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RÉCLAMER, verbe
I. − Empl. trans.
A. − Vx. Implorer, invoquer (Dieu, un saint). Réclamer les saints (Ac.1798-1878):
1. Et tout cela comme un cœur et comme une âme, Et comme un verbe, et d'un amour virginal Adore, s'ouvre en une extase et réclame Le Dieu clément qui nous gardera du mal. Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Jadis, 1884, p. 375.
[P. méton. de l'obj.] Réclamer l'assistance, le secours de Dieu, la clémence divine. On n'a pas le droit de réclamer de Dieu de semblables faveurs; puis comme il n'exaucera pas ce vœu, j'y aurai gagné quoi? (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 122).
P. ext. Demander comme une faveur, en priant humblement. Je réclame vos bontés, votre indulgence (Ac.1835-1935).La pitié que je réclame de vous ce n'est pas une compresse sur mon front, un bol d'eau fraîche, une tisane; c'est de me comprendre. Aidez-moi donc à me comprendre, par pitié! (Gide, Prométhée, 1899, p. 332).
B. − Demander avec insistance, de façon pressante comme une chose nécessaire.
1. Qqn réclame qqn/qqc.
a) [L'obj. désigne une pers.] Réclamer un agent, un prêtre. Bouvard perdait la tête. Ses domestiques l'entouraient, parlant à la fois, et il défendait d'abattre les meules, suppliait qu'on le secourût, exigeait de l'eau, réclamait des pompiers (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 37).V. aussi jaloux ex. 1:
2. La médecine d'observation ne pouvant suffire dans la pratique au médecin qui veut agir pour guérir son malade qui le réclame impérieusement, il en est résulté que la médecine est devenue par la force des choses médecine expérimentale... Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 4.
[P. méton. du suj. et de l'obj.] Il se croyait rendu au calme qu'il en était à ce paroxysme où l'anxiété réclame, exige, postule une présence amie − n'importe quelle présence − un témoin (Bernanos, Imposture, 1927, p. 336).
b) [L'obj. désigne un inanimé] Réclamer du pain, le silence, des nouvelles. Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir; il descend; le voici (Baudel., Fl. du Mal, 1861, p. 134).Le petit Sjanke, que Jantje avait déposé dans son berceau (...), réclamant sa tétée, criait à tue-tête (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 259).
Absol., fam. La mère, dont sans doute l'estomac réclamait aussi, ne gardait rien pour elle et semblait heureuse du sacrifice (Michelet, Oiseau, 1856, p. 235).
[Le suj. désigne un animal] Réclamer sa pâtée. Si tôt que le chien avait achevé un morceau, il jappait pour réclamer le suivant (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Pierrot, 1882, p. 351).
2.
a) Qqc. réclame qqn.Le lin ne peut se moissonner à la machine. Il faut l'arracher à la main, touffe par touffe. La besogne réclame une main-d'œuvre spécialisée (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 28).Littér. La foule (...), réclamée par les cloches, frémit dans les nefs merveilleuses (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1891, p. 143).
b) Qqc. réclame qqc.Synon. de exiger, requérir.
[Le compl. d'obj. désigne un inanimé concr.] Marianne, ma bonne fille, n'auriez-vous pas un citron? Cette sole en réclame (Feuillet, Scènes et com., 1854, p. 6).V. évasivement ex. de Lhote.
[Le compl. d'obj. désigne un inanimé abstr.] L'art réclame de la décision (Rodin, Art, 1911, p. 4).Les temps modernes réclament les mots directs et simples [de la part des orateurs] (Wicart, Orateur, t. 1, 1936, p. 19).
C. − Demander avec insistance comme dû, comme juste.
1. Qqn réclame qqc./qqn
a) Qqn réclame qqc.
[L'obj. désigne un inanimé concr.] Il redoutait à chaque minute d'entendre son gendre aborder la question d'argent, réclamer la dot, en le traitant de voleur (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 230).Kennedy envoie un message écrit à Khrouchtchev pour réclamer le démantèlement des bases militaires de Cuba (Beaufre, Dissuasion et strat., 1964, p. 76).
[L'obj. désigne un inanimé abstr.] Tes cruels soupçons ont toujours retardé l'effet d'un engagement si solennel; mais sa foi m'appartient, je la réclame. (...). Je veux mourir l'époux d'Ordalie (Genlis, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 140).Vinca (...) réclama pour elle-seule la honte d'aimer le tourment du corps et de l'âme (Colette, Blé en herbe, 1923, p. 78).
Réclamer à cor et à cri. V. cor1A ex. de Huysmans.
b) Qqn réclame qqn
DR. CIVIL. Réclamer sa mère. Conduire une action en recherche de maternité. La recherche de la maternité est admise. L'enfant qui réclamera sa mère, sera tenu de prouver qu'il est identiquement le même que l'enfant dont elle est accouchée (Code civil, 1804, art. 341, p. 63).
Demander la restitution, la libération de. Le bailli du comte fit arrêter un bourgeois de Gand et le fit retenir en prison. (...) Les magistrats envoyèrent réclamer le prisonnier (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 156).Il se promit cependant, connaissant l'adresse de Léo, d'aller chez lui aussitôt qu'il serait relaxé. Il se fit, en effet, réclamer le jour même par l'un de ses amis (Huysmans, Marthe, 1876, p. 79).
c) TURF. Cheval à réclamer. Cheval engagé dans un prix ou une course dits « à réclamer » (v. aussi infra rem. 3) et que son propriétaire s'engage à céder après l'épreuve, moyennant une somme fixée à l'avance. (Dict. xxes.).
2. Littér. Qqc. réclame qqn.Lélia! Le cercueil te réclame; n'as-tu pas assez souffert, pauvre destinée? Couche-toi donc dans ton linceul (Sand, Lélia, 1833, p. 52).Ce corps épuisé que la tombe réclame (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p. 305).
D. − Spécialement
1. VÉN. Réclamer les chiens. Leur sonner la retraite ou leur sonner un appel (d'apr. Duchartre 1973).
2. FAUCONN. Réclamer l'oiseau. Provoquer le retour du rapace au poing ou sur le leurre (d'apr. Duchartre 1973).
3. Réclamer ses petits ou absol. réclamer. ,,Appeler ses petits, en parlant de la perdrix`` (Lar. Lang. fr.).
II. − Empl. intrans.
A. − Réclamer (contre qqn/qqc.). S'élever, protester (contre). Réclamer contre une mesure illégale, contre un passe-droit; réclamer faiblement, impérieusement, unanimement. Aujourd'hui, très mauvaise impression à la répétition. Mayer réclame contre la longueur de la tirade (Goncourt, Journal, 1896, p. 925).
DR. CIVIL. Conduire une réclamation. Dans les divers cas [de légitimité de l'enfant] où le mari est autorisé à réclamer, il devra le faire, dans le mois, s'il se trouve sur les lieux de la naissance de l'enfant (Code civil, 1804, art. 316, p. 60):
3. Si la réclamation n'a pas été consignée dans le procès-verbal, elle doit être déposée dans les... jours qui suivent l'élection... Le préfet aura, pour réclamer contre les élections, un délai de... jours, à partir du jour où il aura reçu les procès-verbaux des opérations électorales. Bacquias, Cons. gén. et cons. arrondiss., 1934, p. 49.
B. − Réclamer pour, en faveur de qqn. S'entremettre, intercéder pour. Je me féliciterai toujours d'avoir réclamé pour les pauvres, pour tous. Personne évidemment n'y songeait. Tout au moins resserrera-t-on le monopole par un cahier des charges, qui impose à la compagnie une piscine commune pour les pauvres (Michelet, Journal, 1854, p. 271).
III. − Empl. pronom.
A. − Se réclamer de qqn. Invoquer en sa faveur l'autorité, le témoignage, la caution de. Synon. se recommander de.[Tartarin] (...) se réclama de son consul, d'un marchand de miel suisse (...) qu'il avait connu en foire de Beaucaire (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 207).Judith (...) appartenait à la première des familles de qualité et toute grande maison s'en réclamait (La Varende, Nez-de-cuir, 1936, p. 128).
B. − Se réclamer de qqc. Se prévaloir de, se référer à.
1. [Le suj. désigne une pers.] Le judaïsme a (...) des rites, des cérémonies, des fêtes, des commémorations, maintenus par une tradition dont se réclament peu ou prou tous les partis (Weill, Judaïsme, 1931, p. 136).L'un et l'autre étaient catholiques, alors que tout le reste de la famille se réclamait de la foi protestante (Green, Chaque homme, 1960, p. 6).
2. [Le suj. désigne un inanimé] Tout parfum qui ne se réclame pas d'une origine végétale ne peut compter que sur un caprice bref de la mode (Colette, Pays. et portr., 1954, p. 183).
REM. 1.
Réclamant, -ante, part. prés. en empl. subst.Personne qui présente une réclamation. Mais ce qu'il y a de plus grave, c'est que les réclamants, c'est que les industriels (...) se sentent autorisés à tailler leurs prétentions sur le patron des exigences des commissaires chargés de répartir les indemnités (Jaurès, Eur. incert., 1914, p. 182).V. férule B ex. de Alain.Dr. Le tribunal n'admit pas la prétention du réclamant (Ac.1878, 1935).
2.
Réclamateur, subst. masc.,transp. mar. ,,Destinataire porteur du connaissement, qui doit se présenter à l'arrivée du navire pour demander la livraison des marchandises`` (Cap. 1936). Au plur. ,,Demandeurs en justice, victimes d'un préjudice subi par le fait du transporteur maritime`` (Barr. 1967).
3.
Réclamer, subst. masc.,turf. Prix pour lequel court un cheval à réclamer (supra I C 1 c). À l'entraînement, la pouliche née du mariage de Sombrero et de sa sœur se révéla sans éclat (...). Mr Castex et Flavien ne la mirent pas dans un réclamer: ils la renvoyèrent au haras (Vialar, Éperon arg., 1952, p. 218).
Prononc. et Orth.: [ʀeklɑme], [-a-], (il) réclame [-klɑ:m], [-am]. V. réclame1. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. ca 1100 « invoquer, prier (quelqu'un, l'un de ses attributs) » (Roland, éd. J. Bédier, 8); 2. a) ca 1100 « appeler, demander (quelqu'un) » (ibid., 3517); b) ca 1175 fauconn. (Chron. Ducs Nor-mandie, éd. G. Fahlin, 15855); c) 1376 pronom. réciproque « s'appeler les uns les autres » (ici, les chiens) (Modus et Ratio, 26, 41 ds T.-L.); 3. a) 1219 « revendiquer, demander ce que l'on considère comme dû » (Document ds Tailliar, Rec. d'actes, Douai, 1849, p. 62); b) déb. xves. « revendiquer comme son serf, poursuivre » (Archives du Nord, B 146, 3ecahier, fol. 15 r ods IGLF); c) 1672 « revendiquer comme sien » (Molière, Femmes savantes, III, 3); 4. 1675 « nécessiter, exiger, aller de pair avec » (Bossuet, Sermon à la profession de Mmede La Vallière ds Littré); 1729 (A. Piron, L'École des pères, IV, 10, Œuvres compl., éd. Rigoley, t. 1, p. 132). B. Pronom. 1. ca 1175 se réclamer de (par) qqn « se proclamer le parent, le serviteur ou le protégé de, se recommander de (quelqu'un) » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 4504); 2. 1740 se réclamer de (qqc.) « s'appuyer sur, invoquer » (Varenne, Mém. Ravanne, t. 3, p. 140). C. Intrans. 1. fin xives. réclamer de « s'opposer à » (E. Deschamps, Œuvres, IV, 11, 9 ds T.-L.); 1549 reclamer et contredire « protester, crier contre » (Est.); 1677 reclamer contre (Maucroix ds Rich. 1680); 1710 spéc. « contester, demander l'annulation de » (ici, des vœux) (V. E. Flechier, Mém. sur les grands jours d'Auvergne en 1665, p. 59); 2. 1671 réclamer en justice « former une demande » (Pomey). Empr. au lat.reclamare « crier contre, protester » et « appeler à plusieurs reprises ». Fréq. abs. littér.: 3 850. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 932, b) 5 461; xxes.: a) 6 834, b) 5 126. Bbg. Gohin 1903, p. 231 (s.v. réclamant). − Quem. DDL t. 6.