| ![]() ![]() ![]() ![]() RAYON2, subst. masc. A. − Gâteau de cire, constitué d'alvéoles remplis de miel ou de couvain, que fabriquent certains insectes (abeilles, guêpes). Chacun de ces alvéoles est un tuyau hexagone posé sur une base pyramidale, et chaque rayon est formé de deux couches de ces tuyaux opposés par la base (Maeterl., Vie abeilles, 1901, p. 135).On procède à l'extraction proprement dite [du miel] en soumettant les rayons (...) à l'action de la force centrifuge dans un appareil spécial (extracteur) (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 29). B. − P. anal. 1. Planche, tablette de rangement qui garnit un meuble ou est disposée sur une surface verticale. Rayon(s) d'un comptoir, d'un vaisselier, d'une bibliothèque, d'une étagère; rayons fixes, mobiles. Suivant la nature du commerce, les échantillons consistent en deux ou trois baquets pleins de sel et de morue (...) ou quelques pièces de drap sur des rayons (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 7): 1. − V'là ce qu'il nous faut, dit-il en ouvrant l'armoire. Et, jetant, en vrac, du linge et des robes sur le tapis, fouillant les tiroirs, vidant les rayons il fit son choix. − J'vas m'habiller en poule et toi en homme, tu piges, face d'âne.
Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 13. 2. Au plur. Surface de rangement constituée par des casiers, des planches. Cette cave (...) était haute, partagée en deux par un lattis solide, et fermée d'une porte également en lattis. Tout le long s'étendaient des rayons, et sur ces rayons étaient couchées des bouteilles dans un ordre admirable (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 17).Maintenant, − m'annonça-t-il, − il n'y a plus que des livres. Je vais te les faire passer. Mets-les en tas, dans un coin, en attendant qu'on me fabrique des rayons (Benoit, Atlant., 1919, p. 35). − BIBLIOTHÉCON., au sing. Rayon (de bibliothèque). Dans une bibliothèque ouverte au public, endroit où sont disposés des volumes appartenant à une même catégorie et, p. méton., ensemble de ces livres. Rayons à libre accès (Rolland-Coul.1969). ♦ Expr. fam. Auteur du second rayon, de deuxième rayon. Auteur considéré comme mineur. Ouvrage de second rayon peut-être, mais dont justement les insuffisances devraient engager les chercheurs qui souhaitent appliquer les méthodes de l'analyse quantitative à poursuivre leurs efforts (P. Vandebeugneds Cah. Lexicol., févr. 1986, n o47, p. 140). C. − P. méton. Dans un magasin, ensemble des comptoirs affectés à la vente d'une catégorie de produits ou d'articles. Rayon de la crèmerie, de l'épicerie; rayon de la chemiserie, de la mercerie, de la parfumerie. Il y a une vingtaine d'années, ayant dû renoncer à l'étude des langues romanes, j'étais vendeur aux « Dames de France » de Marseille, rayon des cravates (Romains, Knock, 1923, i, p. 5): 2. Bourras, depuis le coup terrible que le Bonheur des dames lui avait porté en créant un rayon de parapluies et d'ombrelles, n'employait plus d'ouvrières. Il faisait tout lui-même, pour diminuer ses frais: les nettoyages, les reprises, la couture.
Zola, Bonh. dames, 1883, p. 567. − Chef de rayon. Personne chargée de la direction d'un rayon. La sollicitude universelle qu'ont les chefs de rayon pour les clientes des grands magasins (Sartre, Mots, 1964, p. 35). − P. méton. Ensemble de personnes qui travaillent dans un même rayon. Depuis longtemps, elle projetait d'emmener ces demoiselles passer un dimanche, près de Rambouillet (...). Quinze jours à l'avance, le rayon ne causa que de la partie: on regardait le ciel attiédi par le soleil de mai, on occupait déjà chaque heure de la journée (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 520). − Expr. fig., fam. Ce n'est pas (dans/de) mon/ton, etc. rayon. Cela ne me/te, etc. regarde pas. On m'aurait dit de vous distribuer des parapluies, je vous donnerais des parapluies... Le reste, c'est pas mon rayon... Allez expliquer ça au major... (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 179).Il eut vers elle un mouvement de sympathie: oui, ils pourraient s'entendre... « J'aime ce monde sinistre où nous vivons: on colle bien ensemble. Moi, les innocents, ce n'est pas mon rayon » (Montherl., Démon bien, 1937, p. 1363). ♦ C'est mon/ton, etc. rayon, c'est le rayon de qqn. C'est mon/ton, etc. domaine, ma/ta, etc. spécialité. C'est la faute de tante Léo. La baignoire est bouchée et la baignoire c'est son rayon. Tante Léo, c'est l'ordre (Cocteau, Parents, 1938, ii, 1, p. 228).Il était entendu que les finances c'était le rayon de Luc et Henri lui laissait volontiers carte blanche (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 231). ♦ En connaître un rayon. Bien connaître (une question) être très compétent (dans un domaine particulier). Le p'tit César a l'air d'en connaître un rayon. T'as vu comme il a fait vinaigre pour cisailler les fils [téléphoniques]? (Le Breton, Rififi, 1953, p. 59). Prononc. et Orth.: [ʀ
εjɔ
̃]. Homon. et homogr. rayon1et 3. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1429 royon « casier servant à ranger des marchandises dans des armoires, etc. » (doc. Tournai ds Gdf. Compl.); 1563 rayon (B. Palissy, Recepte veritable ds
Œuvres, éd. A. France, p. 96); b) 1747 « planche, tablette de rangement, dans une bibliothèque » (Diderot, Mém. promen. sceptique ds Littré); c) 1841 « partie d'un magasin réservée au commerce d'une marchandise » (P. Bernard, Le Marchand de nouveautés, in Le Prisme, p. 215 [Curmer] ds Quem. DDL t. 16); 1919 c'est pas mon rayon (Musette, Cagayous poilu, ch. VII, f. 13); 1947 en connaître un rayon (d'apr. Esn.); 2. 1538 « gâteau de cire formé par certains insectes et dont les alvéoles sont remplis de miel ou de couvain » (Est. d'apr. FEW t. 16, p. 237b). Dér. de l'a. fr. ree « rayon de miel » (ca 1130, Paraphrase du Cantique des cantiques, 26 ds T.-L.), issu de l'a. b. frq. *hrâta « id. », cf. le néerl. rate « id. » et, ds les Gloses de Reichenau, éd. H. W. Klein et A. Labhardt, t. 1, p. 133, 2597: favum: frata mellis. Malgré la chronol. inverse, le sens 1 est issu p. compar. du sens 2. Bbg. Quem. DDL t. 16, 22. |