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RENTE, subst. fém.
A. − Dans le lang. cour.
1. Revenu périodique, généralement annuel, à l'exception de celui du travail. Être pourvu de rentes; manger ses rentes; économiser sur ses rentes; hériter d'une bonne rente; toucher une rente. Une chose seule l'inquiétait: il n'avait que quatre mille francs de rente, et les vues de son frère et de sa belle-sœur s'élevaient à un beaucoup plus riche parti pour leur fille (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 36).
Vivre de ses rentes. Vivre du revenu de ses rentes, et, p. méton., vivre sans travailler. Je me porte bien et je travaille vite, et beaucoup, pour vivre de mes rentes cet hiver dans le Midi (Sand, Corresp., t. 5, 1867, p. 232).Mon arrière-grand-père, qui était contrôleur des contributions à Argenton, dut léguer à ses fils une honnête fortune puisque le cadet put vivre de ses rentes (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 34).
P. ext. Revenus. Madame de Lautréamont n'habitait que le corps principal, elle avait loué les pavillons des ailes à de solides locataires et s'en faisait de bonnes rentes (Lorrain, Contes chandelle, 1897, p. 73).Le matin, j'ai ma basse-cour. La vente des volailles au marché de Nancy nous fournit la rente qui paye les gages de nos gens (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 372).
P. métaph. Par la conscription, l'empereur avait quatre-vingt mille hommes de rente (Stendhal, Napoléon, t. 1, 1842, p. 107).
En partic. Rente de situation. Avantage, privilège dont le bénéficiaire profite depuis longtemps et qu'il finit par considérer comme un droit acquis. L'occupant d'un logement neuf (...) paye un coût d'occupation trois ou quatre fois supérieur à celui qui s'impute sur les revenus des habitants des logements anciens bénéficiant d'une rente de situation (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 364).
2. P. anal. Somme d'argent versée régulièrement à quelqu'un par une personne ou un organisme social. Synon. pension, allocation.Rente d'invalidité; rente complémentaire. Ça n'est pas qu'elle ait du bien, mais elle a sa maison. Elle vit d'une rente qu'on lui fait. Mille francs l'an. Elle est restée longtemps en service chez des nobles (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 1015).L'indemnité journalière due aux personnes âgées de soixante ans au moins, titulaires d'une pension, rente ou allocation de vieillesse servie par un régime de sécurité sociale (Réforme Sécur. soc., 1968, p. 47).
Fam. Dépense à renouveler régulièrement, et p. antiphr., chose désagréable que l'on subit périodiquement. Madame Coupeau, qui avait toussé et étouffé tout décembre, dut se coller dans le lit après les Rois. C'était sa rente: chaque hiver elle attendait ça (Zola, Assommoir, 1877, p. 652).
Au fig. Profit non matériel. Le mérite d'une bonne action s'envole au moindre profit qu'on en retire; la raconter, c'est s'en constituer une rente d'amour-propre qui vaut bien la reconnaissance (Balzac, Méd. camp., 1833, p. 101).Tout cet été, j'ai vécu de mes rentes intellectuelles. Oh! j'ai des goûts modestes! Il suffit à mon esprit de joindre les deux bouts (Renard, Journal, 1899, p. 548).
B. − Dans le domaine écon., boursier
1. Revenu périodique produit par un capital aliéné ou cédé, versé par la personne ou l'organisme qui exploite ce capital, et p. méton., la somme ainsi versée ou reçue. Rente perpétuelle, annuelle; rente constituée. Ceux qui possèdent à la fois beaucoup de rentes et beaucoup de capitaux sont, en réalité, les maîtres du marché dans les temps ordinaires (Boyard, Bourse et spécul., 1853, p. 159).De même le progrès technique annule les rentes traditionnelles et crée sans cesse de nouvelles rentes instables, elles-mêmes vouées pour la plupart à la disparition (Fourastié, Gd espoir du XXes., 1969, p. 22).
Rente viagère. Somme versée périodiquement à une personne sa vie durant en application d'une disposition contractuelle ou judiciaire. L'usufruit d'une rente viagère donne aussi à l'usufruitier, pendant la durée de son usufruit, le droit d'en percevoir les arrérages, sans être tenu à aucune restitution (Code civil, 1804, art. 588, p. 109).
2. En partic.
a) Rente sur l'État et absol. rente. Souscription, emprunt émis par l'État sous forme de titre donnant droit à un intérêt annuel, p. méton., l'intérêt annuel touché par le souscripteur. Titre, coupon de rente; rente nominative, au porteur; jouer à la rente; exonération de la rente. Il liquida aussi ses autres biens, acheta des rentes sur l'État, réunit de la sorte un revenu annuel de cinquante mille livres (Huysmans, À rebours, 1884, p. 11):
Mais il n'est guère douteux que cette insurrection, qui déchaîna des passions dangereuses, ait été à tout le moins encouragée par ceux qu'on appelait déjà des « capitalistes », par des hommes qui, au fond, tenaient surtout à l'ordre, représenté pour eux par le paiement régulier de la rente et pour qui le départ de Necker était synonyme de banqueroute. Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 34.
b) Rente foncière. Revenu régulier qu'un propriétaire reçoit pour la concession du droit d'user d'une terre. Ceux qui se considéraient comme bourgeois, à proprement parler, se ramenaient au petit nombre de roturiers assez fortunés pour se dispenser du travail et pour vivre « noblement et de leur bien », essentiellement constitué par des terres, par des rentes foncières (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 53).
c) ÉCON. POL. [Selon la théorie de Ricardo] Selon Ricardo, la rente proprement dite est l'excédent du produit de la terre la plus fertile sur les terres de qualité inférieure (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 66).La rente provient de ce que les terres sont inégalement fertiles: la rente correspond à la différence de valeur entre le produit obtenu sur la terre considérée et celui obtenu sur la terre la plus pauvre cultivée dans le pays (...) avec la même quantité de travail et de capital (Branc.Écon.1978).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɑ ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Déb. xiies. « restitution » (St Brendan, 1302 ds T.-L.), seulement en a. fr.; 2. a) ca 1119 « redevance, tribut à payer régulièrement pour un bien mobilier ou immobilier dont on a la jouissance » (Philippe de Thaon, Comput, éd. Ian Short, 1881); b) 1195-1200 « chose inéluctable qui revient régulièrement » (Renart, éd. M. Roques, XIV, 14496); 3. a) ca 1155 « revenu régulier de certains biens » (Wace, Brut, 1888, éd. I. Arnold ds T.-L.); fin xives. vivre de ses rentes (Froissart, Chron., éd. G. Raynaud, t. 10, p. 82); b) av. 1628 « fruit, bénéfice » (Malherbe, Trad. Epitres de Sénèque, VI, Œuvres, éd. M. L. Lalanne, t. 2, p. 280); c) 1825 absol. la rente (Stendhal, Racine et Shakspeare, t. 1, p. 87); d) 1835 p. ext. « revenu, rémunération » (Ac.); 4. a) ca 1170 « ce qui donne un revenu régulier, bien affermé » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1837); b) 1670 « source de profit (en parlant d'une personne) » (Molière, Bourgeois gentilhomme, I, 1, éd. R. Bray, p. 172). Issu, comme l'ital. rendita, le cat. et l'a. prov. renda, d'un lat. pop. *rendita fém. subst. d'une forme altérée en *renditus, -a, -um du part. passé redditus, -a, -um de reddere (v. rendre). Fréq. abs. littér.: 2 125. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 833, b) 4 691; xxes.: a) 2 502, b) 893.