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SUBTILISER, verbe
A. − Empl. trans.
1.
a) Vieilli. Rendre subtil, transformer en matière subtile. Subtiliser une substance. Cela subtilise le sang (Ac.).
Empl. pronom. La fin réelle serait-elle une rotation de la matière qui va se subtilisant? (Balzac, Séraphita, 1835, p. 282).Leur substance, en pénétrant ce milieu subtil, doit se subtiliser elle-même, se vaporiser et passer des dimensions humaines au volume des plus vastes nuées (A. France, Révolte anges, 1914, p. 395).
b) Au fig. Rendre plus subtil, raffiner. Athènes (...) est le point de rencontre de l'élément dorien (...) et de l'élément ionien qui lui apporte (...) l'esprit artiste de l'Asie, assoupli et subtilisé par l'habitude du négoce, de la diplomatie et de la contrebande (Faure, Hist. art, 1909, p. 82).Leur vie nomade et aventureuse, en multipliant leurs rapports avec les tribus et le sol africains, aiguisait leurs sens et subtilisait leur esprit (Faure, Hist. art, 1912, p. 231).
− Domaine de l'art.Nuancer avec beaucoup de délicatesse. Claude Monet partait de la forme immédiate, réalisée par Courbet, par Manet, pour poursuivre et subtiliser de plus en plus les frissons mouvants de la lumière sur son écorce changeante (Faure, Hist. art, 1921, p. 218).
2.
a) Vieilli. Attraper, tromper subtilement. Si vous n'y prenez garde, il vous subtilisera (Ac.1798-1878).C'est des finauds, tout ce monde-là, pensa Zélie, ils veulent nous subtiliser (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 257).
b) Dérober avec adresse, s'emparer avec habileté de (quelque chose). Synon. escamoter, étouffer (arg., fam.), voler2.Subtiliser un document, un porte-feuille; subtiliser de l'argent. Félix se verse en douce du cognac sous l'œil compréhensif du grand-père, et subtilise la bouteille afin que les frères en profitent (Butor, Passage Milan, 1954, p. 77).Le chef fut arrêté en 1953 pour avoir subtilisé à son profit 3 millions de yens (Philos., Relig., 1957, p. 54-15).
Littér., vieilli. Subtiliser qqc. de qqn.Un énorme bouquet de roses thé que j'ai subtilisées d'un voisin (Mérimée, Lettres Mmede Beaulaincourt, 1869, p. 150).
Empl. pronom. réciproque. C'est ainsi que deux grands peuples [la France et l'Angleterre] passent leur vie à se subtiliser leurs richesses, et il n'est rien d'aussi voyageur qu'un tableau (Toulet, Notes art, 1920, p. 85).
B. − Empl. intrans., littér., parfois péj. Raffiner à l'extrême, dans le raisonnement, la pensée, le style; faire des distinctions très ou trop ténues. Synon. alambiquer, sophistiquer.Constantinople a disputé, ergoté, subtilisé, et elle a succombé (Cousin, Hist. philos. mod., t. 1, 1846, p. 208).Moi-même je romançais peut-être un peu trop et subtilisais pour mon propre plaisir (Arnoux, Chiffre, 1926, p. 230).
Subtiliser sur qqn/qqc.Subtiliser sur une définition, un texte. Ne subtilisons pas sur nos grands auteurs: n'imitons pas les érudits qui dissèquent à satiété les odes d'Horace et qui disent: « Ceci est plaqué, et ceci ne l'est pas » (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 7, 1864, p. 213).Mon fils, n'écoute point ceux qui, comme moi, subtilisent sur le bien et sur le mal. Ne te laisse point toucher par la beauté et la finesse de leurs discours (A. France, Rôtisserie, 1893, p. 362).
Prononc. et Orth.: [syptilize], (il) subtilise [-li:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Abstr. 1. a) ca 1380 trans. subtilisier « percevoir les subtilités, analyser avec subtilité » (Jean d'Outremeuse, Myreur des histors, I, éd. A. Borgnet, t. 1, p. 8); b) id. intrans. subtilisiier « chercher en faisant preuve de subtilité » (Id., ibid., I, t. 1, p. 36); 1585 péj. « faire preuve de finesse excessive, finasser » (N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel ds Propos rustiques, baliverneries..., éd. J. M. Guichard [1842], p. 146: lesquels [docteurs] il renvoya à Naples pour là subtiliser et plaidoyer tout leur saoûl); 2. 1545 « rendre subtil » (Le Maçon, tr. Decameron, Concl. ds Hug.: ceux qui ont subtilisez leurs espritz aux escolles); 3. 1798 « tromper subtilement » (Ac.). B. Concr. 1. 1541 « réduire en tout petits morceaux » (Canappe, Anat. des os, p. 26 ds Gdf. Compl.); 2. 1559 « rendre subtil, transformer en matière subtile » (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Numa, XVII, éd. G. Walter, 1959, t. 1, p. 144: Les rayons du soleil subtilisent l'air si fort qu'ils l'enflamment); 3. 1785-86 « dérober adroitement » ici, fig. (Letourneur, Trad. de Clarisse Harlowe, Lett. 98 ds Littré). Dér. de subtil*; suff. -iser*. Cf. les dér. a. fr. sotillier (ca 1210 intrans. « s'ingénier, s'efforcer » Guillaume Le Clerc, Bestiaire, 1459 ds T.-L.), subtilliier (ca 1223 « id. » Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. Fr. Koenig, 1 Mir 44, 149), sutillier (fin xiiies. « id. » Jean de Meun, Testament, 1109 ds Rose, éd. D. M. Méon, t. 4, p. 57), dér. de sotil, subtil*, dés. -er; à rapprocher, du point de vue morphol. du b. lat. subtiliare « amincir, affaiblir », VIes. ds Blaise Lat. chrét. Fréq. abs. littér.: 96.
DÉR.
Subtilisation, subst. fém.a) Rare. Action de subtiliser, de rendre fluide ou volatil. Nous n'en sommes pas à rechercher à quel point de subtilisation peut arriver la matière (Balzac, Séraphita, 1835, p. 277).b) Action de subtiliser (supra A 2 b). Synon. escamotage, vol2.Aucun témoin de la subtilisation (...) des billets de banque (Arnoux, Solde, 1958, p. 177).− [syptilizasjɔ ̃]. Att. ds Ac. 1694-1878. − 1resattest. a) 1566 « subtilité » (Estienne, Apol. Herod., ch. 37 [II, 274] ds Hug.), b) α) 1572 « (en parlant de la matière) fait de se subtiliser, de s'affiner » (Amyot, Oracles qui ont cessé, 26, ibid.), β) 1694 chim. subtilisation des essences, des liqueurs (Ac.), c) 1885 « action de s'approprier » [des procédés littéraires] (Goncourt, Journal, p. 433); de subtiliser, suff. -(a)tion*, cf. subtiliacion (xves. « diminution » Probl. d'Aristote, Bibl. nat. fr. 210, fol. 42b ds Gdf.), dér. de subtillier, v. subtiliser.