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RUTILER, verbe intrans.
A. −
1. [Corresp. à rutilant II A 1; le suj. désigne une chose, une partie du corps] Devenir (encore plus) rouge, présenter une éclatante couleur rouge. Synon. s'empourprer; anton. blanchir, blêmir.Le comte avait rougi jusqu'à la peau de son crâne, qui rutilait entre ses rares cheveux blancs (Richepin, Glu, 1881, p. 151).Certains buissons pourprés rutilaient à travers l'averse; l'herbe, auprès d'eux, prenait une verdeur aiguë (Gide, Isabelle, 1911, p. 637).
Rutiler de (+ subst.).Ces masques (...) rutilaient de leurs tons de terre rouge séchée (Morand, Paris-Tombouctou, 1929, p. 153).
2. [Corresp. à rutilant II A 2; le suj. désigne une chose] Présenter des coloris très vifs, exalter ses tonalités lumineuses; en partic., faire resplendir ses ors. Synon. chatoyer, se diaprer; anton. se décolorer, déteindre, se faner, se flétrir, pâlir, passer.D'autres [maîtres d'autrefois] (...) laissaient rutiler (...) Les arabesques d'or au ventre des aiguières (Heredia, Trophées, 1893, p. 105).Les bouquets des orchidées qui rutilent dans la pénombre comme des verrières (Cendrars, Homme foudr., 1945, p. 332).
Rutiler de (+ subst.).Les nattes de phormium pendues aux portes des cases rutilaient de peintures ardentes (Faure, Hist. art, 1912, p. 236).
Péj. Étaler des tons criards. [Les affiches des compagnies d'aviation] rutilent de couleur, crient en toutes les langues les prestiges de l'Orient (...). Elles sont (...) bruyantes et importunes (Morand, Route Indes, 1936, p. 334).
3. [Corresp. à rutilant II A 3; le suj. désigne une chose] Briller d'une lumière éclatante, jeter des feux vifs. Synon. éblouir, éclater, étinceler, flamber, flamboyer, fulgurer, s'illuminer, miroiter, rayonner, scintiller; anton. s'assombrir, s'obscurcir, se ternir.Le zigzag de l'éclair, avec ses lueurs blafardes et livides, vient tout à coup (...) rutiler dans les ténèbres comme une lame torse et flamboyante de glaive d'archange (Pommier, Athéisme, 1857, p. 133).Sa robe verte, où rutilaient des perles d'acier vert, d'un éclat phosphorique (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 200).
Rutiler de (+ subst.).La salle rutile de tous ses feux (Vialar, Zingari, 1959, p. 273).
B. − P. anal. ou au fig.
1. [Corresp. à rutilant II B 1; le suj. désigne une pers.] Arborer un air réjoui, satisfait, des apparences cossues. Synon. jubiler, se réjouir, se rengorger, triompher, pavoiser (fam.); anton. s'affliger, s'attrister.C'est marrant la jeunesse, pensa Mathieu, au-dehors ça rutile et au-dedans on ne sent rien (Sartre, Âge de raison, 1945, p. 57).Je fus (...) éberluée (...) sous les combles du théâtre Sarah-Bernhardt. Soie, fourrures, diamants, parfums: au-dessous de moi, un public jacassant rutilait (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 241).
Rutiler de (+ subst.).Il rutilait de contentement (Du Bos, Journal, 1923, p. 346).
2. [Corresp. à rutilant II B 3; le suj. désigne une chose abstr.] Rare. Se distinguer par ses qualités, être mis en valeur. V. renarder B au fig. ex. de Bloy.
Prononc.: [ʀytile], (il) rutile [-til]. Étymol. et Hist. 1. Ca 1470 « résonner avec éclat » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 118: quand j'oy rutiller les voix des hommes autour de mes oreilles), attest. isolée dans ce sens; 2. a) ca 1485 « briller d'un vif éclat » (Mistere du viel Testament, éd. J. de Rothschild, 14109: sa grande dignité [...] Rutille en ces cartiers [ici au sens fig.]); b) déb. xvies. « briller d'un vif éclat » (Chant royal, ms. B. N. 1537, f o26 r ods Gdf. Compl.: le clerc soleil [...] y rutille) − 1611, Cotgr.; à nouv. au xixes. 1857 (Pommier, loc. cit.); c) 1832 p. anal. (Hugo, N.-D. Paris, p. 483: la fureur faisait rutiler ces figures farouches). Empr. au lat.rutilare trans. « teindre en rouge (les cheveux) », intrans. « briller (comme l'or), être éclatant », lat. chrét. « être éclatant (fig., en parlant de la gloire, d'un grand nom) », dér. de rutilus « d'un rouge ardent (cheveux); éclatant (comme l'or, le feu), ardent, brillant ». Fréq. abs. littér.: 29.
DÉR. 1.
Rutilation, subst. fém.Qualité de ce qui est rutilant, de ce qui présente des coloris éclatants, jette des feux vifs. Synon. rutilance, rutilement (infra dér. 2).Un magnifique phare à feu tournant, bleu, écarlate et blanc, rayait de sa rutilation éblouissante les sombres coteaux (...), c'était Aldébaran (...), l'énorme étoile de pourpre, d'argent et de turquoise (Hugo, Rhin, 1842, p. 38). [ʀytilasjɔ ̃]. 1resattest. [1785 (s. réf. ds FEW t. 10, p. 602)] a) 1801 « éclat rouge vif » (Fourcroy, Système des connaissances chim., t. 2, p. 86 ds Littré), b) 1842 « vif éclat » (Hugo, loc. cit.); de rutiler, suff. -(a)tion*.
2.
Rutilement, subst. masc.Action de rutiler; résultat de cette action. a) α) Synon. de rutilance (v. ce mot A 1).Physionomie fiévreuse, éclairée par le rutilement d'une chevelure et d'une barbe rousses (Goncourt, Journal, 1875, p. 1066).Rutilement des mosaïques, étincellement des ors (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 133). β) Synon. de rutilance (v. ce mot A 2).Je me suis baigné dans le Poème De la Mer (...) Où (...), délires Et rhythmes lents sous les rutilements du jour, Fermentent les rousseurs amères de l'amour! (Rimbaud, Poés., 1871, p. 129).Le rutilement d'un brasier gigantesque (Genevoix, Seuil guitounes, 1918, p. 236).b) α) Synon. de rutilance (v. ce mot B 1).Louis Veuillot (...) est arrivé au bon moment (...). Quel profit le catholicisme en a-t-il retiré? Nul autre que le rutilement de cet animal de gloire qui voulut toujours être unique et ne souffrit jamais d'égal (Bloy, Désesp., 1886, p. 234). β) Synon. de rutilance (v. ce mot B 2).En lisant le début du livre d'Esther, j'ai été frappé de ce rutilement de pierreries qui éblouit les yeux dans le premier chapitre; chaque verset a des reflets d'émeraude et de saphir (Green, Journal, 1941, p. 53).[ʀytilmɑ ̃]. 1reattest. 1871 (Rimbaud, loc. cit.); de rutiler, suff. -ment1*.
BBG.Dub. Dér. 1962, p. 31 (s.v. rutilement). − Quem. DDL t. 7.