Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
SALÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.
I. − Part. passé de saler*.
II. − Adjectif
A. − Qui contient du sel.
1. Qui renferme naturellement du sel. Eau, source salée; lac salé; pré-salé*; la sueur est salée. Mes larmes qui ne couleront pas, seront plus salées que les tiennes (Péladan, Vice supr., 1884, p. 249).C'est une force humaine qui craque dans cette coque et chante, dans cette mâture; qui claque au vent debout, puis s'affermit, résiste, incline le bateau, le pousse à travers la vague, creuse les tourbillons, fait jaillir l'écume salée (Alain, Propos, 1908, p. 37).
[Dans des périphrases poét. servant à désigner la mer] Campagne, onde, plaine salée. Une fraîcheur, de la mer exhalée, Me rend mon âme (...) Ô puissance salée! Courons à l'onde en rejaillir vivant! (Valéry, Charmes, 1922, p. 151).
2. Qui a un goût de sel, qui semble imprégné de sel. Bouche, joue salée; fraîcheur, saveur salée. Les coteaux abaissés, le ciel agité, l'air Murmurant et salé, proclament que la mer Est là, terme implacable à la folle équipée De l'eau, qui vers le ciel chaud s'était échappée (Cros, Coffret santal, 1873, p. 40).
3. Qui a été assaisonné avec du sel. Sauce salée; plat trop salé; amandes, biscuits, cacahuètes salé(e)s. La soupe du matin était-elle trop salée? Inutile d'accuser Fine, qui, en fait de condiments, avait toujours eu la main légère (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 182).
Empl. adv. Elle ne pouvait (...) manger trop salé, voyager en arrière ou porter un corset (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 206).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre
Aliment(s) salé(s). Aimer le salé. Regarde cette table qu'on a recouverte pour nous des plus beaux fruits de la terre et des flots, le doux et le salé (Claudel, Soulier, 1929, 1rejournée, 14, p. 708).
PSYCHOL. ,,Une des quatre saveurs ou sensations gustatives fondamentales`` (Adr.-Legr. 1981). Pour la latence, déterminée par le temps de réaction, (...) on constate, dans des conditions équivalentes, que le retard est maximum pour l'amer, minimum pour le salé, intermédiaire pour l'acide et le sucré (Piéron, Sensation, 1945, p. 196).
4. Qui a été imprégné de sel ou de saumure, afin d'être conservé.
a) ALIM. Bœuf, porc salé; lard, jambon salé; olives salées. Les habitants des côtes ne mettront pas de bornes à leurs pêches, pouvant envoyer dans l'intérieur leurs poissons salés (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois, 1807, p. 332).L'an prochain, elle reviendra au sable qui la dore, au beurre salé et au cidre mousseux (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 278).
b) MÉGISS. Les peaux salées exigent trois à quatre jours dans les bassins (Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux, 1947, p. 35).
5. Qui a été additionné de sel. Bain salé. Précieux pour les enfants rachitiques ou scrofuleux (Lar. mén.1926, p. 134).
B. − Au fig., fam.
1. [En parlant d'un propos, d'un écrit]
a) Vieilli. Spirituel, vif. Synon. piquant.Conversation salée. Il est naturel d'ailleurs que Monsieur ait eu de la prédilection pour Rulhière, qui aiguisait si bien l'épigramme salée, et même au besoin le conte libertin, les deux genres littéraires favoris du futur monarque (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 4, 1852, p. 575).
b) Qui présente un aspect très libre, grivois, licencieux. Synon. corsé, épicé, pimenté, poivré; cru, osé.Plaisanterie, chanson salée. [Monnier] payait son écot en racontant, en jouant plutôt − car sa charge n'avait rien d'improvisé − des histoires salées au dessert (A. Daudet, Trente ans Paris, 1888, p. 226):
Un dru langage était devenu en effet le nôtre, et si salé que ces dames en rougissaient parfois, elles ne s'en plaignaient jamais cependant parce qu'il est bien entendu qu'un soldat est aussi brave qu'insouciant, et grossier plus souvent qu'à son tour... Céline, Voyage, 1932, p. 114.
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Si je ne craignais Le grain ne meurt, je te dirais ici quelque chose d'excessif dans le salé (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1926, p. 504).
2. [En parlant d'une condamnation, d'une punition, ou d'une facture, d'une addition] Excessif, exagéré. « Trousseaux de travailleurs » ça s'appelait... Seulement comme prix c'était salé! Ça faisait un terrible sacrifice! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 353).La note était salée. Deux mois de cellule, déjà! (H. Bazin, Tête contre murs, 1949, p. 332).
Empl. adv. On m'apprit alors ce qu'était cet influent personnage dont les préfets (...) recherchent la protection, et qui doit la leur faire payer salé (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 190).
3. Avoir le bec* salé; bourguignon* salé.
III. − Subst. masc.
A. − ALIM. Viande de porc conservée par salaison. Manger un morceau de salé. Les plats qui paraissent cuire tout seuls, comme le jambonneau, le salé aux pommes de terre (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 45).Sa femme apportait la croûte de quatre heures. Elle posa du pain, du salé, un barillet de vin rose (Hamp, Champagne, 1909, p. 112).
Petit(-)salé. Poitrine de porc coupée en morceaux, conservée dans une salaison légère. Petit salé aux choux, aux lentilles. Elle prit la fourchette à manche de métal blanc posée au bord du plat, chipotant, piquant chaque morceau de petit salé (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 669).
B. − HIST. Franc-salé*.
C. − Arg. des typographes. Salé, morceau de salé. Acompte; travail payé d'avance. Le compositeur qui prend du salé se fait payer d'avance une composition qu'il n'a pas faite encore (Boutmy, Typogr. paris., 1874, p. 49).
P. anal., pop., vieilli. (Petit) salé. Jeune enfant. Synon. lardon.Il y a (...) un salé, âgé d'une vingtaine de mois, lequel (...) excelle déjà dans le bel art de faire voltiger sa cuiller (Courteline, Boubouroche, Gourde, 1894, i, p. 250).
Prononc. et Orth.: [sale]. Att. ds Ac. dep 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) ca 1165 mer salee (Benoît de Ste-Maure, Troie, 4592 ds T.-L.); b) 1150 char salee, v. saler; 2. a) av. 1616 fig. « corsé, piquant » (D'Aubigné, Œuvres, Les Tragiques, p. 80 ds Quem. DDL t. 15); b) 1740-55 « grivois » (S. Simon, Mém., éd. A. de Boislisle, t. 2, p. 371); 3. 1660 fig. « exagéré, excessif » (Oudin, Fr.-Esp.: vendre bien salé). B. Subst. 1. a) α) petit salé « chair salée d'un jeune cochon » [xvies. d'apr. FEW t. 11, p. 80a]; 1690 (Fur.); β) 1660 salé « chair de porc salée » (Oudin Fr.-Esp.); γ) 1873 « chair de porc cuite à l'eau salée » (Zola, Ventre Paris, p. 666); b) 1636 « chair ou poisson salé » (Monet); 2. a) 1860 petit salé « enfant » (Vallès, Les Réfractaires in Figaro, 1ernov., p. 167 ds Quem. DDL t. 1); b) 1881 salé « id. » (d'apr. Esn.). Part. passé de saler*. Salé « enfant » est prob. issu p. métaph. de salé, terme de typogr. signifiant « acompte » (1808, Hautel t. 2); cf. 1866, Delvau, p. 352: morceau de salé: acompte; se dit aussi, par une anal. facile à saisir, d'un enfant venu avant le mariage. Fréq. abs. littér.: 568. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 483, b) 1 032; xxes.: a) 996, b) 850. Bbg. Quem. DDL t. 15, 16.