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SOUQUER, verbe
A. − Empl. trans.
1. MAR. [Le compl. d'obj. désigne une chose] Raidir ou serrer fortement. Souquer une écoute, une aussière, une amarre, un nœud. Lorsque le vent est fort, il faut souquer la drisse pour l'étarquer (Barber.1969).
Souquer un hublot. Le fermer en serrant à bloc. Une lame frappa un hublot mal souqué, ils se mirent à jurer. C'était mieux maintenant avec cette flaque d'eau au milieu qui était comme l'eau du baptême. Le vieux Parham fut attrapé. « Souque ton hublot ». « Ça va » grogna-t-il et il grimpa sur sa couchette (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 39).
2. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Arg.
a) Attacher, ligoter quelqu'un solidement. Ils l'ont halé dans l'intérieur... Il a fallu qu'ils l'arriment, qu'ils le souquent sur la banquette avec de la corde... Il tenait pas quand même en place (...) − C'est honteux ce qu'ils le torturaient! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 530).
Être souqué. Être serré, comprimé. On s'est coincés Caroline, ma mère et moi-même, si bien ficelés sur la banquette, empaquetés de telle façon, si fort souqués dans les nippes et par les agrès que seule ma langue a dépassé (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 80).
b) Donner à quelqu'un une bonne correction, punir sévèrement. V. affaler ex. 6.
B. − Empl. intrans.
1. MAR. Agir avec force sur les rames. Souquer sur les avirons (Gruss 1978).
Absol. Souquer ferme. La brise n'est pas assez forte! Toutes les rames à la mer! Le Satyre-majordome: Toutes les rames à la mer! Coup de sifflet. Attention! Souquez! Une, deux! Une, deux! (Claudel, Protée, 1927, II, 8, p. 403).Avec tous leurs compagnons, ils haleraient la barque sur les galets, puis sur la dune (...). L'homme écarquillait les yeux et souquait, les genoux et la tête en avant, pour dompter la faiblesse (Queffélec, Recteur, 1944, p. 124).
2. P. ext., fam. Travailler, s'évertuer. C'était du travail très convenable. − C'est merveilleux. Qui a fait ça: lui ou toi? − Les deux; moi je donne les ordres, il exécute. Il souque dur; et il est très obéissant, dit-elle d'un air épanoui (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 214).
REM.
Souquée, subst. fém.,mar., rare. ,,Coup de rame énergique`` (Lar. Lang. fr.). Sous la forte souquée du garde-pêche, le miroir [d'eau] qui reflétait la vieille auberge se brisa en vingt morceaux chavirés au fond de la rivière avec les souvenirs qu'ils évoquaient (A. Daudet, Pte paroisse, 1895, p. 66).
Prononc. et Orth.: [suke], (il) souque [suk]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. a) 1687 « serrer fortement (un amarrage) » (Desroches, Dict. des termes propres de mar.); b) 1868 souquer sur la rame « faire force de rames » (J. Nougaret, Moniteur universel, 20 août, p. 1212, 3ecol. ds Littré); c) 1907 « travailler, prendre de la peine » (France); 2. p. ext. 1850 Bordeaux, Brest « réduire par la force; vaincre à la lutte, châtier par des coups » (d'apr. Esn.). Mot d'orig. incertaine et controversée. Pour Bl.-W.1-5et FEW t. 13, 2, p. 351b, le mot est empr. au prov. souca « heurter, frapper, attaquer; faire effort, bûcher; serrer fortement un nœud, raidir un amarrage » (Mistral), qui serait dér. de l'a. prov. soc « grosse bûche; établi de charpentier » (souche*). Plus vraisemblable paraît l'hyp. du FEW t. 12, p. 12a selon laquelle souquer aurait été empr. à la terminol. mar. de la Gascogne (béarn. soucá « faire de la corde; serrer fortement un nœud, un amarrage) d'où il aurait pénétré dans les parlers du Béarn, de l'Anjou, de la Vendée, de l'Aunis et de la Saintonge (v. FEW loc. cit.). Le béarn. soucá est un dér. du béarn. souques « courroies pour attacher les bœufs au joug », v. FEW t. 12, p. 11b, forme corresp. à l'a.-m. fr. soue « corde » (suage1*). Fréq. abs. littér.: 16. Bbg. Quem. DDL t. 9 (s.v. souquée). − Sain. Arg. 1972 [1907] p. 242. − Shann (P.). Untersuchungen zur strukturellen Semantik. Bern, 1984, pp. 268-273.