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ROMAN2, -ANE, adj. et subst. masc.
A. − LINGUISTIQUE
1. Adjectif
a) Au sing. Langue romane (ou dialecte, idiome, parler, parole, patois roman(e)). Langue vulgaire issue du latin populaire, parlée en France du viiieau xies. Au IXesiècle, l'Église (...) recommanda de traduire clairement les homélies en germanique et en langue rustique romane (...). Cette décision du concile de Tours (813) (...) ne faisait (...) qu'autoriser (...) une pratique que beaucoup de prêtres devaient suivre (...) les langues romanes étaient déjà très loin du latin (...); le clergé (...) redevenu capable de distinguer latin et roman, pouvait hésiter et avait besoin d'être fixé (Brunot t. 1 1966, p. 142).
Rem. En ce sens, on employait aussi l'expr. langue romance: Le mot latin ne signifia bientôt plus que roman ou langue romance, et fut pris ensuite pour le mot langue en général (Chateaubr., Litt. angl., t. 1, 1836, p. 20).
Qui appartient à cette langue. Mot roman. Les noms de personnes d'origine germanique, qui avaient été adoptés par les Gaulois, furent combinés à d'autres substantifs romans; campus « champ », fons « source », mansio « maison » (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 695).
P. méton. Qui relève de cette langue, qui s'exprime en cette langue. La vieille civilisation romane dut faire face au néo-germanisme constitué sur la mer du Nord. Dès les derniers temps de l'Empire romain, l'effort de résistance (...) s'était visiblement porté vers la Gaule septentrionale (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 60).Des œuvres puissantes (...). Elles sont romanes, fondées sur des traditions romanes, célébrant des héros romans (...). Nos chansons de geste et nos romans de chevalerie et nos cathédrales sont français jusqu'à la moelle (Barrès,Cahiers, t. 10, 1913, p. 190).
En partic. [Pour caractériser la variété de cette langue dans le Midi de la France] Les chantres provençaux, les premiers, avaient-ils donné l'exemple des fictions de ce genre [celui du Roman de la Rose]? À l'origine, (...) il y eut (...) d'étroits rapports entre la littérature française et la poésie romane, qui fut (...) la sœur aînée de la nôtre (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr., 1828, p. 6).
b) Au sing. ou au plur. Langue(s) romane(s). Langue(s) vulgaire(s) issue(s) du latin populaire et parlée(s) dans une région quelconque de l'ancien Empire romain d'Occident; au plur., groupe de langues vivantes indo-européennes écrites en caractères romains. Synon. langues néo-latines.Après la rupture de l'empire romain succédèrent au latin les langues romanes (italien, sarde, provençal, français, espagnol, catalan, portugais, rhéto-roman, dalmate, roumain) (J. Manessy-Guittonds Langage1968, p. 1280):
1. ... on nous montrait le vaste monde romain tronçonné (...) par les bandes barbares. Mais chaque tronçon (...) retenait son lambeau de latin − c'était (...) à sa guise, solitairement, qu'il travaillait ce patrimoine linguistique, et en faisait peu à peu une langue romane: une langue fille du latin par filiation directe... L. Febvre,A. Meillet et l'hist., [1913] ds Combats, 1953, p. 164.
P. méton.
Qui utilise les langues romanes. Domaine, monde roman.[Le soldat romain] n'a pas fait seulement les langues romanes (...) et la terre mesurée aux peuples romans; il n'a pas fait seulement la romanie et la romanité et le monde romain et le monde latin (Péguy,Argent, 1913, p. 1217).
Qui a les langues romanes pour objet d'étude, de description. C'est encore à l'École des chartes que l'apprentissage technique du médiéviste se fait le mieux (...) grâce à des cours (...) de Philologie romane (Langlois, Seignobos,Introd. ét. hist., 1898, p. 38).
2. Subst. masc.
a) Langue vulgaire parlée en France du viiieau xies. et qui a précédé l'ancien français. Parler roman. L'ancien français a régulièrement employé une construction analogue: Cf Le cor Roland (...). Or ce procédé est né en roman d'un pur hasard (...): la réduction extrême des cas (Sauss.1916, p. 311).La seule littérature que nous possédions est celle des clercs qui écrivaient en latin (...). La « langue vulgaire », c'est-à-dire le roman, qui deviendra le français, apparaît certes, dès 842, dans le Serment de Strasbourg, mais c'est un texte de portée politique (G. Richard,Hist. de l'amour en Fr., Paris, J.-Cl. Lattès, 1985, p. 11).
b) Langue vulgaire parlée dans une région quelconque de la Romania. On trouve dans l'argot, au-dessous du vieux français populaire, (...) du roman dans ses trois variétés: roman français, roman italien, roman roman, du latin (Hugo,Misér., t. 2, 1862, p. 196).
c) En compos. V. gallo-roman (s.v. gallo- A 2), ibéro-roman (s.v. ibérique rem. 3 d).
B. − BEAUX-ARTS
1. Adj. Qui se rattache à la production artistique (notamment religieuse) répandue en Europe occidentale aux xieet xiies., rappelant l'architecture romaine mélangée d'influences byzantines et arabes, caractérisée par des lignes dépouillées, trapues, par la fréquence de l'arc en plein cintre, de la voûte en berceau, en coupole et de la voûte d'arête, par une ornementation de plus en plus exubérante (motifs géométriques, végétaux, animaux, créatures monstrueuses, scènes de la Bible et de la vie quotidienne). Abside, arcade, architecture, chapelle, chapiteau, clocher, cloître, nef, pilier, portail, sculpture, style roman(e). On ne peut rien concevoir de plus angélique dans sa simplicité romane que cette abside ronde (...). Peu d'ornements (...), mais l'équilibre divin des proportions et des courbes: une oraison qui s'élance mais reste en contact avec la terre (...), l'art roman n'a jamais connu le fol orgueil des gothiques (T'Serstevens,Itinér. esp., 1963, p. 318).V. arc ex. 12, billette ex. 2, confession ex. 1, emmurer ex. 2:
2. Cette église Sainte-Croix est une belle église romane du xiesiècle, à qui son plan circulaire, sa voûte divisée par arcades, ses colonnes engagées à leur base dans des piliers carrés, ses pleins cintres surhaussés (...) donnent je ne sais quel air bas-empire et gallo-romain (...). Ce n'est pas le christianisme rêveur de l'ogive (...), c'est plus reculé, plus latin, d'une théologie plus primitive... Flaub.,Champs et grèves, 1848, p. 279.
P. méton. Qui appartient à la période de l'art roman. Siècles romans. Au XIesiècle, les architectes romans prenaient un plan aux Romains, des détails à l'Orient (...) une coupole aux Byzantins, une charpente aux peuples du Nord (Viollet-Le-Duc, Archit., 1863, p. 488).Les peintres romans usent du signe et du symbole dans un art qui s'est détaché du réalisme issu de l'Antiquité (T. Castieau,L'Art roman, Paris, Flammarion, 1982, p. 54).
Loc. adv. À la romane. À la manière de l'art roman. Deux gros piliers largement jaspés avec des chapiteaux jaune d'œuf très massifs, historiés à la romane (Claudel,Soulier, 1929, 4ejournée, 2, p. 853).
P. anal. Qui évoque l'art roman par son arrondi, sa pureté d'expression. Je distingue [chez Claudel] (...) entre les oreilles un peu trop lourdes, ce front roman qui s'élève et s'élance avec une indicible pureté (Jammes,Mém., 1923, p. 93).Évolution d'un chant à la Vierge-Mère (...). Courbe sobre et romane partant du médium à l'invocation, atteignant son sommet (...) et s'incurvant à nouveau vers le grave pour exprimer l'agenouillement du fidèle (Migot,Lex. termes mus., 1935, p. 42).
2. Subst. masc. Art, style qui s'est épanoui en Europe occidentale aux xieet xiies. (après une longue période préparatoire remontant au viiies. selon certains) et qui a précédé le gothique. Du plus pur roman. La tour romane, la fin, le dernier mot de l'art roman (...). Sur un carré (...), s'assoit un hexagone flanqué de quatre tourelles légères (...). Jamais le roman n'a eu un essor si aérien (Michelet,Journal, 1835, p. 207).On nomme roman, le troisième style de l'architecture des moines; il se développa en Europe vers la période carlovingienne, et s'y maintint jusqu'à la fin du XIIesiècle (Lenoir,Archit. monast., 1856, p. 1).V. cistercien ex. 1.
C. − HIST. DE LA LITT. École romane. École poétique fondée en 1891 par J. Moréas, Raynaud, etc. et qui se réclamait de la culture, de l'esthétique antique, médiévale, classique. Moréas lui-même a dissous l'école symbolique pour fonder l'École romane (Verlaine, Œuvres posth., t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 383).Raynaud, toujours inquiet parce que tous les jeunes chefs de toutes les jeunes écoles poétiques doivent le détester, lui, le chef de l'école romane (Renard,Journal, 1903, p. 804).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɔmɑ ̃], fém. [-an]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. A. Ling. 1. a) 1596 Roman François « l'ancienne langue française » (Hulsius); [1671 ([Bouhours], Les Entretiens d'Ariste et d'Eugène, p. 156 ds Quem. DDL t. 21: témoin le Serment de Loüis Roy de Germanie, fait en langue Romance, et presque aussi mal-aisé à entendre que le Serment de Charles son frere Roy de France, fait en langue Thudesque)]; 1765 langue romane (Encyclop.: c'étoit une langue composée de celtique et du latin, mais dans laquelle celle-ci l'emportoit assez pour qu'on lui donnât les noms qu'on vient de dire); b) 1808 désigne la langue d'oc (Roquefort, Gloss. de la langue romane [titre]); 1816 (F.-J.-M. Raynouard, Gramm. romane ou gramm. de la langue des troubadours [titre]); c) 1863 langues romanes « l'ensemble des langues issues du latin » (É. Littré, Dict. de la lang. fr., Préf., t. 1, p. XXVIII); 2. 1898 « qui a pour objet l'étude des langues romanes » philologie romane (Langlois, Seignobos, loc. cit.). B. Beaux-arts 1818 (Gerville, lettre à Le Prévost, 18 déc. d'apr. A. Rey ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 2, 2, p. 24: Je vous ai quelquefois parlé d'architecture romane. C'est un mot de ma façon qui me paraît heureusement inventé pour remplacer les mots insignifiants de saxone et de normande); 1820 église romane, édifices romans (Id., lettre à de Vaussay, publ. ds le 1errec. de la Soc. des Antiquaires de Normandie, 1824-25, p. 88, 90, ibid., p. 25). De roman1*. Pour A, l'évolution des notions s'explique par le fait que roman s'est spécialisé dès la fin du xvies. dans la désignation de l'anc. lang. gallo-romane, p. oppos. à français qui désignait la lang. contemp.; de là le mot en est venu à désigner la lang. des troubadours chez Roquefort et surtout Raynouard qui la considéraient comme l'état intermédiaire entre le lat. et les autres lang. romanes; le sens mod. apparaît chez Littré qui s'inspire largement de l'Etymologisches Wörterbuch der romanischen Sprachen de Fr. Diez (1853), cf. aussi 1835, Fr. Diez, Grammatik der romanischen Sprachen). Voir FEW t. 10, p. 455a.
STAT.Roman1 et 2. Fréq. abs. littér.: 7 238. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 784, b) 11 479; xxes.: a) 11 061, b) 11 337.
BBG.Planche (A.). Moyen Âge et presse quotidienne. Persp. médiév. 1976, n o2, p. 81. − Rey (A.). Le Lex.: images et modèles... Paris, 1977, pp. 237-249; Orig. et emploi du mot roman en art. Trav. Ling. Litt. Strasbourg, 1964, t. 2, n o2, pp. 21-30.