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SOIGNER, verbe trans.
A. − Empl. trans.
1.
a) S'occuper du bien-être matériel et moral d'une personne. Soigner ses clients. Elle soignait ses pensionnaires comme une mère, mieux qu'une mère (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Patronne, 1884, p. 694).La femme qui travaille à l'atelier est la plus exposée au surmenage, car en sortant de l'usine elle n'a pas encore terminé sa tâche, ayant son ménage à tenir, son mari et ses enfants à soigner (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 304).
En partic. Avoir des attentions envers quelqu'un pour le séduire, se le concilier. Je voulais aller causer avec vous ce matin, mais il faut que je coure dans un tout autre quartier. J'en suis à gagner les douteux [pour sa candidature à l'Académie], à les soigner de mon mieux (Sainte-Beuve, Corresp., t. 5, 1844, p. 444).Malgré le cadeau que j'apportais, je pouvais passer pour le producteur qui fait la tournée des dépositaires de sa marchandise, ou qui tout au moins « soigne » l'intermédiaire (Larbaud, Journal, 1934, p. 296).
P. antiphr., fam. Traiter quelqu'un avec rigueur, lui nuire. Pujo, indigné [du passage à tabac de Daudet], me consolait de son mieux: « D'abord, on va faire une affiche. Ensuite, si nous rencontrons Lépine (le préfet de police), qui avait certainement donné l'ordre de vous soigner, nous le fouterons dans le bassin du Théâtre-Français » (L. Daudet, Vers le roi, 1920, p. 215).
b) S'occuper de la bonne marche, de l'entretien d'une maison, apporter des soins aux animaux, aux récoltes, aux plantes. Soigner son jardin, sa ferme; soigner les vignes, les fleurs; soigner le bétail, les moutons, les chevaux, les lapins, les abeilles. Après la mort de sa femme, rien ne l'eût empêché d'en prendre une autre, − et qui maintenant le dorloterait, soignerait sa maison. Il était trop vieux pour y songer (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 57).Lorsqu'il ira mieux, nous devrions lui faire porter un panier de nos belles pêches, de celles que soigne si bien M. d'Andilly (Montherl., Port-Royal, 1954, p. 982).
c) Veiller au bon état de quelque chose, à son entretien. Le rouleur soignera mieux le wagonnet qui lui sera spécialement affecté, que ne le fera un graisseur chargé (...) de cette opération pour tout le matériel (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 729).Victor est un homme de rapports très agréables. Il aime sa voiture, la soigne bien, la conduit bien (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p. 56).
d) Au fig. S'intéresser attentivement à un projet, une entreprise. Soigner ses biens. Ce devait être un de ces intendants dont la race est perdue, qui soignent la fortune de leur maître plus âprement que la leur propre (Gautier, Fracasse, 1863, p. 357).À son retour dans les Deux-Sèvres, où il allait soigner son élection, il avait appris, de la bouche même du préfet, qu'il n'était plus candidat officiel (Zola, E. Rougon, 1876, p. 135).
Région. (Belgique). Soigner pour. ,,Prendre soin (d'une affaire)`` (Piron Belgique 1978).
2.
a) Apporter du soin à faire quelque chose. Soigner une mise en scène, une instrumentation; soigner un menu, la cuisine, le ménage. Il faut ensuite soigner le modelé de l'émail blanc, se servir modérément des métaux précieux qui donnent des éclats vifs (A. Meyer, Art émail Limoges, 1895, p. 19).Je vous conseille seulement de soigner un peu plus votre comptabilité. Tout le monde ne serait pas aussi accommodant que moi (Bloy, Journal, 1903, p. 199).
b) Soigner + possessif.Fignoler quelque chose, avec le souci du détail, pour le mettre en valeur. Soigner son écriture, sa diction, son style; soigner son entrée, ses effets; soigner sa réputation, sa popularité. Déjà chacun soigne son attitude, compose son personnage, ordonne les laborieux mouvements d'éloquence qui doivent emporter les acclamations populaires (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 259).Bon, ben sûr, dit-elle, que je fais pas attention, bien sûr, se reprit-elle, s'efforçant de soigner son langage et toute saisie de gêne (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 130).
Apporter du soin à son apparence physique, mettre en valeur son aspect, sa présentation. Soigner sa mise, sa tenue. Sous prétexte du peu de temps qu'elle avait eu pour soigner sa coiffure, Mathilde avait arrangé ses cheveux de façon à ce que Julien pût apercevoir du premier coup d'œil toute l'étendue du sacrifice qu'elle avait fait pour lui en les coupant la nuit précédente (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 361).Bien vite, le lift [liftier], ayant retiré ce que j'eusse appelé sa livrée et ce qu'il nommait sa tunique, apparaissait en chapeau de paille, avec une canne, soignant sa démarche et le corps redressé (Proust, Sodome, 1922, p. 791).
En partic. Prodiguer des soins d'hygiène, d'esthétique, entretenir ses qualités physiques. Soigner son corps, ses cheveux; soigner sa forme, son équilibre. Elle lui apprenait à soigner ses ongles, à séparer sur le côté ses cheveux qu'il rejetait d'abord en arrière (Gide, Faux-monn., 1925, p. 978).Je conseille donc aux jeunes d'adopter la méthode des jolies femmes et de soigner leur ligne, de préférer le maigre au gras (Cocteau, Diff. d'être, 1947, p. 219).
3.
a) Donner des soins à un malade, rétablir la santé d'une personne, d'un animal. Soigner qqn avec dévouement; soigner les pauvres gens, les vieillards, les tuberculeux; soigner un chien, des oiseaux. Il soigne surtout les aliénés qui sont, d'après lui, pour la plupart (...), possédés par des esprits, et par conséquent rebelles au repos et aux douches (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 214).La façon de traiter dépendra aussi du nombre d'animaux à soigner (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 142).
Se faire soigner.Avoir recours à des soins médicaux. Elle a voulu aller se faire soigner dans une maison de santé, pour avoir moins de bruit et un jardin (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 413):
1. Le médecin de chez nous exécute l'acte diagnostique et thérapeutique avec un doigté, une finesse, une habileté, imprégnées d'un je ne sais quoi de terroir. C'est peut-être bien pour cela que tant d'étrangers venaient se faire soigner en France. Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946 [1943], p. 172.
Au fig., fam. Il faut te faire soigner, il faut soigner ça. Tu es dérangé, tu ne vas pas bien. Il parla des « imaginations folles » des femmes. − Tu es un peu fêlée, ma chère, il faut soigner ça (Zola, Curée, 1872, p. 533).
Empl. abs. Donner des soins médicaux. Si ça ne s'arrange pas, je servirai comme médecin en Sibérie. Mais je suis si lasse de soigner! (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 427).
b) S'employer à guérir une maladie, une affection, une blessure. Soigner une plaie, une blessure, une brûlure; soigner un ulcère, une maladie nerveuse, une fièvre; soigner une épidémie. Des complications sont à redouter si l'on néglige de soigner la maladie de Basedow. Les accidents cardio-vasculaires sont au premier plan par leur fréquence et leur gravité (Quillet Méd.1965, p. 476):
2. ... on retrouverait le malheureux dormant aux heures où il pourrait vivre, sortant aux heures où il n'y a guère rien d'autre à faire qu'à se laisser assassiner dans les rues, buvant glacé quand il a chaud, toujours en train de soigner un rhume. Proust, Prisonn., 1922, p. 44.
c) S'employer à guérir une partie du corps, un organe. Soigner ses nerfs, son estomac; se faire soigner les dents, les reins, la gorge. Je vais, à midi, chez Andral avec Alfred; il ausculte et conseille de soigner surtout la poitrine (Michelet, Journal, 1842, p. 468).Joseph prit la résolution de se mettre au régime dès le lendemain et de soigner son foie (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 191).
d) Au fig. S'employer à remettre en état quelque chose. Je suis en présence d'une âme malade; je viens la soigner. C'est le devoir de tout prêtre et son droit (Estaunié, Empreinte, 1896, p. 337).
B. − Empl. pronom.
1. S'occuper de soi avec le souci de son bien-être. Pour se remonter le tempérament, monsieur se soigne sous le rapport de la gueule. Le caviar de Tourgueneff avec le beurre de la nièce sont la base de mes déjeuners (Flaub.,Corresp.,1879,p. 341).− (...) elle pousse des soupirs gros comme elle pour qu'on la croie désespérée et puis elle se commande de bons petits plats (...). − (...) C'est comme ça que font les gens qui vieillissent: quand ils sont dégoûtés d'eux-mêmes et de leur vie, ils pensent à l'argent et ils se soignent (Sartre, Âge de raison, 1945, p. 69).
2. Être soucieux de son apparence physique, de sa tenue. Une fois mariée [à la campagne], la femme se fane. Elle n'a plus jolité, ni coquetterie. Elle ne se soigne plus (Renard, Journal, 1896, p. 334).Je n'avais pas vu la toilette de Langlois: il avait mis sa limousine. Mais, en se calant dans son coin, il l'entrebâilla et je vis qu'il s'était soigné. Il portait d'ailleurs son fameux gibus dans une boîte (Giono, Roi sans divertiss., 1947, p. 212).
Se soigner + partie du corps.Apporter des soins d'esthétique ou d'hygiène. Olympe, se soignant les mains, ne voulant plus laver la vaisselle, se faisait tout apporter du dehors, de chez un pâtissier de la rue de la Banne, qui préparait des repas pour la ville (Zola, Conquête Plassans, 1874, p. 1093).
3. Faire ce qu'il faut pour guérir. Il avait dû interrompre ses études et se soignait quelque part dans le Midi (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1002).Je plains ceux, innombrables, qui se soignent pour se soigner et qui refusent de guérir (Cocteau, Lettre Amér., 1949, p. 31).
Fam. [Expr. dénonçant un comportement anormal, déviant] Ça se soigne! (Rey-Chantr.Expr.1979).
Prononc. et Orth.: [swaɳe], (il) soigne [swaɳ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1165 trans. « procurer, fournir » ([Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1939); 2. a) 1538 « s'occuper avec attention de, avoir soin de » (Est., s.v. curo); b) 1771 soigner son style (Trév.); 3. a) 1636 soigner un malade (Monet); b) 1823 soigner son bras ou sa jambe, au fig. soigner son âme (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, p. 372); 4. a) 1792 pronom. « prendre soin de soi » (Staël, Lettres L. de Narbonne, p. 5); b) 1846 passif « être soigné » (Besch.). II. Intrans. 1. ca 1180 soigner de qqc. « s'occuper avec attention de, avoir soin de quelque chose » (Proverbe au vilain, 27b ds T.-L.); 2. 1538 soingner a (qqc.) « id. » (Est., s.v. valeo). V. soin. Fréq. abs. littér.: 2 128. Fréq. rel. littér.: xixes. : a) 2 362, b) 3 548; xxes.: a) 3 562, b) 2 990. Bbg. Joppich-Hagemann (U.). Frz. songer und soigner, soin, besoin. Rom. Forsch. 1978, t. 90, pp. 35-47. − Orr (J.). Songer, penser et soigner. R. Ling. rom. 1962, t. 26, pp. 395-402.