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SUBIR, verbe trans.
A. − [Le suj. désigne un animé, un groupe de pers.]
1. [Le compl. désigne un inanimé] Être l'objet sur lequel s'exercent une force ou un pouvoir non voulus, l'action de personnes ou d'événements inévitables ou pénibles.
a) [Le compl. a une valeur nég.] Synon. endurer, supporter1.
Être soumis à un phénomène physique, une condition naturelle. Subir un sort, le (mauvais) temps, la mort. Il fallait subir le vent glacé de la rue pour rentrer chez soi (Loti, Rom. enf., 1890, p. 207).Nous devons subir les astres, les saisons, les âges, la pluie, le vent, sans être esclaves pourtant (Alain, Propos, 1931, p. 1040).
Être soumis à un état, une action, une situation. Subir la conséquence de (qqc.). Cet orgueil céda la place à une appréhension affreuse de ce que j'allais avoir à subir (Bourget, Disciple, 1889, p. 160).Celles qui l'avaient eu rien qu'une fois s'efforçaient de le retenir (...), dussent-elles subir ses injures, ses brutalités, son mépris (Maran, Batouala, 1921, p. 119).
Part. passé en empl. adj. Sa physionomie, devenue impassible à force d'humiliations subies et de mécomptes soufferts (Hugo, Rhin, 1842, p. 290):
Ce départ marquait sa défaite, mais une défaite acceptée, non pas tout à fait subie, n'est jamais un désastre irréparable. Bernanos, Imposture, 1927, p. 379.
Subir le joug (de) (au fig.). Être sous la contrainte, la domination de quelqu'un, de quelque chose. Tous subissaient le joug despotique de la patronne (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Patronne, 1884, p. 694).Le paysan de chez nous (...) ne se résignera pas à subir le joug d'une dictature casquée (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 281).
Faire subir qqc. à qqn.À compter de ce jour, je fis subir à Marguerite une persécution de tous les instants (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 254).
Faire subir les derniers outrages. V. outrage A 1.
SYNT. Subir un affront, un choc, une contrainte, une crise, une défaite, un échec, une épreuve, un martyre, la misère, une perte; subir des avanies, des outrages, des reproches, des sarcasmes, des sévices, des violences; subir une attaque, une révolution, un siège; se résigner à subir qqc.
Être soumis à une obligation de caractère légal. Subir un châtiment, la loi, une peine, un verdict; être condamné à, être forcé à/de subir qqc. Il a subi dans son pays plusieurs condamnations, pour de prétendus délits de la presse (Latouche, L'Héritier, Lettres amans, 1821, p. 144).
Subir un interrogatoire. Être entendu par un magistrat dans une affaire pénale ou civile. [Le] prisonnier (...) allait avoir à subir un premier interrogatoire devant un juge d'instruction (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 271).
Subir un jugement (vx). ,,Subir la peine à laquelle on a été condamné par un jugement`` (Ac. 1835, 1878).
Subir la question. Être soumis à la torture lors d'un interrogatoire. En ce moment même (...) Frédéric est en train de subir l'interrogatoire de la Gestapo, tu sais ce que ça veut dire... de subir la question (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 257).
b) En partic. Être passivement l'objet sur lequel agissent les événements, rester passif. Subir les événements, son sort. Ils se trouvaient, de par leur souci d'historiens des mœurs, condamnés à peindre des personnages qui subissent la vie sans la dominer, c'est-à-dire des créatures d'une volonté médiocre (Bourget, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 168).Enfin je rencontrais un homme qui au lieu de subir un destin avait choisi sa vie (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 181).
Part. passé en empl. adj. Existence subie. Notre vie observable, notre vie reçue et conduite ou subie par nous n'est que l'une des vies innombrables que ce moi identique eût pu épouser (Valéry, Variété III, 1936, p. 242).
Absol. Avoir une attitude passive. Synon. accepter, se résigner; anton. agir.Subir sans se plaindre. Ils eurent une nuit d'amour fou. Renée était l'homme, la volonté passionnée et agissante. Maxime subissait (Zola, Curée, 1872, p. 485).
c) [Le compl. a une valeur neutre ou positive]
Être le lieu d'un phénomène physique. Subir une croissance. Tous les insectes ailés qui subissent une métamorphose complète diffèrent beaucoup dans leur premier état, de celui qu'ils doivent avoir par la suite (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 429).Chez les animaux supérieurs (...) l'organisme, avant d'atteindre sa pleine taille et son aspect définitif, aura à subir bien des modifications, externes ou internes (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 47).
[Le compl. désigne une influence, un effet] Être sous l'effet de, recevoir une impression. Subir l'attrait, le charme, la fascination de qqn, de qqc. L'influence la plus profondément subie par Gustave Flaubert fut celle du romantisme finissant (Bourget, Essais psychol., 1883, p. 99).Bergotte (...) tenait sa façon de parler d'un de ses vieux camarades, merveilleux causeur dont il avait subi l'ascendant (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 555).
2. Accepter plus ou moins volontairement une épreuve nécessaire pouvant comporter des efforts, des risques ou de la douleur. Synon. passer1, se prêter à, se soumettre à.
Subir (un examen). Répondre aux questions posées lors d'un examen selon les formalités ordinaires. Subir l'épreuve pratique (d'un examen). Il (...) se mit à préparer son examen, et, l'ayant subi d'une façon médiocre, partit ensuite pour Nogent (Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 34).
− Domaine méd.Se prêter à un examen médical, une intervention chirurgicale. Subir un examen (médical), une visite médicale. Il éprouvait ce réveil douloureux du malade (...) qui apprend (...) qu'il n'a plus qu'à se faire transporter dans une maison de santé pour y subir une opération de chirurgie devenue pressante (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 231).On dut lui faire subir, pour une ophtalmie purulente, une petite opération, fort douloureuse (Gide, Journal, 1948, p. 324).
3. [Le compl. désigne une pers. ou un groupe de pers.]
a) Endurer l'autorité, le pouvoir de quelqu'un. Elle se défendait sans révolte, avec la résignation passive des filles qui subissent le mâle de bonne heure (Zola, Germinal, 1885, p. 1331).
b) Souvent fam. Endurer la présence d'une personne qui ennuie, déplaît, dérange. Synon. tolérer, se farcir (pop., fam.).Il subissait les hommes, les avait secourus par inadvertance, ne les écoutait jamais (Jouhandeau, M. Godeau, 1926, p. 27).Quant à subir en même temps Robinson par-dessus le marché, c'était bien pour me faire plaisir qu'elle y consentirait (Céline, Voyage, 1932, p. 587).
B. − [Le suj. désigne un inanimé]
1. Être l'objet sur lequel s'exerce une action, une force naturelle ou physique, une opération. Subir l'action de qqc., un choc, une opération, une pression, une traction; subir l'épreuve du temps. La basse-cour (...), directement exposée aux coups du vent d'est, eut à subir des dégâts assez considérables (Verne, Île myst., 1874, p. 319).L'œil n'y trouve plus [au jardin] que de hautes tiges de choux qui peuvent impunément subir les gelées (Barrès, Colline insp., 1913, p. 247).
2. Être l'objet sur lequel s'exerce une modification, un changement, une évolution. Subir une altération, une avarie, un changement, une perte, une transformation, une variation; subir une hausse, un déclin. Les cinq collègues se regardaient. On peut croire que les battements de leur cœur avaient subi une légère accélération (Verne, Tour monde, 1873, p. 213).Même des corps simples, comme le graphite ou les métaux, subissent sous l'action des radiations des bouleversements de structure qui nuisent à leur tenue mécanique et à leurs propriétés physiques (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 208).
REM.
Subir, subst. masc.,littér. [Corresp. à supra A 1 b] Ainsi l'ordre n'est point subi, ni voulu; il est au-dessous du subir et du vouloir; il appartient à la vie comme respirer (Alain, Propos, 1936, p. 905).
Prononc. et Orth.: [sybi:ʀ], (il) subit [sybi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1481 subir jugement « recevoir condamnation » (Lettres concernant le Ressort des causes et procès de l'Évêque et du Chapitre de Châlons ds Ordonnances des Rois de France, t. 18, p. 721) − 1628, Dict. fr.-all.-lat., Genève, Jacob Stoer; 1. a) fin xvies. subir a « (d'une personne) être soumis à quelque chose de pénible, à laquelle on ne peut échapper », subir a sentence (Brant., Gr. capit. franç., Œuvr., II, 247, Soc. Hist. de Fr. ds Gdf. Compl.); en partic. 1657 subir interrogatoire (Le Mai[stre, Les] Plaidoyers [et harangues] ds Rich. 1690); b) 1818 « (id.) être le siège d'un sentiment, recevoir une impression » subir ... toutes les impressions fortes (Nodier, J. Sbogar, p. 154); 1833 subir le charme d'une femme (Borel, Champavert, p. 122); c) 1840 subir qqn « le supporter à contrecœur » (Scribe, Verre d'eau, I, 3, p. 656: la reine Anne [...] est forcée de subir des ministres qui lui déplaisent, une favorite qui la tyrannise); 2. 1772 « (d'un inanimé) éprouver des changements, des modifications » (Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Paris, Impr. royale, t. 4, p. 393: La Tourterelle [...] a subi des variétés dans les différens climats). Empr. au lat. class.subire « aller sous », au fig. « se charger de, supporter, subir », en partic. dans le lang. jur. « subir une peine » (poenam subire), d'où les 1resattest. du mot en fr. Fréq. abs. littér.: 5 049. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 710, b) 6 916; xxes.: a) 7 829, b) 8 132.