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RIVE, subst. fém.
I.
A. −
1.
a) Bande de terrain qui borde une étendue d'eau douce. Synon. plus rare rivage (v. ce mot B 1).Rive opposée; de rive en rive. Le Meschascebé (...) se lassa de n'être qu'un limpide ruisseau (...). Bientôt il franchit ses rives, et désole ses bords charmans (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 461).Ils suivirent la berge du Rhin, qui se hâtait avec une paix puissante, entre ses rives basses, vers sa mort dans les sables du Nord (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 1083).V. barge ex. 2.
Rem. 1. Hésitation entre rive et rivage, parfois considérés comme équivalents dans le sens I A aussi bien que dans le sens I B: Lully est là, sur la rive. On voit tout le lac du village (...). La rive qu'on a sous soi se déroule largement, avec ses petits golfes (...); mais, sur l'autre rivage, (...) il y a des montagnes (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 21). 2. Rive s'emploie plutôt à propos de l'eau douce et désigne un bord étroit, rivage s'emploie plutôt à propos de l'eau marine et désigne un bord plus large: Nous fumons (...) en regardant les rives du fleuve. (Ce sont plutôt des rivages. Ça ressemble à la mer) (Flaub., Corresp., 1850, p. 164).
b) Rive droite/gauche. Bord droit ou gauche d'un cours d'eau par rapport à un observateur tourné vers l'aval. La rive gauche qui regarde le soleil, se pare de belles vignes (...). Les sapins qui couvrent la rive droite du torrent (...) jouissent visiblement de ce vent des Alpes (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 428).V. marge ex. de Ramuz.
P. méton. Rive (droite/gauche). Quartier de Paris longeant la Seine (à droite/à gauche). Pendant que les spéculations mercantiles occupent (...) les habitans éveillés de la rive droite de la Seine, les travaux scientifiques sont l'occupation principale des habitans de la rive gauche (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 135).Empl. adj. inv. Littérature, mode, etc. rive-droite/ rive-gauche. Littérature, mode, etc. relative à tel quartier parisien bordant la Seine. Visite du secrétaire de rédaction d'une revue de « grand luxe » (...). D'après la conversation, l'esprit est un peu rive-droite (...); on se défend de suivre la mode et on méprise le « snobisme » (Larbaud, Journal, 1934, p. 333).Les polars rive-gauche, c'est comme les livres à la mode. Il faut qu'il y ait quelques obscurités, c'est nécessaire au standing (Le Républicain lorr., 16 mai 1985, p. 11, col. 1).Empl. subst. inv., rare. Personne habitant dans tel quartier parisien bordant la Seine. Femmes du quartier (...) dames d'employés de l'autre côté de l'eau, les Rive droite venues par l'omnibus (Lorrain, Âmes automne, 1898, p. 31).
Rem. À noter chez Verlaine ( Œuvres posth., t. 2, Souv. et prom., 1896, p. 159) une tentative plais. pour renforcer la valeur adj. ou subst. de rive-droite, rive-gauche par l'adjonction des suff. -er, -ier: En ma qualité de rive-droitier j'opérais mes excursions rives-gauchères en compagnie (...) de François Coppée.
2. P. anal., gén. au plur. Ce qui évoque les rives d'un cours d'eau par ses bords plus ou moins parallèles. Synon. plus rare rivage (v. ce mot B 2).Rives de la route. Un fleuve de sauges rouges tournait mollement le long de l'allée, entre des rives d'asters (Colette, Chéri, 1920, p. 85).Nous nous engageâmes entre les hautes rives des maisons noires où les rails coulaient pareils aux filets d'eaux vives et rapides d'un fleuve (Vialar, Faux fuyants, 1953, p. 122).
3. Au fig. Synon. de rivage (v. ce mot B 3).
a) Ce qui suit quelque chose ou contient quelque chose dans ses limites; ce qui demeure fixe, immuable, par rapport à un changement incessant. Jamais je ne pus enchaîner dans des canaux étroits et réguliers les débordements tumultueux de mon esprit, qui toujours inondait ses rives malgré moi (Vigny, Chatterton, 1835, i, 5, p. 265).Pendant vingt-quatre heures, son temps allait couler entre des rives nettoyées, des berges désencombrées (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 12).
(Sans fond et) sans rives; sans fond ni rive. Sans limite. (V. fond I B 1 a). On s'endort dans la foi, et l'on se réveille dans la lumière, dans l'amour sans fond et sans rives (Lamennais, Lettres Cottu, 1831, p. 223).N'avoir ni fond ni rive. Être difficile à appréhender. La « philosophie » de ses anciens amis lui paraissait n'avoir « ni fond ni rive » (...). Il s'en remettait aux évidences du « sentiment intérieur » (Guéhenno, Jean-Jacques, 1950, p. 274).
b) Ce qui présente une succession d'images, d'événements variés, généralement agréables. Il était encore (...) le grand saint Christophe qui (...) passa la littérature de la rive romantique à la rive naturaliste (A. France, Vie littér., 1891, p. 303):
Les rives de la vie d'abord sont riantes et couvertes de verdure (...). Tandis que votre bateau glisse (...), votre âme et votre corps jouissent (...). Mais de loin ceux qui vous précèdent sur le fleuve (...) crient (...), ils n'ont plus sur les rives qu'une herbe jaune et brûlée (...); ils voudraient remonter le courant, mais aucune force humaine ne le peut; ils croient que ses belles rives ont fui (...); elles restent pour ceux qui viennent après eux, qui passent comme eux. Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 278.
c) MYTH., littér. Rive fatale, infernale, sombre; la/les rive(s) de l'Achéron/du Styx, etc. Rive(s) des fleuves des Enfers. Synon. mort, rivage (v. ce mot B 3 b).Quand j'aurai subi ma destinée, Du Léthé bienfaisant la rive fortunée Me prépare un asile (Chénier, Élégies, 1794, p. 58).V. beau ex. 18, ombre ex. 12.
B. −
1. Large bande de terrain qui borde une étendue d'eau marine. Synon. côte, littoral, rivage (v. ce mot A 1, plus fréq. que rive dans ce sens).La courbe harmonieuse de la rive mentonaise enfermait cette onde pure dans un cadre fleuri. (...) la rive nonchalante, la mer pâmée, les montagnes violettes, tout ce tableau (...) évoquait des idées de caresses (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 61).La mer dure emportait les sables de la rive, (...) changeant toujours la forme du littoral (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 574).V. lotissement ex.
2. P. anal., gén. au sing. Bord d'un espace, d'un édifice, etc. Synon. lisière.Une houle de flamme torrentielle semblait sortir du soleil (...) et couler directement jusqu'à la rive du bois d'Aphrodite (Louÿs, Aphrodite, 1896, p. 81).De larges navires d'ombre naviguent sur les collines. Le vol des nuages s'élance d'une rive du ciel à l'autre (Giono, Regain, 1930, p. 60).
3. Au fig. Ce qui représente une sécurité, un apaisement face à un péril ou ce qui représente une limitation, une nécessité, une contrainte face à une liberté. Synon. rivage (v. ce mot A 3).Viens encore, le bonheur est là (...). Nous n'avons pas complètement perdu de vue la rive du chagrin, nous ne sommes pas encore au plein-mer de la rêverie (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 329).L'amour est une mer dont la femme est la rive (Hugo, Légende, t. 4, 1877, p. 772).
C. − P. méton. (avec A et B), vx. Contrée située au voisinage d'une étendue d'eau, pays où l'on aborde. Synon. rivage (v. ce mot C).D'un culte ébranlé défenseurs mercenaires, Mes soldats, rassemblés des rives étrangères Sont un amas confus de mille nations (Constant, Wallstein, 1809, iii, 3, p. 92).Dans les soirs d'Amsterdam, lorsque la brume arrive (...) Et qu'on entend mugir vers leur lointaine rive La panthère alanguie et les tristes lions (Noailles, Éblouiss., 1907, p. 22).
II. − Spéc. [P. réf. plus ou moins explicite à I A ou B]
A. − ARCHIT., BÂT.
1. ,,Bord d'une toiture. Particulièrement bordure en terre cuite d'une toiture en tuiles`` (Vogüé-Neufville 1971). [François] vit la maison (...). Il y avait, festonnant les chevrons de rive, un découpage de bois en fleurs de lis (Genevoix, Avent. en nous, 1952, p. 33).
2. Poutres de rive. Poutres longitudinales qui soutiennent à chaque extrémité le tablier d'un pont. (Dict. xxes.).
B. − SPORTS (alpin). Bord d'un glacier, d'un couloir. On dit « rive droite » ou « gauche », toujours dans le sens de l'écoulement (Samivel, L'Amateur d'abîmes, Petit dict., 1940, p. 239 ds Quem. DDL t. 27).
C. − TECHNOL. Bord d'une pièce de bois, de métal, etc. Les deux rives extérieures du chambranle qui encadre la croisée (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 6, 1930, p. 11).V. barlot(t)ière ex., isolant I B 1 ex. de Cl. Duval.
Rive d'un four. Bord du four. (Dict. xixeet xxes.). Pain de rive. Pain déposé sur la rive d'un four et bien cuit sur toute sa surface (Dict. xixeet xxes.).
Prononc. et Orth.: [ʀi:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1100 « terrain bordant un cours d'eau » (Roland, éd. J. Bédier, 2799: n'est remés chevaler Ne seit ocis o en Sebre [l'Ebre] neiet. Desur la rive sunt Franceis herbergiez); ca 1175 la rive de Seigne (Benoît de Ste-Maure, Chron. des ducs de Normandie, 11262 ds T.-L.); 1795 la rive gauche du Rhin, limite de la république fr. (G.-G. bockmer, Journ. du bon homme Richard, n o161, p. 31 ds Quem. DDL t. 21); b) déb. xiies. « rivage de la mer » (Benedeit, St Brendan, 1513 ds T.-L.); ca 1200 rive de mer (Chans. Guillaume, éd. D. McMillan, 1934); 2. fig. a) 1146-70 venir a rive « arriver à bon port, venir à bout d'une difficulté » (Jeu d'Adam, éd. W. Noomen, 574); b) 1176 ne trover fonz ne rive en [aucune rien] « ne pas trouver de limite » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 4296); 3. a) 1678 plur. « pays, contrée [où l'on aborde] » (La Fontaine, Fables, IX, 2: Amants, heureux amants, voulez-vous voyager? Que ce soit aux rives prochaines); b) 1797 désigne un large territoire (Postillon de Calais, n o581, 2b ds Quem. DDL t. 21: Lettre de la rive droite du Rhin). B. a) 1314 « bord d'un objet » (Chir. de Henri de Mondeville, 1091 ds T.-L.: les extremités d'eles [des sondes] soient cousues o les rives des pertuis des fasciez); b) av. 1525 spéc. « bord (d'un jardin) » (Pierre Gringore, Quenouille spirituelle, 711-712 ds Ch. Oulmont, Pierre Gringore, Paris, 1911, p. 452); 1549 rive d'ung bois (Est.); c) 1549 techn. « bord d'un four près de l'ouverture » pain de rive (ibid.); d) 1586 la rive de mon lit (Louveau, tr. Apulée, III, 1 ds Hug.). Du lat. ripa « rive; rivage, côte ». Fréq. abs. littér.: 3 289. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 272, b) 5 120; xxes.: a) 3 717, b) 4 509. Bbg. Quem. DDL t. 21, 27, 30.