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RÉTIF, -IVE, adj.
A. − [En parlant d'une monture] Qui s'arrête ou recule au lieu d'avancer et refuse opiniâtrement d'obéir. Âne, cheval, mulet rétif. Son barbe cordouan, rétif, faisait des voltes (Heredia,Trophées,1893, p. 198).P. compar. Au moment de parler il se dérobait comme un cheval rétif devant l'obstacle (Aymé,Vouivre,1943, p. 235).
B. − P. anal.
1.
a) [En parlant d'une pers.] Qui résiste à toute contrainte, qui refuse de se laisser diriger, persuader. Anton. docile, obéissant.Caractère rétif; nature rétive; écolier rétif. Dans sa bouche, la guerre devenait une sorte de grande blague (...). En l'écoutant, le plus rétif des auxiliaires eût demandé à partir au front (Dorgelès,Croix de bois,1919, p. 304):
Il ne supportait pas qu'Édouard prît ascendant sur lui, et, devant que de céder à l'influence, il regimbait. Édouard, qui ne songeait aucunement à le plier, tour à tour s'irritait et se désolait à le sentir rétif, prêt à se défendre sans cesse... Gide,Faux-monn.,1925, p. 1078.
[Suivi d'un compl. prép.] Qui résiste, est réfractaire à; qui est insensible à. Rétif à + subst. ou plus rarement + inf.Être rétif à tout conseil, à toute critique. Les petits H et M., fils de grande famille, semblent et sont de simples rustres rétifs à la culture, bons pour la chasse (Taine,Notes Anglet.,1872, p. 60).Vous vous attendiez à trouver une Zahidé (...) curieuse de voir de près un auteur célèbre, et pas trop rétive à lever son voile (Loti,Désench.,1906, p. 120).Rétif devant + subst. (rare).Si quelqu'un se montre insensible aux arts, ou rétif devant la géométrie, on ne peut s'en consoler que si on le méprise (Alain,Propos,1927, p. 704).
Empl. subst. On eut beau hurler et tempêter derechef encore, il demeura sourd à toutes les clameurs. Sapristi, le rétif! (Cladel,Ompdrailles,1879, p. 206).
b) [P. méton.] Mon adversaire avait des amis qui ne reculaient pas devant les dépenses du transport et du séjour; moi, je m'adressais aux bourses rétives et aux panses sensibles (Reybaud,J. Paturot,1842, p. 330).
[En parlant de certains attributs, du comportement] Qui traduit cette manière d'être, qui en est l'effet. Air, visage rétif; attitude rétive; lèvres rétives. Elle voulut l'aider, mais elle rencontra sa petite main rétive. − Laisse-moi faire tout seul, dit-il (Roy,Bonheur occas.,1945, p. 270).Empl. subst. Il eut le droit de serrer un peu plus fort que l'amitié ne le permettrait la jolie main au collier d'ambre; mais la petite main ne répondit pas vivement à ces protestations; elle fit la rétive (Champfl.,Bourgeois Molinch.,1855, p. 119).
2. Littér. [En parlant d'une chose] Qui résiste, qui ne se prête pas aisément à ce que l'on voudrait.
a) [En parlant d'une chose concr., d'un objet] Qui ne se laisse pas manier facilement. Vous reconnaîtrez sur les bras, à la taille, autour du cou, une science de plis qui drape la plus rétive étoffe, de manière à vous rappeler la Mnémosyne antique (Balzac,Autre ét. femme,1842, p. 386).Les vieilles, douces et paisibles serrures furent remplacées (...) par des serrures capricieuses et rétives (A. France,Révolte anges,1914, p. 57).
En partic. Cheveux rétifs. Que l'on ne peut faire tenir en place. Plusieurs copains (...) s'étant craché dans les mains, collent de leur mieux leurs cheveux rétifs (Dorgelès,Croix de bois,1919, p. 66).[En parlant d'un sol, d'une plante] Qu'il est difficile de faire produire, fructifier. Espèce rétive. La terre des Galart était rétive et dure (La Varende,Manants du Roi,1938, p. 1).V. arcure ex. 1.
Au fig. Le bonheur de l'Action Française, sur tous ses plans, c'est d'avoir des hommes qui font tout marcher, auxquels les événements, d'abord rétifs, finissent par obéir (L. Daudet, Vers le roi,1920, p. 234).
b) [En parlant d'un organe] Qui remplit mal sa fonction. Je compte écrire (...) une série justicière à tout casser de gouaillerie à la glace (...). Ça secouera peut-être la rate rétive des lecteurs de cette gazette (Villiers de l'I.-A.,Corresp.,1887, p. 161).La femme du libraire (...) tendait une oreille rétive aux propos du philosophe, car elle était à peu près sourde (Tharaud,Péguy,1926, p. 142).[P. méton.] Souffle rétif. De ce baragouin par moment incompréhensible, de cette parole rétive, qui sort comme d'éructations, s'échappent des observations, des pensées pleines de profondeur (Goncourt,Journal,1870, p. 671).
[En parlant du siège des facultés mentales] Qui ne répond pas à ce que l'on en attend. Cervelle rétive. Je vous confesse tout d'abord qu'au moment d'appliquer mon effort à concevoir le monde des mythes, j'ai senti mon esprit rétif; je l'ai poussé, j'ai forcé son ennui et ses résistances (Valéry,Variété II,1929, p. 228).[P. méton.] Imagination, pensée rétive. En levant le nez pour chercher un mot rétif, j'aperçois Roubaud fort occupé à crayonner mon portrait (Colette,Cl. école,1900, p. 202).
REM.
Rétiver, verbe intrans.Se montrer rétif. Synon. regimber, renâcler.Vous avez l'habitude d'être assez gobé par les femmes (...) et quand quelqu'une rétive (...) ça vous étonne (Gyp,Mmela Duchesse,1893, p. 75).
Prononc. et Orth.: [ʀetif], fém. [-i:v]. Ac. 1694, 1718: restif; dep. 1740: rétif. Étymol. et Hist. Ca 1100 faire (qqn) restif « immobiliser, forcer à s'arrêter » (Roland, éd. J. Bédier, 1256); 1. ca 1160 « (cheval) qui refuse d'avancer » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 6738); 2. déb. xiiies. « (personne) qui s'oppose, ne se laisse pas faire » (Chrétien de Troyes, Cligès, ms. Bibl. Nat. fr. 794, éd. M. Roques, 5114 [éd. W. Foerster, 5174 var. mss S A]). Issu d'un b. lat. *restivus prob. abrév., par haplologie, d'un type *restitivus, dér. de restare (v. rester) que permettent aussi de postuler l'ital. restio et le rhéto-rom. (Frioul) restif (FEW t. 10, p. 320a). Fréq. abs. littér.: 181.
DÉR.
Rétivité, subst. fém.a) Refus d'obéir (d'une monture). Un dressage bien conduit vient généralement à bout de la plupart des manifestations de la rétivité (résistances, défenses) (TondraCheval1979).b) α) Caractère d'une personne rétive. [Mmede Verdelin] put se flatter pendant quelque temps d'avoir vaincu cette rétivité de nature [de Rousseau] qui allait se redresser, plus âpre que jamais, dans le malheur et la solitude (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 9, 1865, p. 411). β) Caractère de ce qui ne répond pas à la volonté. Je suis humilié, nom de Dieu, et humilié par devers moi de la rétivité de ma plume. Il faut la gouverner comme les mauvais chevaux qui refusent (Flaub.,Corresp.,1853, p. 339). [ʀetivite]. 1resattest. 1315-17 restiveté « résistance obstinée (d'un animal) » (Assises de Jérusalem, éd. Beugnot, t. 1, livre de Jean d'Ibelin, CXII, p. 184), 1461 id. « résistance, opposition (de personnes) » (G. Chastellain, Chron., III, XXVII, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 130), 1853 rétivité (Flaub., loc. cit.); de rétif, suff. -eté, -ité, v. -té.