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RESTER, verbe intrans.
I. − Continuer d'être de façon plus ou moins prolongée ou durable, dans un lieu ou dans un état.
A. − [Dans un lieu]
1. [Le suj. désigne une pers.] Rester à la maison, chez soi, au lit. Je ne peux même pas rester à Paris avec toi: il faut que je rentre coucher ce soir à Maisons! (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 790).Aujourd'hui, je me suis astreint à rester au studio jusqu'à la fin (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 104).
[Suivi d'un inf. précédé ou non de la prép. à] Si tu veux rester à dîner avec Lanoue, reste (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 52).Vous restez déjeuner avec moi. Nous partagerons le bifteck en deux (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 99).
En partic.
Absol. [P. oppos. à partir, s'en aller] Prolonger la durée de sa présence. Il ne sait jamais ce qu'il doit faire, s'il doit s'en aller ou rester, être ici ou ailleurs! (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 82).Il ne laissait pas les hommes souffler. Aux malades, il demandait tous les quarts d'heure: « Ça va-t-il mieux? », pressé de les inscrire sur sa liste de départ. Lui, il restait (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 110).
[P. allus. hist.: J'y suis, j'y reste (phrase attribuée à Mac Mahon après la prise du fort de Malakoff en septembre 1855)] P. anal. Il faut admirer, ces grandes revues qui s'installent sur un domaine du savoir avec la certitude tranquille, l'indifférente placidité d'une pyramide d'Égypte. Elles y sont. Elles y restent (L. Febvre, Face au vent, [1946] ds Combats, 1953, p. 34).
Fam. Habiter, demeurer. Voyez-vous les fenêtres où il y a des giroflées? c'est là que reste madame Étienne (Balzac, Ferragus, 1833, p. 106).
2. [Le suj. désigne une chose] Il y avait aussi [dans la malle] un « cahier de devoirs mensuels ». J'en fus surpris, car ces cahiers restaient au cours et les élèves ne les emportaient jamais au dehors (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 328).L'Inspecteur: (...) Qu'est-ce que tu emportes là? Gilberte: Le tableau bleu, Monsieur l'Inspecteur. L'Inspecteur: Que le tableau bleu reste ici! (Giraudoux, Intermezzo, 1933, i, 6, p. 66).
3. Loc. ou expr. div.
a) [Suivi de la prép. en] Rester en arrière (v. arrière1), en tête*; rester en chemin*, en route*; rester en plan (v. plan3), en rade (v. rade1); (ne pas) rester en place*.
b) [Suivi de la prép. à] Rester à sa place*.
c) [Suivi de la prép. sur] Rester sur le cœur*, sur l'estomac*; rester sur le terrain*; rester sur place*; rester sur la place*; rester sur le carreau*.
d) Y rester (fam.). Ne pas sortir vivant d'une situation dangereuse, y laisser sa vie. Ils ne pouvaient plus courir, ils fendaient péniblement le flot, avec la pensée qu'une minute de retard allait être la mort. − Nom de Dieu! c'est le cuvelage qui a crevé, cria Étienne. Je le disais bien que nous y resterions (Zola, Germinal, 1885, p. 1537).
e) Région. Rester de + subst. (désignant une maladie). Mourir de. Le Curé: On va bien, au Landier! le père, la mère? La Guitte: Le père est resté de rhumatismes. La mère va; merci, Monsieur le Curé (La Varende, Tourmente, 1948, p. 36).
f) Rester dans (en travers de) la gorge*.
B. − [Dans un état, une situation]
1.
a) [Le suj. désigne une pers.] J'allai voir sa mère, et je lui parlai de mon rival. Elle m'assura qu'on ne le voyait plus. « Femme fausse! » pensai-je, « tu ignores que je sais ta démarche d'hier: reste dans le doute » (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 203).Il ne la regarde même pas s'en aller: il reste les bras ballants, béant devant la place où elle était (Barbusse, Feu, 1916, p. 91).
[Suivi d'un adj. attribut ou d'une expr.] Rester coi*, rester court (v. court1), en rester baba (v. baba1); en rester comme deux ronds de flan (v. flan1); en rester tout bête (v. bête2); en rester (tomber*) sur le cul; rester sourd* (à qqc.). Elle devait avoir trente-cinq ans environ, et restait belle, fort belle, bien qu'un peu grasse (Maupass., Contes et nouv., t. 1, MmeParisse, 1886, p. 730).Allons. Reste tranquille. Deux minutes. Deux minutes seulement (Audiberti, Mal court, 1947, ii, p. 173).
[Suivi d'un subst. attribut; précédé ou non de l'art.] Je lui offris de rester brigand pour lui plaire. Tout, monsieur, tout! Je lui offris tout, pourvu qu'elle voulût m'aimer encore! (Mérimée, Carmen, 1845, p. 72).On ne trouvait plus dans ses œuvres [de Lecocq] que des qualités de métier: il restait le bon harmoniste d'autrefois, il savait à souhait faire concorder la parole avec la note et la note avec l'accord (L. Schneider, Maîtres opérette fr., 1924, p. 238).
Loc. Rester (vieille) fille, (vieux) garçon. Vous ensevelir dans un couvent, ce serait de l'égoïsme; quant à rester vieille fille, vous ne le devez pas (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 245).Mariez-vous donc! Mariez-vous donc! C'est si gentil, c'est si bon! Pourquoi rester garçon? Allons... Mariez-vous donc! (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 44).
[Suivi d'un inf. précédé de sans] Il restait sans parler, un peu intimidé. Très vite il se remit (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1495).Elle reste sans bouger, le dos à la salle, puis elle referme la fenêtre (Anouilh, Antig., 1946, p. 159).
Loc. Rester sans mot* dire.
[Suivi d'un inf. précédé de à] Tout Petit, se faufile sous la table de la cuisine et reste à regarder, avec des yeux d'envie (...), les pommes de terre (Goncourt, Journal, 1864, p. 60).
b) [Le suj. désigne un état d'esprit, un jugement] Continuer d'être. Très grosses pertes pendant les quatre jours de combat. Le moral reste bon (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 413).Le docteur eut beau l'assurer qu'il y en avait un sur le palier du premier étage, et probablement mort, la conviction de M. Michel restait entière. Il n'y avait pas de rats dans la maison (Camus, Peste, 1947, p. 1221).
c) En partic.
Rester à qqn.Continuer d'être sien, de lui appartenir. Lucile vous reste. Embrasse-la pour moi aussi. Soyez heureux tous les trois... (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 134).
Rester avec qqn, du côté de qqn.Continuer d'être avec lui, de par ses idées, ses opinions. Plus d'un sans doute n'attendait qu'un signe pour rester des nôtres (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 294).
Fam. Sa voix s'éleva: − Et puis, vous savez, je reste du syndicat! Compagnon comme devant, le vieux Gilbert! − Vous faites bien! (R. Bazin, Blé, 1907, p. 373).
Rester en vie (p. oppos. à mourir). Continuer d'être vivant. Sigismond sera peut-être assassiné dans une heure. Que des hommes de son espèce restent en vie, c'est un continuel miracle (Montherl., Malatesta, 1946, i, 4, p. 446).
Absol. Ceux qui restent. Les vivants (p. oppos. à ceux qui sont morts). Les vêtements d'un mort trompent la douleur de ceux qui restent (Renard, Journal, 1900, p. 582).
2. [Le suj. désigne un inanimé concr., le verbe a souvent une valeur attributive] Aucune n'ose tirer la chaîne de la cloche. Je me pends après, déchaînant ainsi un tocsin formidable (...). Rien, la porte reste close (Colette, Cl. école, 1900, p. 275).Le bureau de la bourse reste ouvert toute la nuit (Hermant, M. de Courpière, 1907, ii, 10, p. 19).
[Le suj. désigne le temps] Pourvu que le temps reste sec (Frapié, Maternelle, 1904, p. 69).Le temps resta beau (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 96).
[Le suj. désigne une théorie, une règle] Nous savons aujourd'hui que par les lois d'un magnétisme universel dont la cause reste inconnue, deux corps, que nul obstacle n'arrête, tendent à se réunir par une force d'impulsion accélérée que l'on appelle gravitation (Proudhon, Propriété, 1840, p. 137).Le préfet peut (...) régler (...) la police des débits de boissons. Dans les communes qui ne sont pas visées par l'arrêté préfectoral, les règlements locaux restent en vigueur (Baradat, Organ. préfect., 1907, p. 331).
En partic. Rester à qqn.Continuer d'être sien, de lui appartenir. Ce n'est pas le temps de savoir, mais c'est toujours le temps de chercher. Mes matériaux me restent: nous avons les localisations (Barrès, Cahiers, t. 5, 1906, p. 237).
Fam. Ce surnom lui est resté. Sa mère l'appelant Paulet par câlinerie, il ne pouvait articuler ce mot et le prononçait Poulet (...). Le surnom de Poulet lui resta (Maupass., Une Vie, 1883, p. 203).
Absol. Continuer d'exister, malgré l'écoulement du temps. Les paroles s'envolent, les écrits restent. Le mensonge passe, la vérité reste. Les gens sages, la postérité surtout, ne jugent que sur les faits (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 285).Un bon livre pénètre et reste, une pièce meurt avec le succès qui la faisait vivre (Renard, Œil clair, 1910, p. 183).
3. Loc. ou expr. div.
a) Rester lettre-morte*; rester maître de soi (v. maître2); rester en contact*; rester le bec* dans l'eau.
b) Que ceci reste entre nous. Que ceci continue de demeurer entre nous et ne soit pas divulgué. Profitendieu père est mon collègue; un homme des plus remarquables et que j'estime tout particulièrement. Mais... (que ceci reste entre nous)... voici que j'apprends qu'il n'est pas le père de l'enfant qui porte son nom! Qu'est-ce que vous dites de ça? (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1118).
c) [Rester est suivi de la prép. en] Rester en carafe*, en panne (v. panne3), en repos*, en suspens*, en tutelle*.
d) [Rester est suivi de la prép. sur]
Rester sur la brèche (v. brèche1), sur la défensive*, sur la bonne bouche*, sur sa faim*.
Rester des heures sur qqc. (un travail, un ouvrage). Passer beaucoup de temps à faire quelque chose.
Au fig. S'en tenir à un comportement, à un sentiment, à un état de choses. Rester sur une bonne/mauvaise impression; rester sur un échec, une victoire. La crainte d'être désagréable à un homme qui l'avait comblé, lui et son ami, de prévenances, le retenait; il continua donc de rester sur la même réserve que lui (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 526).Quel charme!... Ces rythmes allitérés... (...) on pourrait analyser. Mais ce serait besogne de pédant. J'aime mieux rester sur ma sensation (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 156).
e) En rester à, en être resté à
S'arrêter, s'être arrêté dans un processus, une action en cours. Freud en était resté aux identifications privées et c'est pourquoi il ne pouvait rejoindre la sociologie (Traité sociol., 1968, p. 410):
1. Il faudra sans doute bien du temps avant que la vérité soit connue sur ce mystère de l'astrologie. En attendant qu'il soit levé − et rien ne nous empêche d'en rester sur ce point à une hypothèse de travail − la théorie symboliste fait apparaître une lumière nouvelle sur le plan de la pratique astrologique... Barbault, De psychanal. à astrol., 1961, p. 27.
En rester là (de qqc.); restons-en là. Eugénie, ne comprenant plus rien à la fortune de son père, en resta là de ses calculs (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 113).Tout ce que je vous en dis n'est que pour vous servir. Mais je vois que je vous contrarie. Restons-en là et quittons-nous bons amis (A. France, Jocaste, 1879, p. 103).
S'arrêter, au lieu d'aller dans le sens du progrès, ne pas aller de l'avant. Si l'on excepte les peuplades restées encore au stade de la cueillette ou de la chasse (esquimaux, quelques tribus africaines, etc.), l'agriculture est l'activité essentielle d'une économie rudimentaire (Tiers Monde, 1956, p. 144).
f) Loc. impers.
Il reste (suivi d'un adj. attribut) de + inf. Il reste indispensable de gérer et d'administrer nos communes (Fonteneau, Cons. munic., 1965, p. 11).
Il reste (suivi d'un adj. attribut) que + prop. Il reste entendu que l'État peut, dans l'intérêt général, exiger des maintiens ou des modifications de tarifs (Pineau, S.N.C.F. et transp., 1950, p. 61).
Il n'en reste pas moins (suivi d'un adj. attribut) que + prop. Il n'en reste pas moins vrai qu'on ne produit pas pour accumuler des stocks de marchandises, mais bien pour consommer (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 201).
Rem. Conjugué de nos jours avec l'auxil. être, rester se conjuguait dans ce sens avec être ou avoir jusqu'au déb. du xixes. J'ai resté quelques momens dans la bibliothèque (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1709). J'ai resté seul avec ma femme dans une grande voiture (Maine de Biran, Journal, 1816, p. 206).
II. − Être encore présent, disponible; subsister.
A. − [Le suj. désigne le plus souvent un inanimé] Que de sable lavé, que de rêves promis, Pour qu'un peu d'or, enfin, reste au fond du tamis! Prends ton bâton, chercheur! (Cros, Coffret santal, 1873, p. 36).Je prends ma tasse, où reste encore un peu de thé (Sartre, Nausée, 1938, p. 192).
Qqc. reste à qqn.Peut-être cette immense quantité de valeurs ne provenait pas entièrement de cadeaux et constituait des gages qui lui étaient restés [à Gobseck] faute de paiement (Balzac, Gobseck, 1830, p. 440).
Qqn reste à qqn.Un seul parent me restait: un oncle, vieil officier retraité (Frapié, Maternelle, 1904, p. 2).
Absol. Jenny sourit: − « Tant pis pour les écheveaux qui restent. Finissons seulement celui-ci... » (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 881).
Loc. Rester pour compte*.
B. − [En empl. impers., le suj. réel désigne un animé ou un inanimé concr. ou abstr.]
1. Il reste (+ subst.). Quand les aunes eurent disparu, il restait les souches (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 63).L'Europe était alors [au temps de Montesquieu] le meilleur des mondes possibles (...). La science était déjà assez belle, et les arts très délicats; il restait de la religion (Valéry, Variété II, 1929, p. 63).Il reste les autres: les fidèles qui demeurent à mi-côte, qui luttent, succombent, se relèvent (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 189).
Littér. Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis! Si même Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla; S'il en demeure dix, je serai le dixième; Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là! (Hugo, Châtim., 1853, p. 430).
[Constr. avec un compl. indir.] Le progrès de la réflexion et de la conscience psychologique finira sans doute par éliminer les poètes inspirés. Il nous restera des poètes-artistes qui sauront au besoin imiter même l'inspiration pour leur plaisir et celui des autres (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 91).Il lui restait de l'essence pour un quart d'heure, au maximum (Malraux, Espoir, 1937, p. 560).Il lui restait une chance, une petite chance (Sartre, Nausée, 1938, p. 207).
ARITHM. [Dans l'opération de la soustraction] Quatre ôté de huit, (il) reste quatre. Si de douze, je retiens quatre, combien me reste-t-il? (A. France, P. Nozière, 1899, p. 45).
[Avec ell. du pron. pers.; le verbe demeure parfois inv.] Il se mit à fourrager parmi les assiettes, cherchant le pain et le saindoux (...). Il trouva un pain. Restait le saindoux. Il le découvrit sans le vouloir (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 210).Restait apparemment quelques points à éclaircir, car Chabot demanda qu'on le laissât seul un instant en société du professeur (Duhamel, Voy. Périot, 1950, p. 183):
2. Sur les cent cinquante électeurs dont se composait le collége (...) se trouvaient vingt légitimistes, (...) et vingt autres noms qui, pour des motifs divers, ne devaient pas répondre à l'appel. Restaient cent-dix votants. Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 321.
2. Il reste que; il n'en reste pas moins que. [En parlant de ce qui est encore à considérer, qu'on ne peut négliger] Malgré les perfectionnements remarquables apportés à la locomotive à vapeur au cours de ces dernières années, il n'en reste pas moins que le rendement de cet engin demeure très limité (Bailleul, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 87).Sans doute, Vichy y a-t-il pu (...) maintenir dans la neutralisation une large partie de nos territoires d'outre-mer. Mais il reste que l'Afrique équatoriale, (...) les établissements français des Indes, Saint-Pierre et Miquelon, se sont déjà affranchis de la capitulation (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 675).
[Avec ell. du pron. pers.] Reste que, pour qu'on passe de la grève révolte à la grève moyen d'action dans une négociation, il faut que l'autre voie soit ouverte et que le moyen de négocier existe (Reynaud, Syndic. en Fr., 1963, p. 155).
3. (Tout) ce qu'il reste (de); (tout) ce qui reste (de). [Il] paya trente mille francs (...) les cent cinquante hectares de la Borderie, tout ce qu'il restait de l'ancien domaine des Rognes-Bouqueval (Zola, Terre, 1887, p. 92).Va vite me chercher ce qui reste de chocolat (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 278).
[Avec un compl. indir.] Grâce à une certaine habileté, je ne perdis que ce qu'il me restait d'amour-propre (Céline, Voyage, 1932, p. 142):
3. Avais-je le droit, historien, de refaire de l'histoire? De consacrer à l'histoire mon temps, mon activité, tout ce qui me restait de forces, alors que tant d'autres besognes requéraient impérieusement les citoyens? L. Febvre, Face au vent, [1946] ds Combats, 1953, p. 41.
Rem. La forme ce qu'il reste est d'un niveau de lang. plus soigné que ce qui reste. Pourtant la lang. écrite, comme la lang. parlée tend de plus en plus à employer ce qui reste.
C. − [Empl. comme semi-auxil. avec aspect duratif, rester est suivi d'un inf. introd. par la prép. à] Pour les vignes, qu'on ne m'en parle plus. Une rente mensuelle, dont le montant reste à fixer, me sera versée par le notaire (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 257).
Loc. Tout reste à faire dans (ce domaine). On peut dire que dans ce domaine [des recherches scientifiques sur l'hygiène alimentaire] tout reste à peu près à faire dans notre pays (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 204).
En empl. impers.
Il reste à + inf.; il ne reste (plus) qu'à + inf. Nous sommes fatigués, nous avons froid, nous avons faim. Il s'agit donc de trouver abri, feu et nourriture. La forêt a du bois, les nids ont des œufs: il reste à chercher la maison (Verne, Île myst., 1874, p. 26).Il ne restait qu'à longer le quai jusqu'au bout (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 26).
[Avec un compl. indir.] Il me reste à + inf.; il ne me reste (plus) qu'à + inf. Il me reste à vous remercier, à vous informer, à vous entretenir. Il me reste beaucoup à apprendre des hommes (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1464).Il ne me reste plus qu'à me retirer en silence (Claudel, Soulier, 1944, 1repart., 1rejournée, 2, p. 980).
[Avec ell. du pron. pers.] J'écrivis les deux derniers chapitres. Reste à faire les notes (Michelet, Journal, 1858, p. 421).Reste à savoir si/pourquoi. [Suivi d'une interr. indir.] Ce sont nos différences qui nous unissent (...), et (...) en les étudiant nous découvrons nos ressemblances. Reste à savoir pourquoi ces différences existent et pourquoi, bien que croissent nos ressemblances, il est probable qu'elles existeront (...) toujours (Faure, Espr. formes, 1927, p. 80).
Ce qu'il reste à + inf.; ce qui reste à + inf. Cet ordre fut donné dans l'intérêt de la patrie − ce qui reste à démontrer (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 166).Il sait ce qu'il reste à faire (Milosz, Amour. init., 1910, p. 71).
[Avec un compl. indir.] S'ils ont un peu de dignité, ils savent ce qui leur reste à faire (Giraudoux, Intermezzo, 1933, i, 4, p. 22):
4. Aussi la domestication du cheval, qui eut lieu vers la fin de la période néolithique, est-elle un fait qu'il est légitime de mettre en rapport, comme principe initial, avec une série de faits archéologiques et historiques. C'est ce qu'il nous reste à montrer... Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 226.
Il reste de + inf.; il ne reste plus que de + inf. (plus rare). Et maintenant il ne restait plus que de se taire et d'attendre la longue suite des effets et l'enchaînement des conséquences (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 75).Dans l'impossibilité de prévenir Caracalla avant qu'il se rende au Carrousel, il reste de le prévenir au moment où il y arrivera (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 232).
D. − En partic.
1.
a) Fam. [Le suj. désigne une chose] Rester dans la main, dans les doigts de qqn. Se trouver dans la main (dans les doigts) de quelqu'un après qu'une partie ait été déchirée ou brisée. Ce bouton m'est resté dans la main. Une tenture de velours cramoisi lui barrait encore le passage. Y toucher, à celle-là, terre et cieux! Il n'osait pas; fermant l'œil, il s'y contraignit enfin; arrachée, l'étoffe lui resta dans les doigts (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 367).Du haut de la pendule, Spartacus (...) jetait un regard indigné. Ses chaînes, que je tirais par désœuvrement, me restèrent un jour dans la main (A. France, Bergeret, 1901, p. 54).
b) ÉQUIT. [Le suj. désigne un cheval] Rester dans la main. Se soumettre volontiers à l'action du mors (d'apr. GDEL).
2. Fam. Rester sur les bras* de qqn.
3. MAR. [Le suj. désigne une terre] Demeurer, être situé (sur une aire de vent déterminée). Enfin vers les 9 heures toutes ces terres nous restent au vent, et désormais, débarrassé de toute inquiétude, je fais mettre en panne pour attendre le jour (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 5, 1843, p. 219).
Rem. Dans ce sens, rester s'est toujours conjugué avec l'auxil. être.
REM.
Restage, subst. masc.,hapax. Synon. de séjour.Maintenant, en cas d'impossibilité de prolonger mon « restage » ici, (...) je suis à peu près sûr d'un gîte pour plusieurs (...) jours (Verlaine, Corresp., t. 2, 1887, p. 77).
Prononc. et Orth.: [ʀ εste], (il) reste [ʀ εst]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1174-76 « s'arrêter » (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 5507); 1861 rester en route (Augier, Effrontés, p. 355); 2. a) ca 1180 « demeurer au même endroit » (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, 18, 5); b) 1617 rester à « se borner à » (D'Aubigné, Faeneste, III, 14 ds Gdf. Compl.); c) 1754 en rester là « s'arrêter, ne pas poursuivre » (Voltaire, Lettre à Guiot ds Littré); 1835 rester sur la bonne bouche (Ac.); 3. 1585 y rester « y laisser sa vie » (Noël Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, 190); 1730-38 rester sur le champ de bataille (Rollin, Hist. anc., Œuvres, t. 8, p. 277 d'apr. Pougens ds Littré). B. 1. 1671 « persévérer dans telle ou telle situation (de personnes) » (Boileau, Lutrin, IV, ibid.); 2. 1773 « demeurer dans la mémoire des hommes » (Voltaire, Lettre à Mmedu Deffand, ibid.). C. 1. 1382 rester à paier qqc. (Runk.); 2. ca 1480 il reste (charger) « il reste encore à » (Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 17731); id. reste ... à faire (ibid., 48568); id. il reste faire de (ibid., 10065); av. 1704 reste de (Bourdaloue, Pensées, t. 1, p. 180 ds Littré); 1580 il reste à + inf. « il y a encore à » (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 260); 3. 1657-62 reste zero (Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma, p. 527). D. 1. 1550 il reste que + subj. « il est encore donné à quelqu'un de faire quelque chose » (Bible Louvain, Héb. 4, 6 ds FEW t. 10, p. 316); 2. 1604 « être encore vivant » (Montchrestien, Les Lacenes, p. 184); 3. 1754 reste à sçavoir (P. Clément, Les Cinq années littér., II, 5 [A Berlin] ds Quem. DDL t. 30); 4. 1936 reste que + ind. « il est néanmoins vrai que » (Thibaudet, Réflex. litt., p. 256). Empr. au lat.restare « s'arrêter, rester », « persister », « être de reste ». Fréq. abs. littér.: 51 347. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 63 816, b) 82 115; xxes.: a) 78 461, b) 72 727. Bbg. Bogacki (K.). Les Prédicats locatifs statiques en fr.: ét. de sém. et de synt. Warszawa, 1977, p. 69. − Galisson (R.). Lexicogr. différentielle... Ét. Ling. appl. 1975, n o18, pp. 128-143. − Meier (H.). Neue lateinisch-romanische Etymologien. Bonn, 1980, pp. 95-101. − Quem. DDL t. 17; 19 et 30 (s.v. reste à savoir). − Sankoff (G.), Thibault (P.). L'Alternance entre les auxil. avoir et être en fr. parlé à Montréal. Lang. fr. 1977, n o34, pp. 101-103.