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RESTITUER, verbe trans.
I. − Qqn restitue (qqc./qqn)
A. − Qqn restitue qqc.
1. ARCHÉOL., ÉPIGR. Rétablir dans son état premier, original, ce qui a subi des altérations. Synon. reconstituer.Restituer un texte, une fresque, un édifice. Toutes ces inscriptions latines ou grecques [dans la librairie de Montaigne], au nombre de trente-trois, sont loin d'être intactes, et il a fallu les déchiffrer, les restituer ni plus ni moins que des inscriptions antiques (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 157).Sur celles-ci [de hautes collines] s'élève, pour caractériser le lieu, un coquet château féodal à tourelles restitué par un architecte de Cologne (Barrès,Scènes et doctr., t. 2, 1902, p. 142).
Au fig. Rétablir, recréer ce qui n'existe plus. Ce récit restitue à peu près l'atmosphère difficile de cette époque et c'est pourquoi le narrateur y attache de l'importance (Camus,Peste, 1947, p. 1379).
En partic. Représenter à l'aide d'un plan ou d'une maquette l'état présumé d'une construction actuellement en ruines ou disparue (d'apr. Noël 1968). L'historien (...) restitue le Temple de Salomon, son pylône de style égyptien (A. France,Vie littér., 1890, p. 318).
2. NUMISM. Restituer une monnaie romaine. La faire frapper de nouveau, longtemps après sa première émission (d'apr. Jossier 1881). Plusieurs des monnaies de bronze d'Auguste, d'Agrippa, de Tibère (...) ont été restituées par Titus et Domitien (Jossier1881).
En empl. adj.
Monnaie restituée. Synon. monnaie de restitution*.On reconnaît une monnaie restituée à la présence du mot restituit, qu'elle porte tantôt en entier, tantôt en abrégé, suivi du nom du prince qui l'a fait fabriquer (Jossier1881).
Médaille restituée. Synon. médaille de restitution*.,,Médaille d'un empereur romain frappée par l'ordre d'un de ses successeurs`` (Bach.-Dez. 1882). Les médailles restituées sont assez rares et entièrement semblables, sauf la légende constatant la restitution, aux types primitifs (Bach.-Dez.1882).
3. DR., vx. Restituer les lieux. Rétablir, remettre et rendre les lieux dans le même état. Les lieux donnés à loyer doivent être restitués par le locataire tels qu'il les a reçus (Ac.1835, 1878).
4. TOPOGR. ,,Établir le plan d'un terrain au moyen de photographies`` (Topogr. 1980).
B. − DR. Qqn restitue qqn.,,Remettre une personne dans l'état où elle était avant un acte ou un jugement qui est annulé. Il a obtenu un jugement qui le restitue en entier. Se faire restituer contre son obligation, contre sa promesse. Se pourvoir par requête civile pour être restitué contre un jugement`` (Ac.).
II. − Qqn restitue qqc. (ou plus rarement qqn) à qqn (ou plus rarement à qqc.)
A. − Rendre ce qui a été pris ou possédé injustement ou illégalement. Synon. redonner.
1. Qqn restitue qqc. (à qqn).Que parlez-vous d'ailleurs de donation? On me restitue ce qu'on a dérobé, on me rend les biens qu'on m'a pris, et cela s'appelle une donation! (Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p. 112).Tu me dis que tu as trouvé mes 2.000 écus et tu crois t'en tirer en me racontant que tu les as rendus à Urbain. Mais ce serait trop facile et tu vas me les restituer (Camus,Esprits, 1953, iii, 5, p. 512).
Qqn restitue qqc.Il faut que tu restitues sur-le-champ cette fortune dont tu jouis (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 1, 1859, p. 69).
[P. méton. de l'obj.] Qqn restitue qqn.Tout d'abord, il [le juge] lui a dit: − Avant de présenter votre défense, retournez donc les mandats... restituez donc vos souscripteurs! (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 500).
Absol. L'erreur (...) se trouva enfin dans un compte du fournisseur Séguin, qui en convint aussitôt, sur la présentation des pièces, et restitua, disant qu'il s'était trompé (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 389).
Empl. pronom. réciproque. Se rendre. On en est à la dernière entrevue [avant la rupture], celle où l'on se restitue les lettres à moitié effacées qu'il était inutile de s'écrire (Dumas fils, Fils natur., 1858, i, 3, p. 81).
a) Au fig. Rendre à quelqu'un ce dont on l'avait injustement privé. Restituer l'honneur (à qqn) (vieilli). Il faut bien savoir l'incroyable inertie des Salons où il [Manet] parut, pour lui restituer tout son mérite (Mauclair,Maîtres impressionn., 1923, p. 61).Il n'est pas de régime où le culte de ces valeurs ne puisse restituer à l'homme sa dignité (Gide,Journal, 1941, p. 77).
b) En partic.
− Dans le domaine artist.Rendre, attribuer à un artiste, à un auteur, la paternité d'une de ses œuvres. D'abord attribué aux Le Nain (...) [le tableau représentant une nativité] a été restitué à partir de 1915, par un Allemand, Hermann Voss, au lorrain inconnu [Georges de la Tour] (L. Febvre,G. de la Tour, [1950] ds Combats, 1953, p. 304).
− Dans le domaine milit.Rendre à un état une région, une province qui lui appartient de fait. Tous les Allemands rient de nous avec mépris quand on suppose devant eux qu'ils pourraient nous restituer ou même neutraliser l'Alsace-Lorraine (Barrès,Cahiers, t. 8, 1910, p. 27).
2. P. anal.
a) Qqn restitue qqn à qqn.Il la remit au roi (...) en lui disant: « Nous sommes quittes. Vous m'avez rendu mon ami, je vous restitue mademoiselle. Donnant, donnant (About,Roi mont., 1857, p. 284).
b) Qqn restitue qqc. à qqc.Rendre, redonner ce qui a été perdu ou abîmé. La peau conservée a perdu par déshydratation une partie plus ou moins importante de sa souplesse (...): une opération préliminaire consistera donc à lui rendre toute cette souplesse en lui restituant l'eau qu'elle a perdue (Bérard, Gobilliard,Cuirs et peaux, 1947, p. 31).
B. − Fam. [Sans compl. second.] Vomir. Je suis un homme, et j'ai été malade [en mer] comme une pompe (...). J'ai restitué, en une fois, tout ce que j'avais pris depuis ma naissance (Renard,Comédies, Vernet, 1904, ii, 2, p. 257).
III. − Qqc. restitue qqc.
A. − Fournir, rendre quelque chose qui avait disparu. On savait déjà qu'un glacier restituait en aval les objets tombés à sa surface en amont (Lapparent,Abr. géol., 1886, p. 47).Le sol de la petite île a restitué nombre de papyrus (...) provenant de cette antique colonie juive (Philos., Relig., 1957, p. 42-1).
B. − TECHNOL. [Le suj. désigne une machine, un appareil] Rendre sous une autre forme ce qui a été absorbé. [Les machines] restituent sous la forme de travail mécanique ou de chaleur, l'énergie qui leur a été communiquée (...) par les forces naturelles (H. Fontaine,Électrolyse, 1885, p. 3):
On y jetait [dans le moulin à lin], par une trappe, le lin venu des bords de la Lys, après rouissage. La grosse mécanique l'avalait, le broyait, le décortiquait, et restituait une masse cotonneuse (...) nette de toute paille... Van der Meersch,Empreinte dieu, 1936, p. 207.
Prononc. et Orth.: [ʀ εstitɥe], (il) restitue [-ty]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xiiies. « rendre ce qui a été pris ou possédé indûment » (Varin, Arch. législatives et admin. de la ville de Reims, t. 1, p. 808); 2. a) ca 1355 « remettre une chose dans son état antérieur » (Bersuire, Tite-Live, f o88 ds Littré); b) 1690 « reconstituer un texte altéré, un passage perdu » (Fur.); c) 1835 « reconstituer le plan d'un édifice d'après ses vestiges » (Ac.); d) 1849 « faire revivre par la pensée » (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 1, p. 76); 3. 1362 dr. (A.N. JJ 91, f o209 ds Gdf. Compl.); 4. 1885 « en parlant de choses, reproduire, donner en retour » (H. Fontaine, loc. cit.); 5. 1880 verbe intrans. « vomir » (Larch. Suppl., p. VII); 1904 verbe trans. « id. » (Renard, loc. cit.). Empr. au lat.restituere « remettre à sa place, replacer », « remettre en son état primitif, restaurer », « rétablir, restituer, rendre ». Fréq. abs. littér.: 665. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 816, b) 491; xxes.: a) 988, b) 1 271.
DÉR. 1.
Restituable, adj.a) [En parlant d'une chose] Qui peut ou doit être rendu. Vous avez, avec Meurice, réglé les conditions pour Ruy Blas à l'Odéon (...). M. V. Koning m'offre une prime (...) il faudrait dire qu'elle serait restituable au cas où la pièce serait empêchée (Hugo,Corresp., 1868, p. 123).b) [En parlant d'une pers.] Qui peut être rétabli, remis en son premier état. Le mineur commerçant, banquier ou artisan, n'est point restituable contre les engagemens qu'il a pris à raison de son commerce ou de son art (Code civil, 1804, art. 1308, p. 236). [ʀ εstitɥabl]. Att. ds Ac. dep. 1762. 1reattest. 1556 (M. de Saint-Gelais, Chron. des Machab., f o9 v ods Gdf. Compl; de restituer, suff. -able*).
2.
Restitutif, -ive, adj.[Chez Durkheim] Sanction restitutive. Sanction donnant lieu à la restitution à la partie lésée du bien dérobé. Tout droit écrit a un double objet: prescrire certaines obligations, définir les sanctions qui y sont attachées. Dans le droit civil, et plus généralement dans toute espèce de droit à sanctions restitutives, le législateur aborde et résout séparément ces deux problèmes (Durkheim,Divis. trav., 1893, p. 40).Droit restitutif. Droit fondé sur l'obligation par le coupable de restituer à la partie lésée le bien pris, sans préjuger des indemnités dues (en vertu du droit répressif). Les recherches sur les facteurs religieux et magiques des transformations du droit dans les sociétés archaïques ont conduit Durkheim à identifier deux nouveaux genres de droit: le droit collectif et le droit individuel. Ces deux genres du droit ne correspondent plus du tout ni à l'opposition entre les deux solidarités ni à celle du droit répressif et du droit restitutif (Traité sociol., 1968, p. 179). [ʀ εstitytif], fém. [-i:v]. 1resattest. a) 1958 osteite restitutive (Garnier-Del.), b) 1967 droit restitutif (Traité sociol., p. 47); de restituer, suff. -if*. Fréq. abs. littér.: 26.