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RENAÎTRE, verbe intrans.
I.
A. − RELIG., MYTH. [Le suj. désigne un être organisé, gén. un être humain] Commencer une nouvelle vie, entrer de nouveau dans le processus biologique propre aux êtres animés. Voilà qu'on m'enterre (...) Lise m'arrache au monument; Puis encor, je ne sais comment, Je me sens renaître auprès d'elle (Béranger,Chans., t. 3, 1829, p. 127).Trelawny recueillit les cendres et les ossements blanchis [de Shelley] dans une urne de chêne (...). Les enfants du village (...) se racontaient les uns aux autres qu'en portant ces débris en Angleterre, les morts renaissent de leurs cendres (Maurois,Ariel, 1923, p. 351).
[Avec un adj. ou un attribut exprimant un état de nature] Voulez-vous (...) ressusciter avec toutes vos circonstances actuelles, renaître baron ou marquis? (Staël,Allemagne, t. 4, 1810, p. 185):
1. La même ignorance d'une loi générale de continuité et de progrès dans l'univers, et dans chacun des êtres qui font partie de cet univers, a permis aussi à l'imagination des hommes de s'égarer dans la pensée que l'homme pouvait, perdant sa nature d'homme, renaître animal ou plante. P. Leroux,Humanité, 1840, p. 294.
[P. réf. au mythe du Phénix] Renaître de ses cendres. V. cendre II A.
Au fig., THÉOL. CHRÉT. Revenir à l'état de grâce, sortir du péché. Renaître par le baptême, par la pénitence; renaître à la vie éternelle. Le prêtre ayant glapi: « Bah! mourir, c'est renaître! » Peu payé, priera mollement (Rollinat,Névroses, 1883, p. 279).C'est à son insu qu'il [Rousseau] dépouille le christianisme de l'essentiel: mourir pour renaître; mourir à soi-même pour renaître dans le Christ (Mauriac,Gds hommes, 1949, p. 86).
B. − [Le suj. désigne un végétal ou une partie d'un organisme vivant] Croître de nouveau, repousser. Herbe qui renaît à la première pluie; plumes qui repoussent. La poésie la représente [l'hydre] comme un serpent à cent têtes, qui sans cesse renaissent de leurs blessures (Dupuis,Orig. cultes, 1796, p. 117).Dans certaines espèces l'arbre se marcotte lui-même, laisse pendre une branche à terre et, de cette branche, il renaît (Cocteau,Diff. d'être, 1947, p. 169).
II. − Au fig.
A. − [Le suj. désigne une pers.]
1. Connaître une nouvelle vigueur, reprendre des forces (sur le plan physique ou moral). Je me sens renaître à l'air pur. Je suis arrivé (...) j'ai repris mes habitudes; je ne m'ennuie pas encore: d'abord cela me fait renaître de revoir Marie (Mallarmé,Corresp., 1864, p. 133).Une première journée d'été et de grande chaleur. On se sent renaître (Loti,Journal, 1878-81, p. 95).C'est que vous passez un dur moment où la nature entière chuchote le conseil de renaître, d'étreindre, de se parer (Colette,Pays. et portr., 1954, p. 257).
[Avec un attribut exprimant un état] Chez moi, je m'oubliais dans le sommeil de la fatigue, je renaissais belle, gaie, folle pour le monde (Balzac,Secrets Cadignan, 1839, p. 356).
2. Renaître à.[Le compl. prép. introd. par à désigne un état, une faculté, un sentiment, une sensation] Retrouver, être rendu à. Renaître à l'espoir, au bonheur, à la conscience, à la santé. Après toutes ses convulsions, parfois plus violentes qu'ailleurs, elle [la France] ne tarde pas à renaître à l'ordre et à l'autorité dont elle a le goût naturel et l'instinct (Bainville,Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 282):
2. ... maintenant qu'il s'était enfin trouvé le courage de rompre avec elle, il renaissait à des libertés, à des volontés qu'elle avait annihilées, par l'ensorcellement de sa grâce, qu'elle avait amollies par la tendresse de son sourire. Céard,Soir. Médan, Saignée, 1880, p. 168.
P. exagér. Renaître (à la vie). Retrouver un état de santé ou reprendre goût à la vie, après avoir été éprouvé physiquement ou moralement. Je me sentois comme un homme qui renaît à l'existence après une longue maladie (Crèvecœur,Voyage, t. 1, 1801, p. 270).Les médecins répondent de la guérison. Il renaîtra lentement à la vie (A. France,Vie littér., 1888, p. 353).
B. − [Le suj. désigne une chose]
1. Réapparaître, se manifester de nouveau, prendre un nouvel essor.
[Le suj. désigne une réalité perceptible par les sens] Le jour, le printemps renaît; le calme renaît; les étoiles renaissent. Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis, Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes (Baudel.,Fl. du Mal, 1857, p. 60).Il reconnaissait aussi cette joie inquiète: je commence un nouveau livre. Il allait parler de toutes ces choses qui étaient en train de renaître: les aubes, les longues nuits, les voyages (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 17).
[Le suj. désigne une réalité abstr.] Groupement politique, philosophie qui renaît; les arts renaissent. Après un sommeil de plusieurs siècles, l'ordre des Templiers s'est avisé de renaître ces jours derniers, comme le phénix, des cendres de son bûcher (Mussetds R. des Deux Mondes, 1833, p. 327):
3. Une culture renaît quand les hommes de génie, cherchant leur propre vérité, tirent du fond des siècles tout ce qui ressembla jadis à cette vérité, même s'ils ne la connaissent pas. Malraux,Conquér., 1928, p. 177.
En partic. [Le suj. désigne un état, un sentiment, une manifestation de l'esprit] Amour, espoir, confiance, passion qui renaît; sentir renaître son courage. Sous ce massage fait avec une délicatesse infinie, l'enfant sentit ses forces renaître (Verne,Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 133).Il est debout et il se met à rire en sentant renaître la combativité de jadis. Il arpente la pièce, les poings aux poches, l'œil vif et direct, la lèvre moqueuse (Martin du G.,J. Barois, 1913, p. 515).
2. Faire renaître.[Le suj. et le compl. d'obj. dir. désignent une chose concr. ou abstr.] Susciter à nouveau. Faire renaître le passé; les profits du commerce font renaître les grandes fortunes. La découverte d'un manuscrit du code de Justinien fit renaître l'étude de la jurisprudence (Condorcet,Esq. tabl. hist., 1794, p. 110):
4. ... jouissant d'être l'un près de l'autre, goûtant le prix d'un soutien, d'une présence amicale, d'un simple sourire, − jusqu'à ce qu'une parole ou un geste mal interprétés eussent fait renaître leur hostilité. Arland,Ordre, 1929, p. 408.
Rem. ,,Les temps composés et le participe passé sont rares et relèvent de la langue littéraire`` (Colin 1971).
Prononc. et Orth.: [ʀ ənεtʀ ̭], (il) renaît [-nε]. Ac. 1694, 1718: -naistre; dep. 1740: -naître. Étymol. et Hist. 1. a) 1174-76 cont. relig. « connaître un changement spirituel, une nouvelle disposition d'âme » (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 564); b) fin xiies. théol. « connaître une nouvelle naissance, une régénération selon l'esprit, réalisée par la foi et le baptême » reneistre d'awe et del saint esperit (Sermons de St Bernard, 103, 38 ds T.-L.); 2. 1176-81 « naître à nouveau » en parlant d'une pers. (Chrétien de Troyes, Chevalier à la charrette, éd. M. Roques, 3057); 1269-78 (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 15960: ele [Nature] perdroit du tout son estre, S'el ne fesoit cetui [phenix] renaistre); 3. ca 1220 « réapparaître, se montrer à nouveau » en parlant des étoiles (Gui de Cambrai, Barlaam et Josaphat, éd. C. Appel, 6522); 1549 part. prés. adj. le renaissant Soleil « le soleil levant » (Ronsard, Premières poésies, Avantentrée du roi à Paris, 130 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 23); 4. 1269-78 « croître à nouveau (d'une végétation) » (Jean de Meun, op. cit., 19949); 5. fig. « connaître une nouvelle vie, une nouvelle vigueur » a) fin xiiies. en parlant d'un sentiment (Miracles de St Eloi, éd. M. Peigné-Delacourt, XI, p. 33b: E dedens le cuer li nassoit et ranissoit devotions); 1559 (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Compar. Pélopidas-Marcellus, III, éd. G. Walter, t. 2, p. 705: [Il] fit renaître dans les courages des soudards romains une envie ... de se trouver aux prises encontre l'ennemi); b) 1552 en parlant d'une pers. inf. subst. mon renaistre (Ronsard, Amours, XCVII, t. 4, p. 96); c) 1640 part. prés. adj. Rome renaissante (Perrot d'Ablancourt, trad. Tacite, Hist., l. 5, c. 8 ds Rich. 1680); 6. fin xviiies. renaître à la gloire; au plaisir (Delille d'apr. Besch. 1845). Dér. de naître*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 1 565. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 980, b) 1 905; xxes.: a) 2 240, b) 1 744.