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SUCRER, verbe trans.
A. − Empl. trans.
1. Mettre du sucre (dans qqc.).
a) [Le suj. désigne une pers]
α) [L'objet désigne un aliment, une boisson] Ajouter du sucre ou une substance édulcorante. Sucrer du lait, un entremets, une pâtisserie; sucrer avec du miel, du sirop. Largilier préparait les tasses, versait le café, le sucrait (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 314).
Empl. abs. Elle sucra dans la cafetière, avec de la cassonade (Zola, Germinal, 1885, p. 1150).
Loc. fig., fam. Sucrer les fraises. V. fraise1.Empl. abs. Il marchait à tout petits pas (...). Il tremblotait dans la serrure. Il pouvait plus sortir la clef, tellement qu'il sucrait (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 264).
P. anal. (d'aspect). Recouvrir d'une fine couche blanche. Synon. saupoudrer.Une chute de neige, dans la nuit, avait sucré la plaine (Arnoux, Zulma, 1960, p. 89).
β) [P. méton. de l'obj.] Sucrer qqn.Mettre du sucre dans la boisson de quelqu'un. Henriette versait, MmeMarty tenait la tasse, pendant que Mmede Boves et MmeBourdelais se disputaient l'honneur de le sucrer (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 463).
b) [Le suj. désigne une chose]
α) Empl. abs. Donner une saveur sucrée à un aliment, à une boisson. Lorsque le sucre de betterave fut dans le commerce, les gens de parti, les roturiers et les ignorants trouvèrent qu'il avait mauvais goût, qu'il sucrait mal (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 105).Voulez-vous encore une tasse de thé? Voici du sucre; c'est du sucre en poudre; vous voyez, il ne sucre pas du tout (Montherl., Exil, 1929, ii, 4, p. 54).
β) Provoquer l'apparition, la formation de sucre (dans un fruit notamment). Sous le soleil, tranquille auteur des moissons mûres, Et qui travaille encore, imperturbablement, À gonfler, à sucrerlà-bas!les grappes sûres (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Sagesse, 1881, p. 277).P. métaph. La bonté, simple maturation qui a fini par sucrer des natures plus primitivement acides que celle de Bloch (Proust, Temps retr., 1922, p. 969).
2. Au fig.
a) Rendre exagérément doux, aimable. Synon. adoucir.Il sucre sa voix pour amadouer l'huissier (Genevoix, Boîte à pêche, 1926, p. 210).Il sucrait sa causticité de compliments hyperboliques, d'excuses pour les convives, pigeons et cailles sur lesquels tombait son regard d'épervier (Blanche, Modèles, 1928, p. 163).
b) Argot
α) Sucrer qqn/se faire sucrer. Arrêter quelqu'un, se faire arrêter. Avec ses recoins et ses couloirs (...) cette cabane semblait idéale pour qu'on se fasse sucrer sur le tas (Pt Simonin ill., 1957, p. 264).
β) P. iron. Synon. de assaisonner
Maltraiter, blesser. (Ds Esn. 1966).
Condamner à une forte peine. Synon. saler.Celui qui est condamné à une peine sévère est sucré (Rossignol, Dict. arg., 1901, p. 100).
γ) Sucrer qqc. (à qqn)/ se faire sucrer (qqc.)
(Se faire) dérober, voler quelque chose. Il avait sucré (...) le briquet d'un notaire (...) un homme de son âge et de sa situation ne devait pas embarquer (...) les briquets (Trignol, Pantruche, 1946, p. 40).
(Se faire) retirer, supprimer quelque chose. Sucrer des passages dans un texte, des répliques dans une pièce de théâtre; se faire sucrer une permission, son permis de conduire. OK Woj, mais à une condition. Vous me sucrez la visite de Genscher. Il commence à m'agacer, celui-là, avec sa folie des voyages organisés dans les pays de l'Est (Le Monde, 23 nov. 1984, p. 36).
B. − Empl. pronom.
1. réfl., fam. Se servir en sucre, mettre du sucre dans sa boisson. Il restait du café (...) Gervaise laissa Virginie se sucrer, par politesse (Zola, Assommoir, 1877, p. 545).
Au fig., pop., fam. S'octroyer une part excessive (dans un partage), faire des bénéfices importants (généralement au détriment d'autrui). Il faut pourtant qu'on trouve la mise (...) la grosse si on veut se sucrer un peu (Vialar, Éperon arg., 1952, p. 236).Je suis revenu de Gênes pour expliquer au sergent qu'en bonne règle, si on voulait se sucrer, il fallait arroser. Si je lui ai pris les deux tiers du magot, c'est sans doute que j'ai été persuasif (Giono, Bonheur fou, 1957, p. 288).
2. Devenir (plus) sucré. Le raisin dont on désespérait, à cause de l'été humide, venait de mûrir et de se sucrer brusquement (Zola, Terre, 1887, p. 348).
REM. 1.
Sucrailleux, -euse, adj.,fam., péj. Douceâtre, écœurant. [Les punks] en sont arrivés à consommer avec délices les déchets des grandes métropoles. Par déchets, il faut entendre la cuisine « fast food », les « cheeseburgers » de Mc Donald ou de Wimpy arrosés de ketchup sucrailleux et servis avec des frites molles dans des assiettes en carton (Le Nouvel Observateur, 24 oct. 1977, p. 92, col. 1).P. anal. Rien à voir avec les horribles bibis sucrailleux de Lady Di (Le Nouvel Observateur, 8 févr. 1985, p. 42, col. 4).
2.
Sucrant, -ante, part. prés. en empl. adj.[En parlant d'une substance] Qui sucre, qui donne un goût sucré. La saccharine est un produit extrait de la houille, qui possède un pouvoir sucrant 200 à 300 fois plus considérable que le sucre ordinaire (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 258).
Prononc. et Orth.: [sykʀe], (il) sucre [sykʀ ̭]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. xiiies. au part. passé socré « adouci par adjonction de sucre » (Isopet de Lyon, 1198 ds T.-L;); ca 1350 succré (ms. B.N. 2001, fo102 vob d'apr. R. Arveiller ds Romania t. 94, p. 163); 1550 au fig. sucrer « charmer » (J. Du Bellay, Musagnoeomachie, 151 ds Œuvres, éd. H. Chamard, t. 4, p. 10: Mascon, dont la docte voix Sucre l'oreille des Rois); 2. 1894 arg. « donner des points au jeu » (Virmaitre, Dict. arg. fin-de-s., p. 278); 1919 sucrer « favoriser », se faire sucrer « se faire favoriser » (Esn. Poilu, p. 498); 3. 1901 arg. p. antiphr. sucrer « condamner à une peine sévère; arrêter » (Rossignol, loc. cit.); 4. 1938 id. « supprimer (un avantage) » (soldats d'apr. Esn.); 1946 « dérober » (Trignol, Pantruche, p. 26); 5. 1936 p. métaph. sucrer « avoir les mains tremblantes » (d'un ivrogne) (Céline, loc. cit.); 1946 sucrer les fraises « id. » (d'un vieillard) (Ambrière, Gdes vac., p. 285). B. Pronom. réfl. 1. 1807 se sucrer « sucrer son café, etc. » (Michel (J.-F.) Expr. vic., p. 174); 2. 1908-12 arg. « s'octroyer une large part (de bénéfice, de butin) au détriment des autres » (L. Forton, Les Aventures des Pieds-Nickelés, p. 43 ds Cellard-Rey). C. Intrans. 1719 sucrer « donner une saveur sucrée » ([Quelus], Hist. nat. du cacao et du sucre, p. 180 ds Quem. DDL t. 21). Dér. de sucre1*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 49.
DÉR.
Sucrage, subst. masc.Action de sucrer. Le sucrage des fraises, des framboises. (Dict. xxes.). Œnol. Addition de sucre au moût de raisin, avant la fermentation, pour élever sa teneur en alcool ou pour élaborer certains vins effervescents. Synon. chaptalisation.La loi ne tolère que des modifications minimes avec des produits qui entrent dans la composition normale du vin: vinage, sucrage, plâtrage (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 260).Au niveau de la vinification et de la culture, d'autres mesures interdisent le mouillage, le vinage, la fabrication de piquettes, limitent le sucrage (Levadoux, Vigne, 1961, p. 87).− [sykʀa:ʒ]. − 1reattest. 1876 (M. Boussingault ds Journ. offic., 3 févr., p. 1022 d'apr. Littré Suppl.); de sucrer, suff -age*.
BBG.Gary-Prieur (M.-N.). Contribution à l'ét. de qq. règles sém.: les verbes dér. de n. Thèse, Paris, 1979, p. 482. − Quem. DDL t. 21, 25; 21 (s.v. sucrant).