Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
RENDORMIR, verbe trans.
A. − Empl. trans.
1. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Faire dormir de nouveau. Cet enfant est très nerveux, il a fait un vilain rêve, et j'ai passé tout le temps à lui conter des histoires pour le rendormir (Balzac, Lys, 1836, p. 68).Elle s'est mise à pleurer et le petit s'est reveillé. − Demoiselle, je lui ai dit, allez rendormir le petit monsieur, puis nous verrons (Giono, Baumugnes, 1929, p. 181).Part. passé adj. On entend la respiration de M. Leverdet, rendormi (Dumas fils, Ami femmes, 1864, i, 5, p. 62).
2. P. anal. Calmer de nouveau une sensation. Elle se leva, piétina, espérant rendormir sa faim comme un enfant qu'on promène (Dumas fils, Assommoir, 1877, p. 753).
3. Au fig. Rendre à nouveau inerte, passif, sans réaction. Il était né sans fortune. Il ne pouvait échapper à une sorte de dépendance. Il en trouve une assez douce, et s'il se révolte quelquefois, l'adresse et l'amitié de Minette le calment et le rendorment bientôt (Constant, Journaux, 1804, p. 173).Cette force innombrable du peuple qu'ils avaient dû déchaîner, armer, il fallait l'enchaîner de nouveau, et, sans qu'elle y prît garde, la désarmer. Le problème politique était de rendormir un monstre peut-être réveillé (Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 224).
[Avec compl. d'agent] La philosophie de Fichte, les chants de Koerner, et 1814, aboutirent au sommeil (...). L'Allemagne se laissa rendormir au panthéisme de Schelling (Michelet, Introd. Hist. univ., 1831, p. 432).
B. − Empl. pronom.
1.
a) [Le suj. désigne une pers. ou un animal] Se remettre à dormir. Le pinson, la tête sous l'aile, se rendormait sur une patte (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 733).Il referma les yeux et se rendormit pour encore une petite heure (Queneau, Pierrot, 1942, p. 135).V. cauchemar ex. 2.
SYNT. Se rendormir vite; se rendormir paisiblement, tranquillement; se rendormir au coin du feu, sur sa chaise, sur son fauteuil; se rendormir à moitié; se rendormir sur son livre; se rendormir au matin, jusqu'à midi, pour quelques instants, pour cinq minutes; se retourner et se rendormir; se rendormir de l'autre côté, sur l'autre oreille; chercher à se rendormir; (ne pas) parvenir à se rendormir; éviter, tâcher de se rendormir.
[Avec compl. prép.] Se rendormir d'un bon, d'un profond sommeil; se rendormir d'un sommeil accablé, léthargique. Sitôt que Monsieur Cabillaud eut mangé, il se rendormit d'un sommeil qui dura douze heures (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 278).
b) P. métaph. Au Nord, ce matin, les volets n'ont pas été ouverts. La maison a déjà les yeux à demi fermés: c'est l'heure de mon départ et elle va se rendormir. Les orages de l'été qui vient rôderont autour d'elle sans l'éveiller (Mauriac, Mém. intér., 1959, p. 146).
c) P. euphém. Se rendormir pour toujours. Mourir. Il entend des cris et des pas sur le pont. Il s'éveille, il combat; puis se fait sauter, et se rendort sous les flots pour toujours. Telle est la vie... est-ce un accident sombre entre deux sommeils infinis?... (Vigny, Journal poète, 1828, p. 886).
2. Au fig. Redevenir inerte, passif, sans réaction. Vous disiez: « Ils se sont éveillés en sursaut d'un sommeil de trente siècles dont ils ne se rendormiront pas » (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 428):
Il y a vraiment des siècles où l'âme se rendort et où personne ne s'en inquiète plus. Aujourd'hui, il est clair qu'elle fait de grands efforts. Elle se manifeste partout d'une manière anormale, impérieuse et pressante, comme si un ordre avait été donné et qu'elle n'eût plus de temps à perdre. Elle doit se préparer à une lutte décisive, et nul ne peut prévoir tout ce qui dépendra de la victoire ou de la fuite. Maeterl., Trésor humbles, 1896, p. 33.
[Le suj. désigne un sentiment, une sensation] S'effacer, disparaître, à nouveau. La douleur se rendort. Quand une jalousie est éveillée, elle ne se rendort jamais tout à fait (Bourget, Crime am., 1886, p. 191).Vous avez réveillé l'amour qui ne se rendort plus (Maeterl., Trésor humbles, 1896, p. 222).
[Avec compl. prép.] Rendormez-vous, mes espérances. Ah! tous mes désirs, rendormez-vous d'un long dormir (Quinet, Ahasvérus, 1833, 4ejournée, p. 327).
Prononc.: [ʀ ɑ ̃dɔ ʀmi:ʀ], (il se) rendort [-dɔ:ʀ]. Étymol. et Hist. Ca 1150 (Le conte de Floire et Blancheflor, éd. J.-L. Leclanche, 2554). Dér. de endormir*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 338. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 257, b) 570; xxes.: a) 685, b) 496.