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SOUTENIR, verbe trans.
A. − [Empl. concr.]
1. [Le compl. désigne une entité matérielle] Empêcher (quelque chose) de tomber en (le) maintenant stable.
a) [Le suj. désigne un animé] Synon. maintenir, porter, retenir, tenir; anton. lâcher.
α) [Avec un compl. prép. indiquant ce qui soutient] En passant près de nous, la soutenant dans ses bras, elle me confia la boulotte qu'elle défaillait ainsi la cousine jolie, à cause du départ récent d'un fiancé mobilisé dans la marine (Céline, Voyage, 1932, p. 109):
1. ... la porte, violemment lancée, vint frapper en plein dos Lantibout, l'homme de chambre, lequel (...) soutenait sur les mains une colonne de gamelles empilées le long de sa poitrine. Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 61.
β) [Avec un compl. prép. indiquant le point de soutien] Je veux m'asseoir, prenez-moi par ma capote. En le soutenant par le col, on le posa sur la banquette de tir (Dorgeles, Croix de bois, 1919, p. 193).
γ) [Sans compl. prép.] Je jaunissais à vue d'œil et je ne pouvais plus soutenir mon fusil (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 105).Ses mains affaiblies soutenaient à peine une valise dont le petit-fils de Cadette lestement le débarrassa (Mauriac, Baiser Lépreux, 1922, p. 193).
δ) Empl. pronom. Se soutenir (par, au moyen de qqc.). Se maintenir dans une position, un état sans tomber. Et l'on ne peut comprendre qu'un semblable filigrane puisse se soutenir en l'air depuis des siècles! (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 38).
ε) Spécialement
DANSE. ,,Garder le plus longtemps possible une jambe à la hauteur ou à la demi-hauteur avant de la poser à terre`` (Meunier, Danse class., 1931, p. 137).
PÊCHE. Pêche à soutenir. Pêche statique pratiquée en mer du haut d'un lieu surélevé (digue, jetée, etc.) où l'on maintient le fil tendu en permanence (d'apr. Pollet 1970, Schreiner 1975).
b) [Le suj. désigne une chose] Synon. maintenir, retenir, supporter.Une branche de coudrier très flexible, fichée sur cette planchette, soutient une petite sonnette qui tinte lorsque le poisson (...) donne des secousses à la corde (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 17).Elle était écrasée sous un treillis de fils (...) soutenant des lampes électriques, car on y donnait des courses nocturnes (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 518).
2. [Le compl. désigne un animé susceptible de se mouvoir]
a)
α) Empl. trans. Maintenir (quelqu'un) debout, (l')empêcher de tomber. Synon. retenir, tenir.Voûtée, courbée, chancelante, elle marchait pesamment, soutenue aux aisselles par ses deux vieux serviteurs, aussi voûtés, aussi courbés, aussi chancelants que leur maîtresse (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 154).« Il y en a des étoiles, ce soir », soupira-t-elle. Bernard la soutenait. Soudain elle sentit deux lèvres ardentes lui écraser la bouche (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 114).
β) Empl. pronom.
Se maintenir debout dans son milieu naturel, rester en état de marche. Les oiseaux se soutiennent en l'air au moyen de leurs ailes. Les nageurs se soutiennent sur l'eau par le mouvement de leurs bras (Ac. 1935).
P. anal. Nos corvettes, travaillées par la mer et obligées à chaque instant de laisser porter pour éviter les glaces, eussent eu bien de la peine à se soutenir au vent de la banquise (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 2, 1842, p. 63).
Garder sa consistance. Anton. se défaire, s'amollir.Cette étoffe se soutient (Ac. 1935). On prend celui [l'abricot] de plein vent, parce qu'il a plus de goût et se soutient mieux à la cuisson, peu mûr et ferme (Audot, Cuisin. campagne et ville, 1896, p. 649).
b) En partic.
α) [Le suj. désigne une partie du corps] Porter, tenir. Anton. abandonner.Mes jambes ne me soutiennent plus. Viens, aide-moi à me soulever, je ne peux plus me lever seul (Montherl., Malatesta, 1946, iv, 9, p. 535).Pour soutenir le développement du tronc supérieur, les muscles renforcés de la région postérieure du tronc contrastent avec un fessier réduit (Mounier, Traité caract., 1946, p. 212).
β) Empêcher (quelqu'un) de défaillir en (lui) procurant des forces ou une certaine excitation. Synon. fortifier, remonter, sustenter.Il faut prendre un peu de nourriture pour vous soutenir (Ac.1935).
Empl. abs. Voyez-vous ce morceau de fromage aussi dur que de la craie? Eh bien ! nous en raclons de temps en temps sur une poignée de neige; cela soutient et désaltère (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 257).
Empl. pronom. Enfin, il fallait aussi pouvoir payer les tasses de café noir que tous les matins il prenait au café Florian pour se soutenir jusqu'au soir dans une excitation nerveuse (Balzac, Massimilla Doni, 1839, p. 386).Son haleine échauffée sentait l'eau-de-vie qu'il prenait pour se soutenir et qui ne semblait pas monter à son cerveau (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 111).
B. − P. anal.
1. [Le compl. est lié à une activité]
a) [Le compl. désigne un domaine ou un type d'activité ou une manière de se comporter] Contribuer à quelque chose afin que cela puisse se développer et atteindre sa pleine extension. Synon. aider, appuyer, encourager ; anton. entraver, gêner.
α) Qqn soutient qqc.Soutenir la grève. Le général Beysser, un Alsacien de Ribeauvillé, devait nous suivre avec cinq à six mille hommes pour soutenir notre attaque (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 172).En effet la guerilla qu'elle soutenait contre la République s'est vu retirer soudain son aliment (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 23).
En partic. On ne craint pas de soutenir des procès scandaleux contre des propriétaires qui n'ont pas voulu se vendre (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 271).
Loc. Soutenir la conversation, la discussion. Faire en sorte qu'elle ne s'arrête pas faute de sujet, l'alimenter. J'étais loin cependant de pouvoir soutenir la conversation avec une femme qui y portait un si grand éclat d'idées (Chênedollé, Journal, 1824, p. 130).Elle habitait un univers si borné et usait d'un vocabulaire si réduit qu'au bout de trois minutes je désespérais de soutenir la conversation (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 44).
Empl. pronom. La conversation se soutint sur des généralités (Balzac, Vieille fille, 1836, p. 367).
β) Qqc. soutient qqc.Mais ce qui produit beaucoup d'effet, quand le sujet l'exige impérieusement, devient fatigant quand ce n'est qu'un moyen matériel, employé pour soutenir l'attention (Delécluze, Journal, 1827, p. 459).
Part. passé en empl. adj. Sa piété solide, régulière, était courte et peu soutenue de lectures (Mauriac, Baiser Lépreux, 1922, p. 211).
b) [Le compl. désigne une pers. impliquée dans une activité] Aider quelqu'un à accomplir quelque chose, à traverser une épreuve dans laquelle il est engagé. Synon. assister, épauler, réconforter; anton. abandonner, lâcher.
α) Qqn/qqc. soutient qqn dans qqc.Cette récompense me soutient dans mon entreprise (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane,1802,p. 261).Avant de nous émouvoir et de nous convaincre, les Pensées ont soutenu dans leur résistance plusieurs générations jansénistes (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 383).
β) Qqn/qqc. soutient qqn.Oui, ces souvenirs ont soutenu mon courage (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 240).Au fond, c'était mon meilleur ami. Il me soutenait, voyez-vous, monsieur David (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 302).
Au part. passé. [Delacroix] était soutenu par la musique (Barrès, Cahiers, t. 11, 1917, p. 292).La réunion entre ces deux groupements paraît assurée seulement par plusieurs divisions de cavalerie soutenues par des détachements de toute armée en face des troupes britanniques (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 412).
γ) Empl. pronom. Se soutenir de/par qqc.Synon. se réconforter, se donner de l'assurance.Il se raccrochait à cette pensée, se soutenait de cette conviction (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 319).Il n'osait pas lever les yeux, et il fumait entre les plats, se soutenant par cette attitude (Montherl., Célibataires, 1934, p. 896).
c) En partic. Apporter une aide financière à quelqu'un, l'aider matériellement. Synon. secourir.Le gros Thuillier et sa femme, morte en 1810, s'étaient retirés en 1806 avec une pension de retraite pour tout bien, ayant employé leurs gains à donner à Jérôme l'éducation des temps et à le soutenir, ainsi que sa sœur (Balzac, Pts bourg., 1850, p. 13).
Empl. pronom. réfl. Synon. subsister, subvenir à ses besoins.Depuis plusieurs années, je m'étais fait une règle de me soutenir entièrement par moi-même (Nerval, Corresp., 1839, p. 65).
2. [Le compl. désigne qqc. ou qqn par rapport auquel on prend position] Œuvrer de manière que quelque chose ou quelqu'un puisse réussir à s'imposer, à avoir le dessus. Synon. défendre; anton. combattre.
a) Qqn soutient qqc.Soutenir une propagande, un parti, les droits de qqn. En Suisse, M. Guizot, à la remorque de l'Autrichien, soutenait les traités de 1815 (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 78).Le S.R.L. avait soutenu en novembre les revendications de Thorez (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 258).
b) Qqn soutient qqn (contre qqn).Nous étions forcés de combattre sans quartier des gens qui auraient dû nous soutenir contre l'étranger (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 257).C'est absolument contraire à la pratique même des socialistes allemands, qui ne craignent pas (...) de soutenir les bourgeois libéraux (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 73).
c) En partic. Soutenir une thèse (de doctorat). Présenter et défendre son travail de thèse devant un jury qualifié pour décerner le diplôme requis. Les jeunes Anglais soutiennent des thèses à Calcutta en arabe, en persan et en bengali (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 170).
3. [Le compl. désigne une opinion ou un fait de connaissance] Affirmer quelque chose en l'appuyant par des raisons, faire valoir quelque chose.
a) Qqn soutient qqc.Synon. défendre, plaider; anton. démolir, dénigrer, rejeter.Soutenir un argument, une idée, une opinion. Tous deux s'emportaient, en soutenant chacun l'exactitude de ses renseignements, lorsque des cris et des larmes éclatèrent (Zola, Germinal, 1885, p. 1146):
2. Après ce festin inespéré le Dr Ragu soutint très brillamment cette thèse déconcertante, qu'il étayait des meilleurs arguments: Hitler (...) ne serait qu'un jouet entre les mains d'un savant état-major... Gide, Journal, 1943, p. 192.
Empl. pronom. passif. Ça se soutient. Toute classification suppose l'intervention active du classificateur. J'en conviens, cela peut se soutenir (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 261).
b) Qqn soutient que + prop.Synon. maintenir, professer; anton. nier.Il soutenait que Thomas n'était rien de plus qu'un autre, mais il ne manquait pas une des cérémonies que Thomas organisait dans l'église ! (Queffélec, Recteur, 1944, p. 140).V. mordicus ex. de Goncourt.
4. [Le compl. désigne qqc. dont on évalue un aspect, une dimension]
a)
α) [Qqc. d'abstr.] Soutenir sa réputation; soutenir l'honneur, la gloire de sa famille, de son pays (Ac.). Loc. Soutenir son rang, soutenir sa dignité. ,,Vivre, agir, parler d'une manière conforme à l'idée qu'on a donnée de soi`` (Ac.).
β) Empl. pronom. Se maintenir à un niveau, à une intensité élevé(e). Anton. mollir, se relâcher.Il n'y avoit cependant pas un moment à perdre; car la brise qui se soutenoit encore, pouvoit manquer à chaque instant (Dentrecasteaux, Voy. rech. La Pérouse, 1808, p. 419).Il n'est pas possible que de pareils prix se soutiennent. Les locations font trembler. On n'a rien pour quatre mille francs (Balzac, Lettres Étr., t. 3, 1845, p. 140).
ÉCON., FIN. Se maintenir à un niveau élevé. Anton. s'effondrer.Le cours des fonds publics se soutient (Ac. 1935). Juliette: (...) Eh bien, docteur, entre nous, que pensez-vous des chemins de fer? Le docteur: Le nord se soutient; pour les autres, baisse générale (Feuillet, Scènes et com., 1854, p. 61).
Au fig. Continuer, ne pas se démentir. Le succès de cet ouvrage se soutient; cette pièce de théâtre se soutient (Ac.). Ça se soutient, la pièce? hasarda la grosse mangeuse, entre deux bouchées (E. de Goncourt, Faustin, 1882, p. 11).
b) Spécialement
α) MUS. Aider un son à se maintenir sans diminuer de hauteur ou de rythme. Soutenir la mélodie, sa voix. Les violons, à l'unisson du chant, le soutiennent (P. Lalo, Mus., 1899, p. 226).La prophétesse Miriam reprenait le refrain [du cantique], le soutenant (...) du battement des tambourins (Gastoué, Vie mus. église, 1929, p. 6).
Au part. passé. Et sa voix caverneuse roulait, soutenue par les accords plaqués (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 203).C'est une voix enfantine, cuivrée, perçante et qui nasille, soutenue par des mandolines (Colette, Music-hall, 1913, p. 224).
β) PEINT., ARTS GRAPH. Favoriser la perception des lignes, des formes ou l'éclat des couleurs d'une œuvre. Synon. rehausser, mettre en valeur.
Au part. passé. On parla d'un certain blond, soutenu de rose, qui appartient en propre à Renoir (L. Daudet, Idées esthét., 1939, p. 251).Ils offrent une expression heureuse et souriante, soutenue par des traits ascendants et arrondis, des gestes larges et courbes (Mounier, Traité caract., 1946, p. 182).
Empl. pronom. Cette couleur se soutient. ,,Elle conserve son éclat, elle ne pâlit pas`` (Ac. 1935).
C. −
1. [Le suj. désigne une chose] Supporter sans fléchir ce qui exerce une force, une pression. Synon. maintenir, résister à, supporter1.Ce mur soutient une terrasse. Les murailles des terrasses (...) soutiennent les pentes cultivées du Liban et les collines fertiles des environs de Bayruth (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 71).Un gros coussin de cuir soutenait ses pieds douloureux (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 232).V. colonne ex. 2.
Au part. passé. Les armes des Bricoule étaient soutenues par deux figures d'Hercule (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 513).
2. [Le suj. désigne un humain; le compl. désigne une activité] Rester engagé dans ou mener une activité jusqu'à son terme. Le duc de Bourgogne se voyait donc forcé à soutenir une guerre active contre le Dauphin (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 198).Et laissant là les deux hommes âgés incapables de soutenir une pareille course, nous nous lançâmes à la poursuite des deux ombres (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 134).
Soutenir la concurrence. Faire face à la concurrence. Synon. affronter.Ils ne sont même pas capables, avec l'avance qu'ils avaient, de soutenir la concurrence des « industriels improvisés », comme ils disent (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 157).
a) [Le compl. est présenté comme qqc. de nég.] Endurer un événement, une situation éprouvante. Synon. supporter1, surmonter.Soutenir une plaisanterie; ne pas soutenir la vue de qqc. Soutenir la torture (Ac.). Enfin on s'apprêta à soutenir toute la rigueur d'un siége (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 199).Le bonheur de ses deux enfants le rendait si heureux qu'il réussit à soutenir, sans faiblesse, la longue épreuve de la cérémonie religieuse (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1582).
Loc. Soutenir le choc. Tenir bon, résister à un choc sans être mis hors combat. [Le picador] abaissa la pointe de sa lance, se mit en arrêt, et soutint le choc du taureau si victorieusement, que la bête farouche chancela (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 79).Au fig. V. choc B 1.
Loc. fig. Soutenir la comparaison. Se montrer l'égal de quelque chose. Synon. rivaliser avec.Il n'est pas dans Florence un seul homme qui puisse soutenir la comparaison avec lui, dès qu'il s'agit du dévoûment et du respect qu'on doit aux Médicis (Musset, Lorenzaccio, 1834, ii, 4, p. 148).Je voyais mal qui pourrait, parmi les amies de mon père, soutenir longtemps la comparaison avec Anne (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 152).
b) [Le compl. désigne qqc. d'ordre perceptuel] Supporter. Leur dernier degré de condensation est encore si limpide, que l'œil de l'homme n'en pourroit soutenir l'éclat, s'il n'a acquis sa force et sa maturité (Saint-Martin, Homme désir, 1790, p. 61).Le spectateur ne soutient pas la vue d'Élizabeth après avoir été témoin des derniers moments de Marie (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 18).
Loc. Soutenir le regard (de qqn). Regarder quelqu'un sans baisser les yeux. Nul ne pouvait soutenir son regard (A. France, Vie fleur, 1922, p. 341). Je le savais, répondit l'autre d'une voix humble. Mais il se redressa aussitôt, soutint le regard du doyen et dit fermement, tout d'un trait: Je dois solliciter de Monseigneur mon rappel à Tourcoing (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 127).
Prononc. et Orth.: [sutni:ʀ], (il) soutient [-tjε ̃]. Ac. 1694, 1718: soustenir; 1740: soû-; dep. 1762: sou-. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 880 « supporter, endurer » (Eulalie, 16 ds Henry Chrestomathie, p. 3: Melz sostendreiet les empedementz Qu'elle perdesse sa virginitet); b) 1297 « supporter une dépense, des frais » (Chart. S. Lamb., no434, A. Liège ds Gdf. Compl.); c) 1316 (Jean Maillart, Comte d'Anjou, éd. M. Roques, 8036: combien qu'aucune foiz aviegne Que couros ou paine soustiengne); d) 1422 (A. Chartier, Quadrilogue, éd. E. Droz, p. 12: les Troyens pour leur pays defendre soustindrent le siège des Grecs); 2. a) ca 1140 « maintenir, porter » (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 521: Veez vus cele estache que le palais sustent); b) ca 1165 en parlant d'une personne sei soutenir « se tenir debout » (Benoît de Ste-Maure, Troie, 22276 ds T.-L.); c) 1377 (Oresme, Ciel et monde, éd. A. D. Menut et A.-J. Denomy, p. 544: Et a monstrer que aer comprimé peut soustenir choses pesantes); d) 1581 hérald. soutenu (H. de Bara, Le Blason des Armoiries, p. 32); e) 1687 soutenir la vue de qqn, soutenir une pensée (Mmede La Fayette, Princesse de Clèves, éd. Cazes, p. 155); 3. a) ca 1050 « sustenter, fortifier » (Alexis, éd. Chr. Storey, 252: De la viande ki del herberc li vint Tant an retint dunt sun cors an sustint); b) ca 1210 réfl. « se nourrir » (Robert de Clary, Constantinople, 16 ds T.-L.); c) 1349 (Guillaume de Machaut, Confort d'ami, éd. Hoepffner, 1702: car nature est bien repeüe De moult petit et soustenue); 4. a) ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1129: Chrestientet aidez a sustenir!); b) 1155 (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 10784: Se grant guerre m'est avenue, Vus l'avez od mei sustenue); c) 1155 (Id., ibid.: Dui arcevesque le menoent [le roi] (...) chescuns l'un braz li susteneit); d) 1341 (Guillaume de Machaut, Remède, éd. Hoepffner, 3021: Cils dous espoirs en vie me soustient); e) 1377 (Id., Loange des dames, éd. Chichmaref, t. 1, p. 166: Car dous espoirs soustient mon cuer en dous penser); f) 1385 (Eustache Deschamps, Miroir, éd. G. Raynaud, t. 9, p. 17: Que adonc tes filles et fils (...) Et ta viellesce soustendroient); 5. a) 1269-78 (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 18446: Qui peut tel fables soutenir); b) 1349 soutenir que (Guillaume de Machaut, Alérion, éd. Hoepffner, 1684); c) 1349 (Id., Roy de Navarre, 1036: soustenir tout le contraire; 1542: cils poins ne se puet soustenir; 1732: pour ma cause soustenir); 1370 soustenir son opinion (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 112); 6. a) fin xives. (Froissart, Chroniques, éd. G. T. Diller, p. 216: soustenir la querelle des Anglois); b) 1412 soutenir un parti (A. Chartier, Débat des deux fortunés d'Amour, éd. J. C. Laidlaw, p. 187); c) 1601 (Fauchet, Fleur Maison de Champagne, p. 109: car les Grecs ont soustenu la peincture plate plus que la sculpture); d) 1648 soutenir un paradoxe (Voiture, Lettres, p. 521); e) 1649 soutenir une thèse (Patin, Lettres, t. 1, p. 4); f) 1671 soutenir la gageure (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 386); g) 1760 soutenir un raisonnement (Prévost, Monde moral, p. 73); 7. a) 1erquart xiiies. « aider à se poursuivre, faire durer » (Reclus de Molliens, Miserere, éd. Van Hamel, 152, 6: car prodom (...) fain et soi Vaint por se vie soustenir); b) 1340 réfl. « durer (en parlant d'un sentiment) » (Guillaume de Machaut, Roy de Behaingne, 1690); c) 1601 (Charron, Sagesse, p. 332: [l'authorité] se soustient de deux choses, admiration et craincte meslées ensemble); d) 1611 « tenir une note » (Cotgr.); e) 1663 soutenir la conversation (Molière, Critique de l'École des femmes, scène 2); f) 1734 se soutenir « se conserver en bonne santé (d'une personne) » (Marivaux, Paysan parvenu, p. 128); g) 1755 (Prévost, Nouv. lettres angl., p. 9: mon attention s'est soutenue); 8. a) 1340 « aider à ne pas déchoir » (Guillaume de Machaut, Roy de Navarre, 1064: Nous ferons une chose ouvertement (...) Ou vostre pois soit contenue, Et m'onneur y soit soustenue); b) 1647 langage soutenu (Vaugelas, Rem., éd. J. Streicher, Préface, p. LXXXI); c) 1681 soutenir sa réputation (Bossuet, Disc. hist. univ., p. 79); d) 1746 prononciation soutenue (Batteux, Beaux Arts, p. 179). Du lat. pop. *sustenι ̄re, lat. class. sustinēre (refait sur *tenι ̄re, v. tenir) « tenir par-dessous, maintenir », « entretenir, sustenter, nourrir, conserver en bon état », « avoir la charge de », « endurer, résister à » (comp. de tenere « tenir » et sub « sous »). Fréq. abs. littér. Soutenir: 6 497. Soutenant: 380. Fréq. rel. littér.: Soutenir: xixes.: a) 13 235, b) 9 073; xxes.: a) 7 280, b) 7 091. Soutenant: xixes.: a) 612, b) 817; xxes.: a) 487, b) 361. Bbg. Quem. DDL t. 21.