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ROCHE, subst. fém.
I. − Dans le lang. cour.
1.
a) Masse de pierre qui affleure, ou qui est isolée au-dessus de la surface du sol en blocs importants. Cette pierre est une énorme roche qui s'avance en saillie par-dessus le sentier (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 395):
1. Le Chaco qui s'étend au pied des Andes ne renferme pas un seul caillou; les indigènes s'y servent d'os, de coquillage, de dents et de bois dur, car il est difficile d'importer des roches. Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 127.
Cristal de roche. V. cristal A 2.Eau de roche. Eau très limpide qui jaillit d'une roche. Des interstices de la pierre jaillissaient en bruine vaporeuse ou filtraient en larmes de cristal des sources d'eau de roche (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 68).Pierre de roche ou, p. ell., roche. Pierre la plus dure d'une carrière employée pour la construction. La roche proprement dite est un calcaire dur et coquillé d'un grain très serré, demi-compact, très dense et propre aux travaux de maçonnerie (Bourde, Trav. publ., 1928, p. 82).Roche vive. Roche compacte, sans corps étranger. J'étais seul, les pieds dans le sable, assis sur des roches vives (Fromentin, Dominique, 1863, p. 202).
[P. allus. hist.] La roche Tarpéienne. Colline de Rome d'où l'on précipitait les criminels condamnés à mort. Il projetait au milieu du Champ-de-Mars un temple, au pied de la roche Tarpéienne un amphithéâtre, à Ostie un port (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 279).Il n'y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. La chute peut être très proche du triomphe.
b) En partic. Importante masse de pierre située dans l'eau et pouvant affleurer; récif. La pointe méridionale (...), celle du sud-ouest de l'île, est terminée par quelques roches ou brisans, qui portent au large d'environ un quart de mille (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 69).L'excès du tirant d'eau, qui brise la carène contre les roches sous-marines (Maizière, Nouv. archit. nav., 1853, p. 57).
Poisson de roche. Petit poisson vivant aux alentours des roches. Ces jolis poissons de roche de la Méditerranée (...) qui semblent peints pour plaire aux yeux (Maupass., Sur l'eau, 1888, p. 306).
c) Vx. Minerai qui renferme des pierres fines ou précieuses. Turquoise de (la) vieille roche. Variété de turquoise issue de gisements anciens. Turquoise de la nouvelle roche. Variété de turquoise dont la formation est plus récente. Turquoise de vieille roche. Turquoise bleue, purement minérale. (...) Turquoise de nouvelle roche. Turquoise provenant de dents et d'os enfouis au sein de la terre et accidentellement colorés en bleu verdâtre (A. Pérès, Pierres et roches, 1896, p. 43).
d) Région. (Canada). Pierre, caillou. Un homme ça réagit toujours de façon stupide devant un oiseau. J'ai vu un homme parler à un oiseau (...). Un autre, donner des coups de pieds, tirer des roches, siffloter (J. Garneau, Inventaire pour St-Denys, 1972, p. 109 ds Richesses Québec 1982, p. 2026).
2. P. méton., au sing. Matériau minéral qui constitue une roche. Taillé dans la roche. Les gîtes [des mines de diamants du Cap] sont formés d'une roche dure, épanchée à travers de véritables boutonnières ouvertes dans le schiste (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 463).À l'endroit où les murailles de roche sont le plus abruptes et le plus élevées, l'île est fendue en deux, dans toute sa hauteur, par une gorge étroite (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 131).
SYNT. Roche blanche, éboulée, élevée, escarpée, moussue, grise, nue; grande, grosse, haute roche; banc, bloc de roche; au flanc, au milieu des roches; parmi les roches; fragment, pain, pointe, quartier, saillie de roche.
3. Expr. fig.
Anguille sous roche. V. anguille A.Clair comme de l'eau de roche. V. eau I A 2 c.Cœur de roche. Cœur insensible. Ils s'embrassèrent à s'étouffer; c'était à arracher des larmes, à attendrir un cœur de roche (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 7):
2. m. dubriage: Quoi! ce proche parent?... laure: N'a pas daigné nous voir. m. dubriage: Que dites-vous? cet homme a donc un cœur de roche!... laure: Ce n'est pas le moment de lui faire un reproche. Non, il n'est point cruel; il est humain et bon... Collin d'Harl., Vieux célib., 1792, IV, 3, p. 97.
De (la) vieille, d'ancienne, de l'ancienne roche. De qualité, d'une authenticité garantie par la tradition, l'ancienneté. Le Français de l'ancienne roche, le Français dont cette littérature [actuelle] peint le caractère, n'a aucun goût pour les beautés naturelles (Stendhal, Mém. touriste, t. 3, 1838, p. 263).Cet endroit, visiblement fait pour boire vite et sans plaisir, et non pour y causer gentiment, en bon Français de la vieille roche (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 80).Mes associés, qui sont des capitalistes de vieille roche (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 163).(Noblesse) de (la) vieille roche. (Noblesse) très ancienne, de vieille souche. Les comtesses resteront, reprit de Marsay. Une femme élégante sera plus ou moins comtesse, comtesse de l'Empire ou d'hier, comtesse de vieille roche, ou, comme on dit en italien, comtesse de politesse (Balzac, Autre ét. femme, 1842, p. 381).
II. − Dans le lang. des sc. de la terre
A. − GÉOL., PÉTROGR.
1. Matériau solide ou liquide constitutif de l'écorce terrestre et de celle des planètes, composé de minéraux, présentant les mêmes caractères d'ensemble à assez grande échelle. La science des roches porte depuis longtemps le nom de pétrographie que certains auteurs anglais et américains réservent toutefois à sa partie descriptive (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 486):
3. ... les variations de la température agissent sur la désagrégation des roches, l'eau des pluies tend à enlever par dissolution ou transport certains de leurs constituants, les eaux et les vents produisent une érosion, et les sols parviennent jusqu'à des états où s'efface plus ou moins la nature des roches primitives. Maurain, Météor., 1950, p. 199.
[Matériau caractérisé par ses constituants minéraux] La désagrégation des roches granitiques sous l'influence des agents atmosphériques (Boule, Conf. géol., 1907, p. 66).[Matériau caractérisé par son aspect, sa présentation] Des roches disposées en assises (...) et que, pour ce motif, on appelle roches stratifiées (Lapparent, Abr. géol., 1886, p. 3).[Matériau caractérisé par ses propriétés] Nous connaissons maintenant, dans les roches les plus solides, une perpétuelle transformation des espèces minérales (Teilhard de Ch., Phénom. hum., 1955, p. 67).
2. [Classification des roches suivant leur origine] Roches endogènes, éruptives, ignées ou magmatiques. Roches qui proviennent de la profondeur de l'écorce terrestre. Roches exogènes, sédimentaires. Roches qui proviennent des roches endogènes érodées, désagrégées, remaniées mécaniquement. Roches métamorphiques. Roches qui proviennent de la transformation des roches sédimentaires ou magmatiques par l'influence de la pression, de la température ou d'une action chimique. Le micaschiste est une roche métamorphique, comme on l'admet généralement aujourd'hui (Élie de Beaumontds B. Sté géol. Fr., t. 4, 1847, p. 58).La croûte terrestre est constituée par des roches d'origine interne, appelées roches ignées et par des roches formées en surface, dites roches sédimentaires. La transition entre ces deux catégories est assumée par les roches métamorphiques (Metta, Pierres préc., 1960, p. 15).
B. − PÉDOL. Roche(-)mère. Roche à partir de laquelle s'est constitué le sol par des altérations physiques ou chimiques. Les sols forestiers sont formés d'une part par la désagrégation de la roche sur laquelle ils reposent et que l'on appelle pour cette raison la « roche mère », d'autre part par la décomposition des débris végétaux (Cochet, Bois, 1963, p. 48).L'acidification est un phénomène général même sur les sols développés sur roche-mère calcaire (Wolkowitsch, Élev., 1966, p. 99).
SYNT. Analyse, étude, composition, formation, genèse, groupe, métamorphisme, nature des roches; roche ancienne, basique, cristalline, naturelle, poreuse, siliceuse.
Prononc. et Orth.: [ʀ ɔ ʃ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xes. « bloc considérable de pierre très dure, en masse ou isolée » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 323); b) 1553 « appui, refuge (terme biblique) » (Bible de l'imprimerie Gérard, Samuel, 22, 3); c) av. 1573 cœur de roche « dur, insensible » (Jodelle, Œuvres, I, 168 ds IGLF); 1587 [éd.] « chose ferme, inébranlable » (Malherbe, Les Larmes de Saint Pierre imitées du Transille, 74 ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 1, p. 7: cette roche de foi); d) 1690 eau de roche (Fur., s.v. eau); 1690 fig. clair comme de l'eau de roche (Fur.); 2. a) 1178 « pierre (matériau utilisé dans la construction d'un mur) » (Renart, éd. M. Roques, 3326); b) ca 1210 « caverne, grotte » (Guiot de Provins, Bible, 1885 ds T.-L.); c) ca 1245 roce « château fort bâti sur une roche, citadelle » (Philippe Mousket, Chronique, éd. Reiffenberg, 17039); d) 1269 roke « carrière de pierres » (doc. de Tournai ds Gdf.); 3. a) 1677 cristal de roche (Miege); b) 1683 turquoise de vieille roche (Inventaire gén. du mobilier de la Couronne sous Louis XIV, éd. J.-J. Guiffrey, t. 1, p. 198); 1690 « matière pierreuse contenant des pierres fines » (Fur.); d'où fig. 1653 Dieu de la vieille roche (Scarron, Virgile travesti, VII, 287a ds Richardson); c) 1690 « borax impur » (Fur.); d) 1691 roche de feu (Ozanam); 1736 roche à feu (Aubin); e) 1749 « substances minérales considérées en masse (terme de minér.) » (Buffon, Théorie de la terre ds Hist. nat. t. 1, p. 330); 1776 « granit » (Valm.); 1779 « pierre la plus dure d'une carrière » (Saussure, Voyages dans les Alpes, t. 1, p. 98 ds Brunot t. 6, p. 602); 1835 pierre de roche (Ac.). Représente un type rocca, d'orig. inc., sans doute prélat. (d'où aussi l'ital. dialectal rocca, le cat. et l'esp. roca et l'it. roccia empr. au fr.). Fréq. abs. littér.: 2 028. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 039, b) 5 374; xxes.: a) 1 979, b) 1 961. Bbg. Blochw.-Runk. 1971, p. 458.