a se rattache peut-être (Charles Bonnet étant genevois), est dér. de teneur*.
BBG.Bloch.-Runk 1971, p. 449. − Gohin 1903, p. 280 (s.v. ténoriser). − Hope 1971, p 304. − Quem. DDL t. 5, 9, 28.