Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
SUSPECT, -ECTE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers., de sa manière d'être, de ses activités, etc.]
1. Que l'on soupçonne à priori; envers lequel on a une attitude de défiance. Il a passé quelque temps pour janséniste et a été suspect à la cour (Chamfort, Caract. et anecd., 1794, p. 123).Le fort, pour ne pas être investi, doit garder le fossé sud et ses abords. Toute ombre qui s'approche est suspecte (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 238).
2. Qui prête au soupçon, qui l'éveille. Synon. douteux, louche1.Un ami (...) qui trottine autour de la table avec des empressements de danseuse et des sourires de vieille femme; portant en lui cette allure suspecte de l'homme qui n'a pas de sexe ou qui en a deux (Goncourt, Journal, 1860, p. 734).
3. Domaine de la police, de la pol.Que l'on soupçonne, par indices ou par présomption, d'être capable de commettre/d'avoir commis une action délictueuse ou à qui l'on prête, en raison de ses seules opinions parfois, une attitude, des activités hostiles au gouvernement, au régime en place. Les premières victimes seraient tous les citoyens accusés ou suspects (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 493).M. Guillaume de Humboldt (...) était à Berlin: je l'avais connu ministre à Rome; suspect au gouvernement à cause de ses opinions, il menait une vie retirée (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 58).
DR. Période suspecte. V. période I B 2 b.
4. Suspect de + compl. indiquant le motif.Qu'on soupçonne, qu'on peut soupçonner de.
a) [Le compl. est un subst.] Je viens de relire, dans Micheletqui n'est point suspect de mysticismele récit de cette prodigieuse aventure; et plus j'y réfléchis, plus j'y découvre une intervention surnaturelle (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 145).D'autres, suspects de tiédeur envers l'évangile hitlérien, n'avaient pas été jugés dignes de se voir confier un fusil (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 357).
b) [Le compl. est un inf.] [Ce comité] fait enfermer les citoyens par milliers, comme suspects de n'avoir pas aimé la république (Desmoulinsds Vx Cordelier, 1793-94, p. 221).Il était suspect d'avoir empoisonné le meilleur de ses amis (Guéhenno, Jean-Jacques, 1952, p. 242).
B. − [En parlant de qqc.]
1. Dont la nature, la constitution est peu claire; dont les qualités sont douteuses; dont les éléments ne sont pas identifiables. Le défunt portait à la tête une plaie suspecte et les gendarmes ont découvert (...) un marteau semblant avoir été lavé soigneusement (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 8, col. 1).Il n'est pas une science plus suspecte que la préhistoire. Elle recule à l'infini la naissance du génie humain (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 308).
Fam. Qui est composé, constitué d'éléments douteux, de mauvais goût ou qu'on ne peut identifier. [Le paysan] faisait sortir de sous sa chemise une suite de sons assez suspects (Stravinsky, Chron. vie, 1931, p. 11).On voyait à leurs dos cassés, à leurs pages grossièrement rafistolées par du papier gommé et aux taches suspectes dont chaque marge gardait la trace, qu'ils étaient passés entre beaucoup de mains (Carco, Voix basse, 1938, p. 26).
2. Qui inspire la défiance, qui prête au doute, au soupçon; qui suscite une présomption défavorable. Synon. douteux, louche1.Mort suspecte; zèle suspect. L'idée se présenterait (...) que toutes les pièces émanant d'un faussaire sont suspectes, et qu'elles ont besoin de contrôle (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 346).Il y a de très beaux endroits sur la foi toute nue et le caractère suspect de la piété sensible (Green, Journal, 1949, p. 260).
En tournure impers. C'est suspect. C'est peu recommandable, c'est équivoque; cela prête au soupçon. Un homme qui arpente les rues après dîner sous prétexte de prendre le frais, c'est suspect. On en a flanqué en prison pour moins que ça (Aymé, Uranus, 1948, p. 32).
3. Suspect de + compl. indiquant le motif, la nature du soupçon.Qu'on soupçonne, qu'on peut soupçonner de. Cette pièce [l'extrait de jugement], signée du greffier, est suspecte de faux, le préfet ayant déclaré n'avoir ni donné, ni pu donner un extrait qui d'ailleurs n'est pas conforme au jugement (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1819, p. 889).On est suspect de vagabondage à cette heure, dans les rues, quand on y marche d'un pas traînant (Vallès, Réfract., 1865, p. 62).
C. − MÉD. ,,Se dit d'un cas, ou d'une personne, dont l'anamnèse ou les symptômes laissent croire qu'il peut s'agir d'une maladie contagieuse, éventuellement en période d'incubation`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
1. [En parlant d'une pers.] Les journalistes suspects sont invités à des séjours dans les léproseries (Morand, Magie noire, 1930, p. 43).
[En parlant des manifestations] Éruptions cutanées suspectes. Cet endroit honteux de son cou où le bouton suspect bourgeonnait (Gide, Caves, 1914, p. 816).Moi, j'ai la lèpre. Si la tache n'était pas suspecte, il m'aurait déjà ri au nez. Et si elle est suspecte, c'est que ça y est (Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1477).
2. [En parlant d'animaux] En Autriche, les bovidés malades, suspects ou contaminés sont abattus (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux, 1896, p. 282).Ils ont essayé encore d'ouvrir la bouche aux bêtes suspectes, empoignant d'une main leur mufle rose, introduisant les doigts de l'autre main entre leurs dents, tandis qu'elles meuglaient (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 94).
II. − Substantif
A. − Personne qui est soupçonnée d'être hostile au régime politique, au gouvernement, à la Révolution. Cette guerre religieuse (...) divisait le pays (...) en créant une catégorie de suspects, écartés des emplois et mal vus des autorités, parmi les Français qui ne partageaient pas les idées du gouvernement (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 249):
... deux représentants du peuple (...) publièrent une liste de 152 notoirement suspects (de ne pas aimer la République, c'est-à-dire le gouvernement et la patrie) et de 350 simplement suspects. Les notoirement devaient être placés en état d'arrestation; quant aux simplement, ils ne devaient être que simplement surveillés. Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 131.
HIST. Loi des/sur les suspects. Loi votée par la Convention le 17 septembre 1793 (et abolie le 4 octobre 1795) permettant, par des termes vagues et favorables à l'arbitraire, l'emprisonnement des ennemis de la liberté. L'un d'eux, nommé par le district administrateur des revenus de Nohant pendant l'exécution de la loi sur les suspects (Sand, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 142).La loi des suspects (...) punissait de mort les auteurs d'« écrits » contre-révolutionnaires (Coston, A.B.C. journ., 1952, p. 13).
B. − Celui que l'on présume être l'auteur d'un crime, d'un délit. Quelques hommes de race gauloise et d'un rang inférieur furent arrêtés comme suspects, et soumis à la question; (...) leurs révélations vinrent à l'appui du soupçon général qui pesait sur Fredegonde (Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 185).Des oreilles en revanche (...) bouchées, sourdes à toute rumeur, à tout propos, à tout serment qui servirait le suspect, l'accusé, l'innocent (ArnouxSeigneur, 1955, p. 32).
Prononc. et Orth.: [syspε], [-εkt]. V. abject et G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 no1 1981, pp. 238-239. Étymol. et Hist. A. En parlant d'une chose 1. 1311 suspet « qui prête au soupçon » (Cart. de Ponthieu, Bibl. nat. lat. 10112, fol. 46 vods Gdf. Compl.); 2emoit. xives. (Poème sur le grand schisme, 60, 1, éd. P. Meyer et N. Valois ds Romania t. 24, 1895, p. 217: Mentir en une loy si fait la loy suspecte); 1636 lettres suspectes de tromperie (Monet); 2. a) 1572 méd. « que l'on soupçonne d'être infecté, dangereux » (Paré, Œuvres, VII, 3, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 1, p. 432 b: la playe est suspecte et très-difficile à guerir); b) 1694 lieu, pays suspect de contagion, de peste (Ac.); 1718 lieu, pays suspect (ibid.). B. En parlant d'une pers. 1. xives. [ms.] « dont l'attitude prête au soupçon » tenir aucun a suspech (Droit de la cort li rois d'Alam., ms. Berne A 37, fol. 17 d ds Gdf. Compl.); 1remoit. xives. [id.] (Enseign. Arist., ms. Berne 365, fol. 113 vo, ibid.); 1636 suspect de trahison (Monet); spéc. 2. 1789 pol. hommes suspects à la Nation (Journal de Paris, 2 août, no214 d'apr. J.-L. Matharan in Dict. des usages socio-pol. 1, 1985, p. 191); 1793 subst. (doc. 5 juin, ibid., p. 208); 3. av. 1855 domaine judiciaire (Nerval, Fragments des Faux-saulniers, VII ds Œuvres, éd. A. Beghin et J. Richer, t. 1, 1960, p. 453: si même il est reconnu innocent, il [l'homme soupçonné] demeure toujours suspect). Empr. au lat.suspectus (part. passé de suspicere « regarder de bas en haut; soupçonner », très rare en ce sens, celui-ci étant couramment assumé par le déponent suspicari) « soupçonné, suspect (en parlant d'une pers.) ». L'a. fr. connaît une forme pop. sozpis, suspiz « suspect » (xiiies. Macchab., II, 4, Maz. 54; et fin xiiies. De S. Remi, Bibl. nat. fr. 20330, fol. 27 d ds Gdf.); cf. aussi l'a. prov. sospeit (1200 ds Levy Prov.). Fréq. abs. littér.: 1 406. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 679, b) 1 738; xxes.: a) 1 611, b) 2 641.