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SELLETTE, subst. fém.
A. −
1. HIST. DU DR. Petit siège bas, en bois, sur lequel on faisait asseoir l'accusé passible d'une peine afflictive, durant le réquisitoire et son dernier interrogatoire immédiatement avant le prononcé de la sentence. Le lieutenant criminel commanda aux archers de le conduire [le condamné] sur la sellette (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 524).Et le quart d'heure qu'on passe sur la sellette est des plus vilains (Taine, Notes d'Anglet., 1872, p. 282).
2. Au fig., usuel
a) Être (mis) sur la sellette
α) [En parlant de qqn] Être accusé de quelque chose; être attaqué de toutes parts, verbalement ou par écrit. Parce que l'œuvre de l'OIT [Organisation internationale du travail] est surtout législative, les gouvernements étaient plus souvent sur la sellette que les patrons. La conférence a souvent été une tribune où les syndicalistes pouvaient, devant l'opinion internationale, mettre en accusation les représentants de l'État (Reynaud, Syndic. en Fr., 1963, p. 268).
β) [En parlant de qqn ou de qqc.] Être soumis à un examen critique. Il est permis à des auteurs privilégiés (...) de choisir des noms dans la vie réelle, mais (...) moi, personnellement, je ne saurais le faire sans me rendre coupable du pire des crimes. En un mot, (...) c'est ma littérature qui a été mise sur la sellette (Zola, Corresp., t. 2, 1882, p. 576).Le comité régional de l'UNESCO organisait un débat. La musique concrète était mise sur la sellette en même temps que la musique dodécaphonique. J'avais à la défendre cette fois devant un tapis vert (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 114).
b) Mettre/placer/tenir qqn sur la sellette. Interroger quelqu'un de manière serrée afin de lui faire révéler ou avouer quelque chose. Vous savez trop bien que je vous aime pour me mettre ainsi sur la sellette sans raison. − En effet... balbutia le comte. − À mon tour, j'interroge, dit Baccarat avec un subit accent d'autorité. Répondez-moi. Le comte gardait le silence (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 11).La majorité s'ennuie et pour passer le temps elle met sur la sellette quelques membres du cabinet et ne les abandonne qu'après leur avoir fait dire toutes les bêtises du monde (Mérimée, Lettres ctessede Montijo, t. 1, 1863, p. 231).
c) JEUX. Jeu de société consistant à faire deviner à un joueur désigné (le coupable), les accusations portées à voix basse contre lui par les autres joueurs devant le meneur de jeu (le président) (d'apr. D'Allemagne, Récr. et passe-temps, 1904, p. 195). Un soir de petits jeux on mit Roger sur la sellette. La question première fut « pourquoi l'aime-t-on? » (...) Une seule [réponse] frappa Roger et le fit rêver (...) « (...) parce qu'on ne l'aime pas! » (La Varende, Nez-de-Cuir, 1936, p. 69).
3. Vieilli. Petit siège. Dans la salle à manger, (...) il y a une table rectangulaire (...) près de laquelle, à défaut de bancs, se trouvent des escabeaux ou des sellettes, sièges plus modestes (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 158).
En partic. Synon. de miséricorde.
4. SCULPT. Tablette de bois, généralement circulaire, susceptible d'être élevée, abaissée ou de pivoter, et sur laquelle le sculpteur pose ses matériaux ainsi que l'ouvrage de petites dimensions qu'il modèle. Les sculpteurs avec leurs sellettes et leurs terrines à terre, les peintres, juchés sur de hauts tabourets, formaient trois rangs devant la table à modèle (Goncourt, Man. Salomon, 1867, p. 20).
P. anal. Petit support décoratif monté sur trois ou quatre pieds très hauts et destiné à supporter une plante, un objet d'art. La commode et la cheminée étaient un bazar de bibelots poussiéreux (...). Sur une sellette, une femme de plâtre peint souriait à des cerises qu'elle levait entre deux doigts (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 128).
5. MAR. Petit escabeau sur lequel s'assied le calfat. (Dict. xixeet xxes.).
B. −
1. ,,Harnais de dos des chevaux de trait, servant surtout à supporter les brancards ou limons`` (St-Riquier-Delp. 1975). Un timon courbe appuyait sur leurs garrots [des chevaux de chars] garnis de panneaux écarlates deux sellettes surmontées de boules en airain poli, et que réunissait un joug léger, infléchi comme un arc dont les cornes rebrousseraient (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 222).
2. ,,Partie des anciennes charrues sur laquelle était appuyé le timon`` (Ac.; 1798-1935). [Dans les charrues brabants] l'extrémité antérieure de l'age est tournée et pénètre dans un coussinet monté sur le train de roues qui constitue le support et appelé l'écamoussure ou sellette (Passelègue, Mach. agric., 1930, p. 63).[Dans] une charrue à avant-train (...) [l']age repose librement par son extrémité antérieure sur une « sellette » fixée à un avant-train composé d'un essieu à deux roues (Ballu, Mach. agric., 1933, p. 83).
3. P. anal.
a) ARTILL. Partie du train d'une pièce de campagne portant la cheville ouvrière. L'affût de côte du canon de 95 comprend: l'affût, le châssis et la sellette (Alvin, Artill., Matér., 1908, p. 125).
b) Pièce du sommet des pylônes et ponts suspendus pour fixer les câbles. (Dict. xxes.).
C. − TECHNOLOGIE
1. Planchette soutenue par des cordes passées aux quatre angles et formant un petit siège pour les peintres en bâtiment ou les ouvriers exécutant des travaux à des endroits dépourvus d'échafaudage. Au bout de la terrasse, il sentit une corde, et sa main en la soulevant trouva un crochet et des nœuds (...) l'abbé, qui savait tous les exercices, descendit en s'aidant de la sellette à la manière des peintres en bâtiment (Nerval, Illuminés, 1852, p. 48).
2. Boîte dans laquelle le cireur de souliers rangeait son matériel et sur laquelle les pratiques posaient le pied. À la cire française, dit-il, en posant le pied sur la sellette [du décrotteur] (Vidocq, Mém., t. 2, 1828-29, p. 89).Aujourd'hui la boutique a tué toutes les industries sub dio, depuis la sellette du décrotteur jusqu'aux éventaires métamorphosés en longues planches roulant sur deux vieilles roues (Balzac, Œuvres div., t. 3, 1844, p. 608).
3. Établi sur lequel les vanniers tournent leurs paniers. (Dict. xixeet xxes.).
4. Vieilli. ,,Morceau de planche qui forme le fond des crochets du crocheteur`` (Ac. 1799-1878).
Prononc. et Orth.: [sεlεt], [se-]. Fér. Crit. t. 3 1788, Gattel 1841 [se-]. DG, Martinet-Walter 1973 (12, 4) [sε-], [se-], Ac. 1694, 1718: sellete; 1740: sellète, dep. 1762: sellette. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1225 selleite « petite accommodation de bois en forme d'escabeau muni d'un pied dont se servent pour marcher les gens estropiés » (Pean Gatineau, St Martin, 8378 ds T.-L.); b) fin xiiies. [date du ms.] selete « petit siège de bois sans dossier » (Du Maignien, 18, var. ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 5, p. 357); c) 1326 mettre aucun a la sellete « interroger un accusé » (A. N. JJ 64, f o117 v ods Gdf. Compl.); 1630 sur la sellette « exposé à la critique » (D'Aubigné, Lettre à MmeDes Loges ds Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 1, p. 522); 1690 tenir qqn sur la sellette « presser quelqu'un de questions pour tirer de lui une chose qu'il voudrait taire » (Fur.); d) 1680 « petit banc au milieu du réfectoire d'un couvent de Bernardins, sur lequel dîne le religieux qui a commis quelque faute » (Rich.); e) 1680 « pièce d'une charrue, sur laquelle s'appuie le timon » (ibid.); f) techn. 1765 « établi, chevalet du vannier » (Encyclop.); g) 1875 « petite selle du sculpteur » (Lar. 19e); h) 1904 vitic. déchaussement en sellette (Nouv. Lar. ill.); 2. 1611 « petite selle étroite supportant la dossière qui soutient les brancards » (Cotgr.). Dimin. de selle*; suff. -ette*. Fréq. abs. littér.: 45. Bbg. Hasselrot 20es. 1972, p. 10. − Quem. DDL t. 16.