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SERTIR, verbe trans.
A. − JOAILLERIE
1. Fixer une pierre précieuse dans un chaton ou une monture dont on rabat le rebord autour de la pierre. Synon. enchâsser, monter.Sertir une émeraude. Méry taille et sertit, merveilleux joaillier, Les rubis indiens en un rouge collier (Banville, Cariat., 1842, p. 42).Et même si le hasard lui faisait rencontrer l'améthyste ou l'agate (...) ces offrandes de la nature ne lui étaient d'aucune utilité, pas même à l'âge néolithique, pour ses premières parures; (...) tant que l'art de fondre les métaux lui resta inconnu, il ne put sertir la pierre pour en faire un ornement (Metta, Pierres préc., 1960, p. 6).
Part. passé en empl. adj. Diamant bien serti. Serties ou suspendues, des pierres finement gravées, portant des dieux et des portraits, des oiseaux, des lions, des scarabées et des chimères (Faure, Hist. art, 1909, p. 121).
P. méton. Serti de.Incrusté de. Ciboire serti de gemmes. Elle consulta à la dérobée la petite montre sertie de brillants qu'elle portait au poignet (Green, Chaque homme, 1960, p. 399).
P. métaph. Le trait peut-être le plus constant de l'ondoyant Gide, à savoir que nul texte, et fût-ce même les paroles du Christ, ne lui sert jamais qu'à tailler et à sertir quelque nouvelle facette de son individualité propre (Du Bos, Journal, 1927, p. 210).Mistral emploie, sertit le terme de métier (L. Daudet, Idées esthét., 1939, p. 100).
2. P. méton. [Le suj. désigne une chose] Maintenir enchâssé. À l'annulaire, une énorme bague sertissant un lourd rubis (Verlaine, Œuvres posth., t. 1, Hist. comme ça, 1896, p. 336).Le plafond de bois peint sertit dans ses rosaces de petits fragments de miroir (Barrès, Pays Lev., t. 1, 1923, p. 147).
P. métaph. Alcala de Chivert, où il faut (...) voir l'église et son campanile ajouré dont les découpures sertissent le ciel comme des plaques de lapis-lazuli (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 45).Un cadre de mousse sertissait chaque pavé de la cour (Gautier, Fracasse, 1863, p. 372).
B. − P. anal.
1. BROD. Passer un fil autour d'un motif brodé. Dentelles brodées: sur un fond de tulle, des motifs sont sertis et brodés à l'aiguille (J. Coulon, Technol. gén. modiste, 1951, p. 52).
2. TECHNOLOGIE
a) Fixer une pièce métallique sur ou dans une autre en rabattant le rebord de la seconde sur la première ou les saillies de la seconde sur les évidements de la première. Sertir un couvercle (sur un boîtier); sertir un bidon, un seau. L'extrémité de chaque tube est sertie dans l'alvéole correspondant de la plaque (Bailleul, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 37).On le recouvre alors d'un court-bouillon chaud et les boîtes sont serties et stérilisées (Boyer, Pêches mar., 1967, p. 109).
b) Refouler en bourrelet, vers l'intérieur d'une cartouche à plombs, l'extrémité supérieure de la douille, afin de maintenir le disque de carton qui retient les plombs. Sertir une cartouche. On ferme la cartouche [de chasse] par une rondelle de carton sur laquelle on sertit modérément les bords de la douille (Vennin, Chesneau, Poudres et explosifs, 1914, p. 447).
c) Assujettir un fermoir ou un œillet sur un article en cuir par écrasement au maillet ou à la pince à sertir. (Dict. xxes.).
REM. 1.
Serte, subst. fém.,joaill. ,,Enchâssement d'une pierre précieuse fixée sur un chaton`` (Havard 1890).
2.
Serti, subst. masc.,joaill. Résultat du sertissage (v. ce mot A 1). (Dict. xxes.). Un beau serti, un serti très délicat. P. méton. Synon. de sertissage (v. ce mot A 2).On trouvait pour rien (...) des tabatières dont le serti ocrait le portrait du régent, en miniature (Arts et litt., 1935, p. 84-15).
3.
Sertissement, subst. masc.Synon. de sertissage (v. ce mot A 2).Quelques bibelots au sertissement de matières colorées, translucides, (...) sont accrochés aux murs (Goncourt, Journal, 1894, p. 683).
Prononc. et Orth.: [sε ʀti:ʀ], (il) sertit [-ti]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1636 joaill. (Monet); p. anal. 1831 « encastrer » (Nodier, Fée Miettes, p. 161: cette porte était si bien sertie dans le panneau de la cloison); 2. 1872 serr. (Littré); 3. 1904 chasse (Nouv. Lar. ill.). Var. de l'a. fr. sartir « attacher solidement plusieurs pièces de métal » (ca 1200, part. passé adj., La Chanson d'Antioche, éd. S. Duparc-Quioc, 7934; 1remoit. xives., inf., Alexandre, mss de Venise, 743 ds Elliott Monographs, n o36, p. 39), issu du lat. pop. *sartire, dér. de sartus, part. passé de sarcire « raccommoder, ravauder, rapiécer » (qui a donné la forme sarcir, 1160-70, Alexandre, vers 723, op. cit., n o38, p. 97). Voir A. Thomas ds Romania t. 37, pp. 132-135. Fréq. abs. littér.: 13. Bbg. Behrens D. 1923, p. 60 (s.v. serte). − Kemna 1901, p. 155 (s.v. serte).