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SORT, subst. masc.
A. −
1. Puissance imaginaire à laquelle est prêtée le pouvoir de présider au destin des hommes et de déterminer le déroulement de leur vie lorsque certains événements semblent dus au hasard. Synon. destin, destinée, hasard.Sort fatal, funeste; heureux, mauvais sort; conjurer le mauvais sort; être favorisé par le sort; les cruautés, les malices du sort.
Ironie du sort. V. ironie A.Coup du sort. V. coup C 2 b.
2. [Dans une interj. exprimant la colère, le dépit, l'étonnement] Hé! monstre de sort! on dirait Monsieur Tartarin (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p. 97).Bon sang de sort de bon dieu de bois! s'exclama La Guillaumette qui le suivait de l'œil (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 29).Coquin* de sort!
B. −
1.
a) [À propos d'un événement possible] Ce qui échoit, ce qui doit arriver à quelqu'un du fait du hasard ou d'un concours de circonstances. Synon. avenir, destin, destinée, fortune (vx).Avoir confiance en son sort; abandonner qqn à son sort; décider de son sort; le sort qui attend qqn; être maître de son sort. Aussi fus-je fort inquiet sur le sort de Lanrezac jusqu'au moment où j'appris que, grâce aux précautions prises par lui, la cavalerie allemande était maintenue en dehors de la zone de marche de nos colonnes (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 354).Nous tenons notre sort entre nos mains: jamais il n'y eut tant d'espoir sur la terre! (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 96).
[P. méton.] Le sort de Troie, des empires. Moi jamais, dans l'erreur de mes illusions, je n'aspire à régler le sort des nations (Delille, Homme des champs, 1800, p. 56).
b) P. anal. Un à un, les mots de ralliement qui ont exprimé la vie, la modification, l'espérance, la promesse, la « bonne nouvelle », et qui ont servi à agglomérer les énergies indépendantes, ont perdu leurs sucs vitaux. Tel fut le sort réservé, tour à tour, aux mots chrétienté, commune, roi, parlement (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 171).
2. En partic. Situation matérielle ou sociale d'une personne, ou d'une catégorie de personnes. Être heureux, content de son sort; adoucir, améliorer, envier, jalouser le sort de qqn; être résigné à son sort; jouir d'un sort enviable; gémir, se plaindre de son sort; s'intéresser au sort de; le sort des déshérités, des malheureux; sort affreux, déplorable, enviable, heureux, malheureux. Pierre de Bétancourt, frère de l'ordre de saint François (...) fut touché du sort des esclaves, qui n'avoient aucun lieu de refuge pendant leurs maladies (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 509):
Je quittais son bureau ayant arraché quelque concession qui allait adoucir le sort immédiat de mes camarades: l'octroi d'un peu de bois, une attribution de linge, le renouvellement des capotes en mauvais état. Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 341.
Loc. verb. Faire un sort à qqn. Le favoriser, améliorer sa situation matérielle. Il est bien entendu, reprit Mirouët, que je ne donne les cent mille francs qu'au mariage de notre parente, à qui je veux faire un sort par considération pour défunt mon oncle (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 205).
C. −
1. Issue, destination finale d'une chose, d'une affaire en cours. Tel fut le sort de son livre (Ac.1878, 1935).
Sort de la guerre, d'un combat. Issue heureuse ou malheureuse (d'une guerre, d'un combat). Nous n'avions pas encore livré la grande bataille qui devait décider du sort de la guerre (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 366).
Loc. verb., fam. Faire un sort à qqc.
Accorder un traitement de faveur à quelque chose. Ce mot serait passé inaperçu, si vous ne lui aviez fait un sort en le répétant et en le commentant (Ac.1935).
Iron. En finir de manière radicale avec quelque chose. Faire un sort à une bouteille. (Dict. xxes.).
2. FIN. Sort principal. Capital placé pour assurer une rente. Sort principal d'une rente (Ac.1798-1878).
D. −
1. Hasard auquel on se remet pour effectuer un choix, pour décider de l'issue d'une affaire. Désigner par le sort; le sort décide de; tirage au sort. Voilà, chef. On a tiré au sort pour savoir celui qui viendrait. Et le sort est tombé sur moi (Anouilh, Antig., 1946, p. 160).La lecture du verdict de mort, la dégradation du militaire, le tirage au sort du peloton, le chargement des armes (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 162).
Loc. verb. Tirer qqc./qqn au sort. Recourir au hasard pour procéder à un partage, ou effectuer une désignation. Ne vaudrait-il pas mieux (...) tirer au sort trois membres du bureau? (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 137).
En partic. Mode de recrutement aux armées qui autrefois consistait à laisser désigner les conscrits par le hasard. (Ds Besch. 1845, Lar. 19e, GDEL).
2. ANTIQ. GR. ET LAT.
a) Dé dont on se servait pour rendre des oracles, sur lequel étaient inscrits des caractères dont on trouvait l'explication dans des tables. Les devins ont souvent utilisé les dés ou sorts sacrés, lorsqu'on venait les consulter (Religions1984).
b) Loc. verb. Jeter le sort. Recourir aux dés pour prendre une décision, pour opérer un choix. (Dict. xixeet xxes.).
Proverbe. Le sort en est jeté. [P. réf. à la phrase prononcée par César avant de franchir le Rubicon « alea jacta est »] Advienne que pourra, la décision est prise. Maintenant, le sort en est jeté. Toutes les dispositions sont prises (Billy, Introïbo, 1939, p. 248).
c) Au plur. Procédés magiques censés faire connaître l'avenir. Les païens nommaient Sorts une espèce de divination qui avait lieu, soit au moyen de dés (...); soit en ouvrant au hasard un livre (Bouillet1859).
d) Objets auxquels il est prêté un pouvoir magique pour se préserver des maléfices. Il avait des amulettes et des espèces de sorts suspendus au cou (Chateaubr., Itinér. Paris Jérus., t. 1, 1811, p. 64).
E. − Effet malfaisant qui atteint quelqu'un ou quelque chose, et qui résulte de pratiques de sorcellerie. Synon. maléfice.Il a fallu que j'aille dans le Bas-Diauville pour une vache qui avait l'enfle; ils croyaient que c'était un sort (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 129).[L'abbé] connaissait (...) des paroles mystérieuses pour écarter les sorts (Maupass., Une Vie, 1883, p. 204).
Il y a un sort (fam.). Une mauvaise chance préside à une entreprise. Il y a un sort sur tout ce qu'il fait (Ac.1878-1935).
Mauvais sort. Fatalité qui s'acharne contre quelqu'un, quelque chose, à la suite de paroles ou de pratiques magiques. Des fées barbues projetaient, dans un regard, sur la nouvelle épouse, le mauvais sort (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 20).
Loc. verb. Jeter un sort. Lancer à quelqu'un une malédiction, ensorceler quelqu'un. Elle se nommait Marcelle parmi les hommes, était belle comme le jour et avait épousé un magot nommé Dupont, dont elle était folle, car les fées raffolent des magots. Elle jeta un sort sur mon berceau et partit aussitôt pour les pays d'Outre-Mer, avec son magot (France, Pt Pierre, 1918, p. 11).
Prononc. et Orth.: [sɔ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. a) Fin xes. « puissance imaginaire supposée fixer le cours de la vie; hasard » sort en gitad « tirer au sort; jouer pour faire un partage » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 270); b) 1833 dans un juron, une exclamation marquant le dépit, la colère, l'étonnement tripaillon de sort (Vidal, Delmart, Caserne, p. 147); 1872 coquin de sort! (A. Daudet, Tartarin de T., p. 1); 2. ca 1120 « ce qui échoit, ce qui doit arriver à quelqu'un du fait du hasard, des circonstances; destin, fortune » (Psautier Oxford, 30, 18 ds T.-L.); 3. a) ca 1120 sorz jeterent « recourir aux dés pour prendre une décision » (Philippe de Thaon, Bestiaire, 2467, ibid.); 1609 fig. le sort en est jeté (Malherbe, Poésies, XXXII, 41 ds Œuvres compl., éd. L. Lalanne, t. I, p. 135); b) 1752 « mode ancien de recrutement des armées » tirer au sort pour la milice (Trév., s.v. tirage); 4. 1330 « fonds qui a été placé en rente, capital » (12 janv., Ord., II, 60 ds Gdf.); 1559 sort principal (Amyot, Caton, 45 ds Littré); 5. a) 1546 « condition matérielle et sociale d'une personne » (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, Prologue, p. 15); 1561 « destination finale, issue imposée par le hasard » (J. Grevin, César, éd. L. Pinvert, p. 44); b) 1604 le sort des armes (Montchrétien, David, acte IV ds Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, p. 226); c) 1827 faire le sort à qqc. « fait valoir quelque chose; satisfaire » (Hugo, Cromwell, Paris Hetzel Quantin, 1881, V, 5, p. 465); cf. 1883 faire un sort à chaque syllabe (Fustier, Suppl. dict. Delvau, p. 552); 1896 faire un sort à qqc. « l'utiliser à son profit » (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., p. 272). II. 1. a) Ca 1100 « parole, regard, maléfice qui, selon une croyance supersticieuse, peut produire des effets extraordinaires et presque toujours malfaisants » le plus souvent au plur. (Roland, éd. J. Bédier, 3665); en partic. 1165 au sing. (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 28792); 1807 mauvais sort (Staël, Corinne, t. 1, p. 200); b) 1680 fam. il y a un sort (Sévigné, Corresp., éd. R. Duchène, t. 2, p. 794); 2. ca 1130 « prophétie, oracle » (Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 426); en partic. au plur. fin xives. « tablettes que l'on tirait au hasard d'une urne et qui portaient les reprises d'un oracle » (Froissart, Chron., éd. L. Mirot, t. 12, p. 221, ligne 8); 3. 1546 « divination pratiquée au moyen d'un ouvrage ouvert au hasard en interprétant le passage qui tombait le premier sous les yeux » sors Homeriques et Virgilianes (Rabelais, op. cit., chap. 10, p. 80, titre); 4. 1811 « objets auxquels on attribue des pouvoirs magiques » des amulettes et des espèces de sorts (Chateaubr., Itinér. Paris Jérus., p. 64). Du lat. class. sortem, acc. de sors qui désignait plusieurs procédés de tirage au sort, en partic. pour consulter les dieux, d'où les sens d'« oracle », « destin, lot, part »; le genre fém. du mot lat. se retrouve parfois en a. et m. fr. ainsi que dans l'ital. sorte et l'esp. suerte. Fréq. abs. littér.: 5 402. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9 966, b) 7 978; xxes.: a) 6 460, b) 6 309. Bbg. Quem. DDL t. 17, 28, 32.