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RENONCER, verbe trans.
I. − Empl. trans. indir.
A. − Qqn renonce (à qqc.)
1.
a) Cesser de revendiquer, de faire valoir la possession ou la jouissance de, abandonner son droit sur. Renoncer à un don. Et la mère (...), après s'être déclarée respectueuse des volontés de son fils, avait simplement renoncé à la succession (Zola,Dr Pascal, 1893, p. 329).Stanislas, évincé de Pologne, recevait la Lorraine qui, à sa mort, retournerait à la couronne de France, tandis que le duc François de Lorraine, pour épouser Marie-Thérèse, renonçait à ses droits sur le duché (Bainville,Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 280).
Absol. Se dessaisir d'un droit. V. renonciation ex. 2.
b) Accepter que quelque chose ne se fasse pas, n'ait pas lieu, n'existe plus. Il devait être fatigué et avoir renoncé à l'idée d'aller voir le clair de lune car il me demanda de dire au cocher de rentrer (Proust,Guermantes 2, 1921, p. 565).Renoncer à l'amour me paraissait aussi insensé que se désintéresser de son salut quand on croit à l'éternité (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 144).
En partic. Se résigner à ne pas faire ce que l'on projetait ou espérait. Renonçant au théâtre, il s'inscrit à la Faculté de théologie de la petite Université d'Erfurt (Béguin,Âme romant., 1939, p. 22):
1. ...mais, lorsque les impressions de mon songe me revenaient en mémoire, il me semblait que renoncer à ce projet, c'était renoncer sans retour à tout ce qu'il y a de plus doux au monde, et je retrouvais tout mon courage. Toepffer,Nouv. genev., 1839, p. 159.
c) Ne plus espérer, ne plus compter sur. Synon. abandonner.Les femmes (...) n'admettent pas qu'une conviction politique soit l'équivalent d'une religion. Elles ne renoncent jamais à l'espoir de nous convertir, fût-ce au dernier moment (Ménard,Rêv. païen, 1876, p. 183).Vial ne renonçait pas tout à fait à l'espoir de se conduire en énergumène (Colette,Naiss. jour, 1928, p. 56).
d) Renoncer à + verbe à l'inf.Cesser de vouloir, de prétendre à. Renoncer à agir, à comprendre, à savoir. Le geste humain est tout à fait autre; en son plus beau mouvement, il renonce à prendre; il met la chose en place et la considère (Alain,Propos, 1921, p. 271).Et après? Ce n'est pas gênant d'être mort si on renonce à faire semblant de vivre (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 159).
2.
a) Abandonner volontairement ce que l'on a. Synon. se défaire de, se départir de, se priver de, quitter.Notre mère m'écrit à la fin de me faire assavoir que tu penses encore renoncer à l'état de prêtrise. Cela lui cause beaucoup de chagrin (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 305).Par la force des choses, Hoffmann avait renoncé à sa carrière de fonctionnaire et le hasard avait résolu pour lui le problème en l'obligeant à faire de la musique son gagne-pain (Béguin,Âme romant., 1939, p. 306).
b) Ne plus se faire le défenseur de ce que l'on pense, de ce que l'on croit, de ce à quoi l'on tient. Synon. renier.Renoncer à une croyance, à ses prétentions, à une idée. Pour devenir écrivain, il a été forcé de renoncer à la méthode scientifique, comme tout le monde (Péguy,Argent, 1913, p. 1190).Si elle [la révolution] ne renonce pas à ses principes faux pour retourner aux sources de la révolte, elle signifie seulement le maintien (...) d'une dictature totale sur des centaines de millions d'hommes (Camus,Homme rév., 1951, p. 290).
c) Exclure de sa vie ce à quoi l'on est attaché. Renoncer à l'alcool, au café, à la drogue, au tabac. Et c'est une grave responsabilité que de fonder une famille. C'est renoncer à tous les plaisirs de la jeunesse, de la liberté... je dirais même de la solitude (Drieu La Roch.,Rêv. bourg., 1937, p. 45).
− Domaine mor. ou relig.Cesser d'être attaché à. Renoncer au monde, aux biens de ce monde. Car, après avoir renoncé au monde, il me faut renoncer à une solitude qui m'était plus douce que le monde (M. de Guérin,Corresp., 1833, p. 98).En partic., vieilli. Renoncer au monde. Entrer dans la vie religieuse. Lors de l'invention du corps de saint Vulfran, les Bénédictins confièrent la garde de ses reliques à une dame qui avait renoncé au monde et revêtu un habit religieux (Huysmans,Oblat, t. 1, 1903, p. 207).
d) Cesser volontairement de poursuivre un effort. Renoncer au combat, à la lutte. Renonçant au travail et me couchant de bonne heure pour m'assurer une bonne nuit, je ne parviens pas au sommeil, malgré plusieurs pastilles de sonéryl (Gide,Journal, 1930, p. 979).Les autorités françaises qui (...) ont renoncé à la guerre et empêchent ceux qui dépendent d'elles d'y participer, sont dans l'erreur et hors du devoir (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p. 674).
e) Cesser volontairement d'exercer, de pratiquer. Renoncer à ses fonctions, au métier des armes. Elle avait dû renoncer à son métier de doreuse, qui avait failli lui coûter la vie (Bloy,Femme pauvre, 1897, p. 29).Rimbaud, qui avait renoncé à la littérature, fut canonisé comme un saint de la littérature (Thibaudet,Réflex. litt., 1936, p. 160).
f) JEUX DE CARTES. Ne pas fournir la couleur qui est demandée. (Dict. xixeet xxes.).
B. − Qqn renonce à qqn.
1. Cesser de fréquenter, exclure de sa vie. Je ne puis décidément renoncer à ma sœur (Delacroix,Journal, 1822, p. 10).
En partic. Renoncer aux femmes. Ne plus rechercher la fréquentation, le commerce des femmes. Il pâlissait dès qu'il songeait à renverser sa vie, à renoncer à jamais aux femmes (Huysmans,En route, t. 1, 1895, p. 167).
2. Au fig. Renoncer à soi-même
a) Sacrifier tout égoïsme, tout intérêt personnel:
2. Incapable de renoncer au Christ comme il [Gide] l'était de renoncer à lui-même, il lui restait de tirer à lui chaque parole du Seigneur: ce fut un jeu où il excella. Son Retour de l'Enfant prodigue est, de ce point de vue, un chef-d'œuvre de gauchissement. Mauriac,Mém. intér., 1959, p. 188.
b) Se désavouer, se renier. Aucune orthodoxie politique ne m'impose son carcan comme à Vercors. Ce serait à moi-même que je renoncerais, si je renonçais (Mauriac,Nouv. Bloc-Notes, 1961, p. 11).
3. Loc. verb. Renoncer à Satan, à ses pompes et à ses œuvres. V. œuvre I B 1 c.
C. − Qqn renonce (empl. abs. ou intrans.).Abandonner un projet, cesser une activité par impossibilité ou difficulté d'en venir à bout. Alors l'athlète renonce et trahit son cœur (Arnoux,Gentilsh. ceinture, 1928, p. 117).Dans ce domaine [la souveraineté française], je ne saurais le moins du monde renoncer, ni même transiger (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p. 321).
II. − Empl. trans. dir.
A. − Qqn renonce qqn.
1. Vx. Renoncer qqn pour + subst. exprimant une relation familiale ou personnelle.S'il fait telle chose, je le renonce pour mon parent (Ac.).
2. Ne plus reconnaître, exclure de la vie, de ses préoccupations, de son amour. Synon. désavouer, renier.Comment a-t-on pu renoncer le Fils de Dieu (Péguy,Myst. charité, 1910, p. 141).La Prieure (d'une voix basse et rauque): Je viens de voir notre chapelle vide et profanée − (...) Oh! oh! Dieu nous délaisse, Dieu nous renonce! (Bernanos,Dialog. Carm., 1948, 2etabl., 9, p. 1604).
B. − Qqn renonce qqc.
1. Littéraire
a) Abandonner ce que l'on désavoue, ce à quoi l'on répugne. Mais c'est qu'elle était comme les malades qui veulent la guérison par les moyens même qui entretiennent la maladie, qu'ils aiment et qu'ils cesseraient aussitôt d'aimer s'ils les renonçaient (Proust,Fugit., 1922, p. 604).Ai-je plus ou moins souffert que les autres hommes? C'est ma bassesse qui m'a défendu... Que de fois ai-je renoncé la douleur! (Mauriac,Écrits intimes, Journal homme trente ans, 1948, p. 135).
b) Abandonner, sacrifier ce à quoi l'on tient. Dans les choses de l'esprit et de l'histoire, il y a des héritages qu'on ne peut renoncer (Camus,Actuelles I, 1948, p. 190).V. mortifier ex. 2.
2. Région. (Belgique). ,,Résilier (un bail); donner congé (à un locataire)`` (Piron Belgique 1978, p. 54).
III. − Empl. pronom., littér. Sacrifier tout égoïsme, tout intérêt personnel. À mesure que Lacordaire se renonce, nous le voyons s'accroître (Mauriac,Essais psychol. relig., 1920, p. 15).Tel homme veut se renoncer, rester chaste, mener la vie chrétienne. La porte s'ouvre à deux battants: entre l'orgueil paré des dépouilles de toutes les vertus, l'humilité comprise (Green,Journal, 1955, p. 37).
REM.
Renonciateur, -trice, subst.,dr. Personne qui fait une renonciation en faveur d'un ou d'une renonciataire (infra dér. 1). La saisie (...) des immeubles du renonciateur (Hugo,Misér., t. 2, 1862, p. 189).
Prononc. et Orth.: [ʀ ənɔ ̃se], (il) renonce [-nɔ ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. Prend une cédille devant a et o: renonçais, -çons. Étymol. et Hist. A. Verbe trans. 1. ca 1155 « annoncer, rapporter » (Wace, Roman de Brut, 440 ds T.-L.); 2. ca 1245 « abandonner l'usage de quelque chose » (Philippe Mousket, Chroniques, 1164, ibid.); 3. ca 1320 « renier » (Précieux Sang, éd. O. Kajava, 224). B. Verbe trans. indir. 1. 1255 renoncer à « cesser, par une décision volontaire de prétendre à quelque chose » (Les Plus anciennes Chartes, éd. L. Carolus-Barré, p. 20); ca 1260 renoncer à + inf. (Menestrel de Reims, 362 ds T.-L.); 2. 1541 « abandonner volontairement ce qu'on a » (Calvin, Institution Chrétienne, éd. J.-D. Benoit, livre III, chap. 3, § 8, p. 72: renoncer à nostre nature et à toute nostre volonté); id. renoncer à soy-mesme (Id., ibid., chap. 7, § 2, p. 167); id. renoncer au monde (Id., ibid., chap. 3, § 8, p. 73); 3. 1680 terme de jeu de carte (Rich. t. 2). C. 1541 verbe pronom. (Calvin, op. cit., chap. 15, § 8, p. 272). Empr. au lat.renuntiare « annoncer en retour »; « renvoyer, renoncer à », comp. du préf. re- marquant le mouvement en retour et nuntiare « annoncer, faire savoir ». Fréq. abs. littér.: 5 544. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 498, b) 6 206; xxes.: a) 6 954, b) 9 673.
DÉR. 1.
Renonciataire, subst.,dr. Personne en faveur de qui on fait une renonciation. (Dict. xixeet xxes.). [ʀ ənɔ ̃sjatε:ʀ]. 1reattest. 1823 (Boiste Add. et Corr.); dér. sav. de renoncer, suff. -ataire, v. -aire2.
2.
Renonciatif, -ive, adj.Propre à la renonciation juridique. Clauses renonciatives. (Dict. xixeet xxes.). [ʀ ənɔ ̃sjatif], fém. [-i:v]. 1reattest. 1961 (Lar. encyclop., s.v. clause); dér. sav. de renoncer, suff. -atif, v. -if.
BBG.Quem. DDL t. 29.