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SERRÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de serrer*.
II. − Empl. adj.
A. − [Corresp. à serrer II A]
1. [En parlant d'une partie du corps et, en partic., d'éléments symétriques] Tenu étroitement rapproché, fermé. Dents serrées. Il fit un tour dans la chambre (...), mais la main serrée convulsivement autour du manche de son poignard (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 137).Les camarades du cordonnier, désarmés, impuissants, regardaient, muets, pâles, les poings serrés dans leurs poches (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 53).
2. [En parlant d'une partie du corps] Contracté. J'avais l'estomac serré, ratatiné. Je ne mangeais pas de bon cœur (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 40).Je courus presque à ma chambre, les tempes serrées d'une exaltation mauvaise (Gracq, Syrtes,1951, p. 124).
Expressions
Avoir la gorge serrée. Être incapable de parler, par suite d'une émotion. T'en viens-tu, la belle? Bernardette fit signe que non, la gorge serrée incapable de parler (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 131).
Avoir le cœur serré. Avoir de la peine ou éprouver de l'angoisse. J'ai le cœur serré en pensant à cette horrible exécution de demain (Hugo, Corresp., 1866, p. 557).Elle s'arrêta, balbutiante, les cils battants, le cœur serré d'angoisse (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 94).
Avoir l'intestin, le ventre serré. Être constipé. (Dict. xixeet xxes.).
B. − [Corresp. à serrer II B]
1. [En parlant d'un lien] Tendu avec force autour de quelque chose. Nœud bien serré; cravate trop serrée. Tous tenaient leur crosse, le maillet au fer oblique, au long manche garni d'une ficelle fortement serrée (Zola, Germinal, 1885, p. 1372).Des cordages tendus d'un cap à l'autre et serrés autour des roches, pendaient des lignes où s'accrochaient encore les poissons (Queffélec, Recteur, 1944, p. 98).
Empl. adv. Elle fut, à grands coups de bâton, menée vers l'orme de Vaurus; elle y fut liée si serré, que les cordes entraient dans la chair (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 347).Ficelez-le serré, ce gros bourgeois, et qu'on le fouette au sang (Salacrou, Terre ronde, 1938, ii, 3, p. 200).
2.
a) [En parlant d'un vêtement] Ajusté ou trop ajusté. Une jupe serrée; gant serré au poignet, veston serré à la taille. Sur les murs, trois portraits, (...) celui du poète avec la grande redingote serrée au flanc et la chemise à jabot d'alors (Maupass., Contes et nouv., t. 1, J. Romain, 1886, p. 1293).Je portais (...) de petits vestons étriqués, des pantalons courts, serrés aux genoux (Gide, Si le grain, 1924, p. 405).
P. anal. Pansement serré. [Le nerf] peut également être comprimé par un plâtre de jambe trop serré (Quillet Méd.1965, p. 370).
Empl. adv. [Le docteur] recommanda à Madame Morin de ne pas m'emmailloter trop serré (France, Pt Pierre, 1918, p. 8).
b) [En parlant d'une pers. ou d'une partie de son corps] Étroitement maintenu, comprimé. Homme maigrelet serré dans ses habits; hanches serrées dans une jupe; tête serrée dans un bandage. La tante était une ancienne actrice presque très vieille, très serrée dans un corset (Jacob, Cornet dés, 1923, p. 113).
C. − [Corresp. à serrer II C; en parlant d'une pièce mobile, d'un dispositif de fixation ou de fermeture] TECHNOL. Fortement assujetti ou bloqué. Écrou bien serré; freins serrés à fond. Joint de culasse mal serré (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 352).
D. − [Corresp. à serrer II D]
1.
a) [En parlant d'une pers., d'une chose ou souvent, de plusieurs pers. ou choses] Très proche; très rapproché. Maisons serrées autour de l'église; élèves serrés autour du maître; être serrés comme des harengs/des sardines. Étienne, en se tournant, se trouva de nouveau serré contre Catherine (Zola, Germinal, 1885, p. 1163).Les lumières des boutiques, nombreuses et serrées en cet endroit, éclairaient vivement le trottoir (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 216).
[P. méton.] Se déplacer en colonne serrée, en rangs serrés. Une ligne serrée de bookmakers attendaient les parieurs (Zola, Nana, 1880, p. 1394).Un étrange gilet de soie, très ouvert, que fermait dans le bas un rang serré de petits boutons de nacre (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 47).
ART MILIT. Ordre serré. V. ordre I B 2 b β.
En partic. Où les lettres, les mots sont rapprochés. Écriture serrée. Le Matin (...) lança dans la circulation un article qui fit coup de canon: deux colonnes serrées, compactes, que précédait ce titre (...): Les scandales de l'Est deux soldats trouvés ivres morts (Courteline, Train 8 h 47, 1888, p. 229).Je t'ai écrit dimanche matin à Courgivaux huit pages serrées (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1908, p. 358).
Spécialement
CIN., TÉLÉV., SON. Montage serré. Montage dont le rythme vif et soutenu est obtenu par des raccords sans transition de plans sonores ou visuels; action de réaliser un tel montage (d'apr. franterm Néol. 1984). Monter serré. Réaliser un tel montage. (d'apr. franterm Néol. 1984)
MAN. Cheval serré du devant/du derrière. Cheval dont les membres antérieurs vus de face, ou postérieurs vus de l'arrière sont trop rapprochés (d'apr. Tondra Cheval 1979).
b) [En parlant d'une chose et, en partic., d'une matière] Dont les éléments constitutifs sont très proches et laissent peu d'intervalle entre eux. Synon. compact, dense.Bois, duvet, tissu serré; filets serrés; herbe, pluie serrée. L'eau entrerait par une écluse grillée, et sortirait par une claie bien serrée de l'autre côté (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 49).Avec leur bassin étroit, leur poil ras et serré, leur conformation fusiforme, ces phoques, excellents nageurs, sont difficiles à saisir dans la mer (Verne, Île myst., 1874, p. 135).
Café (bien) serré. Café express très fort. Une cafetière électrique, (...) pour deux à douze tasses, deux positions: café serré ou café allongé (L'Événement du Jeudi, 16 avr. 1987, p. 142, col. 4).
Empl. adv. Toi, ma chère, tu « boucles » assez serré, et puis tes cheveux font le nuage assez facilement (Colette, Cl. école, 1900, p. 269).[L'homme] dit qu'il a réussi à ramper jusqu'à T. 22; mais qu'au delà, il n'y avait matériellement pas moyen d'avancer; − C'est pas que j'avais peur, mon lieutenant. Mais ça tombait si serré... j'aurais été haché tout de suite (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 38).
2. Au fig.
a) [En parlant d'une chose]
α) Qui est exprimé avec un minimum de mots. Synon. concis.M. Leuwen fit un discours de dix minutes, serré, raisonné (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 232).Style trop serré. Le lecteur suffoque (Renard, Journal, 1901, p. 630).
P. méton., vx. [En parlant d'une pers.] Qui s'exprime de façon concise. Écrivain serré. (Dict. xixeet xxes.).
β) D'une stricte exactitude, d'une précision rigoureuse; qui ne laisse rien passer. Argumentation, critique, discussion serrée; analyse, étude, traduction serrée; contrôle, gestion serrée; éducation serrée. Tout ceci fut établi par Rouletabille grâce à un questionnaire très serré (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 29).Mais la puissance des images ne fait pas tout. Patrick Poivre d'Arvor (...) accomplit aussi un travail journalistique remarquablement serré (Le Point, 29 mai 1978, p. 100, col. 1).
P. méton. [En parlant d'une pers.] Qui a beaucoup de rigueur, d'exigence. Logicien serré. (Dict. xxes.).
Empl. adv. De manière rigoureuse. Discuter serré. Après chaque couplet un peu long, où sans doute un de ses personnages avait raisonné juste et serré, il réfléchissait un moment, le temps de reprendre haleine, et je l'entendais qui disait: « Voyons, qu'allons-nous répondre? » (Fromentin, Dominique, 1863, p. 53).Dans ma famille on a toujours tenu très serré les domestiques (Gide, Si le grain, 1924, p. 385).
γ) En partic. [En parlant d'un affrontement, d'une compétition] Où les adversaires, de force sensiblement égale, se tiennent de très près. Match serré; partie serrée. La lutte sera serrée. Vous allez affronter des négriers. Il vous sera plus dur de lutter contre eux que contre des moulins (Maran, Batouala, 1921, p. 15).
Jeu serré. Manège prudent, stratégie menée avec vigilance. Un jeu serré, subtil, féroce, se joue entre la conversation et la sous-conversation. Le plus souvent, le dedans l'emporte (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 122).
P. méton. [En parlant de l'arrivée d'une course ou des résultats d'une compétition sportive] Où les écarts entre les différents concurrents sont très faibles. Score serré. Arrivée très serrée entre les trois premiers (Le Sport Vélocipédique, 2 févr. 1884ds Petiot 1982).
Empl. adv. Jouer serré. V. jouer C.
b)
α) [En parlant d'une chose] Étroitement limité, restreint. Budget, emploi du temps serré; délais serrés. Cette usine ou cet atelier doivent assurer de très grosses productions, pour lesquelles s'imposent des prix de revient très serrés et un rendement très élevé (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 172).
β) [En parlant d'une pers.] Serré (de, par).Embarrassé par des difficultés financières. Être un peu serré. Quenu, serré d'argent, brutalisé parfois, était parfaitement heureux (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 646).
Fam. Qui limite trop étroitement ses dépenses. Synon. chiche.Il est un peu serré de bourse. Encore pourrait-on discuter sur la vanité des gens de la chapelle. C'est un quartier pur, à la fois riche et serré, ennemi de Dieu et du snobisme (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 21):
Comme les grandes folies, les grandes dépenses, les grandes magnificences intérieures des temps de François Iersont remplacées par des appartements sobres, des châteaux rigoureux, des salles nécessiteuses, des châteaux à faire des comptes, des grands logis de bourgeois serrés! Goncourt, Journal, 1865, p. 175.
Empl. adv. En restreignant le plus possible ses dépenses, à l'économie. Vivre serré. Skiez serré: la semaine en studio deux personnes avec forfait, remontées mécaniques 700 francs par personne (Le Nouvel Observateur, 27 sept. 1980, p. 117, col. 1).
E. − [Corresp. à serrer II E; en parlant d'une chose] Vieilli. Borné par des limites étroites. Synon. encaissé, enserré, resserré.Vallée profonde et serrée; fleuve serré entre des coteaux à vigne; ville serrée à l'intérieur de ses remparts. Un cimetière minuscule, serré entre deux logis, entasse les unes sur les autres ses trois douzaines de vieilles tombes (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 147).
Prononc.: [seʀe], [-sε-]. Fréq. abs. littér.: 3 690. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 274, b) 5 366; xxes.: a) 6 926, b) 5 858. Bbg. Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Transø, 1972, p. 153, 294.