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RARETÉ, subst. fém.
A. − [Corresp. à rare A]
1. [En constr. avec un synt. nom. dont le référent est nombrable]
a) Caractère de ce qui existe à peu d'exemplaires; fait, pour quelque chose, d'exister à peu d'exemplaires. Anton. multitude, pléthore.
α) [Avec un compl.]
Rareté (+ déterm.) de + nom.La rareté des vivres, des habitations. Celle [la chambre d'hôtel] qu'on leur donna était grande, fournie de bons meubles, tendue d'indienne, et silencieuse, vu la rareté des voyageurs (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 151).Ceci explique (...) aussi la rareté des belles voix (Arts et litt., 1935, p. 36-6):
1. L'extrême rareté des hommes politiques de quelque envergure tient à ce qu'ils doivent résoudre à tout moment, dans le détail, un problème que l'extension prise par les sociétés a peut-être rendu insoluble. Bergson, Deux sources, 1932, p. 293.
Poss. + rareté.Cependant un cliché, même mauvais, intéressera la rédaction du journal s'il est original: sa rareté fera prime et l'on passera sur ses défauts techniques (Coston, A.B.C. journ., 1952, p. 171).
Rareté + adj.Les écrivains d'aujourd'hui s'évertuent, disait-il, à décrire des raretés humaines, ou bien des types qui n'existent que dans des groupes anormaux, en marge de la grande société des hommes agissants et sains (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1139).Les raretés sociales sont adéquatement traduites par le prix et par les prix. Les mouvements de ces indicateurs de rareté sont supposés dépendre d'un ordre naturel du monde (Univers écon. et soc., 1960, p. 4-2).
β) Être d'une rareté + adj.Cependant Michel-Ange ne peignit presque jamais à l'huile, et ses tableaux sont d'une rareté fabuleuse (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 48).
P. ell. Les objets rares, d'une rareté absolue. Par exemple, telle production d'art qui n'existe qu'à un exemplaire et qui n'est pas reproductible (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 481).
b) P. méton., gén. au plur. Objet qui existe à peu d'exemplaires.
α) [Avec un compl. indiquant le domaine]
Rareté + (détermin.) de + nom.Mon instructeur (...) ne me parut pas une des moindres raretés du siècle qu'il venoit de peindre (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 213).Hobbéma, Géricault, les raretés de la peinture, rien ne piquait leur curiosité (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 82).
Rareté + adj.Les fleurs, les fruits, les raretés botaniques de cette habitation avaient déterminé la jeune miss à la choisir à son passage à Guersau (Balzac, A. Savarus, 1842, p. 40).Un Lénine, grandeur nature, présidait la table du banquet chargée de pièces montées (...) et de raretés gastronomiques (Morand, Magie noire, 1930, p. 29).Il y a eu beaucoup de périodiques individuels, rédigés par un seul écrivain, (...) en général leur existence a été brève et ils ne constituent même pas des raretés bibliographiques (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 230).
β) (Être) une/des rareté(s). Ta place en grec m'a fait plaisir. Dans dix ans, un homme qui saura quelques mots de grec sera une rareté (Renard, Corresp., 1906, p. 329).Les ammonites (...) font leur première apparition au sommet des terrains primaires, mais ce sont alors des raretés (Boule, Conf. géol., 1907, p. 114).
γ) [Sans compl.] Ce n'est qu'à partir du XVIIesiècle qu'apparaît l'éclairage zénithal (...), comme le montrent la galerie de Rubens à Anvers, le cabinet des raretés à Versailles et la galerie du Régent au Palais-Royal (L. Benoist, Musées, 1960, p. 58).Le marché expressif de tensions et de raretés dans une société divisée et querelleuse, est remplacé par un réseau de contributions et d'attributions pleinement intelligibles (Univers écon. et soc., 1960, p. 6-10).
2. [En constr. avec un synt. nom. dont le référent n'est pas nombrable] Caractère de ce qui est peu abondant. Anton. abondance.
a) Rareté de + synt. nom. désignant qqc. de concr.La rareté du gibier; la rareté d'un mot. Il mangeait aussi de meilleure soupe, il souffrait seulement de la rareté de la viande (Zola, Germinal, 1885, p. 1274).La rareté de l'eau interdisait les lavages corporels (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 131):
2. Le sphène est tendre, sa dureté (...) est déjà vraiment la limite inférieure pour les emplois en joaillerie; sa grande rareté est un autre inconvénient... Metta, Pierres préc., 1960, p. 95.
b) Rareté de + subst. désignant un corps, une substance qui perd de sa densité ou de son intensité.Rareté de la lumière, de l'oxygène. En ouvrant les yeux, je ne vis rien. La rareté de l'air fut l'accident le plus menaçant, et qui m'éclaira le plus vivement sur ma position (Balzac, Chabert, 1832, p. 38).
c) Rareté de + synt. nom. désignant qqc. d'abstr.Cela équivaut (...) à reconnaître la rareté de la vie intérieure chez un jeune Français et à la considérer comme un exotisme (Du Bos, Journal, 1925, p. 377).Une liste des nombreuses caractéristiques du sous-développement: le faible revenu par tête, la rareté relative du capital, la rareté des capacités d'entreprise (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 245).
3. [Sans compl.] Ce qui est peu abondant ou existe à peu d'exemplaires. Notre avenir (...) s'éclaire seulement si la lutte contre la rareté ne se ralentit pas (Univers écon. et soc., 1960, p. 4-7).
Sans rareté. D'une manière commune. Roch était laid sans éclat, sans trouvailles et sans rareté. Une laideur morose et comme humiliée (Duhamel, Combat ombres, 1939, p. 99).
B. − [Corresp. à rare B] Caractère de ce qui arrive peu souvent. Anton. fréquence.
1. Rareté de + (détermin.) + nom
a) [Le nom indique un état] Tous les inspecteurs proclament l'extrême rareté de la tuberculose des veaux (Nocard, Tubercul. bovine, 1903, p. 12).La rareté du phénomène empêche en effet de définir d'une manière suffisamment fine les conditions géométriques expérimentales (Leprince-Ringuet, Transmut. artif., 1933, p. 31).
P. méton. Adieu, adieu. Paul se plaint de la rareté de vos lettres. Il a raison: elles sont rares de toutes manières (Hugo, Corresp., 1828, p. 447).
b) [Le nom indique un fait, une action] Aussi, malgré la rareté de nos entrevues, avais-je le projet d'inscrire son nom comme celui du commandant en tête de quelque scène de vie militaire (Balzac, Corresp., 1838, p. 438).Le docteur et Pauline se plaignaient de la rareté de ses visites (Zola, Page amour, 1878, p. 1053).La rareté des échanges intellectuels, mettent à l'abri des contagions dangereuses et des entraînements passagers du siècle (Romains, Copains, 1913, p. 224).La rareté du fait. (Dict. xixeet xxes.).
c) [Le nom indique une qualité] Par quelle merveille les plus mauvais exemplaires de la photographie ou de la prédication trouvent-ils leurs amateurs et parfois leurs fanatiques? (...) À cause de la diversité des goûts et (...) la rareté du bon goût (Amiel, Journal, 1866, p. 198).
2. Empl. attributif
a) Verbe inf. + être/devenir une rareté.Écrire pour être lu du public est de moins en moins une rareté et une marque à part (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 9, 1864, p. 63).Aller en ville devint pour Alexandre une rareté (Lacretelle, Hts ponts, t. 1, 1932, p. 235).
b) Donner de la rareté à qqc. Rendre quelque chose moins banal. Un mari qui se fâche, cela donne de la rareté à l'aventure (A. Dumas père, Mariage sous Louis XV, 1841, iii, 18, p. 173).
C. − Rare. Caractère de ce qui présente des aspects remarquables, peu communs. Synon. singularité; anton. banalité.James Tissot, c'est le charme et l'indécision d'une époque finissante, et l'on ne saurait l'oublier quand il faudra noter une certaine rareté de goût, cosmopolite, intelligente et délicate, aux alentours de 1880 (Focillon, Maîtres estampe, 1930, pp. 184-185).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɑ ʀte], [ʀa-]. V. rare. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1314 rarité « faible densité, faible texture » (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, § 1485: spongiosité ou rarité du membre ulceré). B. 1. a) Fin xves. rarité « caractère de ce qui n'existe qu'en petit nombre » (Jean Molinet, Chron., chap. 18, éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. 1, p. 91: la rarité des fourrages); 1580 rareté (Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, I, 54, p. 311); b) 1832 écon. (Say, Écon. pol., p. 394: la rareté de la cannelle, du froment); 2. a) 1544 raritez « ce qui est d'une beauté rare, extraordinaire » (M. Scève, Délie, éd. E. Parturier, dizain 322, p. 219); b) 1559 raritez « objet rare, curiosité » (O. de Magny, Odes, I, 114: les raritez, Et les belles antiquitez); c) 1690 rareté « acte, fait peu commun » (Fur.: c'est rareté que de vous voir); 3. 1553 rarité « caractère de ce qui est exceptionnel, peu commun » (O. de Magny, Amours, sonnet 30 ds Hug.); 4. a) ca 1590 rareté « caractère de ce qui est peu fréquent » (Montaigne, Essais, III, 12, p. 1046); b) 1835 fam. vous êtes, vous devenez d'une grande rareté « vos visites sont, deviennent rares » (Ac.). Empr. au lat.raritas « porosité, faible texture; cavité, interstice; éparpillement; rareté, faible nombre; caractère exceptionnel; objet rare » (dér. de rarus « rare »), d'où rarité, puis rareté d'apr. rare*. Fréq. abs. littér.: 324. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 558, b) 381; xxes.: a) 388, b) 463.