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TALISMAN, subst. masc.
A. − MAGIE, OCCULT. Objet en métal, pierre, peau, parchemin, papier, etc. portant des signes, des symboles et auquel on attribue des vertus magiques de pouvoir ou/et de protection. Talisman arabe, cabalistique, oriental; talisman infaillible, merveilleux, mystique, sacré, souverain; porter, posséder un talisman; être préservé par un talisman; talisman fait d'une racine de mandragore. Accorde-moi la vie, Basile, et je te donnerai un talisman précieux: celui qui le porte est toujours riche et aimé des femmes (Mérimée, Guzla, 1827, p. 278).Le fer à cheval est un talisman d'une grande force et d'une énergie très étendue. Il s'emploie surtout dans les occasions où l'on veut lier, unir fortement soit une chose, soit une personne, à une autre personne ou à une autre chose (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 343).
Talisman de Gygès. Anneau grâce auquel Gygès se rendait invisible. La beauté peut être sans l'essence, ainsi qu'une écorce vide. (...) l'essence, comme si elle portait le talisman de Gygès, aime à se rendre invisible (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 155).
P. méton. Les signes, les symboles auxquels on attribue ces vertus. Écrire des talismans. Je n'ai rien dit; j'ai attendu, et tu m'as laissée veuve. J'ai fait des charmes, j'ai composé des philtres, j'ai fait écrire des talismans; mais cette femme sans doute en savait de plus puissants, car tu n'es pas revenu (Du Camp, Mém. suic., 1853, p. 200).
ASTRON. Talismans astronomiques. Ceux qui portent la figure de quelque corps céleste. Talisman du soleil, de la lune, de Mercure, de Mars, de Jupiter, de Vénus, de Saturne (Collin 1863). HIST. JUIVE. Boîte à talismans. Synon. de phylactère.Je lui ai mis aux deux bras des boîtes à talismans où sont renfermés des versets du livre de Dieu qui le préserveront de tous malheurs (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 131).RELIG. Objet sacré protecteur. Puis, montrant la relique (...):Voici de plus un talisman qui préserve des coups d'épée mieux que ne ferait une cotte de mailles (Mérimée, Chron. règne Charles IX, 1829, p. 111).
Talisman contre qqc. Lorsqu'on leur demande: à quoi servait le sphinx? ils répondent sans hésiter: C'est un talisman contre le khamsin (vent de semoun) (Du Camp, Nil, 1854, p. 74).
P. ext. Objet ou image porte-bonheur.
Objet (cheveux, image, lettre, photo, etc.) appartenant à, ou venant d'une personne pour laquelle on a de la dévotion, de l'affection. Synon. amulette, fétiche, gri-gri.Avec votre lettre sur mon cœur, Hélène, il me semble que je ne puis courir aucun danger (...). C'est un talisman sauveur (Dumas père, Fille du régent, 1846, Prol. 3, p. 145).J'ai sous les yeux une lettre d'Adèle, j'ai dans ma poche un talisman, un mouchoir de Léopoldine (Hugo, Corresp., 1865, p. 500).
Talisman (de Pascal). Le talisman n'est pour un Pascal que le signe visible de l'objet intérieur qu'il vise (...). Il y a aussi dans le Mémorial talisman le phénomène (...) de la résolution; et ceci se rattache au caractère si décidé du génie de Pascal, à ce regard de très grand capitaine qui voit d'un coup d'œil le point d'action (Du Bos, Journal, 1923, p. 356).
B. − Au fig.
1. Influence positive, créatrice d'une personne, d'un groupe, d'une société, etc. Talisman de l'amour, du courage, de la foi, de l'intelligence, du génie. Un homme aimé d'une belle et vertueuse femme porte avec lui un talisman qui le rend invulnérable (Sand, Mauprat, 1837, p. 363).Port-Royal dispose en effet d'un talisman bien plus redoutable, je veux dire son excellence propre, son grand air de religion et d'austérité (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 23).
2. Protection officielle venant d'une autorité. Les autres sociétés secrètes des diverses nations de l'Europe te seront ouvertes également par le talisman de notre investiture (Sand, Ctessede Rudolstadt, t. 2, 1844, p. 93).Une affiche manuscrite, marquée du sceau impérial: « Cette maison est placée sous le contrôle de l'Autorité allemande ». Un pareil talisman rendait la demeure inviolable (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 170).
C. − Chose merveilleuse qui ouvre des possibilités fantastiques. Lise (...) était disposée à admettre que (...) la fortune était un talisman qui, comme dans les contes de fées, donnait instantanément tout ce qu'on pouvait désirer (Malot, Sans fam., 1878, p. 246).Après deux cents ans, et plus, de tâtonnements (...) les musiciens (...) découvrirent l'accord parfait, le magique talisman qui allait leur ouvrir les voies vers un nouveau monde sonore (Gevaert, Harm., 1885, p. 34).
Prononc. et Orth.: [talismɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1592 « objet auquel on attribue des vertus magiques » (J. Scaliger, Lettre au sieur Vazet, 4 juin ds Opuscula varia, Paris, 1610, p. 568: les Arabes les appellent Talisman); 2. 1713 fig. (Hamilton, Mém. du Comte de Grammont, éd. 1887, p. 313: les seuls talismans qui font aimer sont les charmes de la personne aimée). Empr. au persanṭilism, plur. ṭalāsim, ṭilismāt « talisman, amulette; incantation, charme; sortilège », lui-même empr. à l'ar. ṭilasm, ṭillasm, plur. ṭalāsim, ṭilasmāt, ṭilassamāt « talisman, charme », et celui-ci au gr. τ ε ́ λ ε σ μ α « imposition, impôt, contribution; rite religieux », gr. byz. « objet consacré, talisman » (ives. ds Kahane Byzanz, 453). La termin. -an de talisman est d'orig. obsc.; d'apr. Cor., elle pourrait s'expliquer par une confusion partielle avec l'homon. talisman « docteur de la loi musulmane » (cf. FEW t. 19, p. 39 et Z. rom. Philol. t. 87, pp. 543-545) ou par l'hyp. d'un empr. au persan ṭilismān, plur. vulg., non att. ds les dict., de ṭilism; d'apr. FEW t. 19, p. 187, la termin. -an s'expliquerait par un empr. à l'ar. ṭilasmān, duel de ṭilasm. Fréq. abs. littér.: 208. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 498, b) 309; xxes.: a) 169, b) 191.
DÉR.
Talismanique, adj.a) Qui figure sur les talismans. Il y a (...) des caractères talismaniques, des pantacles bizarres avec des soleils, des marteaux et des ancres (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 210).b) Qui a le pouvoir d'un talisman; p. ext., qui a un pouvoir magique, surnaturel. Bague, mot, puissance, vertu talismanique. Une formule talismanique de conjuration monte aux lèvres de Blaise (Arnoux, Solde, 1958, p. 232). [talismanik]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. 1592 (J. Scaliger, loc. cit.: observation Talismanique), 1625 (G. Naudé, Apologie pour tous les grands personnages qui ont esté faussement soupçonnez de Magie, Paris, p. 619: moulures et sculptures Astrologiques, que les Grecs appelloient Stoechiodes, et les Arabes Talismaniques), 1629 (J. Gaffarel, Curiositez inouyes sur la sculpture talismanique des Persans, Paris); de talisman, suff. -ique*.
BBG. − Høybye (P.). Notes lexicol. et étymol. Fr. mod. 1968, t. 36, p. 63. − Rupp. 1915, p. 90.