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RÉCUSER, verbe trans.
A. − DROIT
1. Empl. trans. Qqn récuse qqn.[Le compl. d'obj. désigne un juge, un juré, un témoin ou un expert] Refuser le jugement ou le témoignage d'une personne dont on suspecte l'impartialité, notamment lorsque celle-ci est parente de l'un des plaideurs ou qu'elle le conseille. Anton. agréer.Récuser un juré. Verrès, jugé par des sénateurs, en récusa cinq, et peut-être davantage (Mérimée, Essai guerre soc., 1841, p. 206).Hermann: Je m'offrirais bien [comme témoin]; mais, étant trop proche parent avec toi, ton adversaire pourrait me récuser (Dumas père, Cte Hermann, 1849, I, 8, p. 219).
[P. méton. du suj.] Si un fils a un père coupable envers son souverain, il doit faire tout ce qui est en lui pour empêcher le succès de ses projets; mais s'il ne peut y réussir, les lois doivent les récuser non seulement comme juge, mais comme témoin (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 287).
[P. méton. de l'obj.] Récuser l'autorité, le témoignage, la compétence d'un juge, d'un tribunal. Nul homme ne récuse les décisions suprêmes de ce tribunal des nations civilisées, appelé le monde (Bonstetten, Homme Midi, 1824, p. 130).
2. Empl. pronom. réfl. Se déclarer incompétent pour juger une affaire, refuser d'accepter d'exercer sa fonction de juge, de juré, de témoin, d'expert dans une cause, un procès. Le président de Valence, devenu pâle et presque sans connoissance, déclara se récuser; sur un mot qu'il dit au président de la cour, cette récusation fut admise (Balzac, Annette, t. 4, 1824, p. 16).V. récusation ex.
B. − P. ext.
1. Empl. trans. Qqn récuse qqc./qqn
a) Refuser, rejeter l'autorité de (quelqu'un ou p. méton. de quelque chose). Synon. infirmer, repousser.Récuser l'assertion, l'autorité, le témoignage de qqn; récuser une opinion, une preuve; récuser un arbitre, un expert, un témoin. Le coq-à-l'âne, en devenant satire, changeait de nom plutôt que de nature, et l'on ne faisait que récuser, comme parrain du genre, Marot, qui, pour des Français, était aussi compétent que Thespis (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., 1828, p. 53).On doit donc récuser comme abstraite toute analyse de l'espace corporel qui ne fait entrer en compte que des figures et des points (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 117).
Plus rare. [Le suj. désigne qqc.] Mon devoir et mon goût s'accordent à vous récuser comme tel [mon adversaire] (Bernanos, Dialog. Carm., 1948, 3etabl., 2, p. 1641).
b) Rejeter, nier. Synon. dénoncer.La philosophie anti-intellectualiste, en récusant l'analyse et « le discours », se condamne par cela même à être intransmissible (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 215).Néanmoins, tout en récusant ses goûts j'admirais qu'ils les défendît avec tant de superbe (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 123).
2. Empl. pronom. réfl. Se déclarer incompétent sur une question, une affaire, un domaine; refuser d'assumer une responsabilité. En ce qui concerne les Pilotes de l'Iroise, roman maritime, de M. Édouard de Corbiére, nous nous récusons nous-mêmes, et nous déclarons notre critique incompétente (Mussetds R. des Deux Mondes, 1832, p. 103).
Prononc. et Orth.: [ʀekyze], (il) récuse [-ky:z]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. [xiiies. d'apr. Bl.-W.1sans indication de sens] A. 1. Ca 1300 intrans. « refuser » (d'apr. FEW t. 10, p. 169a; la réf. est incomplète); 1355 (Bers., Tit. Liv. B.N. 20312 ter, fol. 67 v ods Gdf. Compl.); 1507 recuzer d'obeir (Oct. de S. Gel., Eneide, B. N. 861, f o72a, ibid.); 2. 1540 « repousser » fig. (La Grise, trad. Guevara, III, 48 ds Hug.). B. 1. a) 1332 réfl. dr. « refuser de se soumettre à la décision d'un juge » (A. N. JJ 68, f o4 ds Gdf. Compl.); b) 1549 recuser ung juge (Est.); 2. 1690 réfl. « refuser de faire acte de juge » un juge se doit recuser luy-même (Fur.); 3. 1832 p. ext. réfl. [lang. commune] « refuser d'accepter une charge, une mission » (Musset, loc. cit.). Empr. au lat.recusare « repousser, décliner, refuser », spéc. terme de dr. « repousser une accusation; opposer une réclamation, une objection ». Fréq. abs. littér.: 196.
DÉR.
Récusable, adj.Qui peut être récusé. Synon. contestable; anton. irrécusable.Témoin récusable; autorité, témoignage récusable. Une des parties les moins récusables de l'héritage de l'antiquité païenne, celle qu'évoquent les noms d'Homère, de Sophocle, de Socrate, de Virgile « Père de l'Occident » (Maritain, Human. intégr., 1936, p. 13). [ʀekyzabl̥]. Ac. 1694-1718: re-; dep. 1740: ré-. 1resattest. 1529, 18 mai dr. « qui peut être récusé » empl. subst. (Règlement ds Isambert, Rec. anc. lois fr., t. 12, p. 315), 1605, 5 nov. transposé à la lang. commune (Pasquier, Lettres, XIX, 10 ds Œuvres, Amsterdam, Libraires associés, t. 2, p. 558a: Combien que je soye juge récusable en cette cause), 1605, 5 nov. id. (D'Aubigné, Hist. universelle, préf., éd. A. de Ruble, t. 1, p. 8: Pour tous les autres [historiens] qui ont escrit, ils sont recusables comme s'estans monstrez parties); de récuser, suff. -able*; cf. lat. chrét. recusabilis « qui peut être nié, contestable » (iiies. Tertullien ds Blaise Lat. chrét.).