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SORTE, subst. fém.
A. −
1. Catégorie qui permet de distinguer un objet parmi d'autres; ensemble d'objets ainsi caractérisés. Classer, ranger des choses, des personnes en (deux, trois, plusieurs) sortes.
Composer, constituer, créer, former une sorte de + subst. Au début, j'ai distingué deux sortes d'esprits mathématiques, les uns logiciens et analystes, les autres intuitifs et géomètres (H. Poincaré,Valeur sc., 1905, p. 29).
2. Expressions
a) Subst. + de toutes sortes.De toutes catégories, de tout ordre. On a étendu des nappes blanches, et des gens de toutes sortes dînent avec cérémonie (Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, p. 87).Il y a un tas de vieux bouts et débris de toutes sortes, vieilles armes, vieux chapeaux, vieux drapeaux, fers cassés (Claudel,Soulier, 1944, épil., 2, p. 1093).
De toutes les sortes. De toutes les espèces, de tous les genres. Le gibier de toutes les sortes y abonde (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane, 1802, p. 165).
Toutes sortes de + subst. De nombreux, de multiples. Je me donne une indigestion, le lendemain, à regarder arriver toutes sortes de bonnes choses (Zola,Ventre Paris, 1873, p. 624).
Rem. Quand le compl. déterminatif est un n. abstr., il peut se mettre au sing.: Il a toutes les sortes d'esprit, de courage (Ac. 1878).
b) Au sing. Une sorte de. Une catégorie de personnes ou de choses. Une sorte de femme, de gens, d'homme, d'amour, d'amitié; une sorte d'abus, d'affaire, d'accident, d'acte, de mot. C'est encore l'application de la méthode marxiste, mais dans une sorte de cas limite où est réduite à zéro la durée de la période bourgeoise (Jaurès,Ét. soc., 1901, p. xxxi).
Aucune sorte de + subst. Aucun type de; pas un. Aucune sorte de paysage ne fait peser sur le loisir des gens des villes un plus intense ennui que ces étouffants pays de pâtures (Nizan,Conspir., 1938, p. 133).
[Dans une phrase nég.] Subst. + d'aucune sorte.Je devais parler à la barre sans notes, sans références d'aucune sorte que ma mémoire (L. Daudet,Brév. journ., 1936, p. 120).
Subst. + de (la) même sorte.De la même catégorie, du même genre. L'œuf et toutes les cellules somatiques, contenant deux chromosomes de même sorte, portent deux génomes complets (Cuénot, J. Rostand,Introd. génét., 1936, p. 12).
Subst. + de cette sorte.De cette catégorie précise. Les professions de cette sorte absorbent aujourd'hui la majeure partie des forces collectives (Durkheim,Divis. trav., 1902, p. xxxiii):
Se souciant donc fort peu d'en obtenir autre chose que ce que les femmes de cette sorte ont coutume d'accorder à leurs amants, il se bornait au désir d'être mon successeur immédiat dans les bonnes grâces de la volage... Milosz,Amour. init., 1910, p. 230.
Toute sorte de + subst. (vieilli).Un nombre indéterminé de. Toute sorte de livres ne sont pas également bons (Ac.).
Subst. + de toute sorte.De toute nature. Les réquisitions, les réparations, les dépenses de toute sorte nous ont coûté un million et demi (Zola,Débâcle, 1892, p. 558).Jeter ses papiers gras et détritus de toute sorte (Ponchon,Muse cabaret, 1920, p. 175).
c) Loc. verb., vieilli. Il n'y a sorte de + subst. + que; il n'est sorte de + subst. + que. Toutes les formes possibles de. Il n'y a sorte de tracasseries que M. Brunetti ne nous fasse à Madrid (Chateaubr.,Corresp., t. 4, 1823, p. 337).Il n'est sorte de ruses que l'on n'imagine pour dérober et s'approprier la part des autres (Karr,Sous tilleuls, 1832, p. 193).Être de sorte à. Être de nature à. Les Reliques de Jules Tellier sont de sorte à nous donner de cuisants regrets (France,Vie littér., 1892, p. 180).
d) Vx. De la première sorte. De premier ordre, excellent. Les amis de la première sorte sont horriblement impatientants (Amiel,Journal, 1866, p. 249).
3. Condition sociale d'une personne. Un homme de (ma, ta, sa) sorte. Je trouve fort inconvenant qu'un homme de ma sorte soit traqué comme un voleur (Stendhal,Chartreuse, 1839, p. 78).
4. IMPR. Quantité d'une même espèce de caractères d'imprimerie. Sortes de 8, de 9, de 10 (Des.-MullerImpr.1912).
B. − Manière, façon de faire quelque chose. Cette peau de tigre vous sied à ravir. Diantre! je vous aime cette nuit d'une furieuse sorte, ma belle! (Feuillet,Onesta, 1848, p. 288).Ce qu'il perdait d'une sorte se compensait d'une autre, et, si l'opinion française lui était aliénée par cet incident, de merveilleux avantages de fait lui étaient acquis sans combat (Maurras,Kiel et Tanger, 1914, p. 121).
1. Loc. adv.
De la sorte. De cette manière. Synon. ainsi.Ayant parlé de la sorte en langue d'oc, ce naïf orateur embrassa le superbe et lui mit sur la tête une guirlande d'argent fleuronnée d'or (Cladel,Ompdrailles, 1879, p. 186).
D'aucune sorte, en aucune sorte. D'aucune manière, en aucune manière. Je ne pourrais d'aucune sorte échapper, je demeurerais devant l'anéantissement infini, rejeté en moi-même, ou encore: vide, indifférent (G. Bataille,Exp. int., 1943, p. 98).
De sorte à. De manière à. S'il croit devoir faire la guerre, il la continuera de sorte à s'assurer un triomphe (Chateaubr.,Corresp., t. 3, 1822, p. 281).
De (la) bonne sorte; de la belle sorte (vx). De la bonne manière et, p. iron., de façon énergique. Revenus de guerre lasse au giron paternel, ils [Waroquier et son frère] furent traités de bonne sorte, de libertins, de débauchés (Delacroix,Journal, 1854, p. 299).
2.
a) Loc. verb. Faire de, en sorte que + subj. ou ind. Agir de manière à. Je ferai en sorte qu'ils vous étonneront (Restif de La Bret.,M. Nicolas, 1796, p. 188).Faites en sorte qu'on ne me fasse plus écrire de lettres à ce sujet (Hugo,Corresp., 1865, p. 512).
b) Loc. conj. De, en sorte que + subj. (finalité), + ind. (conséquence). De manière que, si bien que. J'ai eu soin d'y faire entrer de l'eau de jasmin et de la vanille, de sorte que l'odeur jointe à la forme et aux couleurs des fleurs, rendra l'illusion presque complette (Sénac de Meilhan,Émigré, 1797, p. 1658).Il se borne à traiter celle [la question] de l'expérience et de la théorie dans la médecine en sorte que chez lui œsthèse est synonyme d'expérience et non de sensation (J. de Maistre,Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 150).
3. [Se dit de ce qui ne peut être qualifié exactement, et qui est rapproché d'autre chose] Une forme de.
Au sing. Une sorte d'abattement, d'admiration, d'affection, d'affinité, d'angoisse, d'apaisement, d'appréhension, d'assoupissement, d'attention, d'autorité, de compassion, de considération, de crainte, de curiosité, de désespoir, d'effroi, d'embarras, d'enjouement, d'étonnement, d'enthousiasme, d'extase, de fierté, de folie, de gêne, d'hallucination, d'hébétude, de honte, d'impertinence, d'indifférence, d'indulgence, d'inquiétude, d'instinct, d'intuition, d'intérêt, de langueur, de pressentiment, de pudeur, de rage, de ravissement. Il suffit qu'une thèse paraisse avoir une tendance dangereuse pour qu'il se fasse une sorte de silence universel autour d'elle (Tocqueville,Corresp.[avec Gobineau], 1853, p. 200).Avec une sorte de ricanement douloureux, il m'annonça qu'il ne se lavait plus, et que c'était pour cela que ça sentait si mauvais dans la pièce (Gide,Si le grain, 1924, p. 476).
En quelque sorte. [Formule d'atténuation] Synon. de d'une certaine façon, d'une certaine manière.De nombreuses réponses signalent le rôle essentiel des publications, qui constituent en quelque sorte une propagande indirecte (Colloque géogr. appl., 1962, p. 142).
Prononc. et Orth.: [sɔ ʀt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Subst. 1. a) ca 1220 « groupe de gens, compagnie, société » (Auberon, éd. J. Subrenat, 501), en a. et m. fr.; b) 1458 « condition, rang d'une personne » roys de noble sorte (Arnoul Greban, Mystère de la Passion, éd. O. Jodogne, 5806); cf. estre de ma sorte (Id., ibid., 10898); 1558 estre de bonne sorte (B. des Périers, Nlles récréations et joyeux devis, éd. Kr. Kasprzyk, 41, p. 175); 2. 1327 « catégorie d'êtres animés ou de choses, espèce, genre » (Watriquet de Couvin, Li Tournoi des Dames, 692, éd. A. Scheler, p. 253); 1723 de première sorte « de qualité supérieure » (Savary); 1803 une beauté de la première sorte (Chateaubr., Génie, t. 2, p. 280); 3. ca 1485 « manière de faire une chose, façon » (Myst. Vieux Testament, 13470, éd. J. de Rothschild, t. 2, p. 193: dites moi la sorte Comme vostre père se porte); 1549 de la bonne sorte « de la bonne manière » (Est.); 1668 faire en sorte que (La Fontaine, Epitre a Monseigneur le Dauphin ds Œuvres, éd. H. Regnier, t. 1, p. 4); 1678 faire en sorte de (Id., Le Florentin, sc. VIII, 395, ibid., t. 7, p. 427); 4. 1664 une sorte de « ce qu'on ne peut qualifier exactement et qu'on rapproche d'autre chose » (Corneille, Rodogune [Epitre dédicatoire] à Monseigneur le Prince); 5. 1689 quelque sorte de temps « pour un certain temps » (Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 627); 6. 1723 impr. (Fertel, Imprimerie ds IGLF: nous comptons dix-neuf sortes ou corps de caractères); 7. 1765 pharm. manne en sorte (Encyclop. t. 10, s.v. manne, p. 45a). II. Loc. 1. 1306 loc. conj. en sorte que (Joinville, Vie St Louis, éd. N. L. Corbett, § 184, ms. BL [av. mil. xvies.]); mil. xives. [ms.] en tele sorte que (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, n o1305, var. ms. B.N. 18761); 1547 de sorte que (Noël du Fail, Propos rustiques et facétieux, XIV ds Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. I, p. 118); 2. 1545 loc. adv. de la sorte « ainsi » (J. Bouchet, Epistres morales du Traverseur, II, V, 12 ds Hug., s.v. assorter); 3. 1650 id. en quelque sorte « pour ainsi dire » (Corneille, Don Sanche d'Aragon, I, 3, 251); 4. 1823 loc. adj. de toute sorte (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, p. 830; au plur. de toutes sortes, p. 930). Empr. au lat.sors, v. sort, qui dès l'époque impériale a pris le sens de « catégorie, sorte » (Lucrèce, De Nat. rer., 1223 ds OLD 1982), d'où celui de « manière, façon » (Greg.-Le Grand, Ep. 9, 76 [10, 25] ds Blaise Lat. chrét.: qualibet sorte « de quelque façon que ce soit »). Fréq. abs. littér.: 25 045. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 30 577, b) 36 112; xxes.: a) 32 060, b) 41 794. Bbg. Lorian (A.). Aspects ling. et aspects styl. de la subordination. In: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 13. 1971. Québec. Québec, 1976, t. 2, pp. 998-999. − Lüdike (J.). Sprache und Interpretation... Tübingen, 1984, p. 213. − Morel (M.-A.). Ét. sur les moy. gramm. et lexicaux... Thèse, Paris, 1980, p. 262, 264, 272.