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TAUPE, subst. fém.
A. − ZOOL. Petit mammifère, répandu en Europe, en Amérique, etc., caractérisé par un corps oblong, un pelage ras, velouté, noir ou gris argenté, un museau allongé en boutoir, des yeux très petits, une ouïe et un odorat développés, des membres antérieurs robustes, aux mains larges, à paume nue, aux doigts munis d'ongles tranchants, servant à fouir et qui vit sous terre, se nourrissant d'insectes, de vers, de larves, considéré à la fois comme utile et comme nuisible aux cultures. Peau de taupe. Voici un animal ami de la retraite. (...) la taupe vit dans un labyrinthe (...). Son mâle ou sa femelle, ses petits, quelques pas de couloirs souterrains, et c'est assez pour l'existence entière. Si ce n'étaient les monticules de terre qu'elle élève en cheminant (...), on ne soupçonnerait pas sa présence (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 221).Parmi les Insectivores, se trouvent des espèces à poils extrêmement soyeux, comme la Taupe (E. Perrier, Zool., t. 4, 1932, p. 3357).
Loc., fam.
Myope comme une taupe. V. myope A 1.Noir comme une taupe. [Gén. à propos du teint d'une pers.] Très noir. C'est sec comme de l'amadou, noir comme une taupe (...); voilà l'Espagnol (Dumas père, Napoléon, 1831, iii, 6etabl., 3, p. 60).
Ne pas voir plus clair qu'une taupe. Avoir la vue assez basse. (Dict. xixeet xxes.). Vivre comme une/des taupe(s). Vivre de manière casanière. Voici deux êtres qui vivent comme des taupes, comme des larves (...), ils se sont volontairement enfermés dans la geôle de ces murs inhospitaliers... Tout ce qui fait la joie de la vie, (...) ils le suppriment (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 365).
Royaume des taupes. V. royaume C.Aller au royaume des taupes/chez les taupes; envoyer au pays des taupes; partir pour le royaume des taupes. (Faire) mourir. J'ai des spasmes d'estomac qui me font croire de temps en temps que je vais partir pour le royaume des taupes (Mérimée, Lettres ctessede Montijo, t. 2, 1859, p. 129).Il ne faut qu'une chiquenaude du bon Dieu pour nous envoyer au pays des taupes (Fabre, Courbezon, 1862, p. 394).
B. − P. méton.
1. Peau de cet animal utilisée comme fourrure. Un manteau de taupe. La taupe sert à faire des cravates, des manchons, des étoles et des gilets. Chaque bête, une fois tannée, est taillée en langue de peau biseautée (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 229).Sur une « robe » de « taupe » il y a une écharpe de zibeline (J.-H. Prat, Fourrure et pelletiers à travers les âges, 1952, p. 292).V. couvre-chef ex. 1.
2. En appos. avec valeur d'adj. (Couleur) taupe, gris(-) taupe. D'une couleur qui évoque le pelage de la taupe. Pour toilette de ville, on y voit des draps casimir couleur feutre, oreille d'ours, marron, taupe (Pt courr. dames, 1840, p. 220).Des yeux gris taupe, d'une nuance assez trouble: l'eau qui dort (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 928).
C. − P. anal.
1. [P. réf. à l'aspect de la taupe ou de son terrier]
a) Personne ou chose qui évoque une taupe par sa forme, sa couleur, sa manière d'être. Le radis noir: taupe de velours noir (Renard, Journal, 1900, p. 581).Devenir comme ceux qu'il essayait d'imaginer dans cette terre grasse: les morts, ces taupes humaines dont la présence se manifeste par de petits monticules (Mauriac, Sagouin, 1951, p. 95).
b) PATHOL. Vx. Loupe allongée, sinueuse, qui se forme dans le cuir chevelu. (Dict. xixes. et Quillet 1965). (Mal de) taupe. Tumeur phlegmoneuse qui apparaît sur la tête ou la nuque du cheval, du bœuf par suite de frottements, de contusions. Mal de nuque.Mal de taupe. Affection similaire en tout point au mal de garrot, siégeant à la nuque et due à des blessures occasionnées par la têtière (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 36).
c) ZOOL. Taupe de mer, ou absol., taupe. Synon. de lamie.Les Requins (...) ont de trois à cinq mètres de longueur: le Griset (...), la Taupe (Zool., t. 3, 1972, p. 1040 [Encyclop. de la Pléiade]).Rat-taupe. V. rat A 3 c.
2. [P. réf. à la petitesse, à la déficience des yeux de la taupe] Personne qui a la vue très basse. Tenant entre deux doigts son pince-nez, (...) il en clarifiait les verres. Lafcadio l'observait, s'étonnait de ses yeux de taupe clignotant sous d'épaisses paupières rougies (Gide, Caves, 1914, p. 849).Il redoutait toute lumière à cause de ses yeux (...). Il mettait (...) une bonne demi-heure le matin à les ouvrir et encore une autre demi-heure avant d'y voir un peu clair avec (...). Une énorme taupe bien galeuse (Céline, Voyage, 1932, p. 170).
3. [P. réf. à l'activité souterraine de la taupe]
a) Personne qui creuse le sol, remue de la terre ou travaille sous terre. Les chercheurs de trésors avaient abouti à la tombe royale par un de leurs sondages pratiqués sur un autre point de la montagne. (...) la chaîne est ici trop épaisse (...) pour que ces taupes de malheur aient pu, en grattant le roc, prolonger leurs mines jusqu'ici (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 163).Ces cinquante soldats qui se suivaient (...) dans une crevasse de terre (...), avaient l'air de lutter pour que le champ ne se refermât point sur eux. (...) ils étaient comme des pétrisseurs de boue, (...) hommes devenus taupes ou vers de terre dans une tombe où, vivants, ils rampaient (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 136).
Arg. milit., vieilli. Taupe (de rempart). Soldat du Génie, chargé de creuser les tranchées et surtout de poser les mines sous terre. (Dict. xixeet xxes.). Synon. taupin (v. ce mot A 1).
b) TECHNOLOGIE
Taupe (à rigoles), charrue-taupe. Charrue servant à tracer des rigoles pour l'irrigation ou pour faciliter l'évacuation des eaux. Le drainage en galeries n'est pas récent, cette méthode a été connue en Angleterre dès 1825 sous le nom « mole draining » (taupe drainante) et était désigné en France sous le nom de drainage en coulées de taupe. Un certain nombre de machines appelées charrues-taupe ont été réalisées pour exécuter ce travail (Passelègue, Mach. agric., 1930, p. 96).
,,Engin de génie civil servant à creuser des tunnels, qui travaille de manière continue et à pleine section`` (Industries 1986). Le tunnelier, ou « taupe », énorme engin chargé du creusement d'une partie du tunnel de la ligne D du métro de Lyon (...) rencontre moins de difficultés pour creuser le deuxième tube (Le Monde, 25 juill. 1986, p. 16).
D. − P. anal. ou au fig.
1. Personne qui manque de lucidité intellectuelle ou d'exigences morales. Pierrotte n'est pas un aigle, mais ce n'est pas une taupe non plus. Il a le sens très net, très droit (A. Daudet, Pt Chose, 1868, p. 232):
Fichez-moi la paix avec votre bonheur de taupes, votre bonheur d'imbéciles que satisfait un fagot qui flambe, un verre de vieux vin ou le frôlement d'une femelle. Je vous dis, moi, que la misère humaine me ravage, que je la vois partout, avec des yeux aigus, que je la trouve où vous n'apercevez rien... Maupass., Contes et nouv., t. 2, Mis. hum., 1886, p. 647.
2. Personne qui se voue à un labeur obscur, ingrat et manque d'envergure dans ses ambitions; ce qui préfère demeurer dans l'ombre, caché. Cette poésie, au moins chez moi, est une taupe honteuse qui rentre à cent pieds sous terre à moins de silence profond et de sécurité parfaite (Sainte-Beuve, Corresp., t. 1, 1828, p. 104).Sa spécialité est de déterrer les actes civils des peintres académiciens du XVIIIesiècle (...). Et il travaille à cela depuis dix ans! (...) c'est attristant et lugubre, ces travaux de taupes et de fourmis enragées (Goncourt, Journal, 1863, p. 1329).
3. Personne ou chose malfaisante, qui agit sournoisement, cherche à nuire en secret. Elle allait parmi les ténèbres, Poursuivant, chassant, dévorant Les vices, ces taupes funèbres (Hugo, Contempl., t. 2, 1856, p. 195).Une taupe, dont les trous vous ont fait trébucher, vous l'écraseriez (...), les trois quarts des hommes ne sont que des taupes, de nuisibles et méprisables taupes (Mille, Barnavaux, 1908, p. 236).
Vieille taupe ou absol. taupe (péj.). Vieille femme désagréable par son étroitesse d'esprit, ses manœuvres perfides, etc. Je voudrais bien que les demoiselles Mangebois eussent sur elle la même opinion. (...)Qu'ont à voir ces deux taupes avec Isabelle? (...)(...). Elles ont demandé à être entendues de l'Inspecteur; elles m'ont laissé supposer (...) une dénonciation (Giraudoux, Intermezzo, 1933, i, 3, p. 19).« Elle a encore réussi à s'y glisser, la vieille taupe », pensa Lucien Maublanc. C'était bien le septième faire-part où la mère Polant figurait (...). « Au moins, la chipie ne sera pas sur le mien (...) » (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 70).
4. Personne infiltrée dans un milieu plus ou moins hostile pour l'espionner. Synon. fam. sous-marin.Même si le Général [De Gaulle] avait autorisé une enquête, nous aurions créé une atmosphère de suspicion générale. Sans avoir la moindre chance d'identifier la taupe (...). La seule solution consistait à tenir notre information secrète et à protéger notre source. Tant que notre contre-taupe n'était pas détectée, nous restions en position de force (L'Express, 28 févr. 1981, p. 127, col. 2).Le lieutenant de l'armée française (...) « Frédérique Bonlieu », la « taupe » de la DGSE au sein de Greenpeace, avait aussi tenté de s'infiltrer dans l'organisation écologiste les Amis de la terre (Le Monde, 29 août 1985, p. 7).
5. Arg., vx. Prostituée, maîtresse d'un souteneur. La taupe [que le sublime a emmenée chez lui] l'apostrophe, elle est refaite, elle comptait sur cent sous, maintenant plus rien (Poulot, Sublime, 1872, p. 158).Malheur aux pantres [paysan, bourgeois] de province Qui flouaient la taupe à Navet! (...) Souvent, lardé d'un coup de bince [couteau], Le micheton nu se sauvait (Richepin, Chans. gueux, 1881, p. 173).
Prononc. et Orth.: [to:p]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1250 (Richard de Fournival, Bestiaire d'amour, éd. C. Segre, p. 35, 3: la taupe ki goute ne voit, ains a les iels desous le cuir); xiiies. [ms.] (La Chante-pleure, ms. Bibl. nat. fr. 837, fol. 335 vo, fac-sim. publ. par H. Omont, Paris, 1932, p. 670b); 1840 empl. adj. couleur taupe (Pt courr. dames, loc. cit.); b) 1798 fig. « homme sournois et dangereux qui agit par voies souterraines » (Ac.); 1845 « traître » (Besch.); 2. a) 1765 taupe de mer « scolopendre de mer » (Encyclop. t. 15, p. 938b); b) 1779 id. « squale, requin » (Duhamel du Monceau, Traité des pêches d'apr. FEW t. 13, 1, p. 61b); 3. 1783 « tumeur à la nuque du cheval » (Fr. Rozier, Cours compl. d'agric., t. 3, Paris, p. 272a). B. 1888 « classe, ensemble de taupins » (Villatte, Parisismen). A issu du lat. talpa « taupe ». B réfection de taupin*. Fréq. abs. littér.: 298. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 468, b) 341; xxes.: a) 530, b) 365.
DÉR. 1.
Taupier, subst. masc.Preneur de taupes; en partic., homme qui était employé temporairement à chasser, détruire les taupes dans les terrains envahis par les taupinières. Il suivait Pointet le taupier qui tendait ses trappes le long du ruisseau. (...) on lui donnait deux sous par taupe qu'il prenait, il en rapportait des fois plein sa hotte (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 23).En appos. Le déterrage à la bêche suppose une parfaite connaissance des mœurs de la taupe et une patience à toute épreuve (...)! C'était l'art des maîtres taupiers, à la recherche d'une fourrure absolument unique: un pelage très doux (...). Mais les taupiers ont disparu: pas rentable cette fourrure timbre-poste (Le Monde aujourd'hui, 29-30 avr. 1984, p. VI, col. 4).− [topje]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1690 (Fur.); de taupe, suff. -ier*; cf. taulpetier (1611, Cotgr.), forme au suff. élargi d'apr. les dér. de mots à finale en -et. − Fréq. abs. littér.: 13.
2.
Taupière, subst. fém.a) Vieilli. Synon. de taupinière.Le mâle jette ordinairement ses laissées (...) sur une taupière, sur une touffe d'herbe (La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn.,1945, p. 158).b) Technol. Piège à taupes. L'un des plus usités [des pièges] a la forme d'une pincette en fer (...). On découvre alors le conduit fréquenté par une taupe, on y place le piége [sic] et lorsque l'animal revient par cette galerie, il (...) se trouve saisi (...). On confectionne aussi une taupière avec un morceau de bois creusé et muni d'une soupape (Chesn.t. 2, 1858).− [topjε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: -iere; dep. 1740: -ière. − 1resattest. a) 1312 Artois tarpieres synon. de taupinières (Bibl. nat. fr. 8551 ds Gdf.), 1332 Lagny [Seine-et-Marne] taupieres (Arch. nat. KK 3 b, fol. 136 vo, ibid.), spéc. relevé dans les dial. pic. et champ. (FEW t. 13, 1, p. 63b), b) 1680 « piège à taupe » tendre une taupiere (Rich.); de taupe, suff. -ière (-ier*).
BBG.Dauzat Ling. fr. 1946, p. 259. − Quem. DDL t. 3 (s.v. taupier), 16, 33, 38 (royaume des taupes).