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SIMPLE, adj. et subst. masc. plur.
I. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers. ou de son comportement]
1. [Simple est gén. postposé]
a) Qui agit avec une honnêteté naturelle et une droiture spontanée. Synon. droit2, franc3; anton. affecté1.Âme, caractère, cœur simple. Son encolure de cheval normand, ses gros membres, son air simple et probe, tout contribuait à disposer favorablement en sa faveur (Balzac,C. Birotteau,1837,p. 41).− (...) N'est-ce pas j'ai bien changé! − Non! fit-il de sa voix toujours rauque. Vous étiez simple, vous l'êtes restée. Il y a peu d'êtres simples. On devrait dire de la simplicité ce que les juifs disaient de Yaveh: Qui l'a vu en face peut mourir! (Bernanos,Joie, 1929, p. 696).
b) Qui manifeste peu de culture, de finesse ou de subtilité; qui se laisse facilement tromper. Synon. crédule, niais; anton. fin2, rusé.Être, ne pas être assez simple pour. Ils étalèrent le butin qu'ils avaient fait, et ma montre d'argent obtint encore un succès qui flatta mon amour-propre (...). Aux yeux de ces hommes simples, le possesseur d'une pièce si importante ne pouvait être moins qu'un milord (About,Roi mont., 1857, p. 77).Alors il songea à sa petite cousine Angèle de La Garandine (...) Ce qui l'encourageait à la prendre pour femme, c'est qu'elle passait pour simple et sans connaissance (France,Barbe-Bleue, 1909, p. 21).
En partic. Simple d'esprit. Qui ne possède pas une intelligence normalement développée. Synon. arriéré, demeuré, innocent.Faust (...) séduit cette jeune fille singulièrement simple d'esprit et d'âme (Staël,Allemagne, t. 3, 1810, p. 101).T'es pas avec tes sauvages par icitte: t'es parmi le monde! Ils rirent encore, le Survenant plus haut qu'eux tous. Amable pensa: « Il dit des choses qui ont ni son, ni ton, et il est trop simple d'esprit pour s'apercevoir qu'on rit de lui » (Guèvremont,Survenant, 1945, p. 121).
Empl. subst. Ce passage de montagne, ces roches de basalte (...) lui rappellent son pastorat dans le Mézenc au milieu des simples d'esprit (A. Daudet,Évangéliste, 1883, p. 253).Heureux les simples d'esprit. V. esprit 1reSection III A α.
c) Qui ignore ou veut ignorer le raffinement des mœurs, les usages du monde. L'entrée cérémonieuse de l'ancien sous-préfet, les saluts plongeons du petit bonhomme et de sa sœur impressionnèrent tout d'abord ces personnes un peu simples (A. Daudet,Évangéliste, 1883, p. 34).
[En parlant de la vie soc.] Qui est sans apprêt, sans affectation, sans recherche, sans excès de luxe ni de raffinement. Goûts simples. Libre à vous alors, après que vous aurez essayé vos forces, de voir si vous préférez aux situations plus brillantes que peut vous offrir la ville, une vie simple et obscure comme celle où vous me voyez (Toepffer,Nouv. genev., 1839, p. 38).Vivons En paix loin du monde imbécile: « La vie est là, simple et tranquille » (Verlaine,Ds les limbes, 1894, p. 100).
Être, rester simple. Être naturel, spontané, ne pas faire de complications. On me répète: « Soyez simple! » Je fais de mon mieux. C'est si difficile d'être simple! Mais les gens du monde disent « les simples » comme ils disent « les humbles », avec le même sourire indulgent. Ils devraient dire: les rois (Bernanos,Journal curé camp., 1936, p. 1245).
2. [Simple est gén. antéposé] Qui occupe une place modeste dans la hiérarchie, qui a un rang social peu élevé. Simple employé, particulier. On songea à faire décapiter le gueux par un simple soldat (Maupass.,Sur l'eau, 1888, p. 352):
1. Tandis qu'on exige, pour les simples citoyens, la sauvegarde de la précision la plus exacte, et la garantie de la lettre de la loi, les ministres sont livrés à une sorte d'arbitraire exercé sur eux, et par leurs accusateurs et par leurs juges. Constant,Princ. pol., 1815, p. 74.
3. Empl. subst.
Personne simple, à l'esprit simple, agissant sans malice. Quand le simple veut raisonner, il est toujours un peu sophiste (Renan,Vie Jésus, 1863, p. 35).
Personne n'ayant que des connaissances rudimentaires. Enfin c'était Jean Macquart (...) en lutte surtout avec le peuple des campagnes, que l'âpre désir, la rude et longue conquête du sol brûle du besoin sans cesse irrité de la possession (...) tout ce drame des simples et des instinctifs à peine dégagés de la sauvagerie ancienne (Zola,Dr Pascal, 1893, p. 114).
Arriéré mental. Le frère aîné de ce garçon est un simple, et on le rencontre au bord des chemins, ou près des haies, ou assis au pied des arbres, souillé de bave, inconscient, vide (Giono,Chron., Noé, 1947, p. 165).
B. − [En parlant de choses] Qui n'est pas complexe.
1. [Sens abs.]
a) Qui n'est pas composé, qu'il est impossible de diviser ou d'analyser.
α) CHIM. Corps simple. Les molécules des corps simples sont identiques (H. Fontaine,Électrolyse, 1885, p. 13).Dès l'instant (...) où l'on vit le radium se transformer en hélium, on cessa d'affirmer l'immutabilité des corps simples; ainsi furent supprimées toutes ces vieilles lois des rapports simples (France,Île ping., 1908, p. 408).
β) GRAMM. Temps simple; passé simple. V. passé1I B 1.
γ) PHILOS. La méthode analytique, en éliminant par degrés toute la complexité du monde, doit arriver, en fin de compte, à un élément simple à la rigueur (Hamelin,Élém. princ. représ., 1907, p. 1).
b) Qui n'est pas double ou multiple. Nœud simple.
α) BOT. Feuille simple (p. oppos. à feuille composée). La feuille est simple quand le limbe est formé d'une seule pièce attachée au pétiole (Plantefol,Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 154).
β) FIN. Comptabilité en partie simple. V. comptabilité A 1 a.
γ) LING. Un mot simple (...) par opposition à un composé, est celui qu'on ne peut résoudre en éléments composants susceptibles de jouer un rôle à l'état isolé (Mar.Lex.1933, p. 167).
δ) TECHNOL. La charrue [brabant double portée] peut être montée en monosoc ou en bisoc doubles, ou en charrue simple (Passelègue,Mach. agric., 1930, p. 75).
ε) TRANSP. Aller(-)simple. Je demande le statut de réfugié politique, cherche un emploi et un logement, repoussant les offres insistantes de l'ambassade d'Afrique du Sud qui lui propose un aller-simple via Pretoria pour grossir les troupes de la guérilla anticommuniste angolaise (Libération, 30 mai 1986, p. 17, col. 4).
c) Empl. subst. masc.
α) MUS. Premier couplet d'un air, sans diminution ni variation (d'apr. Compan 1979).
β) PHILOS. Le simple comme caractéristique de la qualité, c'est ce qui, tout en possédant une nature aussi compliquée qu'on le voudra, est indifférent à la composition spatiale et temporelle (Hamelin,Élém. princ. représ., 1907, p. 151).L'Américain va du simple au complexe, de son école à la ville, de la ville au pays, du pays à la planète (Maurois,Journal, 1946, p. 125).
γ) SPORTS (tennis, tennis de table). Partie qui met aux prises deux adversaires l'un contre l'autre. Anton. double.Simple messieurs, simple dames; jouer en simple. Chaque établissement [scolaire] peut engager un nombre illimité d'équipes de deux joueurs [de tennis de table] qui jouent chacun deux « simples » et un « double » (L'Œuvre, 22 janv. 1944).Pour le simple, si Ivan Lendl l'emporte, il touchera 1 791 000 F (Le Figaro Magazine, 3 juin 1989, p. 102, col. 3).
2. Qui n'est que ce qu'implique le substantif, à l'exclusion de tout autre caractère, de toute autre qualité.
a) [Simple est antéposé] Simple analyse, formalité, présomption. C'est une simple coïncidence, mais non un rapport de cause à effet (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 168).J'entrais dans la chambre des cartes. Dès que j'en avais la première fois, au cours de mes explorations (...), poussé par simple curiosité la porte, je m'étais senti progressivement envahir par un sentiment que je ne saurais guère définir qu'en disant qu'il était de ceux qui désorientent (Gracq,Syrtes, 1951, p. 31).
b) Loc. Pur(e) et simple. Mais le don pur et simple la trouvait soudain farouche (Colette,Pays. et portr., 1954, p. 84).DR. Donation pure et simple. Donation sans condition ni restriction.
3. [Sens rel.] Qui est formé d'un nombre limité d'éléments.
a) Qui est formé de peu d'éléments. Notion, objet, phénomène simple. Elle satisfait au mieux ce double désir de concilier un principe simple et unique avec des conséquences aussi souples, aussi variées que possible, aussi approchées de la complexité déroutante du cosmos (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p. 174):
2. Certes, si l'on veut autre chose que ces tragédies dans lesquelles un ou deux personnages (...) se promènent solennellement sur un fond sans profondeur, à peine occupé par quelques têtes de confidents (...) chargés de remplir les vides d'une action simple, uniforme et monocorde (...) ce n'est pas trop d'une soirée entière pour dérouler un peu largement tout un homme d'élite... Hugo,Préf. Cromwell, 1827, p. 42.
Expr. Réduire à sa plus simple expression*.
b) Qui est facile à comprendre, à faire, à utiliser. Synon. commode1, compréhensible; anton. complexe, compliqué, difficile.Côté, moyen, problème simple. Sur quoi M. Bergeret fit intérieurement cette réflexion que tout est simple aux simples (France,Anneau améth., 1899, p. 168).Je conte les choses comme elles se sont passées, et sur le moment je les trouvais toutes simples (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 357).Boire quand on a soif, ce serait trop simple! Si tu n'entretenais sans cesse une tentation dans ton âme, tu risquerais de t'oublier (Sartre,Diable et Bon Dieu, 1951, iii, 10, p. 247).
Simple comme bonjour. Qui coule de source, qui est évident. J'ai une brave femme de mère qui habite la campagne (...) C'est simple comme bonjour, votre gamin lui tiendra compagnie (Goncourt,Sœur Philom., 1861, p. 165).
c) Qui constitue un ensemble comportant peu d'éléments ajoutés, peu d'ornements. Synon. dépouillé; anton. apprêté, recherché.Une robe toute simple; une langue, un style simple. Mais à Paris (...), on commence à réagir contre toute musique trop chargée et qui s'écoute la tête dans les mains; on la veut dépouillée, simple et nue (Mauriac,Chair et sang, 1920, p. 50).Il faut, autant que possible, construire simple et nu, comme l'architecte égyptien ou japonais (Maurois,Journal, 1946, p. 205).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Comment veut-on que le beau, c'est à dire le simple, puisse suffire à tant de gens dont les sensations douteuses ne permettent pas aux impressions naturelles de les atteindre (Delacroix,Journal, 1863, p. 351).
Tout simple. Sans décorum, sans cérémonie, limité à l'essentiel. Cérémonie, mariage, repas tout simple. Vous dormirez dans une chambre du palais, et demain prendrez part à notre repas du soir; un petit dîner tout simple, en famille, où vous vous sentirez à l'aise (Gide,Thésée, 1946, p. 1421).
II. − Subst. masc. plur. Plantes médicinales utilisées telles qu'elles sont fournies par la nature. J'ai dans le jardin de mon père des simples pour guérir tous les arbres (Chateaubr.,Natchez, 1826, p. 302).On peut supposer l'avenir où l'artiste deviendrait une sorte de pharmacien qui mélangerait les simples comme le peintre mélange les couleurs (Cocteau,Crit. indir., 1932, p. 203).
Prononc. et Orth.: [sε ̃pḽ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. ca 1125-50 « qui n'est pas compliqué » (Grand mal fist Adam, éd. H. Suchier, 117: A la simple gent Ai fait simplement Un simple sarmun; Nel fiz as letrez, Car il unt assez Escriz e raisun); 2. a) 1140 simple gent (p. oppos. aux lettrés, aux personnes instruites) (ibid.); b) 1erquart xiiies. simple chevalier (p. oppos. à des personnes ayant des titres) (Lancelot, éd. A. Micha, t. 4, p. 187); c) 1462 a simple tonsure (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1837); 3. ca 1140 renforce le subst. qui suit (Geoffroy Gaimar, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 6030: en simple lei); 4. a) ca 1150 « amical, avenant »( Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 8006); b) ca 1250 « (d'un animal) doux, qui n'est pas féroce » (Bestiaire d'Amour rimé, 1776 ds T.-L.); 5. 1155 « humble, modeste » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 668: simple chiere); 6. ca 1175 « sot, crédule » (Chrétien de Troyes, Graal, éd. F. Lecoy, 6638); 7. a) ca 1200 p. oppos. à double (Moralités sur Job, 314, 35 ds T.-L.: Il [le Christ] ajoinst az tenebres de nostre doble mort la lumiere de la süe simple); b) 1484 nombre simple (Nicolas Chuquet, Triparty, éd. A. Marre, p. 103); c) 1585 corps simple (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 274); d) 1694 bot. feuille simple (Tournefort Bot., p. 532); 8. ca 1200 « sans apprêt » (Continuation de Perceval, I, éd. W. Roach, t. 1, p. 17, 611); 9. a) 1256 (Aldebrandin de Sienne, Régime du Corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 5: des simples coses qu'il convient à oume user); b) xiiies. (Livre des simples medecines [titre, trad. du lat. Liber de simplici medicina], éd. P. Dorveaux); c) 1567 medicament simple (Philibert de L'Orme, Archit., Epistre aux lecteurs, pp. 1-2); 10. 1360-70 « commode » (Baudoin de Sebourc, XX, 373 ds T.-L.). B. Subst. 1. a) 2emoit. xiiies. (Contenance des femmes ds Littré: Or fait la simple, or fait la sage); b) 1610 le simple et le composé (Deimier, De l'Ac. de l'art poét., p. 338); 2. a) 1546 « éléments fournis par la nature et servant à la confection des remèdes » (Melin de Sainct Gelays, Œuvres, éd. P. Blanchemain, t. 3, p. 259: Car mesme des choses subjectes a nos mains, comme sont les herbes, les pierres, les metaulx et autres simples, à peine avons-nous cognoissance de la moindre partie); b) 1559 subst. masc. plur. « plantes médicinales (v. supra A 9) » (J. Grevin, Pastorale ds Théâtre, éd. L. Pinvert, p. 222); 1630 subst. fém. (Godeau, Disc. sur Malherbe ds Littré); 3. 1894 sports « partie de tennis entre deux adversaires » (Le Vélo, 19 oct. ds Petiot). Empr. au lat.simplex « qui n'est pas composé de plus d'une substance, d'un élément », « isolé, seul, un », « naturel, non artificiel » et « (d'une personne) sans détours, ingénu, naïf »; le lat. médiév. avait simplici medicina et simplum medicamentum (1544 ds Latham). À rapprocher du sens de simple au tennis l'angl. single game (1890, v. NED Suppl.2), v. single. Fréq. abs. littér.: 17 397. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 26 092, b) 19 655; xxes.: a) 24 328, b) 26 559. Bbg. Bäcker 1975, pp. 295-297. − Milner (J.-Cl.). « Esquisse à propos d'une classe limitée d'adj. en fr. mod. » In: Quarterly progress report, MIT, 1967, t. 84, vol. XXIX, pp. 275-285. − Quem. DDL t. 9, 25, 27.