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SUBTIL, -ILE, adj.
A. −
1. [En parlant d'un inanimé concr.] Ténu, très léger, très mobile; très difficile (ou impossible) à saisir, à toucher. Synon. impalpable, volatif; anton. épais, grossier, lourd.Air, feu, gaz, vent subtil; essence, lumière, poussière, vapeur subtile. Le système qui fait consister la lumière dans les vibrations d'un fluide infiniment subtil répandu dans l'espace, conduit ainsi à des explications satisfaisantes des lois de la réflexion, de la réfraction (Fresnelds Ann. chim. et phys., t. 1, 1816, p. 280).Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, ALCHIM. La condition du passage de l'épais au subtil correspondant à la transmutation des métaux vils en or (Y. Caroutch, Giordano Bruno, Paris, Arista, 1988, p. 198).
PHILOS. [Chez Démocrite] Matière subtile. ,,Les atomes de l'air [par opposition à ceux de la terre]`` (GDEL). [Chez Descartes] Matière subtile. ,,Matière dans laquelle baigne la Terre`` (Lal. 1968).
2. P. méton.
a) Vieilli. Qui s'insinue avec grande facilité. Poison, venin subtil. Le vif-argent est fort subtil (Ac.).
THÉOL. Corps subtil. Corps glorieux ayant la propriété de pénétrer à volonté la réalité matérielle. On se le représentait [Jésus ressuscité] comme impassible, doué d'un corps subtil, traversant les cloisons opaques (Renan, Apôtres, 1866, p. 38).
b) [En parlant d'une odeur] Qui se répand aisément dans l'air. Encens, parfum subtil. Au-dessus de ces chaudes et lourdes émanations planent, subtiles et froides, les mortelles vapeurs d'éther (Sem, Ronde de nuit, 1923, p. 24).
c) BIOL. Bacille subtil. ,,Bactérie non pathogène utilisée dans le traitement des affections intestinales ou pour la prévention des complications intestinales, durant les traitements antibiotiques`` (Pt Lar. Méd. 1976).
3. Vieilli ou littér.
a) [En parlant d'un sens] Qui perçoit avec acuité. Synon. aigu, fin2.Nez, œil subtil; ouïe, vue subtile. Le flair subtil de la mère inquiète découvrait sur nous l'ail sauvage d'un ravin lointain ou la menthe des marais (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 14).
b) [En parlant d'une pers.] . Adroit, mobile, vif, plein de dextérité. Escamoteur, prestidigitateur, voleur subtil; jambes, mains subtiles. Cependant Lécreni ayant pris un flacon et rempli un gobelet sans que personne s'en fût aperçu, tant il avait été subtil, le porta à la bouche de Damiens (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 559).Le plus ingénieux piégeur, le plus subtil braconnier d'un pays qui en possède de transcendants (La Varende, Pays d'Ouche, 1934, p. 180).Subtil de + subst.Subtil de corps, d'œil. On appela la Marie-Guillard, qui était une petite jeunesse très-subtile de sa langue, et on la fit chanter (Sand, Maîtres sonneurs,1853, p. 92).
Région. (Wallonie). Rapide. Il s'est laissé rattraper, il n'a pas été assez subtil (HanseNouv.1987).
B. −
1. [En parlant d'une pers.] Qui sent très bien les distinctions, les nuances les plus fines. Synon. fin2, fûté (fam.), pénétrant, perspicace, sagace.Montaigne est un subtil et curieux observateur des vices et des ridicules qui circulent autour de lui (Chênedollé, Journal, 1833, p. 162).Ceux que l'imagination domine, (...) les esprits subtils, qui voient facilement toutes les faces des choses (Delacroix, Journal, 1854, p. 275).Rare, en empl. subst. Un visage d'un ovale qu'un subtil d'entre nous qualifiait de slave, sans expliquer pourquoi (Arnoux, Algorithme, 1948, p. 28).
Docteur subtil. V. docteur I B 2 a.
2. [En parlant d'une démarche de l'esprit] Qui manifeste de la finesse, de l'ingéniosité, de la pénétration. Synon. astucieux, fin2, ingénieux.Argument, discours subtil; analyse, diplomatie, ruse subtile:
Ce sont, chez lui, on s'en souvient, les mêmes bonds furtifs, les mêmes passes savantes, les mêmes feintes, les mêmes fausses ruptures (...), le même jeu subtil, mystérieux, où la haine se mêle à la tendresse, la révolte et la fureur à une docilité d'enfant, l'abjection à la plus authentique fierté, la ruse à l'ingénuité, l'extrême délicatesse à l'extrême grossièreté, la familiarité à la déférence... Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 31.
Péj. Exagérément raffiné, alambiqué. Tu alambiques, ma petite, tu cherches midi à quatorze heures. Trop subtil pour moi, tout ça (Arnoux, Roi, 1956, p. 65).
C. − [Surtout à propos d'un inanimé abstr.] Délicat à percevoir ou à comprendre en raison de sa complexité ou de sa finesse. Synon. insaisissable, mystérieux, ténu.Charme, mélange subtil; différence subtile. [Monet] a peint des sous-bois à l'automne où se jouent les plus subtiles nuances du bronze et de l'or (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p. 72).Elle ne veut pas consulter un médecin. Sa maladie est sûrement trop subtile pour un docteur et ses remèdes (Chardonne, Dest. sent., III, 1936, p. 39).Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Les plus robustes esprits ont souvent de ces élans vers le subtil et l'inconnaissable (A. France, Génie lat., 1909, p. 16).
Prononc. et Orth.: [syptil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Concr. 1. a) 1ertiers xiies. fr.-prov. « mince, fin, élancé » en parlant d'une partie du corps lo bu subtil (Alberic de Pisançon, Alexandre, 70, éd. Elliott Monographs, 38, p. 40). 1505 fueilles de blete subtiles et serrees (Desdier Christol, Platine, fol. 70 roa d'apr. R. Arveiller ds Mél. Séguy (J.), t. 1 1978, p. 72, s.v. lymonion); 1559 lames [d'espees] tenves et subtiles (Amyot, Camille, 41 ds Hug.); b) 1409 galee soubtille « galère de combat de forme allongée » (Bouciquaut, Livre des fais, III, XX, éd. D. Lalande, p. 373, 109); 1507 gallères subtilles (Ordonn. royale ds Fennis Stolon., p. 502); 2. ca 1200 [ms.] « (d'un ouvrage) fait avec art » ici, empl. adv. (Benedeit, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1077: De or precius uvret subtil, leçon ms. B); 3. Déb. xiiies. « composé d'éléments déliés, ténus, impalpables, volatils » (Expl. du Cant. des cant., ms. du Mans 173, éd. C. E. Pickford, 1727, 2117); 1552 feu suttil (Baïf, Francine, l. III [I, 213] ds Hug.); 1erquart xviies. air sutil (D'Aubigné, Création, chant I ds Œuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t. 3, p. 327); 1647 l'agitation de la matiere subtile (Descartes, Principes de la philos., IV, Paris, H. Le Gras et E. Pepingué, 1651, p. 295); 4. a) xves. [ms.] « fin, ténu, léger » drap subtil (Franchières, Fauc., ms. Chantilly 1528, fol. 22 rods Gdf.); 1534 subtile toilette empl. p. image (Cl. Marot, trad. Métamorphoses d'Ovide, I, 1085 ds Œuvres. Traductions, éd. C. A. Mayer, p. 157); b) 1546 « transparent, léger » (d'une lampe de cristal) ouvrage tant diaphane et subtil (Rabelais, 5eLivre,, XLI, éd. J. Plattard, p. 154); 5. a) 1588 [1591] mal subtil « espèce de maladie des faucons » (Ch. Estienne et Jean Liébault, Agric. et Maison rustique, Lyon, J. Guichard, p. 392 a); b) 1578-1583 « de nature à pénétrer, à s'insinuer » humeur suptil; sang subtil ``(D'Aubigné, Printemps, t. 3, p. 116; Création, XI, t. 3, p. 409). II. Abstr. A. en parlant d'une chose 1. a) fin xiies. « qui présente des finesses difficiles à saisir » (Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, p. 99, 22); ca 1200 (Moralium in Job, éd. W. Foerster, p. 340); b) 1580 « qui échappe à l'intelligence par un excès de finesse » (Montaigne, Essais, I, XXX, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 197: c'est une subtile consideration de la philosophie); 1656 (Pascal, Provinciales, I ds Œuvres, éd. J. Chevalier, 1964, p. 670: La difference qui est entre nous [docteurs de Sorbonne et Jansénistes] est si subtile, qu'à peine pouvons-nous la marquer); 2. 1360-70 « qui suppose de l'esprit, de l'adresse » tour subtil (Baudouin de Sebourc, éd. De Bocca, chant II, 582, t. 1, p. 49); 1549 (Est.: ceste exposition est subtile [habet acumen]). B. En parlant d'une pers. 1. a) fin xiies. « fin d'esprit, qui perçoit les finesses délicates à saisir » (Sermons de St Bernard, p. 99, 24: ceos cuers ki poc sunt ancor subtil); 1576 sens subtil (Baïf, Mimes, l. II V, 65 ds Hug.); 1580 esprit subtil (Montaigne, op. cit., II, XII, p. 465); b) 1470 (en parlant d'un organe sensoriel) « qui perçoit finement » [oye] subtile (Georges Chastellain, Vérité mal prise ds Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 6, p. 264); 2. a) fin xiiies. « doué, habile, ingénieux » (Jean de Meun, Testament, 1433 ds Rose, éd. D. M. Méon, t. 4, p. 73: Nous sommes trop soubtilz es choses de cest monde En congnoistre, en acquerre...); 1544 en mauvaise part filous subtils (D'Ouville, Contes, I, p. 245 ds Livet Molière); b) fin XIVes. « habile dans son métier » paintre subtil (Eustache Deschamps, Œuvres, éd. Queux de St-Hilaire, MCCCCXCV, 2315, t. 8, p. 318). Adapt. progressive, d'apr. l'étymon lat., de l'a. fr. sotil (déb. xiies. « [d'un ouvrage] fin, fait avec art » empl. adv. Benedeit, op. cit., 1077; ca 1150 Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 5001; 1176-81 « [d'une personne] d'esprit fin, délié » Chrétien de Troyes, Chevalier de la charrette, éd. M. Roques, 3144; 1246 « [d'une chose] difficile à saisir » Gautier de Metz, Image du monde, 485, 25 ds T.-L.), issu du lat. subtilis « fin, menu, délié; fin, délicat, pénétrant (en parlant du goût, du jugement); simple, sobre (en parlant du style) »; cf. la var. a. fr. sotif (par confusion entre les dés. en -iz, -is communes aux cas suj. masc. sing. et régime masc. plur. des suffixés en -ile et en -ivus): ca 1150 « caché, dissimulé » posterne soutive (Thèbes, 1489), fin xiies. [ms.]. « fin, fait avec art » enlacëure soutive (Partonopeus de Blois, éd. M. Gildea, append. I, 10310). I1b représente peut-être un calque de l'ital. (galea) sottile ou du cat. (galera) sotil, v. Fennis Stolon., pp. 503-504. Fréq. abs. littér.: 1 931. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 998, b) 1 690; xxes.: a) 3 124, b) 3 722. Bbg. Gall. 1955, p. 455.