Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
RATER, verbe
I. − Empl. intrans. Qqc. rate
A. − [Le suj. désigne une arme à feu, une charge explosive, une détonation] Ne pas partir, ne pas avoir lieu. Synon. louper (fam.), foirer (pop.).Louis tire à la fois avec les deux pistolets. Les deux coups ratent (Claudel,Pain dur,1918, ii, 3, p. 455):
1. Les pièces pyrotechniques envoyées à l'adresse du sieur Tuvache avaient, par excès de précaution, été enfermées dans sa cave; aussi la poudre humide ne s'enflammait guère, et le morceau principal, qui devait figurer un dragon se mordant la queue, rata complètement. Flaub.,MmeBovary, t. 1, 1857, p. 174.
B. − Au fig., fam. [Le suj. désigne une réalité abstr.] Ne pas réussir, ne pas obtenir le résultat souhaité. Synon. avorter, échouer, foirer (pop.), louper (fam.).Affaire, entreprise, projet qui rate. C'est bien là (...) la grande péripétie de la vie de Cromwell. C'est le moment où (...) pour employer une vulgarité énergique, sa destinée rate (Hugo,Préf. Cromwell,1827, p. 39).
[Empl. dans des tours impers.]
C'est raté, p. ell. raté (!). « Eh bien? » cria Jenny (...). − « Raté », fit Daniel sèchement (...). Nicole eut un sourire malicieux: − « Complètement raté! » répétait-elle (Martin du G.,Thib., Pénitenc., 1922, p. 804).Ce n'est rien. L'os n'est pas touché. Et la balle est ressortie. Allons, c'est raté! (Malraux,Conquér.,1928, p. 141).
Ça ne rate pas/jamais, ça n'a pas raté. C'est, c'était prévisible, inévitable. Cet excellent homme se trompe toujours en rendant la monnaie. Avec des clients comme moi, ça ne rate pas (Bloy,Journal,1904, p. 208).Je me disais: il a encore inventé quelque chose. Eh bien! ça n'a pas raté (Aragon,Beaux quart.,1936, p. 256).
II. − Empl. trans. Qqn rate qqc., qqn.Synon. fam. louper.
A. − [Le suj. désigne un tireur, un chasseur] Manquer (la cible, la proie) en raison du mauvais fonctionnement de l'arme, ou par maladresse. Rater un faisan, un lièvre. Raté plusieurs coups de fusil, ce qui m'enlève beaucoup de mon assurance. D'avoir réussi mes premiers coups, m'avait rempli de superbe. Je ne visais déjà plus (Gide,Voy. Congo,1927, p. 753).Il s'est réellement suicidé à côté de moi, il y a quelques jours (...) après avoir vidé son chargeur sur les gardes mobiles qui couraient sur nous et les avoir tous ratés (Abellio,Pacifiques,1946, p. 29).
En partic., empl. pronom. réfl. Ne pas réussir son suicide (avec une arme à feu ou par un autre moyen). Ils délibérèrent sur le genre de mort. Le poison fait souffrir. Pour s'égorger, il faut trop de courage. Avec l'asphyxie, on se rate souvent (Flaub.,Bouvard, t. 2, 1880, p. 108).Avec du véronal, aucune chance que j'en revienne. − Pourquoi pas un bon coup de revolver? (...) avec un revolver, l'arme se redresse, et on risque de se rater (Montherl.,Pitié femmes,1936, p. 1180).
B. − P. anal. ou au fig., fam.
1. Rater qqc.
a) Ne pas atteindre, ne pas obtenir ce que l'on visait; ne pas saisir une occasion.
[Le compl. désigne une chose concr., une réalité tangible] Un jour, au tennis, chez les Dubreuil... Tu me regardais tout le temps... Tu ratais toutes les balles (H. Bataille, Maman Colibri,1904, i, 12, p. 11).Les Anglaises que l'on rencontre à Saint-Moritz prétendent qu'elles s'y trouvent par erreur, ayant raté le train de Malte (Morand,Londres,1933, p. 76).
[Le compl. désigne une réalité abstr.] Synon. manquer.Rater une affaire, son effet. Il ratera son élection. Eh! bien, tant mieux: il sera déplacé et nous en serons délivrés (Stendhal,L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 121).Si draconien soit-il, un règlement trouve toujours des accommodements. Notre mère, qui avait raté sa vocation de surveillante pour centrale de femmes, se chargea de veiller à sa plus stricte application (H. Bazin, Vipère,1948, p. 51).
Locutions
Rater le coche. V. coche2.
Rater son coup*.
Ne pas (ne jamais) rater une (l')occasion de (+ verbe inf.). Ne pas laisser échapper la possibilité de. Cet universel brochurier (...) ne rate jamais l'occasion de se faire un peu de réclame (Bloy,Journal,1892, p. 24).Edmond, lui, n'était pas un compagnon pour son jeune frère (...) il ne rate pas une occasion de l'humilier, parce qu'il n'est pas fort (Aragon,Beaux quart.,1936, p. 51).Ne pas en rater une (pop.). Accumuler les impairs, les gaffes. C'est le plus haut devoir des poètes, pendant les heures tragiques que nous traversons, déclara le professeur Bestombes, qui n'en ratait pas une, de nous redonner le goût de l'épopée (Céline,Voyage,1932, p. 124).
b) Ne pas réussir. Rater une robe, une sauce, un tableau; rater un examen. Il suait de peur à l'idée qu'il pouvait le rater, son bouquin (Martin du G.,Thib., Sorell., 1928, p. 1235).− Tu arrives en plein drame! me dit-elle gaiement. La mayonnaise est ratée! − Bonjour, dit Lambert d'un air sombre. Oui, elle est ratée, moi qui ne les rate jamais! − Je te dis que ça peut se reprendre, continue, dit Nadine (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 214).
En partic. Rater sa carrière, sa vie. Ne pas réussir comme on pouvait l'espérer. Certes, sa vie était ratée, tout à fait ratée. Pourtant il avait aimé, lui (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Regret, 1883, p. 904):
2. Barrès a raté sa carrière. Il a beaucoup de charme, mais pas grande valeur. S'il avait su quelle était sa séduction, il ne se serait peut-être pas lancé dans des affirmations qui en comportent si peu. C'est pourtant lui qui fait les meilleurs articles dans le genre dit: nationaliste, mais encore faut-il les choisir. Gide,Corresp. [avec Valéry], 1899, p. 348.
2.
a) Rater qqn.Ne pas réussir à joindre, à rencontrer quelqu'un. Je vous attends demain vers 10 heures, et pour vous je rate la mère Viardot. Voilà un sacrifice! (Flaub.,Corresp.,1873, p. 81).J'ai raté l'abbé Chevance d'un rien, d'un cheveu, Mmed'Arpenans a failli me le faire rencontrer chez votre ami Tissier (Bernanos,Joie,1929, p. 644).
b) Ne pas rater qqn.Régler son compte à quelqu'un en usant parfois de violences verbales ou physiques; lui répondre de façon imparable. Gêné, il cherche à faire l'aimable, mais en voilà un qui ne me ratera pas, dans quatre ans (Renard,Journal,1904, p. 916).Ah! ces deux dégoûtants-là, je vous promets que s'ils me tombent sous la main, je ne les raterai pas (Aymé,Mouche,1957, p. 205).
REM.
Rateur, subst. masc.,hapax. S'il est un rateur et un raté de l'esprit, c'est bien lui [A. Daudet] (Verlaine, Œuvres posth., t. 2, Voy. Fr., 1896, p. 121).
Prononc. et Orth.: [ʀate], (il) rate [ʀat]. Homon. et homogr. rate (organe) et rate (fém. de rat). Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1715 verbe trans. « ne pas réussir (une entreprise) » (Lesage, Gil Blas, éd. M. Bardon, p. 158); b) verbe trans. 1718 « ne pas mener à bien une tâche » (Ac.); 2. a) verbe intrans. 1718 « ne pas faire feu, en parlant d'une arme » (ibid.); b) 1722 « échouer » (Marivaux, Le Spectateur français, 117); 3. a) 1833 rater son coup (Borel, Champavert, p. 350); b) 1873 rater qqn « ne pas le rencontrer » (Flaub., Corresp., p. 81); c) 1904 ne pas rater qqn (Renard, loc. cit.); d) 1929 ne pas en rater une (L. Daudet, Cœur brûlé, p. 82); 4. a) 1867 part. passé subst. sing. « personne qui n'a pas réussi dans sa carrière » (Goncourt, Man. Salomon, p. 138); b) 1890 part. passé subst. plur. « bruit anormal d'un moteur à explosion » (E. Delamare-Debouteville, Moteur à air dilaté, 5 ds Quem. DDL t. 6). Dér. de l'expr. prendre un rat (v. rat); dés. -er. Fréq. abs. littér.: 356. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 199, b) 483; xxes.: a) 621, b) 705.