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* Dans l'article "REGISTRE,, subst. masc."
REGISTRE, subst. masc.
A. −
1. Cahier, livre, répertoire à caractère privé ou public destiné à répertorier des faits, des noms ou des chiffres dont on désire garder le souvenir ou attester l'exactitude. Nous pouvons lire dans le registre de La Grange, le 4 mars 1667: « Attila, pièce nouvelle de M. de Corneille l'aîné... » (Brasillach, Corneille, 1938, p. 413):
Des messieurs qui avaient l'air de notaires de province, et des grands gaillards avec le chapeau sur l'oreille, conversaient, inscrivaient sur des registres et des petits calepins des noms, des chiffres, des adresses. Aragon, Beaux quart., 1936, p. 494.
SYNT. Fermer, ouvrir un registre; coucher, écrire, inscrire, lire, mettre, transcrire qqc. dans/sur un registre; gros, vieux registre; registre poussiéreux, volumineux; registre à souches, à feuillets mobiles; registre alphabétique, chronologique, signalétique.
Registre matricule*.
[Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterm. qui précise le contenu du registre, son usage ou son propriétaire] Un pasteur, apercevant le nom de Spencer sur le registre de l'hôtel, frissonna (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 98).Il faudra que je recherche son nom sur les registres de l'école (Gide, Si le grain, 1924, p. 404).
SYNT. Registre administratif, annuaire, cadastral, judiciaire, médical, municipal, professionnel; registre d'un commerçant, d'un négociant; registre d'achat, d'appel, d'envoi, d'entrée, d'ordre, de compte, de comptabilité, d'inventaire, des réclamations.
DR., ADMIN. ET COMM.
Registre d'audience. ,,Compte rendu des audiences des cours d'appel et des tribunaux de première instance où le greffier indique la durée de l'audience, les affaires plaidées et de façon sommaire, les arrêts ou jugements rendus avec le nom des magistrats qui y ont participé`` (Cap. 1936).
Registre d'avoué. ,,Registre coté et paraphé par le président du tribunal civil, que doit tenir tout avoué et sur lequel il est tenu d'inscrire par ordre de date toutes les sommes qu'il reçoit de ses clients`` (Cap. 1936).
Registre du commerce. ,,Répertoire qui permet de mettre à la disposition des tiers, divers renseignements concernant l'état, la capacité des commerçants, les fonds exploités, et d'une façon générale tous les éléments de la situation juridique et de l'activité commerciale des intéressés`` (cida 1973). Les registres de commerce, gros in-folio reliés de veau, pesants et encombrants, font place, de plus en plus, aux fiches, aux feuillets mobiles (Pethoud, Organ. industr. et comm., 1931, p. 194).
Registre des dépôts. ,,Registre chronologique qui est tenu dans chaque conservation des hypothèques et sur lequel sont inscrites, au jour le jour, par ordre numérique et selon des règles minutieusement prévues par le législateur, toutes les remises de documents déposés`` (Jur. 1981).
Registre des métiers. Registre sur lequel sont immatriculés les artisans français ou étrangers ayant leur établissement dans le ressort du tribunal de commerce (d'apr. Réau-Rond. 1951). Une loi (...) a créé un registre des métiers auquel tout maître-artisan répondant aux conditions du code de l'artisanat, doit se faire immatriculer dans le mois qui suit son établissement (Meynaud, Groupes pression en Fr., 1958, p. 54).
Registre de l'état civil, d'état civil. Livre sur lequel sont enregistrés depuis 1792 les actes civils d'une commune (naissance, décès, mariage, divorce). Des hommes naissent tous les jours, on les inscrit au registre de l'état civil comme la chose la plus naturelle du monde (Gilson, Espr. philos. médiév., 1932, p. 172).
Registre des naissances, des décès, des mariages. Livre tenu par l'autorité civile ou religieuse d'une commune ou d'une paroisse qui enregistre les naissances, les décès ou les mariages. Il s'appelait M. Mouton, et était employé à la mairie du IVearrondissement, où il tenait le registre des décès (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 35).Sieur Landoys, du Clos-Landès, était clerc greffier de la paroisse de Saint-Pierre-Port, chargé des écritures et gardien du registre des naissances, mariages et décès (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 73).
Registre paroissial. Registre qui, du début du xves. jusqu'à la Révolution, répertoriait les différents événements de la vie de l'individu vivant dans une paroisse (naissance, décès, baptême, mariage). Certains registres paroissiaux des baptêmes, enterrements, mariages remontent au XIVesiècle (France-Italie) (Hist. sc., 1957, p. 1608).
2. P. anal., INFORMAT. ,,Mémoire ou partie de mémoire ayant une capacité de l'ordre de grandeur d'un mot et jouant un rôle particulier dans le fonctionnement de l'ordinateur et/ou le déroulement du programme`` (Le Garff 1975). Les nombres peuvent être mis en réserve dans la machine dans les trente registres normaux des deux calculateurs assemblés (Berkeley, Cerveaux géants, 1957, p. 158).
3. Au fig. Recueil. Peut-être ce registre de toutes mes actions est-il contraire aux intentions de la nature qui efface de notre mémoire tant de souvenirs inutiles ou nuisibles (Green, Journal, 1936, p. 62).
Tenir registre de qqc.S'astreindre à noter régulièrement et minutieusement quelque chose. Ils (...) s'abandonnent d'autant plus franchement à leur gaîté naturelle, que personne ne tient registre de leurs folies (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 217).
Vieilli. [Pour souligner que l'on se souviendra (en bien ou en mal) de qqn] Cet homme est sur mes registres, il est inscrit sur mes registres (Littré).
B. −
1. MUS.
a) [Dans la facture d'orgue]
α) Tirette, bouton situé sur la console d'un orgue, permettant à l'organiste de sélectionner ses jeux pour composer sa registration. Pour faire cesser le son, il pousse le registre précédemment tiré (Rougnon1935, p. 211).
β) Planchette percée qui, en coulissant sur le sommier, permet d'ouvrir ou de fermer un jeu. Malgré d'autres systèmes plus récents, la majorité des facteurs soucieux de perfection préfèrent le sommier à glissières. Son défaut particulier est la fuite de vent sous les registres ou les chapes (Mus.1976, s.v. orgue).
γ) Jeu. Dans les orgues d'autrefois il y avait un registre appelé chant des oiseaux (Combarieu, Mus., 1910, p. 164).
b) L'une des trois parties, qui du grave à l'aigu, forme l'échelle musicale. Registre grave, médium, aigu. On a imaginé les diverses clés au moyen desquelles on peut placer sur la portée les différents registres de l'échelle musicale (Danhauser, Théorie de la mus., 1929 [1872], p. 11).
c) Étendue totale d'une voix placée à une hauteur donnée de l'échelle des sons. Synon. tessiture.Registre d'alto, de ténor. Une mélodie est la même, qu'on la chante dans un registre de ténor ou de basse (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 226).
PHONÉT. ,,Zone de fréquence dans laquelle évolue(nt) une voix, une intonation, les tons d'une langue à tous`` (D. D. L. 1976). On dira que la voix des femmes et des enfants se situe dans un registre plus aigu que celles des hommes adultes (Ling.1972).
d) Partie de la tessiture d'une voix donnée. Registre aigu, médium, grave; registre de fausset, de poitrine, de tête; changer de registre, passer d'un registre à un autre. La Reine de la Nuit (...) rôle difficile écrit dans le registre suraigu que très peu de cantatrices possèdent (Berlioz, Souv. voy., 1869, p. 106).
e) Étendue des sonorités d'un instrument. Il écrit aussi bien pour les voix (il est italien) que pour les instruments, dont il sait utiliser à merveille les registres et les timbres, sans rien exiger qui force leurs moyens (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 109).
2. Au fig.
a) Étendue, variété des dons, des talents que possède une personne. Synon. gamme, palette.Santana restera en tout cas, dans l'histoire du tennis, comme un authentique artiste: (...) c'est un maître à jouer au registre extrêmement varié (Jeux et sports, 1967, p. 1382).
b) Tonalité, spécificité qui, dans un ensemble, s'oppose à une autre. Synon. facette.Mais arrêtons: il est périlleux pour moi d'ouvrir le registre Tristan, car toutes les fois où je l'ouvre, il n'y a plus de raisons pour le refermer (Du Bos, Journal, 1927, p. 384).Dans un registre infiniment plus énergique (Gracq, Beau tén., 1945, p. 85).
Changer de registre. Changer de ton, modifier son discours ou son comportement. Nul ordre postiche n'a droit sur vous. Qui vous demande de changer de registre? (Mauriac, Vie Racine, 1928, p. 247).
LING. Registres de langue, de discours. ,,Usages divers qui sont faits de cette langue (de ce discours) selon les milieux où elle est employée ou selon les situations psychosociologiques dans lesquelles se trouve l'émetteur`` (Éduc. 1979). On dira que chaque locuteur dispose de plusieurs registres habituels ou préférentiels dans l'usage qu'il fait d'une langue donnée (D. D. L.1976).
LITT. Catégorie de sujets littéraires ou artistiques de la même nature ou de la même expression. Synon. genre.Ce sont les mêmes stances qui sont promues, transférées, qui passent d'un registre à l'autre, du registre héroïque au registre sacré (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 805).
3. P. anal.
a) ARCHIT. ,,Bande décorative en peinture ou en sculpture`` (Vogüé-Neufville 1971). Les scènes se déroulent souvent sur les tympans des portails en plusieurs parties, appelées registres (Vogüé-Neufville1971).
b) IMPR. Coïncidence exacte des pages qui occupent le recto et le verso d'une même feuille. La rectitude du registre, c'est-à-dire le repérage exact des pages et de leurs folios est une autre condition non moins importante (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, p. 300).
c) TECHNOL. ,,Mécanisme réglant le débit d'un fluide (vapeur à l'entrée d'une turbine, fumée sortant d'un foyer)`` (Dew. Technol. 1973). Il est prudent de mettre le four en veilleuse pendant quelques minutes en fermant le registre de tirage de la cheminée (Barnerias, Aciéries, 1934, p. 98).
REM. 1.
Registraire, subst. masc.Gardien public des registres. Le doyen prit la plume et remplit, aidé du registraire, les blancs de la page écrite sur le registre (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 441).
2.
Registrateur, subst. masc.,,Officier de la chancellerie romaine qui enregistre les bulles et les suppliques`` (Ac. 1798-1878).
Prononc. et Orth.: [ʀ ə ʒistʀ ̭]. Selon Nyrop Phonét. 1951: ,,Dans le parler négligé ou vulgaire l'é fermé remplace parfois l'e féminin. On entend ainsi (...) régistre``. Substitution de [e] à [ə] protonique (v. G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n o1 1981, p. 187). Att. ds Ac. dep. 1694. [ʀ ə ʒitʀ ̭] écrit registre et aussi regitre, -î-, à côté de la prononc. et de la graph. mod. ds Ac. 1694-1878, Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 3 1788, Littré; noté comme vieilli ds Land. 1834 et DG. Étymol. et Hist. A. 1. 1259 « livre où l'on écrit les actes » (Rutebeuf, Le Dit de Sainte Eglise, 49, éd. E. Faral et J. Bastin, I, 280); 1588 tenir registre de qqc. « consigner régulièrement quelque chose » (Montaigne, Essais, III, 8, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, 942); 1669 fig. cet homme est sur mes registres (Widerhold Fr.-all.); 2. 1588 p. ext. « recueil » (Montaigne, op. cit., 13, 1079). B. 1. 1559 mus. « commande de chacun des jeux de l'orgue » (Amyot, Anton., 32 ds Littré); p. anal. 1834 « étendue d'un organe vocal » (Boiste); 2. a) 1496 typogr. « table, à la fin d'un livre, indiquant l'ordre et le volume des cahiers`` (Cat. of books Printed, VIII, 85 ds Wolf (L.) Buchdruch, p. 191); b) 1570 id. « liste de toutes les lettres qui composent un caractère » (Archives Plantiniennes, 153, 101, ibid., p. 46); 1588 faire bon registre « tirer l'une sur l'autre les deux pages d'un feuillet de manière que les lignes se répondent exactement » (G. Lepreux, Gallia typographica, 32, 97, ibid., p. 176); 3. 1676 technol. « plaque ou tuyau placé à des ouvertures de fourneaux pour régler le tirage » (Ch. Glaser, Traité de la Chymie, 43 d'apr. FEW t. 10, p. 207b); 4. 1875 « chacun des étages ou rangs de peintures appliquées sur les poteries » (Lar. 19e). Empr. au lat. tardifregesta « registre, catalogue » part. plur. neutre subst. de regerere, empl. dans la lang. de la rhét. au sens de « reporter, transcrire ». La finale en -istre est due prob. à l'infl. de épistre, épître*. Pour le sens techn. B 1, cf. le lat. médiév. registra campanorum (ds Du Cange t. 7, p. 92b) « corde de la cloche ». Fréq. abs. littér.: 995. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 509, b) 1 413; xxes.: a) 1 222, b) 1 450. Bbg. Blochw.-Runk. 1971, p. 449. − Quem. DDL t. 31.