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RUSER, verbe intrans.
A. − VÉN. [Le suj. désigne un gibier] User de détours pour échapper à ses poursuivants. C'est un vieux cerf, un vieux lièvre qui ruse (Ac.). Le lapin ainsi chassé, s'il ne trouve pas de terrier de refuge, se fait battre à l'infini dans un espace très restreint, tournant, revenant sur ses pas, rusant au mieux avec les chiens (Vidron,Chasse, 1945, p. 47).
Ruser avec qqn.Se jouer de ses poursuivants en usant de détours. Il en est d'autres [des chevreuils] (...) qui rusent avec les rabatteurs et qui (...) n'hésitent pas à bousculer la ligne des traqueurs pour fuir un danger (Vidron,Chasse, 1945, p. 108).
B. − Avoir recours à la ruse; tromper en usant d'artifices. Ce chicaneur vous donne bien de la peine, il ruse, il ne fait que ruser (Ac.).Ouvrier qui veut « s'en sortir », qui rampe, lèche ou ruse, pour devenir contremaître (ou chef de rayon, chef de bureau, épicier en gros) (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p. 174).Pendant des années vous allez mentir, ruser, louvoyer, vous irez de compromis en compromis (Sartre,Mains sales, 1948, 5etabl., 3, p. 206).
Ruser avec qqc.Manœuvrer habilement pour contourner ce qui contrarie un projet, pour échapper à ce qui hante, poursuit quelqu'un. Hommes d'affaires (...) plongés dans des chicanes compliquées, rusant avec la loi, et ayant remisé pour un certain temps leur conscience (Baudel.,Paradis artif., 1860, p. 401).Ne cherchez pas à ruser, à biaiser avec ce sentiment humiliant de la supériorité d'autrui (Bernanos,Joie, 1929, p. 640).
Ruser avec qqn.Manœuvrer habilement pour circonvenir quelqu'un. Le juge commençait à voir qu'il était inutile de ruser avec un homme aussi simple (Bourget,Disciple, 1889, p. 41).Ils savaient tout, le général de Boisdeffre et le général Billot, et, loin de sévir contre le colonel Picquart (...) prenaient la peine de ruser jésuitiquement avec lui par un mensonge de mission (Clemenceau,Vers réparation, 1899, p. 30).
Ruser avec soi-même, p. méton., avec sa conscience. Se donner le change pour éluder un cas de conscience, une difficulté personnelle. Je ne parviens à rien qu'en biaisant et rusant avec moi-même (Gide,Journal, 1912, p. 365).
Prononc. et Orth.: [ʀyze], (il) ruse [ʀy:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xives. trans. « tromper » (Rose, éd. E. Langlois, 3571, var. mss série L); 1345 (Miracles N.-D., Nonne qui laissa son abbaie, vers 375, éd. G. Paris et U. Robert, t. 1, p. 326); 2. a) ca 1375 intrans. « user de ruses » (Cuvelier, Chron. de Bertrand du Guesclin, 5146 ds T.-L.); b) [1561 (Du Fouilloux, Vénerie d'apr. Nicot 1606)] 1584 « tromper les chasseurs en les égarant pour leur échapper » (Ronsard, Bocage royal, 104, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 18, p. 71). Dér. de ruse* (dés. -er). L'apparition tardive dans les textes de l'empl. en vén. ne permet pas d'assimiler ce verbe à l'a. fr. reuser, ruser qui est à l'orig. de ruse*. Fréq. abs. littér.: 167.