| ![]() ![]() ![]() ![]() SOUILLÉ, -ÉE, part. passé et adj. I. − Part. passé de souiller*. II. − Adjectif A. − [Corresp. à souiller A] Taché, sali, couvert d'ordures, d'immondices. 1. [En parlant des vêtements, d'une partie du corps d'une pers.] Sur le dos de sa main à l'autre main croisée, Le visage au pavé, sa tête était posée; Et ses cheveux épars, mêlés, souillés, tordus, Flottaient en noirs flocons sur la terre épandus (Lamart.,Chute, 1838, p. 1023).On t'offre les jupons et les chemises de Clytemnestre − ces chemises puantes et souillées que tu as lavées quinze ans de tes propres mains (Sartre,Mouches, 1943, III, 2, p. 97). 2. [En parlant d'un objet, d'une chose] Cette salle à manger nauséabonde avec son casier où les pensionnaires rangent leurs serviettes souillées, voilà le nid d'où s'envolent les personnages balzaciens qui vont nous servir de guides (Mauriac,Gds hommes, 1949, p. 150).Parfois, quand le carter est particulièrement souillé, on peut être amené à le rincer. Pour ce faire, revisser le bouchon de vidange, introduire un demi-litre ou un litre d'huile extra fluide (Chapelain,Techn. Automob., 1956, p. 169). 3. [En parlant d'un lieu] Ce peintre [Rousseau] aux larges et puissantes couleurs vit et habite dans un intérieur souillé (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 11, 1854, p. 195).Durant toute cette course assez longue, pas pu trouver un endroit où m'asseoir; les bords de la route sont affreusement poussiéreux et souillés (Gide,Carnets Égypte, 1939, p. 1055). B. − En partic. [Corresp. à souiller B] 1. Contaminé, pollué. Les harnais ou les couvertures souillés produisent des inoculations au niveau du garrot, du dos, de la tête (Nocard, Leclainche,Mal. microb. animaux, 1896, p. 636).L'eau souillée peut contaminer les aliments: eaux de lavage des récipients, des crudités, eaux d'arrosage (Quillet Méd.1965, p. 192). 2. Taché, sali d'excréments, de déjections. [La sœur] tire prestement de dessous le corps, changé de place, l'alèse souillée (Goncourt,Sœur Philom., 1861, p. 7). C. − RELIG. [Corresp. à souiller C; en parlant d'une pers.] Impur. Mais pensez d'abord à vous-mêmes: Dieu n'écoute point celui qui se présente à lui avec une conscience souillée (J. de Maistre,Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 285).Le Cafre qui est parti guerroyer ne peut rentrer dans sa cabane qu'après s'être lavé; auparavant, il est réputé souillé (Jeux et sports, 1967, p. 773). D. − Au fig. [Corresp. à souiller D] 1. [En parlant d'une pers., de ses attributs, ses affects] Avili, sali moralement. J'admets Qu'il se fait ici-bas bien des actions viles; Il est des fronts souillés, il est des cœurs serviles; L'homme est souvent hideux (Hugo,Légende, t. 5, 1877, p. 1092).Jourdan ne peut se défendre d'un mouvement de pitié pour ce garçon de seize ans qui, plus tard, ne se pardonnerait peut-être pas d'avoir envoyé un homme au châtiment et vivrait avec le sentiment de traîner une existence souillée (Aymé,Uranus, 1948, p. 213). − En partic. Qui a subi un viol. La jeune fille à demi étranglée, une serviette nouée sur son visage pour étouffer ses cris, ses jupes en désordre relevées, étalant sa nudité pauvre de vierge chlorotique, violentée, souillée avec une brutalité immonde (Zola,Argent, 1891, p. 392). 2. [En parlant de qqc.] Corrompu, qui a été rendu indigne de considération. Mais la beauté, où donc se rencontre-t-elle, si ce n'est par l'effort du raisonnement qui réunit en un faisceau toutes ses agitations éparses et se figure la poussée gigantesque de l'effort total? Beauté souillée et malheureuse! (Bourget,Nouv. Essais psychol., 1885, p. 130).C'est pour cette partie des mathématiques − leur seule branche pure, (...) non souillée par les applications − qu'il eut toujours une prédilection (Gds cour. pensée math., 1948, p. 95). Prononc. et Orth.: [suje]. Att. ds Ac. 1694-1878. |