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SPÉCULATION, subst. fém.
A. −
1. Opération financière, commerciale faite pour tirer profit des variations du marché. La ville militaire devait être sur la rive opposée; on avait déjà acheté le terrain; on l'avait payé à vil prix, et, par une spéculation adroite, on en eût revendu à un très haut bénéfice, à mesure que la ville se serait élevée (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 251).D'heureuses spéculations de terrains au moment où le gouvernement sarde avait construit en Savoie le chemin de fer du Mont-Cenis (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 19).
SYNT. Spéculation boursière, commerciale, désastreuse, financière, foncière, frauduleuse, hasardeuse, heureuse, illicite, immobilière, malheureuse; bonne, mauvaise spéculation; spéculation à la baisse, à la hausse; faire une spéculation sur les blés.
2. Activité et pratiques que constituent de telles opérations. Synon. accaparement, agiotage (vieilli), boursicotage (fam.).Spéculation inouïe; spéculation sur les grains; se livrer à la spéculation; le commerce et la spéculation. Les accès de hausse et de baisse [à la Bourse] ruinant en deux heures de spéculation des milliers de petits bourgeois, de petits rentiers (Maupass., Bel-Ami, 1885, p. 302).La spéculation sur les terrains, à partir de 1880, procède par bonds, facilitée par l'adoption du nouvel étalon-or (Morand, New-York, 1930, p. 116).
B. − Gén. péj. Action de miser sur quelque chose pour en tirer un profit, un avantage. Synon. calcul.Une honteuse spéculation basée sur les probabilités de ma mort (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 106).Spéculation éhontée sur l'ignorance et la curiosité indiscrète du gros public (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 517).
C. −
1. Étude, recherche abstraite, théorique. Spéculation abstraite, désintéressée, intellectuelle, mathématique, métaphysique, philosophique, pure, rationnelle, religieuse. Les spéculations sur le temps, le nombre et l'espace n'embrassent pas l'infini (A. France, Orme, 1897, p. 74).Les spéculations d'Henri Poincaré sur la relativité de l'espace et du temps, de la mesure (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 158).
2. Pensée abstraite, théorique. Anton. action, pratique.Haute spéculation. On peut (...) dire (...) qu'elle [l'attraction universelle] se retrouverait à toutes les époques de la spéculation depuis Empédocle jusqu'à Roberval, en passant par Saint Augustin (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p. 52).Les penseurs chrétiens se mettaient à même de relier les résultats obtenus par la spéculation grecque à leur propre métaphysique de la création (Gilson, Espr. philos. médiév., 1932, p. 124).
Prononc. et Orth.: [spekylasjɔ ̃]. Ac. 1694, 1718: spe-; dep. 1740: spé-. Étymol. et Hist. A. 1. a) Fin xiiie-déb. xives. « observation, réflexion » (Gloss. Bibl. royale Bruxelles 9543 ds T.-L.: speculations: estre en estude u em pensee as coses clergauls u devines); 1360-65 (Commentaires de Martin de St-Gille sur les Amphorismes Ypocras, éd. G. Lafeuille, 55 Va, gloss. p. 382); 1370-72 (Nicole Oresme, Ethiques d'Aristote, éd. A. D. Menut, X, 15, p. 526); b) fin xviies. « observations astronomiques » spéculations des choses célestes (Fléchier, Serm. pour le jour des Rois ds Littré); 2. a) 1370-72 « recherche théorique abstraite [opposée à la pratique] » (Nicole Oresme, op. cit., VI, 1, p. 331: de la partie [de l'ame] qui a raison ...une [maniere] est par laquelle l'en a speculacion... ou consideracion vers les choses de quoy les principes sont neccessaires; ... l'autre [irracionele] est par laquelle l'en considere vers les choses contingentes ou variables), cf. 1656-57 (Pascal, Provinciales, XIII ds Œuvres, éd. J. Chevalier, Paris, 1954, p. 811: Cela est permis dans la speculation, mais je n'en approuve pas la pratique); b) XVIes. le speculation de le verité ([Jean d'Arkel] Li ars d'amour, éd. J. Petit, III, 1, XVI, t. 2, p. 300). B. 1. 1755 « calculs sur les opérations de banque, les cours boursiers » (Cantillon, Essai sur la nature du commerce, p. 343 ds Brunot t. 6, p. 169, note 8: les ,,speculations`` des banquiers sur le change); 2. 1830 p. ext. « action de miser sur » Balzac, La Paix du ménage, in Scènes de la vie privée, t. 2, p. 347 (Mame, Delaunay-Vallée et Levavasseur ds Quem. DDL t. 16). Empr. au b. lat.speculatio « lieu d'observation » spéc. au fig. (vies. Hilar., Psal., 68, 31), et « considération, spéculation théorique » (XVes. Boèce ds Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.: 1 094. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 883, b) 1 825; xxes.: a) 1 512, b) 1 157. Bbg. De Tollenaere (F.). Zur Etymologie von hd. Spekulatius, ...Neuphilol. Mitt. 1983, t. 84, no4, pp. 525-526. − Gohin 1903, p. 292.