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ROMANCER, verbe trans.
A. − [Corresp. à roman1A et B] Présenter sous forme de roman un pan d'histoire, le récit d'une existence, de certains faits, en utilisant les artifices romanesques, en ajoutant une intrigue sentimentale, des détails plaisants pour agrémenter la narration. D'un archevêque, (...) il nous raconte par le menu les escapades galantes; il y ajoute peut-être, ou il les romance et non sans brio (Bremond,Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 315).Dans le Diable boiteux (...) Le Sage romance les caractères de La Bruyère et les maximes de La Rochefoucauld, c'est-à-dire qu'il les relie par le fil ténu d'une intrigue (Sartre,Sit. II, 1948, p. 199).
Empl. pronom. réfl. Vigny n'a guère cessé de se romancer lui-même, et l'auteur du Journal d'un Poète prendrait place dans la descendance (...) de René. Hugo s'est fort peu romancé lui-même: quelques pages à peine (...) des Misérables sur ses jeunes amours (Thibaudet,Hist. litt. fr., 1936, p. 254).
Empl. abs. Que diriez-vous d'un livre (...) qui me serait comme une détente (...) j'ai eu tout de même une enfance (...)! Naturellement il faudrait arranger ça, romancer. Suffit (...) d'utiliser les bons morceaux (Bernanos,Mauv. rêve, 1948, p. 918).
B. − Au fig.
1. [Corresp. à roman1C 1 a et b] Rare. Introduire effectivement dans la réalité des éléments dignes du roman: l'aventure, l'amour. De jeunes personnes domiciliées dans le faubourg du Temple quittent Paris pour aller s'amuser à Valenciennes, (...) c'est une des dernières villes de France où une jeunesse raisonnable aurait l'idée d'aller égayer et romancer son existence (L'Œuvre, 7 mars 1941).
2. [Corresp. à roman1C 2] Se représenter mentalement telle chose comme plus intéressante, plus belle qu'elle n'est réellement, en estompant certains aspects, en ajoutant des enjolivements. Synon. enjoliver.Ici naît cette malheureuse envie que tant d'hommes portent à la vie des autres, apercevant ces existences du dehors (...). Il [l'observateur] (...) ne voit que la ligne de faîte de ces vies, sans prendre conscience du détail qui les ronge. Nous faisons alors de l'art sur ces existences (...), nous les romançons (Camus,Homme rév., 1951, p. 322).Qui nous assure que notre mémoire ne fausse pas, ne romance pas les faits (Arnoux,Zulma, 1960, p. 10).
Empl. abs. Je lui croyais plus de sagacité relativement aux personnes (...) je romançais un peu (Amiel,Journal, 1866, p. 191).V. aimant1ex. 15.
Prononc. et Orth.: [ʀ ɔmɑ ̃se], (il) romance [-mɑ ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1935. Étymol. et Hist. 1. Ca 1210 « écrire, composer en langue vulgaire » (Raoul de Houdenc, Meraugis, 4334 ds T.-L.); 2. 1585 romanser « composer des romans dans le genre médiéval » (Du Verdier, Bibliothèque, p. 515 ds La Curne); 3. av. 1681 « transformer des faits réels à la manière d'un romancier » (Patru, Esclaircissemens sur l'histoire de l'Astrée, éd. 1783 ds Œuvres div., t. 2, p. 499: toutes les histoires de l'Astrée ont un fondement véritable: mais l'Auteur les a toutes romancées, si j'ose user de ce mot); 1840 souvenirs légèrement romancés (Sainte-Beuve ds R. des Deux Mondes, t. 22, 1ermai, p. 382). Dér. de l'a. fr. romanz (roman1*); dés. -er. Fréq. abs. littér.: 18.
DÉR. 1.
Romançage, subst. masc.,rare. Action de romancer, de mettre en forme de roman; résultat de cette action. Son livre [de H. Béraud] tombait en pleine mode des biographies romancées (...). On a pu croire que les biographies tueraient le roman. Le roman vit toujours et les romançages biographiques sont morts (Le Figaro littér., 29 avr. 1968, p. 21, col. 3).− [ʀ ɔmɑ ̃sa:ʒ]. 1reattest. 1930 (B. Crémieux, in NRF n o196, janv., p. 133 ds Quem. DDL t. 15); de romancer, suff. -age*.
2.
Romancement, subst. masc.,rare., synon. de romançage.Ce sera l'histoire du boulangisme. Et comme il parle d'une intrigue là dedans et que je lui dis qu'il devrait faire ça comme mémoires, d'après ce qu'il a vu (...), il me dit beaucoup de paroles vagues, qui ne m'expliquent pas du tout le romancement de la vraie histoire (Goncourt,Journal, 1896, p. 998).[ʀ ɔmɑ ̃smɑ ̃]. 1reattest. 1896 id.; de romancer, suff. -ment1*.