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ROGNURE, subst. fém.
Fréq. au plur.
A. − Ce qui se détache, ce qu'on enlève d'une chose que l'on rogne, ou coupe. Synon. parure, retaille.Rognure de tissu, de cuir, de métal, de papier, de verre. Les boîtes de morceaux sont faites avec les rognures d'écaille trop petites pour être utilisées directement comme il vient d'être dit (Rousset, Trav. pts matér., 1928, p. 110).Le sorcier attardé en nos temps modernes continue à croire (ou à faire croire) qu'en agissant sur les cheveux ou les rognures d'ongles d'une personne il agit sur elle par solidarité (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 121).V. rogner ex. 1.
En partic. Opération qui consiste à rogner et spéc., en reliure, passage d'un livre au massicot. Synon. massicotage, rognage (dér. s.v. rogner1).Cette triple opération de la rognure est exécutée par des machines dérivées de celle de Massiquot (Civilis. écr., 1939, p. 12-2).
Vieilli. Parcelle de métal précieux provenant de la retaille frauduleuse d'une monnaie. Et saisissant ses grands ciseaux, il rogna de-ci de-là des pièces d'or (...). Et il recueillit (...) les rognures dans une sébile (A. France, Contes Tournebroche, Mir. pie, 1908, p. 42).
B. − Reste de quelque chose (souvent de nourriture) plus ou moins répugnant. Synon. rogaton.Six vagabonds habillés d'aumônes mangeaient des rognures mendiées aux cuisines proches du restaurant (Hamp, Champagne, 1909, p. 214).Vieilles croûtes, épluchures, os et bribes de nourriture, objets hors d'usage, chiffons, ferrailles. Elle acceptait tout, emportait tout et entassait des horreurs, des rognures, des objets sans nom dans toutes les pièces de son étrange masure, où je l'allai voir un jour (Duhamel, Désert Bièvres, 1937, p. 104).V. gargot rem. s.v. gargote ex. de Zola.
En partic. Déchet résultant de l'apprêt de la viande de boucherie, servant de nourriture aux animaux domestiques. Nous sommes descendus ensemble, jusqu'au boucher de la rue des Quatre-Vents pour y prendre mes rognures pour mes chiens (Léautaud, Journal littér., 3, 1912, p. 69).
[Terme d'injure] Va donc, eh, rognure! Tas de rognures! Synon. charogne. (Ds Éd. 1967).
C. − Au fig., gén. péj. Fragment détaché d'un tout, morceau, extrait d'une œuvre, d'une pensée. N'est-il pas extraordinaire, dis-je intérieurement, si l'homme est, comme on l'assure, le plus parfait des ouvrages de Dieu, que ce grand artiste de la création, qui avait à sa disposition tous les moules d'une invention inépuisable, ait été réduit par impuissance, (...) à composer son chef-d'œuvre des rognures de tous ses essais (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 126).On comprend le mal que s'est donné cet esprit subalterne qu'était Renouvier − nourri des rognures et détritus de Kant − pour supposer un ordre dans ce chaos [l'œuvre de Hugo] (L. Daudet, Hérédo, 1916, p. 236).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɔ ɳy:ʀ]. Ac. 1694, 1718: -gneure; 1740: -gnûre; dep. 1762: -gnure. Étymol. et Hist. a) [Fin xies. rodognedures « ce qui tombe d'une chose qu'on rogne » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, n o907)]; fin xiies. roignëure « tonsure » (Sermons St Bernard, 137, 14 ds T.-L.); 1246 rognëure « id. » (Gossuin de Metz, Image du monde, ibid.; lire Rom. XXI et non XXIV); 1306 rongneure « ce qui tombe d'une chose qu'on rogne » (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 409); 1636 rognure (Monet); b) fig. 1611 rongneure « fragment détaché d'un tout » (Cotgr.); 1740-55 « parcelle de territoire enlevée au pays dont elle faisait partie » (Saint-Simon, Mémoires, II, 321 ds DG). Dér. de rogner1*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér.: 60. Bbg. Quem. DDL t. 25.