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SCANDER, verbe trans.
A. − VERSIF. Analyser le rythme d'un vers latin ou grec en faisant apparaître l'alternance des syllabes brèves et longues des mots qui le composent et en en marquant les temps forts; déclamer ce type de vers en tenant compte de cette analyse. J'aimais la pompe de Virgile. Je réentendais mon père, déjà bien malade, scander sans une hésitation, d'une voix grave, l'épopée du héros troyen (Jammes, Mém., 1923, p. 186):
Et je tiens la clef des vers latins: il suffit de bien poser les accents, sans trop de souci des longues et des brèves (...). Que ne me l'enseignait-on au lycée au lieu de chercher à m'apprendre quand une syllabe est forte ou faible, ce qui se découvre tout naturellement dès que le vers est bien scandé? Gide, Journal, 1944, p. 273.
B. − Rythmer, marquer fortement la cadence, d'un air, d'un chant, d'un mouvement, etc. Ses oreilles énervées, dont l'une avait le bout fendu, pendaient piteusement de chaque côté du front et scandaient, par leur oscillation, le rythme inégal de la marche (Gautier, Fracasse, 1863, p. 140).L'une après l'autre, les cohortes se mirent en marche. Elles abordaient en chantant l'escalier qui se divise à mi-course; les unes tournaient à droite, les autres à gauche. Et les coups de sifflet, maintenant pressés, scandaient le heurt des souliers sur les degrés de bois (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p. 74).
C. − Marquer, ponctuer fortement les mots, les syllabes sur lesquels on veut attirer l'attention. − « Elle est perdue » − « Oh! pourquoi dire comme ça? » fit Gregory sur un ton de reproche. − « Mé-nin-gite », scanda Antoine, en levant la main vers son front (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 611).De partout, des cris maintenant prenaient corps: Hou, hou, les trois ans! − Hou, hou, les trois ans! scandés comme des vers pentasyllabiques (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 339).
D. − Au fig. Marquer, ponctuer, souligner fortement. Singulière journée, en vérité, dont chaque minute avait été scandée par des volontés contradictoires (Estaunié, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 51).Pour découvrir l'homme jusqu'au bout, toute une série de « sens » étaient nécessaires, dont l'acquisition graduelle, nous aurons à le dire, couvre et scande l'histoire même des luttes de l'esprit (Teilhard de Ch.Phénom. hum., 1955, p. 27).
REM. 1.
Scandé, -ée, part. passé en empl. adj.Qui se déroule selon un rythme où les temps forts sont bien mis en évidence. Ici, c'est le staccato alertement scandé des pointes qui rebondissent comme des flèches d'or sur un pavé de marbre (métaphore célèbre depuis que Gautier l'a employée pour décrire le talent de Sophie Fuoco, élève de Blasis, lors de ses débuts à l'Opéra, 1846), selon un rythme sautillant de cordes pincées à deux temps (Brillant, Probl. danse, 1953, p. 181).
2.
Scandement, subst. masc.,hapax. Action de scander. Son heurt redevient chancelant comme avant d'avoir la perception de soi: c'était le scandement de ma mesure dont la réminiscence me revint prolongée par le bruit dans le corridor du temps de la porte de mon sépulcre, et par l'hallucination (Mallarmé, Igitur, 1869, p. 439).
Prononc. et Orth.: [skɑ ̃de], (il) scande [skɑ ̃:d]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1516 « prononcer un vers en marquant ou en décomposant chacun de ses pieds ou des syllabes qui le composent » (Guillaume Michel, Eglog., f o9d, éd. 1529 ds Gdf. Compl.); 2. 1573 « décomposer un vers en ses éléments constitutifs » (Jacques de La Taille, Man. de faire des vers, f o11 r o, ibid.); 3. 1768 « chanter, ou exécuter un air en marquant les temps forts » (Rousseau, p. 274); 4. 1857 scander ses mots « les prononcer en détachant les syllabes » (Feuillet, Pte ctesse, p. 61); 5. 1874 « marquer, souligner fortement » (A. Daudet, Fromont jeune, p. 192); 6. 1904 parole scandée « trouble de la prononciation » (Nouv. Lar. ill.). Empr. au lat. des grammairiensscandere « lever et baisser le pied », « battre la mesure », « scander des vers ». Fréq. abs. littér.: 221. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 28, b) 245; xxes.: a) 607, b) 416.