| ![]() ![]() ![]() ![]() ROUILLÉ, -ÉE, part. passé et adj. I. − Part. passé de rouiller*. II. − Adjectif A. − 1. [En parlant d'un métal ferreux ou d'un objet de fer] Couvert de rouille. Synon. rare rouilleux, (dér. s.v. rouille), rubigineux.Arme, clef, girouette rouillée; ferrailles rouillées; clou, gond rouillé; fils de fer rouillés. Un sabre rouillé et ébréché (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 14).Les statues pourrissaient derrière les grilles rouillées des jardins (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 424).V. froid I A 2 b ex. de Gracq, lever1I A 1 a ex. de Alain-Fournier. 2. P. anal. a) [P. réf. à la couleur de la rouille du fer]
α) [En parlant d'une couleur] Qui tire sur la couleur rouille. Ce linge au joli ton de safran rouillé d'une toile qui n'a pas été blanchie (Goncourt, Journal, 1867, p. 345).Un coq royal, éclatant de carmin, d'émeraude et d'or rouillé, chatoyant de fugaces reflets mauves (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 258).
β) [En parlant d'un inanimé concr.] De couleur rouille. Synon. rare rouilleux (dér. s.v. rouille), rubigineux (littér.).Quelques granits rouillés, quelques fougères dorées par l'automne, rattachaient au précipice la pierre où j'étais assis (Hugo, Fr. et Belg., 1885, p. 200).De longues routes désertes entre des roches grises et rouillées sous le feu du ciel (Sartre, Sursis, 1945, p. 97). − En partic. [En parlant d'un végétal, d'une végétation] Coteaux, jardins rouillés. Le raisin se dorait, le long des murailles, parmi les feuilles poudreuses et rouillées (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 63).Un enchevêtrement de pentes couvertes de bois rouillés (Giono, Hussard, 1951, p. 278).
γ) Spécialement − MÉD., vieilli. Crachat rouillé. Crachat mêlé de sang qu'on observe dans la pneumonie et la congestion pulmonaire. Je constate les signes classiques de la pneumonie franche: (...) crachats rouillés (Cadet de Gassicourt, Mal. enf., 1880, p. 53). − PHYTOPATHOL. Atteint de la rouille. Orge, avoine rouillée (Ac. 1798-1878). Blé rouillé, vigne rouillée (Rob.). b) [P. réf. au grincement que produit un mécanisme rouillé; en parlant d'un son] Qui grince, qui est aigre et dissonant. Lui qui ne riait jamais, eut un rire brusque et rouillé, le grincement d'une poulie hors d'usage (Zola, Terre, 1887, p. 293).Une voix grinçante et rouillée de girouette de mars (Milosz, Amour. init., 1910, p. 12). B. − P. anal ou au fig. 1. a) [En parlant d'une partie du corps, d'un organe qui remplit une fonction partic.] Qui a perdu de sa souplesse, de son habileté; qui fonctionne moins bien par suite du manque d'exercice. Avoir les jambes rouillées. C'est exécrable! J'ai les doigts rouillés (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 108).Fouillade se lève un peu péniblement à cause de ses articulations rouillées (Barbusse, Feu, 1916, p. 159). b) [En parlant d'une faculté, d'une fonction] Qui s'est émoussé faute d'exercice. Avec sa mémoire, son intelligence si peu rouillée dans la solitude, son ironie restée debout (Goncourt, Journal, 1860, p. 731).V. ankylosé ex. 10. 2. [En parlant d'une pers.] Qui a perdu de sa vitalité physique ou intellectuelle; en partic., qui a perdu la main dans l'exercice d'un métier ou d'un art par suite du manque de pratique. Je suis rouillé, je le sens bien. Ah! mon ami, c'est que la province n'est pas un vain mot! Elle n'a pas volé sa réputation, la misérable! (Feuillet, Scènes et com., 1854, p. 13).Elle, rouillée, n'essayerait pas de se remettre à son ancien métier de lingère (Zola, Paris, t. 2, 1897, p. 224). Prononc.: [ʀuje]. Fréq. abs. littér.: 392. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 368, b) 658; xxes.: a) 636, b) 616. |