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SEMER, verbe trans.
A. − Semer qqc.1
1. [Le compl. désigne une plante ou sa graine]
a) Répandre des graines sur la surface d'une terre préparée afin qu'elles y germent et y poussent. Semer du blé, de l'orge, du seigle, du gazon, des radis, de la salade; semer à la main, au doigt, au plantoir, au semoir; semer en lignes, en rayons; semer à claire-voie, en serre, sous abri. Maheu, l'après-midi, travailla dans son jardin. Déjà il y avait semé des pommes de terre, des haricots, des pois (Zola, Germinal, 1885, p. 1233).On sème à la volée le blé, l'orge et le millet dans le Proche-Orient (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 65).
P. anal., BIOL. Synon. de ensemencer.Les globules semés dans ces conditions se développent, se multiplient, et le sucre fermente (Nouv. faits concernant la fermentation alcooliqueds C.r. de l'Ac. des sc., t. 47, 1858, p. 1011).
P. métaph. Il repassait, il repassait toutes les heures de sa vie. Toute la vie à Nazareth. Il avait semé tant d'amour. Il récoltait tant de haine (Péguy, Myst. charité, 1910, p. 120).
Absol. C'est la saison de semer; semer dru, serré. Pour cela on sème tard, courant mai (Rouberty, Sucr., 1922, p. 28).C'est pourtant et toujours entre les grands murs gris, et parmi même les larges plaques ou échines saillantes du roc que l'on sème et que lèvent les beaux et hauts froments (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 260).
Empl. pronom. passif. Le seigle se sème en automne (Littré).Le trèfle se sème dans l'orge et dans l'avoine (Chênedollé, Journal, 1823, p. 122).
Expr. fig.
Recueillir ce qu'on a semé, les fruits de ce qu'on a semé. Obtenir un résultat à la mesure des efforts fournis. Un auteur sera mieux lancé, dès son début, si l'éditeur compte recueillir, au troisième ou quatrième volume, les fruits de ce qu'il a semé pour lancer le premier (Civilis. écr., 1939, p. 16-1).
Semer en terre ingrate. Se donner du mal en pure perte; ne récolter de son travail que l'ingratitude; ,,faire du bien à une personne qui n'en a point de reconnaissance`` (Ac.).
Il faut semer pour recueillir, pour récolter. On n'a rien sans peine; on n'arrive à un résultat qu'à condition de l'avoir préparé. Le directeur des nouveautés (...) allait maintenant à l'économie, pente dangereuse dont les directeurs sont souvent victimes, car il faut semer pour récolter (L. Schneider, Maîtres opérette fr., 1924, p. 222).
Proverbe. Qui sème le vent récolte la tempête. Le remords le rongeait. Il avait semé le vent, il récoltait la tempête! (Queffélec, Recteur, 1944, p. 198).
b) P. anal. Engendrer. Là, nous faisons tous sonner notre « monica », ensemble, pour la merci des vieux qui ont semé notre race (Giono, Baumugnes, 1929, p. 30).
2. P. anal.
a) Répandre sur un lieu en disséminant. Semer des fleurs sur son passage. Roulant au hasard, je me rappelle les signaux que j'avais semés pour retrouver la route de ce dédale incliné. Je les cherchais vainement (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 141).Il y a plusieurs manières de gâcher le plâtre. (...) le procédé de gâchage à la volée consiste à semer le plâtre sur la surface de l'eau (Judet, Fractures membres, 1948, p. 12).
[Le suj. désigne une chose] Les mines sous-marines sont posées par un petit croiseur (...) qui les sème rapidement derrière lui (Chalon, Explosifs mod., 1911, p. 612).
VÉN. Semer ses fumées. ,,Se dit d'un cerf qui les jette écartées les unes des autres (...), c'est-à-dire en marchant`` (Duchartre 1973).
Loc. fig.
Semer l'argent. Le distribuer, le dépenser à tort et à travers ou abondamment. Quand on l'avait vu gagner de l'argent, on avait dit: c'est un marchand. Quand on l'avait vu semer son argent, on avait dit: c'est un ambitieux (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 204).
Semer des pièges, des embûches sous les pas de qqn. Lui tendre de secrètes embûches. (Ds Ac.).
b) Surtout au part. passé. [Le compl. d'obj. désigne qqc. de disséminé dans un tout] Implanter de manière dispersée, parsemer. La conquête militaire répugnait aux Grecs. Les colonies qu'ils avaient semées sur tous les rivages de l'Asie, du Pont, de l'Afrique du Nord, de l'Italie méridionale, de la Sicile, constituaient les escales d'un vaste réseau maritime assez fermé (Faure, Hist. art, 1909, p. 131).
3. Au fig. [Le compl. d'obj. désigne qqc. d'abstr. et à valeur nég. (mauvais sentiments, mauvaises actions)] Répandre, propager, faire naître. C'était un envoyé du diable, Et il avait mission de semer le péché (Murger, Nuits hiver, 1861, p. 222).Une famille (...), du genre saucissonneur, sème l'émoi chez les campeurs (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.1953, p. 176).
SYNT. Semer l'anarchie, des calomnies, la confusion, la corruption, le découragement, le désarroi, le désordre, la destruction, le deuil, la dissension, la discorde, la dispute, la division, le doute, l'effroi, l'épouvante, la frayeur, la guerre, la merde (vulg.), la mort, la panique, la propagande, la ruine, la terreur, le trouble, la zizanie.
Plus rarement. [Le compl. d'obj. a une valeur positive] Le bonheur en effet semblait avoir des rayons et semer autour d'elle une atmosphère dans laquelle elle était enveloppée et enveloppait ceux qui la regardaient (Lamart., Raphaël, 1849, p. 200).Ce que vous venez de dire achève de me prouver que la France eut mille fois raison de venir ici jadis et d'y semer la civilisation (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 216).
B. − Semer qqc.2(un lieu) de qqc.1
1. Ensemencer. Semer un champ, une planche, une couche. Ces terres n'ont pas été bien semées (Ac. 1935). Vous avez créé des prairies, vous avez semé des champs et vous les avez récoltés (Bugeaud, 1847ds Doc. hist. contemp., p. 184):
Le pauvre est-il un membre ou un ennemi de la société? Qu'on réponde. Il trouve tout autour de lui le sol occupé. Peut-il semer la terre pour son propre compte? Non, parce que le droit de premier occupant est devenu droit de propriété. L. Blanc, Organ. trav., 1845, p. 7.
P. anal. Des arbustes déracinés pendaient parmi les déblais. On avait semé de feuillages le sol de la tranchée (Zola, E. Rougon, 1876, p. 259).J'ai rêvé que les nonnes ont établi des parterres dans le Sacré-Cœur, parce que Dieu aime la terre et les ont semés de confetti, parce qu'il aime la joie (Jacob, Cornet dés, 1923, p. 51).
2. Parsemer. Synon. couvrir1.Les temples dont les foules néophytes avaient semé le sol de l'Inde (Faure, Hist. art, 1912, p. 164).Les ébénistes de la Couronne, pour répondre au goût personnel de la reine, ont semé leur décor de fleurs (...) traitées avec un réalisme et une sensibilité charmante (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 110).
En partic. [Le lieu désigne un écrit] Synon. remplir.Semer un roman de réflexions philosophiques. J'ai semé mon ouvrage d'anecdotes, dont quelques-unes me sont personnelles (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 23).
HÉRALD., au passif. [Le suj. désigne un écu, une pièce] Orné de fleurs de lis, de trèfles, etc., en nombre indéterminé. Si l'écu est semé de fleurs de lis, de trèfles, etc., on doit en faire figurer un certain nombre se perdant dans les bords de l'écu (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 765).
C. − Rare. Qqc.1sème qqc.2(un lieu).Être répandu çà et là sur. Synon. parsemer.Et quand il lèvera les yeux, ce sera pour deviner au-dessous des constellations familières qui sèment le plafond bleu, les oiseaux des solitudes (Faure, Hist. art, 1909, p. 43).Toutes les oasis qui sèment les déserts d'Afrique et d'Espagne se transforment en villes blanches, s'entourent de murs crénelés, voient surgir des palais pleins d'ombre (Faure, Hist. art, 1912, p. 257).
D. − Fam. Semer qqn.Se débarrasser de quelqu'un en le distançant. Semer son poursuivant. Semer quelqu'un en route (Ac. 1935).
En partic. [Dans la lang. du sport] Laisser loin derrière soi. Semer ses concurrents. Une grande avance sur ses concurrents qu'il a semés (Le Sport Vélocipédique, 11 juin 1886ds Petiot 1982).
P. ext. Se débarrasser de quelqu'un. Il s'agissait dans l'opération de semer Brunetière (Péguy, Argent, 1913, p. 1178).
Prononc. et Orth.: [səme], (il) sème [sεm]. Barbeau-Rhode 1930: il a semé [ilasme]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoit. xiies. « ensemencer » (Psautier de Cambridge, 106, 37 ds T.-L.: semerent champs); 2. « répandre (des graines) en terre » 1119 empl. abs. (Philippe de Thaon, Comput, 542, ibid.: arer e laburer E en terre semer); 1155 trans. (Wace, Brut, 1174, ibid.: Blez semerent); 3. ca 1175 empl. par image (Benoît de Ste-Maure, Chron. ducs de Normandie, 26646), v. semence A 4; 1174-87 (Chrétien de Troyes, Perceval, 7), v. semence A 4; 4. « répandre » a) p. anal. α) 1176-81 semé de « parsemé de » ici, fig. (Id., Chevalier au lion, éd. M. Roques, 2629: des beisiers..., Qui furent de lermes semé); ca 1275 (Adenet le Roi, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 6789: li atour dont son cors ot garni Erent de coups tout semé et flouri); ca 1280 spéc. [arçon] semé d'esmeraudes et de rubis (Id., Cleomadès, éd. A. Henry, 17072); 1847 part. passé subst. « motif décoratif » (J. femmes, août, p. 381); β) 2emoit. xiiies. « répandre çà et là en dispersant » (Huon Paucele, Sire Hain et dame Anuieuse, 75 ds Rec. gén. fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 1, p. 99: Les espinoches [...] A semées aval la cort); b) fig. α) ca 1180 « répandre, divulguer (une intention cachée, un secret) » (Proverbe au vilain, 131e ds T.-L.); β) 1216 « répandre (des écrits) » (Angier, trad. Vie St Grégoire, 2809, ibid.); γ) 1269-78 semant descorz, contenz e guerres (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 9536); 5. 1867 semer qqn « s'en débarrasser » (Delvau). Du lat. seminare « produire; procréer, enfanter; semer [Columelle] »; à basse époque (ives.), fig. « répandre, propager, disséminer ». A éliminé serere (qui, dès l'époque la plus anc., signifiait « planter, semer ») dont les formes offraient moins de corps, plus de difficulté, et dont le lien avec semen, sementis était moins bien perçu. Fréq. abs. littér.: 1 135. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 032, b) 1 809; xxes.: a) 1 604, b) 1 156.
DÉR.
Semaison, subst. fém.,vx. a) Action de semer. P. métaph. Lorsque Dieu, d'amour la main pleine, Fait sa divine semaison, Tu peux ouvrir ton cœur, Hélène, Le semeur bénit sa moisson (Murger, Nuits hiver, 1861, p. 108).b) ,,Dispersion naturelle des graines d'une plante`` (Littré). [səmεzɔ ̃]. 1resattest. a) 1261 « semaille, ensemencement » empl. par image (Rutebeuf, Miracle de Théophile, 410 ds Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 195: Trop a male semence en semoisons semeee, De qui l'ame sera en enfer sorsemee), b) 1351 semison « temps de la semaille » (doc. Arch. de Tournai ds Gdf.), c) 1842 « dissémination naturelle des graines » (Ac. Compl.); de semer, suff. -aison; cf. le lat. seminatio « reproduction, procréation ».
BBG.Gredig 1939, p. 59. − Henry (A.). Anc. fr. saime. Romania. 1959, t. 80, pp. 232-233.