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RATISSER, verbe trans.
A. − Vieilli. Racler la surface d'une chose pour la nettoyer. On y voyoit autrefois le tableau de la Conversion de saint Paul, un des meilleurs de Lebrun; on l'a ratissé avec la lame d'un sabre: Turba ruit! (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital., Voy. Clermont, t. 2, 1827, p. 288).Un tableau représentant une grosse cuisinière ratissant le dos d'un cabillaud (Stendhal, Prom. ds Rome, t. 2, 1829, p. 209).
P. anal., en empl. pronom. réfl. indir. Ce que vous me dites du vin de Bordeaux est bien tentant, surtout pour qui vient de se ratisser le gosier pendant un mois avec du sherry (Mérimée, Lettres Fr. Michel, 1850, p. 18).
B. − Nettoyer ou égaliser le sol en y passant le râteau. Ratisser une allée.
Empl. abs. J'ai défendu de ratisser; l'odieux jardinier est venu hier avec son manche à balai ferré. Il allait toucher le sable... La trace de vos pas, plus légère que le vent, n'était pourtant pas effacée (Musset, Mouche, 1854, p. 266).
P. métaph. Et il faudra marcher tout le long de cette pente perforée par les obus, ratissée par les mitrailleuses (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 277).
C. − Rassembler, ramasser à l'aide d'un râteau. Ratisser les feuilles mortes; ratisser le sol. En chemise et jupon court, le cou et les bras nus, elle ratissait l'herbe et la mettait en tas (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 268).
P. anal., arg. du rugby. Talonner. Tel talonneur se fait remarquer par l'art avec lequel, accroché au cou de ses deux piliers, il ratisse la balle; entendons qu'il s'empare du ballon en se servant de ses pieds comme d'un râteau (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.1952, p. 232).
JEU. Ramasser les jetons, les cartes à l'aide du râteau du croupier. Lenoir qui taillait au Passage-Club regarda avec reproche le croupier. Par deux fois, celui-ci avait oublié de ratisser les cartes, il avait fallu lui faire signe (Aragon, Beaux-quart., 1936, p. 438).Fam. Se faire ratisser. Perdre ses enjeux. (Dict. xxes.).
D. − P. anal., fam.
1. Ramasser de l'argent:
... et ce n'est qu'à la fin de la nuit, l'affaire faite, le coup réussi, les bateaux déroutés, le bénéfice empoché (c'était le premier gros fric que je ratissais depuis 1914) que je pus enfin m'engouffrer, avec un soupir de soulagement, dans la Mercédès-Benz de rupin mise à ma disposition... Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 78.
2. Voler quelqu'un ou quelque chose. Non, aucun voleur à la tire (...) ne me les avait ratissés [cinq sous un paquet de friandises] (Arnoux, Zulma, 1960, p. 74).
3. Au passif. Être complètement ruiné. Et qui est-ce qui paiera? demanda violemment Madame Lorilleux. Pas nous, qui avons perdu de l'argent la semaine dernière; pas vous non plus, puisque vous êtes ratissés (Zola, Assommoir, 1877, p. 658).
E. − ART MILIT., POLICE. Procéder avec l'aide de nombreux spécialistes (et parfois d'animaux dressés à cet effet), se déplaçant en ligne et de manière systématique, à la fouille d'un terrain, afin de découvrir des indices, de neutraliser ou d'arrêter des personnes pouvant s'y cacher. Ces fameuses patrouilles ne devaient pas ratisser la plaine au peigne fin. Il devait y avoir moyen de passer entre les dents (Giono, Hussard, 1951, p. 194).Le coup fait, il faut au plus vite s'esquiver, parce qu'aussitôt l'adversaire amène du monde, barre les routes, ratisse les alentours (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 251).
P. anal., POL. Ratisser large. Ce sont des primaires normales, sans danger, qui permettront à l'opposition de « ratisser large » au premier tour et, en définitive, aux électeurs de choisir leur maire (Minute, 18 déc. 1982ds R. Trad. 1983, n o18, p. 40).
Prononc. et Orth.: [ʀatise], (il) ratisse [-tis]. Passy 1914 [ɑ]; Barbeau-Rodhe 1930, Warn. 1968, Lar. Lang. fr., Rob. 1985 [a] mais Martinet-Walter 1973 9/17 [ɑ], 8/17 [a]. [ɑ] s'explique p. anal. avec râteau. Étymol. et Hist. 1. 2emoit. xives. ratissier « ôter, emporter, en raclant, la surface de quelque chose ou ce qui s'y est attaché » (Livre chevalier la Tour Landry, 101 ds T.-L.); cf. dès le xiiies. gastieax rastiz propr. « gâteaux faits avec des raclures de pâte » (Du Prestre et d'Alisan, 260 ds Fabliaux fr. du Moy. Âge, éd. Ph. Ménard, t. 1, p. 66; v. aussi la note de l'éd. p. 146); 1390 « enlever des lettres, des mots, à l'aide d'un canif » (Registre criminel du Châtelet de Paris, éd. H. Duplès-Agier, t. 1, p. 299); 2. a) 1679 « nettoyer à l'aide du râteau » (Rich.); b) 1866 ratisser « prendre, chiper » (Delvau); 1866 se faire ratisser « perdre tout l'argent qu'on avait engagé au jeu » (ibid.); c) milit. 1951 ratisser la plaine (Giono, loc. cit.). Dér. de l'a. verbe rater « raturer, racler, peler » (xive-xvies. ds Gdf. et FEW t. 10, p. 90b), lui-même tiré soit de rature* soi du verbe lat. rasitare « raser souvent ». Cette dernière hyp. est étayée par l'existence de raston « sorte de pâtisserie » (1240-80, Gautier le Leu, Veuve, éd. Ch. H. Livingston, 540), prob. dér. d'un verbe *raster « racler » qui semble remonter au xiiies.; 2 sous l'infl. de râteau*. Fréq. abs. littér.: 107.
DÉR. 1.
Ratisseur, -euse, adj. et subst.(Personne) qui ratisse. Arg. du rugby. Talonneur. Transformer un de ces deux piliers en ratisseur (L'Équipe, 9 déc. 1950ds Petiot 1982). [ʀatisœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Supra prononc. 1resattest. a) 1530 subst. « instrument pour râper » (Palsgr., p. 215), b) α) subst. 1532 « celui qui rature le papier » (Rabelais, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, chap. 20, p. 162, 93), 1558 « celui qui ratisse » (p. plaisant. en parlant du barbier) » (B. Des Periers, Nouvelles récréations et joyeux devis, éd. K. Kasprzyk, 30, 143), β) adj. 1910 « qui ratisse » (Lar. pour tous); de ratisser, suff. -eur*2.
2.
Ratissoire, subst. fém.Outil de jardinage servant à sarcler ou à biner légèrement. (Dict. xixeet xxes.). [ʀatiswa:ʀ]. Supra prononc. Att. ds Ac. 1694-1878. Lar. Lang. fr.: ratissoir n. m. (rare). 1resattest. 1517 une ratissoire à ratisser la langue... (Rec. d'actes notariés, éd. E. Coyecque, t. 1, p. 19), 1538 « instrument pour racler » (Est., s.v. radula); de ratisser, suff. -oir(e)*.
3.
Ratissure, subst. fém.Ce que l'on ôte en ratissant. La ratissure de parchemin sert à fabriquer de la colle fine (Bouasse, Cordes et membranes, 1926, p. 482). [ʀatisy:ʀ]. Supra prononc. Ac. 1694: -eure; dep. 1718: -ure. 1reattest. 1552 (Est., s.v. rasura); de ratisser, suff. -ure*.
BBG.Quem. DDL t. 5 (s.v. ratisseur), 27. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 124, 125. − Vaganay (H.). Pour l'hist. du fr. mod.: Rom. Forsch. 1913, t. 32, p. 144 (s.v. ratissoire; ratissure).